Si la plupart des candidats sont euphoriques à l’idée d’évoluer dans un parc d’attraction, Colin est un peu plus mitigé. Certes, c’est évidemment un lieu qui a le mérite d’être original et rares sont ceux pouvant se vanter de vivre – littéralement – dans un parc d’attraction, mais Colin n’a pas vraiment une âme d’enfant. Il n’est pas le dernier à s’amuser, mais ses occupations à lui ressemblent plus à des escapades dans des lieux abandonnés menaçants de s’effondrer ou à des concours de vol à l’étalage, rien de comparable avec la pêche aux canards ou la piñata qui, a priori, semble indestructible. Alors, les occupations de gamin, il va trouver cela amusant la première semaine, éventuellement la seconde, mais il risque de rapidement s’en lasser. Enfin, vu comme la semaine démarre pour lui, ce n’est pas impossible qu’il n’ait pas même le temps de s’en lasser avant d’être foutu dehors. Quoi qu’il en soit, même s’il n’est pas du genre à s’émerveiller à chaque stand qu’il croise sur son chemin, cela ne l’empêche pas de continuer son exploration des lieux, d’autant plus qu’il a cru entendre parler d’un stand à confiseries. Il s’agit de l’exception qui confirme la règle ; il est peu probable qu’il se lasse un jour d’un tel repère. Il a cette sale manie de toujours grignoter, et ce n’est pas ici qu’il va déroger à cette règle. Alors qu’il était en chemin, il a l’agréable surprise d’être accosté par miss jolies cuisses. « Aaaww, j’ai enfin l’droit à mon petit surnom, j’suis flatté. » Il lance, de sa voix la plus aigüe. Il a enfin le droit à son surnom, et celui s’avère bien plus agréable que celui auquel il aurait pu s’attendre. Il va pas se plaindre de « joli cœur ». C’est pas hyper viril et ça ne va rien à arranger au fait qu’on le prenne encore pour un gamin de quinze ans, mais il veut bien faire le sacrifice de l’accepter si c’est miss jolies cuisses qui l’utilise. Cette dernière semble d’ailleurs lire dans ses pensées puisqu’elle le traîne jusqu’au stand dont il rêvait tant. Un sourire béat apparait alors sur ses lèvres durant quelques secondes à la vue des diverses sucreries à la carte, sourire qu’il cache toutefois rapidement. « Hé, Maggie, toujours aussi rayonnante ! » Il s’exclame, mettant ainsi un terme aux espoirs de sa colocataire qui espérait encore halluciner. Pas de chance pour elle, elle est bien réelle. « Euh, écoute, j’suis pas du genre rabat-joie, mais j’crois bien qu’elle est pas derrière l’comptoir juste pour faire joli. » D’ailleurs, c’est un peu bizarre de parler d’elle ainsi alors qu’elle a juste devant eux. « Maggie ma jolie, c’sera une gaufre bien généreuse en chocolat et chantilly pour moi. » Cobaye dans l’âme et ver solitaire dans l’estomac, il ne va pas se contenter de regarder les produits sans les goûter. « Et un regard noir pour la d’moiselle, j’imagine ? » Probablement, oui. Et plus sérieusement, il ne veut pas décider pour elle. Ça se voit qu’elle fait attention à elle, il ne voudrait pas réduire à néant des années de diète drastique. Maggie lui sert une gaufre encore plus généreuse qu’il ne l’imaginait, et il n’attend pas pour commencer à la dévorer. « Franchement, c’pas dég du tout. » Il précise, la bouche à moitié pleine. « C’est carrément trop bon, en fait. Cupidon a pas su t’apprécier à ta juste valeur. » Il ajoute, le pouce en l'air. Bordel, fallait pas lui confier les repas salés, mais juste les gourmandises sucrées. « T'vois, c'est comme ça qu'il faut lui parler. » Il murmure ensuite à l'oreille de la demoiselle. « J’te dirais bien de tester à ton tour, mais j’imagine que Maggie ici présente ne t’a pas à la bonne. » Réflexion confirmée par un hochement de tête. « Mais bon, t’sais si tu tombes dans les vapes, moi j’me sacrifie pour t’faire du bouche-à-bouche. » Il conclut en observant un instant sa camarade, avant de se reconcentrer sur l’essentiel : cette merveilleuse gaufre.

