ft @juliette

Les premiers jours de cette aventure sont principalement réservés à la sociabilisassions. On essaye de se mettre en avant et de montrer la meilleure image de nous-mêmes et de connaître le plus rapidement possible le plus de monde. Pour ma part, j’étais resté naturel, un peu moins insolent qu’à mon habitude. Je n’avais pas encore tissé de liens forts, mais ça ne saurait tarder. Je m’entends plutôt bien avec ma partenaire, moi qui étais déçu au début, j’en suis plutôt ravi pour finir. D’ailleurs, j’avais envie de lui montrer aujourd’hui que je l’aimais bien et qu’il fallait pardonner ma maladresse du premier jour. J’avais appris qu’il était possible de faire sa propre barbe à papa au food truck. Anouchka elle est du style à aimer ça, les barbes à papa, les fêtes foraines, les dessins animés, rien de mieux que de lui faire cette surprise. Je profite qu’elle soit occupée pour me rendre à la terrasse extérieure. Je me glisse discrètement dans le premier camion et m’agite dans tous les sens. Je me place devant la machine, et me demande comment ça marche. Je suis peut-être cuisinier, mais pas forain. Je regarde la pièce minutieusement et aperçois des bâtonnets et du sucre coloré. J’active la machine tout en laissant échapper quelques grains de sucre devant la machine en action. D’après ce que j’ai vu, ça ressemble vaguement à ce que ça devrait donner. Une fois que des fils se forment, je plonge mon bâtonnet à l’intérieur et le tour délicatement. Après quelques minutes, je décide de m’arrêter pour voir le résultat. Bon… Ca n’est pas exactement ce que j’espérais. La barbe à papa s’est formée sur tout le bâton et n’est pas très volumineuse. Une femme entre à son tour dans le camion. Elle est sublime, me voilà amoureux. Je lui tends la semi barbe à papa que je viens de faire. « Mi corazón, c’est pour toi. » dis-je d’un sourire charmeur. « Pour une première, elle est plutôt réussie non ? » Elle n’oserait quand même pas critiquer mon chef d’œuvre.

Je zone dans les allées des food-trucks sans arriver à choisir de quoi j'ai envie mais je sais que je commence à avoir faim. Un classique. Je me décide néanmoins pour du sucré vu l'heure. J'entre à peine dans le camion que je suis rapidement interpelée. Je redresse légèrement le minois et esquisse un léger sourire face à l'air de loveur latino emprunté par le candidat en face de moi que je détaille de mes opales très curieuses. Je ne saurai me souvenir de son prénom même après quelques jours ici. Mon trombinoscope interne est encore défaillant à cause de ma mémoire sélective. Il me demande mon avis sur sa création que je n'oserai noter. « Merci » je glisse en récupérant l'offrande. Ma main risque de rapidement coller. Hm. C'est déjà le cas. « Elle est authentique, je dirai » je glisse faussement moqueuse dans une position de diplomate qui ne me sied guère au teint. C'est comme lorsqu'on qualifie une personne de sympathique, c'est un code qui semble avoir intégré nos normes afin de ne pas vexer la personne.  « Mais je sens que tu y as mis tout ton coeur » j'ajoute, amusée en faisant mine de le regarder de haut en bas histoire d'être positive. « Je veux bien la partager avec toi » je glisse en attrapant d'un doigt les filaments roses pour les porter à ma bouche avant de lui tendre le bâton sucré. Ce n'est pas forcément ma came les barbes à papa. « Alors, t'as quoi à me raconter sur toi ? » je lui demande histoire d'avoir les grandes lignes et qu'on puisse passer à un autre stade que celui des discussions hésitantes et maladroites. Je ne sais jamais quoi dire lorsque la personne m'est inconnue, je me confonds surtout en question futile afin de combler un silence qui ne semble que gênant pour moi. Dire que j'ai vingt six ans... Je suis prête à recevoir ce qu'il juge digne d'intérêt le concernant.