Je tire la langue à mon binôme tout en me levant pour affronter les résultats. L’annonce de l’élimination de Lina ne surprend personne, et lorsque Brune présente le premier sauvé, c’est mon nom qui sort. Je souffle de soulagement, mon cœur bat à tout rompre. Je viens de survivre à une seconde nomination ! « Et bah mon petit vieux, j’ai une semaine de plus pour découvrir tes bons côtés et chanter tes louanges aux autres. » lançais-je à Cristopher, je souris mais j’ai presque les larmes aux yeux avec tout ce stresse !

Les résultats des nominations tombent au fur et à mesure et Joaquim, il a conscience que c’est un peu la merde. Ses pronostics personnels en prennent pour leur grade jusqu’à ce qu’il ne reste plus que Goldfish et lui-même. Cette égalité dans leurs votes, c’est peut-être la seule et unique fois qu’ils sont raccords dans le jeu. Si ce n’est pas beau comme symbole d’avoir dû attendre tout ce temps pour conclure sur une telle note. On demande à Gio de prendre une décision et Joa, il n’est pas assez con et optimiste pour se dire qu’il a sa chance. Avec ce type, ils n’ont jamais fait l’effort d’échanger plus que des banalités. Il laisse ses doigts caresser la nuque de @Penny dans l’attente des résultats, avant d’hausser des sourcils assez peu surpris lorsque la sentence tombe. Il ricanne un peu dans son coin, Joaquim. Ce n’est clairement pas le moment, mais il a du mal à s’en empêcher. C’est tellement pompeux et cérémonielle, qu’il a juste envie de se marrer. C’est bon les gars, il ne vient pas non plus de crever. Il se lève, pour se planter face à la petite brunette. « Je t’attendrais à l’extérieur, Penny. » il souffle dans un sourire amusé. « T’as conscience de l’ironie de la situation ? » Elle enfermée dans une enceinte ultra-surveillée, alors que de son côté il retrouve sa liberté. L’enfermement, c’était difficile pour Joaquim. Il n’est pas si déçu de pouvoir s’échapper de ce système qui commençait à l’étouffer, même s’il n’essayait de rien montrer en balançant des vannes à tout le monde. « Pas de bêtises. » il expire en venant déposer un baiser sur son front, en même temps qu’il guette les réactions de ses camarades face à son élimination. Joa, il sait qu’il ne va pas manquer à grand monde dans le nid, comme il se doute des raisons qui font qu’il se retrouve dans cette situation. C’est un petit merdeux. Un branleur qui ne vit que pour sa pomme, ou du moins la sienne et celle de ses proches. Il est capable de n’importe quoi pour les protéger et c’est ça qui l’emmerde le plus dans le fond. Il s’en fout d’être éliminé. Il y a des choses qui vont lui manquer comme les vannes de Karla, les chamailleries avec Goldfish ou encore la drague de bac à sable auprès d’Aly. Il n’a jamais réussi à choper son 06 d’ailleurs, il a un peu le seum, même si c’est un détail. Lui, il espérait vraiment pouvoir porter Penny le plus loin possible et surveiller son aventure pour vérifier qu’elle ne déconnait pas trop. C’est comme ça qu’ils fonctionnent. C’est comme ça que c’est censé être, même si parfois leur système part un peu vrille et doit être repensé. Il lui a filé sa rose, ce qui la sauve des prochaines nominations alors qu’il a passé toute la soirée à œuvrer pour que ça arrive. Ca le rassure, Joa. Il se sépare de la jeune femme, avant d’entreprendre de bouger du côté de la porte. Il y a juste un truc qu’il doit faire avant de signer son départ définitif de l’émission. Il contourne le canapé en passant juste à côté de @Karla. La gueuse se retrouve avec sa casquette sur la tête en un rien de temps. Ca doit bien la faire chier, elle et sa coiffure de grosse précieuse de la vie. « C’est pour pas que tu m’oublies, princesse. » il lui glisse dans un clin d’œil avant de poursuivre son chemin. Elle fait genre qu’elle s’en fout de lui, mais il est persuadé qu’elle est un petit peu dégoûtée de le voir partir, alors ça lui fait sa soirée. De toute façon, il y a une équipe de sport chinoise qui attend son pognon. C'est son rituel. Le cadeau qu'ils se font de génération en génération chez-lui, quand bien même ses gosses ne seront jamais ses gosses. Il est comme ça. Il est d'accord pour élever les mômes d'un autre, parce qu'il est beaucoup plus honnête et fidèle que l'image qu'il s'est construite dans le jeu. Ce soir, il n’a plus besoin des Dodgers, Joaquim.

