Ces derniers jours, mon partenaire et moi n’avons pas trop été en contact. Entre moi qui attrape la crève à force de rester coincée à l’extérieur et lui qui choppe quoi, une gastro, je crois ? Inutile de préciser que notre duo n’avait pas été au top de sa forme et que cela se ressentait sur notre performance dans la côte de popularité. Ni lui ni moi ne brillons par la sympathie que nous attirons, et il va falloir y remédier. Pour le moment, je n’en suis pas au stade où je compte mettre au point un plan infaillible pour gravir les échelons ou nous faire apprécier du public, il y a plus important. Si on veut poursuivre l’aventure ensemble, il faudrait déjà qu’on soit d’attaque, et j’ai bien l’intention de positiver et de voir le meilleur partout aujourd’hui. Fermement décidée à faire basculer le karma en notre faveur, je me lève de bon matin afin de préparer un petit déjeuner à mon partenaire, un geste peut-être maladroit mais j’espère néanmoins qu’il appréciera l’attention. En effet, je ne suis pas sûre qu’il soit du genre petit dej au lit, il a l’air de se lever tôt en général et c’est un mec sérieux sur ce genre de truc, peut-être qu’il préfère siroter son café posé dans un fauteuil à lire son journal ou l’équivalent moderne et virtuel de son journal ? Osef, en tout cas j’essaie. Accompagnant mon geste de mille précautions, je le rejoins donc dans la chambre et dépose sur sa table basse un plateau sur lequel on trouve café, eau bouillante et assentiment de sachets de thé ainsi que des toasts grillés et de quoi les garnir. « Bonjour @Ziyan. Bien dormi ? » je souffle sans faire trop de bruit quand je le vois remuer et se relever. Je n’ai pas prêté attention aux autres lits mais j’imagine qu’il doit y avoir des endormis. « J’ai voulu t’emmener ton petit dej au lit. Je sais pas, j’avais envie de faire un truc gentil et... Bizarrement j’avais pas beaucoup d’idées. » Un peu comme si j’avais pas l’habitude. Mais Ziyan avait pas vraiment l’air en forme en ce moment, et mon esprit d’équipe m’imposait d’au moins essayer de faire quelque chose pour remédier à ça. « C’est beaucoup moins facile qu’on se l’imagine d’être sympa et serviable. » j’ajoute en roulant des yeux exagérément comme si je m’étais trituré la cervelle pendant des heures et avait passé mille ans à griller ces tartines. Merde, j’aurais au moins pu faire des pancakes, non ? Remarque, il ressemble à ces mecs qui surveille son poids, donc ç’aurait peut-être été la pire idée du siècle. Le problème, c’est qu’on se connaît pas suffisamment pour connaître les goûts et les envies de l’autre, et ça complique nettement ma volonté d’être une partenaire agréable.

