J’étais allée m’isoler dans la cabane, seule pièce que je n’avais pas encore visité par ailleurs, pour aller faire des vocalises. Ahem. Non, plus sérieusement, j’avais tellement hurlé hier avec Tara, perchée sur le toit à crier notre désespoir, ou plutôt, histoire de se lâcher, de se vider, d’extérioriser, que j’en avais presque perdu la voix. J’arrivai à peine à parler, certes je n’étais pas un moulin à parole, mais le moindre son constituait, au fil des heures, une réelle épreuve. J’avais les cordes vocales fragiles -apparemment- mais forcer dessus en plein froid, ca les avait tué apparemment. Pire encore, je ne savais pas comment soigner cela, pourtant dieu seul sait que ce n’est pas la première fois que je m’adonne à une telle expérience que d’hurler quand ca ne va pas. Bref. Et je soupirais, m’enfonçant un peu plus dans le fauteuil, crayon en main à griffonner frénétiquement. Je m’étais levée avec un mal de gorge monstre, et ne cessai de tousser, l’impression de m’arracher la gorge à chaque fois. Une sensation horrible, qui faisait de mes ‘crises’ de toux, tout une comédie à la fois humiliante et désopilante. La porte de la cabane s’ouvrit à la volée, brusquement même, je sursautais en tournant la tête pour voir qui était l’habitant qui avait fait irruption. Maia. « Que t’arrives-t-il ? » murmurai-je difficilement en voyant l’air qu’elle affichait et que j’arrivai pas à déchiffrer.

« Quoi ? » répondit-elle agressive, ses traits déformés par la colère, et j’arquai un sourcil perplexe. Elle me prenait pour une conne ou quoi là. Je faisais un effort pour parler, non, lui parler et elle m’envoyait limite chier. Excusez le langage mais c’était ca. Je faisais l’effort de lui demander ce qui n’allait pas, répétant plusieurs fois malgré c'te foutue voix qui m'avais lâché et c’était comme ca qu’elle répondait. Oui, j’étais une partisante du respect. « Bon écoutes-moi bien, je ne comprends rien de ce que tu dis, donc si tu pouvais éviter de marmonner, ça m'arrangerait. » ajouta-t-elle, la colère laissant maintenant place à la fureur. J’avais pas envie de jouer les bouc-émissaires encore une fois. Et, je ne savais alors pas comment réagir, il se trouvait que la colère était contagieuse, ainsi se présentait deux alternatives: soit ca virerait au clash parce que je m’énerverais également tout en me pétant la voix ou alors, on se la joue pacifiste et je ne dis rien, tente de calmer le jeu quoi. « Tu sais quoi, vas te faire voir !! » écrivis-je sur mon calepin, en gros, gras, souligné, m’apprêtant à le lever pour le lui montrer, je soupirai avant de finir par déchirer la feuille. « Si t’as un problème va le régler au lieu de venir me faire chier et passer tes nerfs sur moi » murmurai-je alors, le plus clairement possible, exagérant la prononciation en détachant bien chaque mot, histoire de pallier à mon accent Anglais merdique, la prenant limite pour une sourde. Au point où on en était toute façon..

Décidément, l’énervement était quelque chose de contagieux, moi qui avant cette rencontre était ’sereine’, était simplement bien, là je commençai sérieusement à bouillonner. Elle commençait sérieusement à me taper sur le système par son attitude. Je ne la connaissais ni d’Adam, ni d’Eve, et bien que l’aventure eut commencé il y’a déjà deux semaines, je n’avais jamais eu l’occasion de parler avec elle. Et je me disais que ca n’en valait pas la peine, espérant, néanmoins, que c’était juste parce qu’elle était particulièrement sur les nerfs aujourd’hui et non qu’elle parce qu’elle était comme ca tout les jours. Dans tout les cas, ca commençait ‘mal’ entre nous deux. « Tu me cherches ou quoi ? Je passe mes nerfs sur qui je veux, et pour la peine ce soir, ce sera toi. » dit-elle, exprimant du dégout. Je ne comprenais pas. Je rêves. Elle arrive comme une furie et c’est moi qui cherche. C’est l’hôpital qui se fout de la charité. Une réplique cinglante voulu s'échapper d'entre mes fines lèvres, cependant je m'économisai. J’arquai alors un sourcil perplexe, presque méprisante. « C’est quoi ton problème au juste » lâchai-je acerbe, la voix cassée, chaque mot prononcé relevant du défi pour ma pauvre gorge qui en prenait un coup, avant de tousser légèrement.