@colin
Le sommeil est une drôle de chose. Elle avait plutôt bien dormis pendant qu'elle était malade, avec quarante de fièvre. Mais là, maintenant qu'elle est en pleine capacité de sa température et de ses mouvements, elle n'arrive pas à le trouver. Le regard perdu sur une tâche d'ombre sur le plafond, crée par la lumière blanche de la lune qui passe à travers les volets, elle cherche de quoi s'endormir. Mais ses yeux restent bien ouverts, trop ouverts. Même pas une once de fatigue sur la rétine, rien ne l’irrite. Pas de bâillement incontrôlés. Elle se contente d'avoir le regard bien, qui déchiffre la surface du plafond comme s'il s'agissait d'un livre ouvert. Pourtant il ne dit rien du tout ce plafond, rien de bien passionnant. On peut trouver ici et là des tâches dus à une blague dans laquelle intervenait des yeux trop vieux. Mais franchement rien de bien intéressant. Elle n'a pas quitté le lit qu'elle partageait avec Lino, elle n'a pas réussit à s'y résoudre et puis c'est d'autant plus simple d'avoir un grand lit pour elle toute seule non ? Greta sera certainement d'accord avec ça. Lassé par la contemplation du plafond, elle se décide à sortir de ses draps, couvrant ses bras du premier pull qui passe. Elle récupère ses lunettes papillons à grosse monture écaille, qu'elle met sur le nez. Un livre entre les mains, elle compte bien s'occuper de cette façon, jusqu’à ce que le sommeil la prenne, même si pour ça elle doit s'endormir sur le canapé du grand salon. Ses plans sont mise à mal par la présence de Colin, parce que maintenant qu'elle le voit à squatter le plus confortable des canapé, son livre lui semble soudainement moins intéressant que l'éventualité de passer un petit moment avec le benjamin de la saison. Elle vient squatter sur le canapé, sans demander. Elle pousse même la chose à piquer une chips, dans le paquet qui traîne là. « Gaël, prend trop de place dans le lit ? Y a des lits libres tu sais ? » Pas le sien hein, il va croire que c'est une invitation. Elle le voit venir, alors elle fronce les sourcils, du genre à dire « non non, c'est pas ce que je disais ». Parce que bon elle commence à y tenir à son lit pour elle toute seule et puis ça laisse la place à Jade pour s'y faufiler si l'envie lui vient. « C'est quoi ton souvenir le plus ancien ? » Qu'elle lui demande, curieuse d'avoir son avis sur cette question. Quitte à rester éveiller en plein milieu de la nuit, autant la passer à parler ? Ou pas, comme il veut au pire elle a son livre hein. D'ailleurs, elle ouvre son bouquin au hasard, toute façon elle l'a lut des centaines de fois. Mais elle ce qu'elle regarde au dessus de ses lunettes c'est la face du gamin. Parles.

