lorena

Déjà que l’idée de dépendre d’un chef de meute n’emballait pas particulièrement Colin, celle de partager sa cellule avec la team Akela se rapproche du cauchemar. Surtout quand un des joyeux lurons ne trouve rien de mieux à faire que de ronfler comme un sonneur, l’empêchant lui, ce brave garçon, de fermer l’œil. Ou plutôt, dans le cas présent, de continuer sa douce nuit aux rêves pourtant agréables. Et balancer un oreiller au pif dans la cellule (bien qu’il ne puisse pas réellement se manquer vu la taille de celle-ci) ne fonctionne guère, au contraire, les ronflements ne font que reprendre encore plus fort. Il essaie d’identifier le propriétaire de ce vacarme, mais l’obscurité l’en empêche. C’est certainement le tyran, leur chef d’équipe, il est trop parfait pour être honnête, il faut bien lui trouver un défaut (autre que celui d’être tout bonnement imbuvable aux yeux de Colin). À bout, et ne souhaitant pas finir dans une vraie prison pour tentative de meurtre, le garçon abdique et décide de rejoindre la salle commune, là où il est persuadé de trouver un minimum de tranquillité en vue de l’heure plus que tardive. Et il ne s’est pas trompé, puisque lorsqu’il pénètre dans la pièce, celle-ci est déserte. Tant mieux. S’installant sur l’une des pauvres chaises en plastique près d’un pouf, il ne tarde pas à utiliser celui-ci comme repose-pied, avant de se mettre à se balancer dangereusement sur cette chaise de fortune. L’avantage, c’est que s’il loupe son coup, personne ne pourra être là pour assister à sa chute. Et alors qu’il pensait s’ennuyer durant des heures jusqu’à ce que la sirène d’alarme de son équipe daigne se lever pour permettre à la tranquillité de reprendre ses droits de leur cellule – lui permettant ainsi de terminer sa nuit –  il a l’agréable surprise de constater que quelqu’un d’autre se trouve dans sa situation. Agréable surprise, car la faible lumière de la pièce lui permet de distinguer la silhouette désormais bien imprimée dans son esprit qui s’avance vers lui. « Aaaah, miss jolies cuisses. » Il faudrait peut-être qu’il pense à lui demander son prénom un jour, même s’il peut très bien vivre en restant dans l’ignorance, tel l’adepte des surnoms à la con qu’il est. « J’pensais justement à toi. » Enfin, pas dans l’immédiat, mais il y a quelques minutes, quand il arrivait encore à dormir avant que « l’alarme » se mette à retentir dans sa cellule. « Et j'commençais à me demander où t’étais passée, j’ai presque eu peur que tu réalises que la vie en prison c’est pas pour toi et que tu m’abandonnes, ma vie aurait été trop triste sans toi. » Il ajoute, en essuyant une fausse larme en coin de son œil. « Y’a une force mystique qui t’a amenée jusqu’à moi ou t’as aussi la chance d’avoir un système d’alarme dans ta cellule ? » Il termine, tout en continuant de se balancer, tentant de paraître apte à la conversation alors qu’à part pour emmerder les autres, c’est pas vraiment son truc.

Si jusqu’ici Colin s’est montré plutôt détendu quant à leur vie imposée en prison, il ne garantit pas de rester aussi coopératif si le moteur qui dort dans sa cellule continue sur cette lancée. Il est même très probable que ce ne soit pas le cas, sa patience étant égale à celle qu’il avait à l’âge de six ans. Si les précédentes nuits il est parvenu à faire abstraction, avec plus ou moins de difficulté, cette nuit c’est un véritable supplice qu’il vit. Et c’est bien dommage que ce soit cette nuit-là en particulier, car ses rêves étaient plutôt agréables, du moins, il était détendu grâce à eux, ce qui n’est plus le cas maintenant qu’il est réveillé par la force. Hésitant toutefois un court instant à sérieusement éclater la tronche du ronfleur, il abdique finalement en repensant à son envie de rejoindre le nid. Ce n’est pas le moment de faire quelque chose qu’il pourrait regretter. Et en arrivant dans la salle commune, il réalise qu’il y a pire que de vivre dans cet endroit ; y être réveillé quand personne d’autre ne l’est. Il n’a jamais vraiment apprécié le contact avec les autres, mais les emmerder l’occupe et à part la peau d’ours à même le sol, il n’a pas de victime en vue. Il tente de se faire à l’idée en marmonnant dans son coin quand le hasard décide d’être – pour une fois – de son côté, en faisant débarquer miss jolies cuisses pour le sortir de sa solitude. C’est bien que ce soit elle, vu qu’elle est très présente dans ses pensées. « Ouais, mais que j’te rassure, c’était hyper agréable. » Ce n’est pas certain que ce soit réellement agréable pour elle, mais au moins elle n’a pas à s’inquiéter ; s’il y a une tête qu’il rêve d’éclater sur les barreaux du lit de sa cellule, ce n’est certainement pas la sienne. « Ah, mais j’attends que ça, d'apprendre à te connaître. » Il rétorque par la suite, avec un léger sourire aux lèvres. « T’inquiète, j’connais déjà. » C’est pas réellement formateur pour lui, donc il n’y a pas de « tu verras » qui tienne. Depuis sa petite rébellion débutée il y a un peu plus d’un an, il a déjà eu le droit à son petit séjour en cellule, même si ce n’était certainement pas pour les mêmes raisons que les anciens occupants du lieu. « Bah j'pensais plutôt lui fracasser le crâne contre les barreaux, mais j’savais que les soupçons se porteraient automatiquement sur moi, on s’demande pourquoi. » Il est un peu fourbe, oui, mais il a moins la tête de l’emploi que les gros barbus musclés qu’on voit à chaque détour de couloir. « Ouaip, mais t'as pas pensé à celle-ci. » Il commence, son sourire provocateur ne quittant pas ses lèvres. « Moi. J’te jure, il parait que j’suis hyper confortable comme matelas, testé et approuvé. » Il continue, en croisant ses mains derrière sa nuque, tout en veillant à garder son équilibre. C’est pas son ancienne copine qui s’en plaignait, en tout cas. « Perso, le tapis me semble être une mauvaise idée, ça m’inspire pas confiance, déjà j’arrive pas à déterminer si c’est un ours brun ou un ours polaire qui a bien vécu. Donc, tu vois, ce truc, c’est le meilleur moyen pour choper un tas de microbes. » Clairement, c’est pas l’idée du siècle. « Bon, après si t’insistes pour tester la peau de bête, je veux bien me sacrifier et me rouler dedans avec toi, si ça peut te rassurer. » Il termine, sourire ultra-bright sur les lèvres.