Il est un peu surpris de l’engouement – si l’on peut dire cela – que la jeune femme montre à l’idée de l’embarquer avec elle. Sans pour autant penser qu’elle le déteste – ce qui lui serait bien égal, à vrai dire – il ne pensait pas qu’il serait en tête de liste pour l’accompagner dans ses aventures. Enfin, aventures est un bien grand mot, puisqu’elle l’emmène jusqu’au stand de confiseries qu’il avait de toute façon déjà prévu de visiter avec ou sans elle, non sans user d’un surnom qui ne manque pas de lui décrocher un sourire. Non pas parce qu’il trouve ça adorable et qu’il est effectivement flatté, mais simplement parce que la folie des surnoms à la con l’empare à son tour. « Ne te mens pas à toi-même, ce surnom va rester, t’viens juste d’admettre que j’suis ton âme-sœur, alors chut, chut. » Il répète, en passant négligemment sa main depuis le sommet de son crâne jusqu’en bas de son visage à deux reprises, simplement pour le plaisir de l’emmerder comme il sait si bien le faire. Elle n’a plus le choix à présent, elle va devoir continuer à le nommer « joli cœur » jusqu’à ce qu’il dégage de cet endroit, sans quoi il sera terriblement vexé qu’elle ne tienne pas ses promesses, car oui, maintenant qu’il a plus ou moins exigé qu’elle se tienne à ce surnom, elle n’a pas vraiment le choix d’émettre la moindre objection. Arrivé jusqu’au fameux stand, Colin ne se gêne pas pour y aller de ses petits commentaires auprès de la cuisinière, peut-être sincère, peut-être ironique, la question ne se pose pas du moment que cela fait son petit effet sur la personne concernée, lui permettant ainsi de se remplir l’estomac sans risquer d’être malade pendant trois jours, comme ce sera certainement le cas pour jolies cuisses après les réflexions qu’elle ne s’est pas gênée de faire, et à voix haute, de façon à ce que Maggie puisse bien les entendre. À l’inverse, alors qu’on pourrait s’attendre de Colin qu’il renchérisse pour enfoncer la pauvre vieille qui a rien demandé, il préfère pousser le compliment à son apogée avant de lui demander une gaufre. Après tout, il est venu ici pour dévorer la quasi-totalité du stand, il ne veut pas prendre le risque de ne pas pouvoir mener sa mission à bien. Et verdit : la gaufre est délicieuse. Il ne s’y attendait pas, mais hé, il n’est pas contre l’effet de surprise. Malgré ses conseils sur la façon de parler à la cuisinière, miss jolies cuisses se contente d’une simple barbe à papa. « J’te pensais plus téméraire que ça, j’suis déçu. » Elle ne prend aucun risque, Maggie risque pas de toucher à la barbe à papa, vu que ça se verrait tout de suite. Colin mime même la désapprobation en balançant sa tête de droite à gauche en esquissant une moue, avant de reprendre son sérieux pour continuer de grignoter sa gaufre tandis que sa colocataire est servie par la cuisinière. Voyant que la première ne semble pas dégoûtée par son casse-croute, il ne se fait pas prier pour lui en piquer, sans tarder à l’enfourner dans sa bouche. « J’suis ton joli cœur, on partage tout. » Il précise, dans un sourire provocateur. C’est alors qu’une mélodie que Colin connait déjà bien retentit dans l’ensemble du parc, lui provoquant immédiatement un immense sourire béat qu’il ne tente même pas de cacher. « Ah, non, désolé j’plaide non-coupable. » Il lance, en levant innocemment les mains en l’air. « J’crois qu’il s’en veut de pas être tendre avec moi, c’est la troisième fois cette semaine, il veut se pardonner et ça commence à marcher, bien vu l’sale gosse. » C’était le moment, parce qu’autant embrasser Scarlett ne le gênait pas, autant il a cru à une mauvaise blague quand la musique a retentit dans le sauna alors qu’il y était avec Clitoris – il a oublié son prénom, mais ça ressemble à un truc du genre – raison pour laquelle il a tout bonnement refusé de poser ses lèvres sur celle de son camarade. Inutile de préciser que ce cas de figure ne risque pas de se produire avec jolies cuisses face à lui. C’est un peu comme un cadeau de Noël en avance. « Roh, autant ma grand-mère dans c’cas. » Il lance, non sans exagérer la déception sur son visage. C’est l’objet de ses fantasmes qui finit par se rapprocher de lui en premier, et si Colin respecte effectivement les recommandations de la demoiselle – à savoir pas de langue ni de gestes déplacés – il ne se fait cependant pas prier pour en profiter, collant même ses lèvres encore une fraction de secondes à celle de jolies cuisses alors qu’il la sentait reculer. Qui sait quand une telle situation va se reproduire, il serait stupide de ne pas en profiter. « J’aimerais quand même noter que tu m’a autorisé à t’embrasser, mais que c’est toi qui t’es jetée sur moi en premier, ça veut tout dire. » Oui, tout à fait. « Le surnom, le premier pas, j’crois que ça y est, t’es folle de moi et t’peux plus te retenir. Mais promis, j’le dirais pas plus loin, ça restera notre petit secret. » Car il est évident qu’elle ne veut certainement pas que cela s’ébruite. « Bah en tout cas, j’te remercie, j’avais de la peine à trouver le sommeil c’te semaine, mais ça va bien aller c’soir, franchement merci, t’mérites un badge pour ta bonne action. » Et tirant de sa poche arrière les stickers à l’effigie de Cupidon gagné lors de la tombola des abysses, il en libère un de la plaquette de sa main libre pour venir rapidement le coller près du cœur de la demoiselle, sans même profiter de la situation. Enfin, un peu. Mais un tout petit peu, alors. « J’savais bien qu’ils me serviraient un jour. » Il termine, zieutant les stickers d’une moue satisfaite avant de glisser à nouveau la plaquette dans sa poche arrière. Il va bien encore trouver quelques victimes d’ici-là. Il les a gagnés, faut qu’il en fasse bon usage, hm.