Comme à son habitude, les heures passent mais Colin ne prend pas la peine de rejoindre le lit qu’il partage encore avec Gael. C’est rare qu’ils se couchent à la même heure, et ça l’est encore plus depuis le début de la semaine. Le sommeil peine à venir et lorsqu’il daigne se pointer, il se veut agité. Colin n’ayant aucune patience, il abdique assez rapidement, laissant la totalité du lit à sa partenaire. Si certains s’énervent lorsqu’ils n’arrivent pas à fermer l’œil, ce n’est pas le cas de l’américain qui s’en accommode très bien. Évidemment, il préfère dormir la nuit, mais il n’est pas tenu de suivre un planning l’empêchant de se coucher en début d’après-midi, s’il se sent réellement fatigué à ce moment-là. C’est le cas ici, et c’est pareil chez lui. Ainsi, ce soir il n’essaie même pas de prendre le chemin de sa chambre sachant pertinemment qu’il ne trouvera pas le sommeil. Il viendra squatter son lit d’ici une dizaine d’heures, quand la chambre sera déserte. Ce n’est pas plus mal en fin de compte. Il ne risque pas d’être réveillé par un lève-tôt, ni dérangé par des ronflements. Il traîne dans le nid, vêtu d’un sweat et d’un simple short, les mains dans les poches et la tête cachée par sa capuche, oscillant entre la cuisine où il grignote plus ou moins tout ce qu’il trouve et l’extérieur où il enchaine les cigarettes. Ce n’est que lorsque son paquet est vide qu’il décide de venir traîner au salon, non sans avoir embarqué un paquet de chips au passage. Le désavantage en se couchant aussi tard que lui, c’est qu’il passe bien souvent une partie de ces nuits à s’emmerder, n’ayons pas peur des mots. Vautré sur le canapé, il se goinfre des chips tandis qu’il passe en revue les pages personnelles de ses camarades depuis sa tablette, n’ayant pas traîné sur le réseau social depuis un certain temps. Il a l’impression de ne pas avoir loupé grand-chose, mais ça a le mérite de l’occuper. Jusqu’à l’arrivée de Scarlett qui ne demande pas l’autorisation pour s’installer, l’obligeant à se pousser et à partager ses chips, par la même occasion. Bon, elle a de la chance qu’il l’aime bien. Il sourit à sa réflexion, encore plus lorsqu’elle lui lance un regard qui veut tout dire. « J’ai besoin de chaleur humaine et Gael m’en donne pas assez, alors bon, je boude. » Ce qui explique sa présence ici, loin de sa partenaire adorée, vu qu’elle le traite mal. « Tu te dévoues pour m’en donner ? » Il questionne Scarlett, son sourire d’emmerdeur sur les lèvres. C’est trop tentant, rien ne peut le dissuader. Reprenant une mine plus sérieuse à la question de sa camarade. « T’as l’air hyper intéressée par la réponse. » Il fait remarquer alors qu’elle ouvre son bouquin, mais elle le zieute malgré tout, ce qui laisse supposer qu’elle attend effectivement une réponse. Marquant un silence durant quelques instants, il réfléchit. « Ça dépend de quelle vie on parle. » Celle de Colin, ou celle de Jeremiah ? La question est légitime. Surtout que s’il possède des souvenirs de son enfance, il lui est difficile de les associer à la bonne famille, la ligne étant floue. Mais lui, il sait de quelle vie il souhaite parler. « C’est le voyage en voiture. » Il rétorque en haussant les épaules. Il ment, ce n’est pas son souvenir le plus ancien, mais c’est le premier dont il veut se souvenir. Le voyage en voiture, celui qu’il a très brièvement évoqué lors de sa révélation, quand il s’éloignait de son véritable foyer. « C’était long et fatiguant, mais ça m’avait vachement amusé de jouer au ninja invisible qui devait se cacher derrière les sièges. J’avais tellement l’impression d’être un espion, j’te jure, j’étais prêt à sauter sur le premier qui ouvrait la porte. » Il conclut, avec un léger rire. « J’trouve pas que ce soit glauque comme souvenir. » Il juge utile de préciser, car c’est ce que la majorité doit penser. Garder un bon souvenir de son enlèvement, ce n’est pas vraiment perçu de la meilleure des façons, il s’en doute bien. Mais il s’en fiche, ce qui n’est pas un secret c’est qu’il considère la femme qu’il l’a enlevé à sa famille comme sa véritable mère. « C’est pas important de toute façon. Ça va mieux, toi ? Avoue que j'te donne trop chaud quand j'suis dans l'coin. » Il dit, sourire aux lèvres, référence à sa fièvre. C'est lui à l'origine de celle-ci, évidemment. Ce n’est pas important de connaître son souvenir le plus ancien. Ce n’est pas utile d’en savoir plus sur lui. Alors que savoir si elle est vraiment guérie, c’est un sujet qu’il juge plus important puisque ça ne nécessite pas de s’intéresser à lui.