Ce matin je me réveille plus tard que d’habitude, on peut considérer que je fais ma grasse matinée de la semaine. Après un prime et un après prime agité, notamment suite à ma discussion avec Lucy en coulisses, je pense l’avoir mérité. Clairement, je mets en question mon activité dans l’équipe, quand je vois ces derniers me tailler comme elle l’a fait. Maintenant la discussion avec Lucy me fait revoir les choses, et si les autres ne méritent pas que je me bouge le cul pour eux, pour ce qui est de Lucy c’est une autre histoire. Ce matin j’ai tout de même du mal à me lever à 7 heures, en même temps à quoi sert-il de se lever tôt quand nous avons aucun objectif ? Je veux dire ici, on dort, on parle, on mange et on dort, rien de plus. J’essaie tout de même de garder le rythme pour que le retour à la réalité se fasse facilement, mais j’avoue avoir songé plusieurs fois à laisser tomber. Ce matin je me réveille doucement, et visiblement je ne suis pas le premier levé puisque ma partenaire à ma grande surprise vient me ramener le petit déjeuner. Au menu eau bouillante, thé, café, toasts entre autres. Je la regarde interloqué. « Bonjour, oui bien dormi et toi ? » Je ne comprends pas ce qu’elle fait, j’apprécie le geste c’est clair, mais je comprends pas pourquoi, dans quel but, quel intérêt. J’arrête de me poser des questions étant donné qu’elle m’apporte elle même la réponse : elle avait eu envie de faire un truc gentil et c’est l’idée qui est lui venu en tête. « Tu t’en sors bien t’inquiètes pas. » En tout cas moi ça me va, parce que j’avais rien demandé, rien mérité non plus à ce que je sache. « En plus il est bien garni, tu le manges avec moi ? » Ouais ce serait quand même vachement vache de manger le petit déj sans lui proposer à bouffer même pour un gars comme moi. Mais elle a raison c’est beaucoup moins facile que ça en l’air d’être serviables. « Je te le fais pas dire, et qu’est-ce qui t’a amené à vouloir être serviable ? » Stratégie de jeu, changement d’attitude ? Je suis curieux étant donné qu’il s’agit de ma partenaire. Et si cette semaine nos destins ne sont pas liés, ils risquent de l’être tout le long de notre aventure. Il ne faut pas oublier que je lui avais promis la deuxième place, celle juste derrière moi.

« J’ai dormi comme un gros bébé. T’imagines pas le plaisir de retrouver un vrai matelas. Je veux pas faire ma diva, mais dormir sur un transat’ pendant une semaine c’était clairement pas opti pour mon dos. » Je dodeline doucement de la tête, les yeux clos, chassant ses souvenirs négatifs de mon esprit. Même si, au fond, c’est toujours plus facile, voire agréable, d’y penser une fois que c’est terminé. Le confort de notre quotidien à l’intérieur du nid me paraît à présent bien plus extraordinaire et je cesse de le tenir pour acquis. C’est beau la relativité. J’esquisse ensuite un léger sourire quand Ziyan m’assure que je m’en sors bien, en inclinant légèrement la tête sur le côté, satisfaite. C’est peut-être bête à dire, mais quand on ne connaît pas encore intimement une personne et qu’on espère lui faire plaisir, on a toujours peur de se planter en beauté ; c’est fou comment j’ai l’impression de m’exposer et de me montrer vulnérable alors que ce n’est qu’un petit déjeuner. Peut-être que si j’étais moins sensible, je craindrais moins le rejet et la désapprobation - sûrement, même. En attendant, je peux toujours faire semblant que ces choses ne m’atteignent pas - Fake It till you Make It. « Et bien puisque tu me le proposes, avec plaisir. » je réponds immédiatement en prenant place à ses côtés. J’avais poussé le vice jusqu’à amener plusieurs tasses et mugs avec des motifs préférents au cas où il avait ses habitudes avec un mug préféré ou que sais-je, et je peux donc attendre qu’il fasse son choix avant de me rabattre sur un des récipients restants pour me servir du café. « Je peux pas juste être d’un naturel bienveillant et aimable et vouloir faire le bien autour de moi ? » je le questionne, amusée, espiègle même. Sa question a beau être assez naturelle, je ne peux pas m’empêcher de remarquer qu’il se positionne aussitôt dans l’analyse, ce qui me plaît assez. « Ok j’avoue tout. » je finis par ajouter avec un air exagéré de coupable prise sur le fait. Si je peux pas être faussement dramatique dans une émission de télé-réalité, à quel moment je peux l’être ? « Ça fait un moment que j’ai pas eu l’occasion de te parler, et chaque fois que je te croise j’ai l’impression peut-être trompeuse que t’es pas au top de ta forme. Alors je voulais ragaillardir un peu les troupes. Et je suis pas sûre que tu sois dans ce délire, mais je crois un peu en ce truc qui veut que si tu répands le bien autour de toi, tu obtiendras de bonnes choses en retour. Pas le karma à proprement parler, mais bon, bref, tu saisis. » Ou pas, mais c’est l’heure du petit déj, et j’ai pas spécialement envie de m’attarder sur ma conception de la psychologie humaine en buvant mon café.

