Clotaire s'était réveillé en sursaut à huit heures quarante, et pendant quelques minutes, longues, il ne s'était plus rappelé de l'endroit où il était. Il avait paniqué, les yeux fixés dans le vide et la respiration très lente. Puis, il avait pris sur lui, et il avait commencé à analyser les lieux, comme si c'était la première fois qu'il les voyait. Il s'était alors souvenu. Il avait reposé sa tête contre l'oreiller, avait fermé les yeux, un sourire en coin sur les lèvres, moquant sa propre stupidité. Autant dire que Clotaire savait déjà que cette journée allait être chaotique. D'autant plus quand il se rappela, alors qu'il sortait à peine de son lit, que l'eau chaude, sans laquelle il ne pouvait survivre, allait bientôt disparaître pour ne revenir que le lendemain. Il avait alors couru, ou presque, jusqu'à la salle d'eau. Et maintenant, il ne lui restait plus que cinq minutes pour profiter d'une douche dont il avait plus que besoin. Sans chercher à savoir s'il avait des spectateurs (vivant, s'entend, dans la pièce), il se déshabilla précipitamment, mit en boule sa tenue orange dans un coin, et ouvrit l'eau avec un soupir de soulagement. Plus que quatre minutes d'eau chaude.

S'il y avait bien une chose qui jouait à mon avantage dans cette foutue prison, c'était mon sommeil léger. En effet, j'étais bien loin d'être un grand dormeur, et quelques heures, quatre ou cinq, de sommeil par nuit me suffisait bien largement. Ce qui faisait que je faisais souvent parti des premiers levés. J'étais un des plus âgés, alors en soit, ça paraissait logique, mais tout de même. Ces jeunes passaient leur journée au lit. Mais se lever tôt avait un avantage considérable, puisqu'il me permettait de prendre une douche, une vraie douche chaude. Et tout le monde ne pouvait apparemment pas se payer se luxe ici, mais la plupart se fichait peut être de leur hygiène qui sait, mais pas moi. L'eau chaude commençait à couler à 8h, et à 8h01 j'étais sous la douche. Et je prenais mon temps, ça oui. Je n'allais pas me presser, ce n'était pas dans mes habitudes, loin de là. Non, je passais bien du temps, je ne comptais pas, mais au pire, quand l'eau sera froide, je sortirai… J'avais tendant à me perdre dans mes pensées en sentant l'eau couler sous mon visage. Je sortais au bout de quelques temps, je ne saurais dire, mais l'eau était encore chaude, donc moins d'une heure sans doute. J'avais tout juste le temps d'enfiler ma combinaison orange, dont je n'enfilai d'ailleurs pas le haut, qu'un jeune homme entrait en trombe, se déshabillait en un temps record, et rentrait dans la douche. J'en concluais alors que neuf heures n'allait pas tarder à sonner. Je me passais de l'eau sur le visage face au lavabo, en parlant assez fort pour être entendu de celui qui n'avait sans doute pas remarquer ma présence. « Et bien jeune homme, ton entrain pour te déshabiller aurait été encore plus flatteur si tu avais été une femme. » dis-je en rigolant. « T'as réussi à avoir de l'eau chaude quand même ? »

Clotaire avait été si pressé qu'il n'avait même pas calculé la présence d'un autre homme dans la même pièce. Pas que ça le gênait, il n'avait jamais été très pudique, et il était assez sûr de lui pour ne même pas rougir à l'idée qu'on l'avait vu nu et qu'on se permettait d'en faire la remarque. Ca l'amusait même. Alors, avec un sourire joueur, qui lui faisait oublier quelques instants une certaine mauvaise humeur due à son retard face à l'eau chaude, il pencha la tête pour apercevoir l'autre homme à travers le miroir. Il fit un clin d'oeil et se permit de dire, d'un ton joueur : " parce qu'on ne sait pas apprécier les corps des jeunes éphèbes ? c'est bien dommage. " Dans le sexe et en amour, Clotaire n'était pas quelqu'un de sérieux, il valait mieux mettre les choses au clair sur ce point là dès le début de l'émission. De toute façon, il avait carte blanche de la part de Lou, non ? Il ferma les yeux et soupira encore de contentement. L'eau chaude, merci ô grande production. " ouai, mais ça ne va pas durer, malheureusement. " Plus que deux minutes, en fait. Mais ça, il ne le savait pas, parce qu'il n'avait pas une montre dans la tête, non plus. Et ça risquait d'être une surprise quand l'eau tournerait au glacial. " quoique, elle est tièdasse aujourd'hui. On aurait pas trop profiter de l'eau chaude en dépit des autres, monsieur ? "