Elle a apprit ici, que les rencontres nocturnes sont souvent les plus intéressante. Quand le nid s’endort, il se passe toujours tout un tas de choses improbables. Des rencontres qu'on imaginait pas, des affinités qui dessines à la lumières froide de la lune. C'est peut être ses insomnies qui la mène toujours hors de son lit, mais c'est quand même quelque chose de pas trop mal avec le recule. La nuit, tout semble possible, quand l'impossible s'attache à la journée. Scar c'est une gamine de la nuit, elle s'est toujours mieux sentit avec la douceur de la lune sur le visage, plutôt qu'un soleil brûlant qui vient faire éclater ses tâches de son. Elle se faufile dans le pays des ombres avec une facilité un peu effrayante. Certains disent que Scar n'est que lumière, que son visage rayonne sans sourire, grâce à la couleur chaude de ses cheveux et ses tâches de rousseurs qui ajoute de la vie sur ce visage lunaire. Mais c'est la lune qu'elle préfère, c'est sous son rayon froid qu'elle se révèle plus facilement. C'est en pleine nuit, qu'elle a comprit que Colin, c'était un type qu'elle avait bien envie d'avoir autour d'elle. La rouquine s'installe sur son canapé, le forçant à lui laisser de la place là où avant il régnait en roi. Elle lui impose sa présence, mais quelque chose lui dit qu'il ne va pas la jarter à coups de pieds. Ils sont copains de la nuit, c'est souvent à cette heure-ci qu'ils se retrouvent pour parler de choses insignifiantes, pour qu'il lui dise qu'elle a une tête à faire peur. Vous savez, leur routine habituelle. Scar engage la conversation dans un naturel déconcertant. Elle est elle-même, c'est ça le plus étonnant. « Bah voyons, peut être que c'est parce que t'es pas très sympa avec elle. » Elle laisse entendre en piquant une seconde chips, avant de reposer ses jolies pieds nus sur la table basse. Bien entendu, il ne perd jamais le nord le gamin. Il lui demande si elle se dévoue pour lui en donner. « C'est vital ? » Non parce qu'elle s'en passerait bien de mélange de fluide sur le canapé du salon. Toute façon, y a plus intéressant, la question qu'elle lui pose. Même si elle en profite pour ouvrir son bouquin, ce qui le laisse songeur. Bien entendu que ça l'intéresse, sinon elle ne poserait pas un regard aussi appuyé sur sa petite tête. « Hyper intéressée. » Elle ponctue, un sourire vaguement mystérieux se dessinant sur ses lèvres. Toujours le livre ouvert, elle ne le quitte pas des yeux et attend une réponse. Dans quelle vie ? C'est justement tout le propos de sa question, elle aimerait savoir de quelle vie il se rappel en premier, quand il ferme les yeux et qu'il y pense fort. Il lui dit que c'est voyage en voiture, dont il parlait lors de la révélation. Elle hoche la tête à la positive, mais elle y croit pas trop. Il ment certainement, il semble avoir fait un choix dans sa petite tête, mais ça lui convient bien si c'est ce qu'il a décidé de lui raconter à elle. Le souvenir d'un gamin qui jouait au ninja dans la voiture. Elle tente un sourire, mais elle sait que cette situation n'était pas un jeu. Parce qu'elle a le regard de l'adulte là dessus, mais bien sûr que pour un gamin c'était pas glauque, c'était juste un jeu. « Tu devais être un sacré Ninja. » Qu'elle conclue dans un souffle, suivit d'un sourire complice. Elle essaye de l'imaginer lui, dans cette voiture à se cacher quand il y avait trop de monde autour. Et elle tente d'imaginer cette mère de famille, au volant de la voiture qui faisait semblant que tout allait bien. Pendant qu'une autre allait bientôt vivre l'enfer. Ou pas, tout parent réagit d'une façon bien à eux. Elle se demande si ses parents à elle, aurait retourné la terre entière pour la retrouver ou se serait fait à l'idée au bout de deux jours. Ils auraient certainement bien aimer qu'on leur vole Jade, ça aurait été moins de soucis. Il dit que c'est pas important. Elle écarquille les yeux. « C'est important, qu'est-ce que tu racontes... » Qu'elle siffle entre ses dents, alors que monsieur décide de prendre des nouvelles de sa santé. Enfin à sa façon. Elle éclate d'un rire léger. « T'as raison, on devrait mettre une distance de sécurité entre nous deux, ou une sorte de barrière, sinon je vais m'évanouir ou te sauter dessus. » Au choix. Elle prend au mot ses paroles et se saisit d'un coussin qui traîne par là et l'installe entre eux deux. « Voilà, plus de danger. » Qu'elle lui dit dans un rire. Y a pas à dire, il lui donne tellement chaud et suffit de ce coussin pour régler l'affaire. Il devrait savoir depuis le temps que la rouquine est quelque peu endommager en ce qui concerne son désir. « Colin, c'est le prénom de quelle vie ? » Elle demande curieuse, même si elle s'est fait une idée sur la question. Tout en disant ça, elle laisse tomber le bouquin dans un coin, il va certainement finir dans un recoin du canapé mais bon... S'installant mieux elle attrape le paquet de chips, c'est petites choses salées sont addictives.

