Gio s'est toujours estimé agnostique, l'athéisme est une position trop radicale à son goût, affirmer qu'une chose n'existe pas n'est pas dans ses habitudes, en partie parce qu'il considère ça indélicat envers les gens qui croient et en partie parce qu'il aurait trop peur de se tromper. Plus que ça, il est curieux de tout et être athée lui paraîtrait un rejet de cette curiosité et envie d'apprendre toujours plus sur la diversité culturelle et cultuelle qui peuple le monde. Vivre en Chine, une terre de croyances auxquelles il n'a pas l'habitude d'être confronté, est une opportunité d'apprendre, le sanctuaire l'apaise sur un plan spirituel. Gio n'est pas un garçon colérique, c'est juste que vivre avec vingt-trois autres personnes peut porter sur les nerfs, alors la sérénité des lieux vient souffler un vent calmant sur la mer agitée de son esprit. Une chose que Gio refuse c'est de donner dans l'appropriation culturelle, alors oui, il vient au sanctuaire pour réfléchir, mais pas pour méditer. Trouver quelqu'un sur place quand il débarque n'est pas vraiment une surprise. C'en aurait été une s'il n'avait pas développé l'habitude de trouver quelqu'un n'importe où qu'il aille. Ce qui le surprend c'est de trouver Fawn ici. Encore une fois, Gio doit se rappeler qu'il n'est pas un expert en religion et qu'il est probablement en train de reposer sa réaction sur une préconception erronée de ce en quoi croit Fawn. Un sujet qui l'intrigue depuis presque une semaine et que Gio n'a pas encore osé aborder -parce qu'il voulait apprendre à la connaître un peu avant de se jeter dans des conversations plus profonde- tient sur les croyances de Fawn. Parce que bon, c'est pas vraiment une discussion qu'il se sentait à l'aise de mettre sur le tapis en début de semaine entre le moment du réveil et du petit-déjeuner. « Hey ! J'peux te poser une question ? Autre que celle-là je veux dire. » demande Gio, avant d'ajouter, histoire qu'elle sache de quoi il retourne : « C'est sur ta religion, parce que ça m'intrigue vachement et que j'veux être sûr de pas faire d'impair. » Voilà, the cat's out of the bag.

Gio a toujours eu une imagination et une créativité débordantes, résultat de vivre avec une mère artiste qui s'abandonnait dans ses peintures et dans ses histoires pour enfants au moment du coucher. Elle l'a bercé de contes de sorcières et de bestioles fabuleuses et a laissé sur lui une fascination pour les univers fantastiques, alors évidemment quand Gio a appris qu'il y aurait une sorcière dans sa saison, il a immédiatement su qu'il voulait en savoir plus. Est-ce qu'il s'attendait à ce qu'elle ressemble à un mannequin Victoria's Secret ? Pas vraiment, mais il ne pensait pas non plus qu'elle aurait des verrues sur le nez et un balai. Cependant il est vraiment surpris lorsque Fawn se déclare agnostique. Il partage ce système de croyance (ou de non-croyance selon comment on veut le voir) mais il s'attendait à autre chose. « Oh, ok. » dit-il décontenancé alors que Fawn élabore un peu et met le doigt sur ce que Gio pensait. Il la pensait wiccane parce que... well parce que c'était un peu la norme chez les gens qui s'identifient comme sorcier et sorcière d'après ce que Gio a lu et parmi les membres de la communauté qu'il a pu rencontrés. « Oui, j'aurais pas dû, désolé. J'sais pas pourquoi l'idée que tu ne sois pas pratiquante de la wicca ou d'une religion qu'on lie habituellement à la sorcellerie ne m'a même pas effleuré l'esprit. » s'excuse-t-il un peu penaud. Il espère juste qu'il ne l'a pas offensée, que pour elle être wiccane est une sorte d'insulte qui va à l'encontre de ce qu'elle prône. S'il était un peu plus malin il n'aurait pas commencé par la questionner sur sa religion mais il l'aurait plutôt questionnée sur ce qu'elle entendait par « être sorcière ». Comme un avocat dont l'interrogatoire est contrée par une objection, Gio se reprend et décide qu'une question ouverte sera plus efficace. « Bon, du coup, maintenant que j'suis passé pour un idiot, tu veux bien m'en dire un peu plus sur ton métier ? Parce que ça m'a tout de suite interpelé et rendu curieux ! » explique un Gio à la fois gêné d'avoir pré-jugé à tort de la religion de quelqu'un en se basant sur un élément de leur vie et très intrigué par l'idée de cohabiter avec une sorcière, une vraie. Et ce, même s'il ignore complètement ce qu'être une vraie sorcière implique dans le monde réel. Pour lui une sorcière -une vraie s'entend- ça a des pouvoirs magiques, ça récite des formules et lance des sorts et il n'est pas sûr que ce soit le cas de Fawn, alors il préfère ne plus faire de supposition.