@benjamin @jorah

Le vendredi rime avec vacances dans mon esprit défectueux. Je change de pays une fois sur deux les week-end alors j'estime que ça s'en rapproche. Je grimpe deux à deux les marches qui me séparent du pallier avant de tomber sur un Benjamin qui semble m'attendre. Je fronce directement les sourcils en me demandant si je n'hallucine pas un peu. Forcément à présence exceptionnelle, circonstances exceptionnelles. La première chose que mon esprit négatif et déviant s'autorise à penser est qu'il est arrivé quelque chose à Jorah mais l'air presque serein qu'aborde Benjamin arrive à me rassurer tout de même. J'arrête rapidement d'imaginer le pire. « Qu'est ce que tu fous là ? » je demande réellement sans tact alors que mes opales froides l'observent pendant un long moment, ayant du mal à me remettre de cette surprise. Je le scrute d'un air méfiant parce que j'ai conscience que sa présence n'est pas anodine, on a beau s'entendre à merveilleuse, le fait qu'il soit entrain de squatter notre pallier ne présage clairement rien de bon. Je suis tout de même contente de le voir bien évidemment mais je reste prudente concernant la suite … Je finis tout de même par poser une main sur son épaule pour la presser avec une tendresse maladroite avant de déposer un baiser sur sa joue en guise de salutation. Il remarquera que j'ai fait des efforts, je suis un peu plus civilisée désormais, j'imagine que c'est l'influence de Jorah. Je sors avec difficulté mes clefs de mon sac en bordel. « Je te manquais trop ? » je fais semblant de supposer, cynique. « Tu as conscience que l'on n'est pas un refuge ? » je raille alors avant de lui ouvrir la porte avant de mimer une légère révérence pour laisser son altesse entrer. Je ne peux pas évidemment le laisser sur le seuil de ma porte tel un chien errant abandonné sur le bord de l'autoroute par son maître. La porte ne tarde pas à claquer derrière nous. Je vérifie tout de même mon Iphone à la cherche d'un message que j'aurai pu louper. Je me demande si Jorah est au courant et qu'il a oublié de me tenir informée cette semaine, ce qui ne serait pas étonnant étant donné que j'ai eu un emploi du temps chargé et qu'on a eu du mal à se trouver du temps pour réellement parler. Malheureusement. « Fais comme chez toi » je balance bien que cela me semble inutile en soit. Dire que c'est ce sauvage qui me fait office de meilleur ami (avec Simon, le niveau est bas). Il va clairement falloir que je les remplace dès que j'en aurai l'occasion lors d'une prochaine braderie humaine. Mon attention est rapidement captée par un bruit au niveau de l'entrée, je me fais bien évidemment plus vive que ce vieux Benjamin. Je balance mon sac pour être plus légère et rapide bien que cela ne soit pas forcément nécessaire. « Prems » j'ajoute afin de lui griller la priorité lorsque j'entends le bruit des clefs annonçant l'arrivée de Jorah telle une enfant. N'oublions tout de même que j'ai dix ans de moins que les deux, minimum. J'estime avoir le droit de capter son attention avant Benjamin. J'esquisse une série de pas pressés en direction de la porte qui s'ouvre déjà. Les traits de son visage d'un naturel fermé et défensif se détendent à la vue de Jorah qui fait son entrée. Je lui offre un rapide sourire. Mes lèvres se posent sur les siennes parce que j'ai réellement senti la semaine passée cette fois-ci. C'est toujours aussi lassant d'être seule la semaine à Paris. Évidemment je suis obligée d'être brève étant donné que Benjamin nous attend quelques mètres plus loin. Je suis obligée d'écourter nos retrouvailles hebdomadaires. « Je t'ai offert un cadeau » j'amorce alors un vague rictus déformant mon visage harmonieux de poupée du Nord. Je tente de le préparer mentalement pour faciliter la découverte. « Je ne sais pas si tu vas apprécier mais garde à l'esprit que c'est l'intention qui compte au final » j'esquisse alors avant de désigner enfin Benjamin comme mon présent. J'imagine bien évidemment un beau ruban rose entourant joliment le paquet à l'apparence pas forcément séduisante, tout dépend du point vu bien sûr. Je finis par me retirer jusqu'au canapé pour libérer l'espace en espérant que Jorah me rejoigne afin que je puisse m'asseoir tranquillement sur lui. Je prends place sur l'accoudoir en attendant. « Tu avais fugué où cette fois au fait ? » je balance parce que j'aime bien manier l'emploi de ce verbe concernant Benjamin. Je lui offre un visage faussement innocent et curieux bien que les deux soient capables de déceler, parce qu'ils me connaissent que trop bien, l'air narquois et moqueur que je tente de réprimer.