Il est obligé de faire de la place à Scarlett lorsque celle-ci s’approche du canapé sur lequel il est agréablement vautré. Il n’abandonnerait pas sa position de paresseux pour tout le monde, mais il veut bien le faire avec la rouquine. C’est une habitude pour eux de se croiser à une heure aussi tardive, il a appris à se faire à sa présence – et à apprécier celle-ci – il y a déjà quelques semaines. Elle lui demande si Gael prend trop de place dans leur lit, mais ce n’est pas la raison pour laquelle il l’a déserté. C’est juste un manque d’affection qui devient difficilement supportable. Ceci dit, sa camarade doute de sa version. « Comment oses-tu ?! » Il demande, outré par une telle accusation. « J’lui apporte son petit déj’ au lit, j’lui fais des massages, j’lui lave ses vêtements... J’suis un partenaire exemplaire. Et elle, elle fait quoi en échange ? Rien, elle se plaint que j’la réveille quand j’vais me coucher. » Car il est évident qu’il est d’une grande discrétion lorsqu’il rejoint le lit qu’il partage avec Gael. La méchante de l’histoire, c’est elle, bien évidemment, lui n’est qu’un brave garçon aveuglé par son désir de rendre service à sa partenaire, qui en profite pour en faire son esclave personnel. À défaut de pouvoir compter sur Gael, il quémande à Scarlett la chaleur humaine qui lui est nécessaire, mais elle ne semble pas d’accord. Aucun sens du sacrifice, c’est désolant. « Ouais, si tu fais rien j’vais passer l’arme à gauche d’ici une dizaine de minutes, c’est ce que tu veux ? T’es prête à vivre avec ça sur la conscience ? » Il demande, son sourire en coin sur les lèvres. Il reprend toutefois son sérieux à la question que la rouquine lui pose par la suite, même s’il ne manque pas de faire une réflexion sur l’intérêt qu’elle porte à sa réponse, puisqu’elle ouvre son bouquin sans tarder. Il n’aime pas parler dans le vide, alors si elle n’est pas en mesure de l’écouter, elle n’obtiendra rien de lui. Mais son regard appuyé et le fait qu’elle confirme être intéressée par ce qu’il a à dire le dissuade de faire sa sale tête et il daigne lui répondre. Enfin, pour ça, il faudrait qu’il sache de quelle vie il est question, puisque comme l’a gentiment fait remarquer Greta lors du prime, la majeure partie de celle-ci repose sur un mensonge. Il finit par décider lui-même, et il opte pour la fausse, celle qu’il a vécue pendant treize ans et qu’il aurait souhaité ne jamais quitter. Alors, dans celle-ci, son souvenir est le fameux voyage en voiture, lorsqu’il s’est éloigné de son véritable foyer. Il l’a déjà évoqué lors du prime, mais peu importe s’il se répète, au moins il lui donne une réponse. « C’est dommage, j’ai pas persévéré, sinon j’serais devenu la plus jeune recrue de la CIA ou du FBI, c’est évident. » Un vrai agent infiltré, il aurait été merveilleux dans ce rôle, hm. Il aurait eu toutes les nanas à ses pieds en plus, un peu comme James Bond. Ah, si seulement il avait continué sur cette voie plutôt que de souhaiter devenue cowboy de l’espace. Il a gâché une carrière prometteuse, quelle tristesse. Il finit toutefois par changer de sujet, estimant que ce n’est pas important, mais elle n’est pas du même avis. « J’vais m’faire engueuler ? » Il demande avec un sourire en coin. Vu la tête qu’elle fait, la question est légitime. C’est plus facile de dédramatiser la situation, c’est ainsi qu’il agit, en prenant du recul sur tout, y compris par rapport à son histoire alors que celle-ci n’a rien qui prête à rire, à part son accident peut-être. Quoi qu’il en soit, il en déduit qu’elle va mieux, même si elle n’a pas répondu explicitement à sa question. Elle a meilleure mine, elle