La tournure presque dramatique que prend le prime au cours des minutes qui filent a quelque chose de surprenant. Mon impulsivité m’a toujours joué des tours. Le problème avec moi, c’est que je prends rarement le temps de réfléchir aux conséquences qu’auront mes décisions ou mes actions. Alors sur le coup, lorsque je dis à Lucy que je ne vais pas lui voler son partenaire, je le pense réellement. J’avais fait ma première remarque à la blague et je pensais juste à échanger naturellement ma partenaire pour être avec Joa. C’était la chose la plus logique à faire. Mais maintenant que l’idée s’est insérée dans mon esprit, je viens contredire la promesse que j’ai faite à Lucy en demandant César comme partenaire. Honnêtement, ça m’amuse. C’est drôle non ? Ce n’est qu’un jeu après tout, rien de très dramatique, ça ne fera que créer du changement dans le palais et modifier un peu l’aventure. Peut-être que c’est un peu stratégique de ma part de faire ce coup. Mais je crois que je l’ai choisi plus pour provoquer qu’autre chose. Et ça fonctionne… Peut-être un peu trop. Je viens de me créer une nouvelle meilleure ennemie en Lucy qui ne perd pas de temps pour commenter mon geste. Je ne pensais pas qu’elle réagirait aussi fortement. C’est si mal, ce que je viens de faire ? Je pourrais commenter, mais je ne le fais pas. On aura tout le temps pour se crêper le chignon elle et moi cette semaine, j’en suis certaine. Pas que j’ai l’intention de lui arracher ses rallonges, enfin. Je me retrouve nominé grâce à elle de toute façon, j’espère qu’elle est maintenant satisfaite. Le karma m’a eu au détour comme certains diraient. Et alors que je ne stressais aucunement pour l’élimination qui arrivait, parce que dans ma tête, il était impossible que Leon et encore moins Joaquim ne quittent ce soir. J’ai raison pour le premier, mais le doute commence à me gagner lorsque les noms des autres candidats défilent. Les sourcils froncés, mon visage se tourne en direction de Joa alors qu’on annonce que Gio doit prendre la décision de l’élimination entre Golshifteh et lui. C’est grosse blague là ? J’ai le cœur dans la gorge tellement mon cœur se met à débattre dans ma poitrine. Ses doigts qui caressent ma nuque ne font que m’angoisser un peu plus. Parce qu’on n’a pas besoin d’être le crayon le plus aiguisé de la boîte pour comprendre que c’est lui qui sera éliminé ce soir. « Non, mais… Non. » Erreur 404. Il n’y a plus de service de communication entre mon cerveau et ma bouche. « Je vais aller lui parler, le faire changer d’idée. » Ce que je peux être conne parfois. Le pire c’est que je bondis sur mes talons, prête à traverser la pièce pour raisonner Gio et plaidoyer mon point de vue sur la situation. Je ne le fais évidemment pas. Joaquim ricane, j’ai envie de lui foutre une claque derrière la tête. Être violente avec lui ne règlera en rien la situation. Sa phrase pu l’ironie et je crois que dans d’autres circonstances, j’aurais rigolé bêtement. « C’est pas drôle. » Pas du tout. Sa référence est conne. Et elle ne fait que me rappeler qu’on sera séparé. Qu’à partir de maintenant, je ne peux que compter sur moi-même dans ce jeu pourri. Malgré l’émotion qui marque mes traits, aucun signe de pleurnichage n’est en vue. « Va voir Debbie quand tu vas revenir à Kissimmee, s’il-te-plait. Fais ça pour moi. » Il va me détester que je lui demande une telle faveur, mais comme je sais qu’il ne peut rien me refuser, je tente ma chance. Sur ce coup, je suis presque certaine qu’il ne le fera pas. J’aurai au moins essayé. Je le laisse m’embrasser le front, je roule des yeux lorsqu’il me dit de ne pas faire de bêtises comme une gamine de cinq ans. « Jamais. » C’est qu’il me connait. Je viens finalement le prendre dans mes bras une dernière fois, vivant mal cette séparation précipitée, celle-ci me rappelant de nombreux moments de notre vie pré-Fake Lover. « Je t’aime. » Ce n’est pas le genre de Joa de sortir les trois petits mots, même dans les grandes occasions. Alors je le dis pour nous deux, ça ne me dérange pas. Je force un sourire pour ne pas trop l’inquiéter puis me faufile vers la sortie. J’ai plus ou moins porté attention à l’histoire des roses, je m’y pencherai demain. Là, je suis juste triste d’être séparé de mon frère.