« Je te comprends, quelle idée de te faire passer une semaine dehors. La production devrait se renseigner sur les droits de l'homme. » Fawn devrait porter plainte tiens. Moi à sa place c’est ce que je ferai. Non mais oh ils nous prennent pour qui la production, on est pas des animaux, il fait froid dehors, et puis c’est pas confortable du tout, déjà que les lits du nid me semblent loin d’être d’une très grande qualité, j’ai fermé l’œil là dessus, mais si on m’avait fait dormir dehors, c’est clair qu’ils auraient eu toute la famille Can sur le dos. Non mais pour qui ils se prennent.  Fawn en plus elle est géniale, elle m’apporte le petit-déjeuner sans raison apparente, aussi bien que je lui propose de le déguster avec moi, puis ça me fera de la compagnie. J’en ai pas l’air mais moi j’aime bien les gens, moins que moi, mais je les aime bien. Je demande à ma partenaire du coup, pourquoi elle se comporte comme ça ?  C’est que c’est assez inhabituel, et je l’ai rarement vu comme ça. Enfin, en deux semaines, vous me direz que c’est bien léger pour connaître une personne. Quand elle me demande si elle ne peut pas être juste bienveillante pour faire le bien atour d’elle, j’hausse un sourcil, le sourire légèrement présent, assez amusé de ce mensonge. Finalement elle m’avoue qu’elle a l’impression de ne pas me voir au top de ma forme ces derniers jours, tout en ajoutant qu’en plus elle pense qu’en faisant le bien de bonnes choses lui sera rendu en retour. J’avoue être assez gêné qu’elle fasse ça parce que j’ai pas l’air d’aller bien. C’est vrai qu’avec ma team ça va pas, avec le nid tout court ça va pas en fait. Je fais chier 90% des gens, sûrement à juste titre, et mon impopularité pèse sur mon égo. C’est pas un truc que je supporte, pourtant c’est quelque chose que je connais bien paradoxalement. Je me suis embrouillé avec ma team, notamment quand j’ai vu les adjectifs émis à mon encontre. Assez déçu par des gens comme Richard ou Aly, qui certes me devaient rien mais m’ont tout de même déçus. Maintenant il est pas question de se morfondre devant les autres alors je rétorque simplement. « Ca va, t’inquiètes pas pour moi. » Je règlerai mes comptes avec les personnes qu’il faut et puis basta. Si la team veut pas de moi, je ferai mon jeu solitairement, c’est pas un problème du tout. « Puis concentre toi sur les bonnes choses, vu que les nominations sont individuelles cette semaine, peut-être que t’y échappera cette fois. » Je lui souris et je suis sincère au fond, je sais que je peux être un boulet pour elle, parce que les votes contre notre couple ils viennent pour la plupart de ceux qui me supportent pas, j’en suis persuadé. Du coup, peut-être que cette semaine sera plus tranquille pour Fawn quand moi j’y ai échappé la semaine dernière grâce à Lucy. « Mais je suis d’accord pour dire que tout ce que tu fais aux autres en bien ou en mal finira par te revenir à la tronche. » Et c’est peut-être ça mon problème, enfin moi je rigole juste, je m’amuse, je suis pas méchant, j’ai pas l’impression en tout cas. Peut-être que je pense trop à ma gueule, mais je m’aime bien, j’y peux quoi moi. « En suivant cette idée là, faudrait peut-être songer à faire des petits déjeuners aux autres habitants… histoire de se sauver de prochaines nominations. » Ouais pourquoi pas, ce serait une stratégie du désespoir, mais une stratégie. « Enfin si on évite une nomination à coup de petit déjeuner, c’est que les autres sont quand même sacrément cons. » Je peux m’empêcher de rire à ce que je dis, je me trouve trop drôle. En attendant c'est moi qui me fais attendrir par le petit déj de Fawn que je trouve vraiment bon. Quand je serai à l'Elysée elle pourra être ma cuisinière attitrée.