a le sens de l’humour, c’est bon signe. Il rit légèrement quand elle glisse un coussin entre eux, avant d’afficher une moue boudeuse. « Et moi qui pensait que j’allais enfin t’avoir, tu brises mon cœur. » Il essuie même une larme imaginaire. Mais, une nouvelle fois, il se veut plus sérieux quand Scarlett reprend la parole. « La vraie. » Il répond, piquant une chips avant de poursuivre. « Quand j’ai été retrouvé, on m’a pas laissé le choix, fallait que j’reprenne ma vraie identité. Ça a été galère de m’faire à mon prénom après treize ans avec un autre, mais j’crois que c’est le seul truc que j’peux reprocher à ma mère, un prénom biblique c’était pas trop ma tasse de thé, j’ai pas vraiment la gueule d’un croyant en plus. » C’est la raison officielle, l’officieuse est bien moins agréable. Encore une fois, ça l’obligerait à admettre que sa mère n’est pas parfaite et a commis des erreurs, et il n’est pas encore prêt à franchir cette étape. « Ça t’aide d’être ici ? » Il a aussi le droit de poser les questions, après tout, Scarlett n’en a pas le monopole. Il commence à la connaître. Il sait qu’elle se braque sur elle-même et elle n’arrive pas à faire une place à d’autres personnes que sa sœur, même sept semaines après leur arrivée ici. Il peut la comprendre, alors la réponse l’intéresse.

C'est vrai que vu la réputation du garçon, elle doute quand même vachement qu'il soit si serviable avec sa partenaire. Y a qu'à voir tous les awards qu'il a reçut durant le dernier prime, ils étaient pas tous très valorisant. Alors quand il fait son offusqué et qu'il lui décrit la façon dont il se comporte avec Gaël, elle a franchement encore plus de doute. Le petit dej' au lit sérieusement ? Alors qu'il vient se coucher vers les coups de treize heures ? Elle connaît ses habitudes, elle le voit toujours errer comme un zombie vers midi, manger un truc et aller s'écrouler dans un lit. Elle arque un sourcil dubitatif. « Sérieusement ? » Non, elle va pas tomber dans le piège, c'est pas un petit garçon serviable et c'est aussi ce qu'elle aime bien chez lui. Son mordant, il est percutant. Pas toujours gentil, mais pas tellement méchant. Plutôt franc et quand on a un minimum de second degré on peut même le trouver plutôt marrant. Mais certainement pas serviable, ça, c'est la blague du siècle. « T'as fais ses lessives ? Rien à voir avec l'envie de connaître la couleur de ses petites culottes ? » Elle demande faussement innocente en grignotant quelques chips. Elle pourrait lui donner un peu de crédit, alors elle décide de le croire à moitié, mais personnellement elle le laisserait pas laver ses vêtements, de peur que certains sous-vêtements disparaissent mystérieusement. Donc c'est Gaël l'ingrate qui lui offre pas assez de chaleur humaine, alors que lui est son homme à tout faire, pour résumer. Scarlett à franchement rien à faire là dedans, elle voit pas pourquoi elle prendrait la relève de sa partenaire, en plus elle connaît pas tellement la coach. Elle fait semblant de réfléchir à la question avant de conclure. « Je vais prendre le risque je crois. » L'oeil brillant elle éclate d'un rire cristallin. A tous les coups il va simuler une mort encore plus convaincante que celle de Cotillard dans un batman pas terrible. Elle est déjà prête à applaudir pour la performance, après tout avec tous ses awards y a certainement une carrière dans le cinéma qui l'attend. Le prochain ce sera un oscar qu'il pourra mettre sur sa cheminée. Elle reprend un peu de sérieux en lui posant une question qui l'intéresse réellement, malgré le faite qu'elle ouvre son bouquin. C'était au cas où il aurait la brillante idée de