@LAMINE - LE 28/05 À 15H20

Au bout d’un moment, je m’évade de la salle zen pour aller m’aérer. Je crois que j’en ai un peu besoin après être resté enfermée. J’ai rien de particulier à faire et c’est pourquoi je me permets de m’arrêter dans le couloir du deuxième étage face à Lamine qui passe par là. Je l’intercepte grosso-modo pour discuter. Seuls les poissons de l’aquarium en seront témoins. « C’est drôle, quand t’as dévoilé ton secret, au début, j’ai cru que tu racontais l’un de tes rêves. » Enfin au début. Et en fait, c’est pas tellement drôle. C’est juste que le début paraissait un peu irréel ou c’est sa manière de raconter qui m’a laissé cette impression sauf qu’après je me suis vite rendu compte qu’il ne dépeignait pas un rêve mais la réalité. « C’était la peur de ta vie ? » Allez, pas besoin de faire le fier et le bonhomme, il peut bien me le dire. A sa place, j’aurai pas eu l’air fine non plus de me retrouver avec toute une équipe des forces de l’ordre et des armes braquées sur moi alors que j’étais posée tranquille dans ma chambre comme d’habitude. « C’est fou quand même la connerie des gens. » Je constate alors avec beaucoup plus de sérieux en haussant les yeux au ciel. Même si à côté de mon secret et de mon histoire, c’était pas grand-chose, j’aurai pas souhaité être témoin de ce qu’a vécu Lamine. Tout ça à cause d’un mauvais joueur qui a voulu faire le malin. Ridicule. « Ils ont dû se retrouver un peu con n’empêche quand ils ont constatés qu’il y avait rien de suspect chez toi. » De manière externe et détachée de tout, la scène aurait pu être drôle à voir. Mais je me doute que ça les as pas tellement amusés les forces de l’ordre. Des fausses alertes, il doit y en avoir pas mal et ça doit être plus lassant qu’autre chose à la longue. « Ils t’ont remboursé ta porte au moins ? » Je plaisante alors un peu me souvenant plus si Lamine l’a déjà dit ou non. C’est vraiment pas très important au final mais j’imagine que c’est la moindre des choses de lui verser des dommages et intérêts. Le pauvre n’y était pour rien. « Désolé pour ma curiosité. C’est juste que c’est l’un des seuls secrets qui me perturbe pas trop. Enfin, tu fais pas parti des fous, de ceux qui changent de personnalités ou des maltraités. » Comme moi par exemple. Je me permets de dire les choses avec de la légèreté car je crois qu’il en faut à un moment.

Je me retrouve dans le couloir du second étage avec le gamer de la saison et quelques poissons témoins de notre conversation naissante qui porte sur le secret étonnant du candidat. Un secret qui m’intéresse et qui n’altère en rien la vision que j’ai de lui. Je trouve le fait qu’il ait eu la frousse tout à fait légitime d’ailleurs. Qui ne l’aurait pas eu à sa place ? Plusieurs messieurs armés qui débarquent de nulle part et qui braquent leurs armes sur toi dans ta chambre, c’est franchement flippant. « Ça j’en doute pas ! » Je lui réponds alors accompagné d’un joli rire. Lamine n’a pas l’air d’être une chochotte ou du moins le genre de personne à avoir peur pour un rien. Je l’imagine par exemple bien être un fan de films d’horreurs ou faire un élevage d’araignées dans un recoin poussiéreux de sa chambre. Baah ! J’en frissonne rien que d’y penser. « Ça aurait été vraiment affreux ! Et pour toi, et pour eux. » Pour Lamine bien entendu car il aurait été mort si les forces de l’ordre lui avaient tiré dessus puis pour ses téléspectateurs d’avoir assisté à cette scène. C’est un truc qui peut te traumatiser toute la vie ça. Surtout que dans ces cas-là, tu te sens réellement impuissant. T’assiste à une boucherie sans le vouloir. T’aimerais fermer les yeux et attendre que ça se finisse mais t’es obligé de regarder en plus, la curiosité prenant le dessus. Je finis par conclure que c’est hallucinant comment les gens peuvent être con. Lamine semble d’accord. J’ai l’impression qu’il fait référence également à SunSay et mon histoire mais j’en suis pas certaine. Il est dans son droit en tous les cas. Cette constatation s’applique bien évidemment à mon ancien compagnon bien que ce soit un stade au-delà de la connerie humaine. « Je m’en doute bien. C’était pas eux les coupables. » Heureusement au final qu’ils aient fait leur boulot dans le cas où cela aurait été une vraie alerte. Bien évidemment, Lamine en est victime involontaire mais les forces de l’ordre ne pouvaient pas prendre de risque. Au final, comme le dit Lamine le seul responsable était l’auteur du canular. Un sombre crétin ! « Je suis bien d’accord. » C’est quand même dingue la connerie humaine ! Tout ça car ce fameux individu a eu la défaite amère. C’était quoi le stade suivant ? Retrouver l’adresse de Lamine et brûler sa voiture ou sa maison ? Le tuer ? Sérieusement, j’ai dû mal à comprendre ce qui a traversé l’esprit de cet imbécile. « J’espère que la sanction lui fera prendre conscience de ce qu’il s’est passé. » Je pense que oui. Je ne sais pas si l’amende est vraiment lourde comme le laisse penser le finaliste mais j’imagine que l’auteur du délit réfléchira à ce qu’il a fait et qu’il regrettera. Sans quoi, ça serait encore plus grave. Il ne faudrait en aucun cas que ce gars-là tente une récidive ou autre chose contre Lamine. J’ose espérer qu’il y a un suivi psychologique derrière au moins. Car qui vole un œuf, vole un bœuf. Bref, je décide d’arrêter un peu avec mes questions sur le secret du candidat pour ne pas le saouler à la longue. Je me justifie là-dessus et me qualifie moi-même de maltraitée sans le vouloir. Un détail qui n’échappe pas au garçon qui en vient à évoquer mon histoire. C’est légitime après toutes mes questions. « Non... » Je réponds dans un premier temps avec une mine presque abattue avant de me reprendre. « Je ne crois plus en la justice depuis un bon moment. » Et je n’ai ni la force ni le courage de me battre contre SunSay pour qu’il paye pour ce qu’il m’a fait. J’estime avoir tourné la page et j’ose espérer dans le fond que ma fuite a eu des répercussions positives sur lui même si j’en doute un peu. Il paraît qu’un homme violent le reste toute sa vie. « Je te remercie. C’est adorable ! » Les mots du finaliste me touchent vraiment. J’en ai quasiment la larme à l’œil mais je me retiens cette fois-ci. Je vais pas me mettre à pleurer pour des trucs positifs tout de même. « Et je commence à y croire que les mecs bien ça existe. C’est pas pour rien que y’en a deux en finale ! » Allen et lui. « Trois. » Je me reprends alors pour Sayid même si je suis un peu plus réticente pour ce dernier. Il est gentil mais il me fait un peu peur parfois sur certains points. Bref, j’observe un court instant les poissons jusqu’à ce que Lamine récupère mon attention en me demandant qui je considère comme des fous. Je rigole alors car mes mots ont un peu dépassés ma pensée. « Je sais pas trop. Je dirais ceux qui sont pas très bien dans leurs têtes ou ceux qui ont fait des choses improbables. » Autant dire que j’ai clairement pas envie de me mouiller et de citer de noms. Les murs ont des oreilles et si l’information remonte à celles des concernés, ça risque de créer des histoires inutilement.