lui dire de se mêler de ses affaires. Elle avait au moins une parade. Il lui parle du voyage en voiture dont il parlait lors du prime. Ce serait pas étonnant que ce soit son premier souvenir, puisqu'il était si jeune. Mais quelque chose lui dit que ce n'est pas tellement son premier souvenir, mais plutôt celui qu'il a choisit de se rappeler et celui qu'il choisit de partager. Ça lui convient parfaitement à Scar. « C'est évident oui. » Qu'elle lui dit en hochant la tête à la positive. Il aurait su déjouer les plus grands drames qui ont suivit, empêcher des guerres, capturer des dictateurs, sauver des familles en périls. Il aurait sauver le monde. C'est bien dommage qu'il n'a pas continuer dans cette voie, c'est évident. Il en parle sur un ton léger, mais c'est pas une raison pour dire que c'est pas important. Le monsieur à peur de se faire engueuler. Bien sûr, venant de Scarlett c'est hyper crédible. « Peut être bien ouais... » Ou pas, certainement pas. Elle peut faire les gros yeux, mais ça s'arrêtera là. Il s'inquiète de sa santé, peut être même réellement. Mais comme toujours il vient lui glisser un commentaire salace. Bien entendu c'est lui à l'origine de ses fièvres, elle a qu'à penser à lui et elle tourne de l’œil tellement il lui fait de l'effet. Pour se sentir plus en sécurité à coté de ce serial lover, faut bien au moins un coussin pour l'empêcher de lui sauter dessus. Parce que si c'est la pleine lune, y a de forte chance que ça se passe là, sur ce canapé. « C'est vrai que tu galère depuis le début de l'aventure. » Elle sourit, elle en sait rien en faite elle écoute pas trop les bruits de couloirs, elle sait juste que Salomée et lui n'ont jamais profiter de la suite de luxe qu'elle leur a offert. Elle se doutait qu'il avait du reprendre sa nouvelle identité après qu'il ait été retrouvé, mais elle s'était imaginer quand grand rebelle de la vie, en venant ici il aurait prit l'autre prénom pour revendiquer à tout le monde qu'il appartenait à une famille en particulier et pas celle avec qui il a des liens biologiques. « Colin c'est mignon. » Elle lui dit presque mielleuse, sachant très bien qu'il va pas prendre ça pour un compliment. Même si elle pense que c'est vraiment un joli prénom, il va bomber le torse et prouver sa virilité à coup de bons mots ? Ah, elle croyait que c'était elle qui posait les questions. Elle réfléchit sérieusement à la question, parce que c'est une bonne question. La rouquine ôte ses lunettes pour venir mordiller une des branches. Est-ce que ça l'aide d'être ici ? La réponse facile c'est de dire simplement oui, mais c'est vachement plus compliqué que ça, comme toujours avec Scarlett. « Je crois oui, enfin … je sais pas. Y a des jours ou je me dis que c'était une erreur de venir ici. Je sais pas, j'ai tout le temps peur c'est épuisant. » Qu'elle lui répond sincère, mais pas tellement dans l'optique de continuer de parler d'elle. C'est plus sympa de parler de Colin. « J'ai peur de toi, j'ai peur des autres... j'ai peur de moi, je te jure c'est à en devenir folle. » Qu'elle ajoute sur un ton amusé, même si ce qu'elle dit parait grave. Il va certainement pas comprendre ce qu'elle dit, elle a tendance à marmonner des énigmes quand elle évoque ce qu'elle ressent, parce qu'elle n'arrive pas à tout déchiffrer elle-même. Alors pour les autres ça doit être encore plus bizarre.  « Dis moi, là maintenant qu'est-ce qui te ferais le plus plaisir au monde ? » A cet instant, qu'est-ce qui pourrait le combler de bonheur ? C'est sa curiosité qui parle, parce qu'elle croit avoir une notion du bonheur bien naïve, lui doit avoir un tout autre avis sur la question.

Il met sur le tapis le manque de reconnaissance de sa partenaire alors que, de son côté, il se décarcasse pour lui faire plaisir. Il fait beaucoup d’efforts pour se montrer agréable avec Gael, il lui tient les portes de l’ascenseur, il veut bien partager ses bonbons quand il va faire une recharge auprès de Maggie, il ne lui subtilise pas son oreiller… Non, vraiment, c’est une crème. À ses yeux, ces petits gestes s’apparentent à de véritables sacrifices, alors ça revient effectivement à lui faire sa lessive ou à lui apporter son petit-déjeuner au lit, Scarlett n’a pas besoin d’avoir tous les détails. Ceci dit, la rouquine doute de ses capacités à se montrer serviable, et il est bien évidemment blessé qu’on puisse douter de sa bonne foi. « Ça me fait mal que tu te doutes de moi, Scarlett, vraiment. » Main sur le cœur, il s’enfonce dans le canapé avant de piquer quelques chips. Il laisse échapper un léger rire à la prochaine réflexion de sa camarade, avant d’acquiescer. « J’suis découvert, mais bon j’ai un award du plus pervers à honorer, alors, hein. » C’est logique après tout qu’il se permette de jeter un œil aux sous-vêtements de sa partenaire. Ou pas, car il n’a jamais jugé utile de fouiller son placard dans le but d’analyser ses petites culottes, que Gael en soit rassurée. Mais ce n’est pas pour autant qu’il compte laisser sa partenaire tranquille. « Mais bon, entre nous, y’a rien d’excitant, c’est une sportive alors elle a des sous-vêtements dignes d’une grand-mère, tu m’étonnes qu’elle ait jamais conclu avec Pablito. » L’affreuse vérité est enfin révélée au grand public, il fallait bien que quelqu’un mette les choses au clair puisque Pabel (que c’est mignon) semble toujours avoir un certain public à en croire les bilans de Sega. Colin propose à la rouquine de prendre la place de sa partenaire, puisque sans chaleur humaine l’américain risque bien d’y rester, et l’ingrate prend le risque. « Vous avez aucun sens du sacrifice ici, c’est dingue. » Ça prône la solidarité, mais en réalité il n’en est rien. « Dire que j’te prenais pour une alliée... » Il soupire. Immense déception, il ne va pas s’en remettre. Jetant un coup d’œil à sa montre, il prend note de l’heure, dans l’hypothèse où il se souviendrait de sa mort à simuler d’ici une dizaine de minutes. La suite de la conversation se veut pourtant plus sérieuse, puisque la candidate s’intéresse à son plus ancien souvenir, une question qui est pertinente en vue de la révélation de son secret quelques jours auparavant. Il ne lui donne pas la véritable réponse à cette question, seulement celle qu’il préfère et que, par conséquent, il juge plus importante. Ce voyage en voiture qu’il a déjà évoqué, perçu comme dramatique autour de lui, mais qu’il continue de se remémorer avec le sourire malgré le lavage de cerveau qu’on a tenté de lui faire subir. Ils n’arriveront pas à détruire ses bons souvenirs pour qu’ils deviennent des cauchemars, bien au contraire, ça ne fait que renforcer son attachement à sa mère. Comme à son habitude, il se veut détacher raison pour laquelle il évoque sa carrière d’espion malheureusement avortée par un sérieux manque de volonté de sa part. « Il est jamais trop tard pour se reconvertir, hm. » Si c’est évident autant pour elle que pour lui, il tient peut-être quelque chose. Il finit toutefois par juger que son plus ancien souvenir n’est pas forcément un détail important, mais Scarlett s’oppose à son avis. Est-ce qu’il risque de se faire remettre à l’ordre ? Peut-être. « Alors j’t’en prie, épate-moi. » Il lance, ouvrant les bras et ses mains gesticulants pour l’inviter à se lancer. Il sait très bien que ce n’est pas le genre de Scarlett de s’énerver, mais il serait curieux de savoir comment elle s’y prendrait si elle doit le faire. Le sujet finit par dériver sur la santé de la jeune femme, plutôt discrète la semaine précédente en raison d’un méchant virus à en croire sa page personnelle. Il a évidemment conscience d’être à l’origine de sa fièvre, le virus n’est qu’une excuse pour se donner bonne contenance. Et voilà qu’elle les sépare par un coussin et qu’il voit ainsi ses efforts réduits à néant, alors qu’il se sentait si proche de l’avoir. « Naaan, ça c’est ce que j’essaie de faire croire pour pas dégoûter les autres, mais la réalité est bien différente. » Lorena était à ses pieds, maintenant c’est Salomée, bientôt ce sera une autre, ça va, il s’en sort bien. Quant à son prénom, Colin est celui dont ses parents biologiques l’ont doté, et c’est bien la seule chose qu’il accepte d’eux, estimant que ça passe mieux qu’un prénom biblique alors qu’il n’est pas absolument croyant. Et puis, continuer à porter le prénom d’un gosse mort, ça l’enchante pas vraiment, en fait. Pas du tout même. « Ouais j’sais, c’est parce que j’le porte c’est pour ça, j’rendrais n’importe quel prénom mignon. » Simple constatation. Il se permet de se montrer curieux à son tour, lui demandant si ça l’aide d’être ici. Il commence à la connaître, elle et son caractère, d’où sa question. Il l’écoute attentivement, un peu surpris par ses explications. Il fronce les sourcils quand elle lui annonce avoir peur de lui, avant de se détendre quand il constate qu’il n’est pas un cas particulier. Il n’est pas facilement heurté par ce qu’on pense de lui, Colin, mais avoir peur de lui ? Ça lui ferait bizarre quand même. « Mais pourquoi t’as peur ? Si y’a un endroit où tu peux t’sentir en sécurité, c’est bien ici où ils laissent rien passer. » Il questionne en plissant les yeux, afin de l’inviter à répondre et non pas à se dérober, alors qu’il pioche encore des chips. Il a sûrement une vision erronée de la chose, mais il n’est pas à sa place. Il aimerait savoir, pas dans l’idée de la réconforter puisqu’il en serait incapable, mais plutôt de comprendre. « Si c’était vraiment une erreur tu serais déjà plus ici. » Il ajoute en haussant les épaules. C’est son point de vue. « Mais t’as raison d’avoir peur de moi, quand j’tire les cheveux j’plaisante pas. » Il lance avec un léger sourire, question de détendre l’atmosphère, plus pour s’aider lui que Scarlett. La question qu’elle lui pose par la suite le laisse sceptique quelques instants. « Oh, j’sais pas, pas grand-chose, juste être millionnaire j’dirais. » Ce n’est pas un souhait trop compliqué, non ? « Ou plus simplement, une recharge de chips. » Reprenant son sérieux, il finit par donner une réponse plus sincère. « Non, franchement j’sais pas. J’te dirais bien déménager à Minneapolis, mais c’est pas possible là, maintenant. » Alors les chips sont une option tout de suite plus envisageable. « Ah, non, j’y pense, survivre ça m’irait aussi vu que là j’suis censé passer l’arme à gauche dans quelques instants. » Sourire en coin dessiné sur les lèvres, main sur le cœur, il glisse légèrement, les yeux fermés. On applaudit. Reprenant sa position initiale, il l’observe avant de demander simplement « Toi ? » Elle ne va pas échapper à la même question.