@rhéa

Après avoir passé un moment avec Lucy, j'ai vaqué à mes occupations, sans parvenir à quitter les alentours. J'aime cette partie du domaine. On est si loin de tout qu'on aurait presque l'impression d'avoir quitté le jeu. Alors je me promène avec cette sensation presque auto-imposée que je suis en réalité dans les environs de Melbourne, sur ces sites de trekking qu'on a souvent parcourus, mon père et moi. Je fais le plein d'air pur, saturé en oxygène et je repère l'odeur de la pluie avant qu'elle ne commence à tomber. Celle qui provient des nuages prêts à imploser, gris mais noirs dans l'âme. Pourtant, je me fais surprendre, trop prétentieux en me disant que j'allais encore traîner un peu pour profiter de cette atmosphère électrique que j'aime tant durant les averses et je me retrouve à devoir courir à moitié pour rejoindre le sanctuaire, perché sur la colline, avant d'être complètement trempé. Je ne suis pas la seul à n'avoir pas prévu de rentrer suffisamment tôt car au milieu de l'ombre soudaine qui semble s'être abattue sur le domaine, j'aperçois la silhouette diffuse de Rhéa, en pleine lutte contre les éléments déchaînés. Comme moi, elle cavale vers le sanctuaire pour s'abriter de la pluie mais avec le vent qui s'est levé, elle a l'air de galérer plus qu'autre chose. « Et, ne t'envole pas » je m'exclame et je happe son bras au passage pour l'attirer sous le toit du sanctuaire. Non mais on sait jamais, elle est toute petite Rhéa, et pas bien épaisse. Le genre de petit format qui pourrait, si on ne fait pas gaffe, partir au vent ou rouler par terre à chaque coup trop violent. On récupère tous les deux de cette douche imprévue, comme deux cons, moi je suis planté contre le socle aux diamants et je l'observe discrètement histoire de vérifier qu'elle va pas nous faire une crise de panique. « Bon, à part si tu veux tenter une course contre la foudre jusqu'au palais, on est coincé ici » je souffle, le regard tourné vers le nid, qui parait si loin sous l'orage. Honnêtement, ça me dérange pas vraiment, j'ai toujours aimé les tempêtes. Je dois être bizarre mais je leur trouve un côté... revigorant ? La tonnerre et sa majesté, la foudre et sa beauté, la pluie qui parait laver le monde entier. Bon, clairement, je fais moins le malin quand je suis coincé directement sous la flotte mais rester là et attendre que ça passe ne me pose pas de problème, j'ai ma veste et mes yeux pour admirer. « On se croirait dans un film » je me marre soudainement. C'est con mais ça me rend joyeux. C'est le genre de trucs, de prise de conscience brutale, de moment improbable, qui me met de bonne humeur. Du coup, je virevolte dans sa direction avec un large sourire. « C'est le moment où on parle de nos blessures passées en attendant que l'orage passe ? » je plaisante d'un sarcasme bénin, toujours dans mon délire de film. C'est comme ça que ça se passerait. Deux inconnus, provenant de deux mondes, de deux groupes différents, retrouvés seul à seul à tuer le temps en attendant que le déluge cesse. Bien sûr, à la fin, on finit par se séparer et retourner chacun à nos vies mais on n'oubliera jamais ce moment.

Les extérieurs du Nid, c'est une bénédiction pour toi. Toi qui as toujours détesté les espaces confinés, la sensation d'être coincée, enfermée. Ces grands espaces extérieurs semblent être faits pour t’apaiser, te donner un nouvel élan, lorsque t'as l'impression d'avoir le souffle coupé. Tu marches tranquillement à travers les allées du jardin, les mains dans les poches de ton sweat clair. Tes pensées se bousculent dans te tête et te font oublier l'espace d'un instant la réalité, si bien que tu ne vois pas vraiment ce qui est en train de se passer autour de toi. C'est seulement quand tu sens une goutte rouler sur ta pommette, puis deux, puis trois, puis cent, que tu comprends que tu te retrouves victime d'une grosse averse. Tu plisses les yeux, regardes autour de toi, remarques que le Nid est bien trop loin et aperçois le sanctuaire non loin de toi. Tes pas se pressent en sa direction, la pluie est rejointe par le vent, tu as du mal à avancer, les avant-bras repliés au dessus de tes yeux en guise de visière improvisée. En moins de deux minutes, tu es trempée de la tête aux pieds, tu arrives tant bien que mal au niveau du sanctuaire et sens une force de tirer à l'abris. Après avoir repris tes esprits, tu remarques que c'est Leon, un des candidats avec qui tu partages ta chambre, et avec qui tu as eu très peu de réelles conversations depuis le début de l'aventure. Tu fais un état rapide des choses en décollant de ton visage quelques mèches trempées. Ton sweat est passé du gris clair et gris foncé à cause de la pluie et tes bottines sont devenues une véritable piscine. Tu pestes, soupires sans gênes et lâches quelques jurons en Italien. Il fallait que ça t'arrive à toi ! T'es dégoûtée, soûlée, surtout que tu vas devoir rester dans cet état tant que la pluie ne sera pas calmée. A cet instant, tu rêves d'aller prendre une douche chaude, mais à la place, tu te contentes de t'asseoir à même le sol, salissant encore plus ton jean qui, de toute manière, est déjà foutu et trempé d'eau. Certes, tu ne peux t'en prendre qu'à toi même - t'aurais du faire attention et aller te mettre à l'abri - mais ton caractère de râleuse reprend le dessus. Alors que t'en en train de ruminer toute seule dans ton coin, les mots de Leon attirent ton attention. « On se croirait dans un film » Tu réalises qu'il a déjà prit la parole depuis que tu t'es retrouvée coincée avec lui ici, mais trop occupée à râler, tu n'as pas entendu ses paroles. « Oui, un film apocalyptique. » Tu soupires, lui en retour se marre. « J'ai pas signé pour mourir en Chine.. » Tu continues avec une moue déconfite. Et là, après un instant, tu te mets à ricaner toi aussi. Parce que la situation est ridicule, et parce que sa bonne humeur et ton pessimiste sont tellement aux opposés que la situation en dévient drôle. « C'est le moment où on parle de nos blessures passées en attendant que l'orage passe ? » Tu essores un peu tes mèches entre tes doigts, puis fais glisser l’élastique que tu as autour du poignet pour enrouler tes cheveux en un chignon, histoire que les gouttes arrêtent de couler le long de ta nuque. « Tu penses que l'orage va durer longtemps ? » Ta question est sérieuse, ton regard se perd un peu dans les vastes étendues du jardin. Le ciel est assombri, les arbres un peu plus loin à peine visibles à cause de la pluie. T'es pas très rassurée à l'idée de vivre un orage à peine abritée par ce petit édifice, il faut le dire. Après une pause, tu te souviens de ses mots et reviens rapidement sur le sujet. « Je n'ai pas de blessures passées, tout va bien dans ma vie. » tu lances avec un haussement d'épaules faussement exagéré. Bien sur, tout le monde y croit.

Elle m'écoute pas, Rhéa, je le vois bien mais je relève pas, j'ai jamais vraiment eu besoin de quelqu'un qui réponde lorsque je me lance dans des dialogues. Le dialogue, je peux le mener tout seul sans que ça devienne un monologue parce que je m'amuse à capter les réponses dans les expressions, les gestes, les regards de l'autre. Le non verbal m'amuse énormément. J'adore décrypter le langage du corps, tout ce qu'on dit sans le dire. Ça en dit souvent encore plus que les mots, puisque ce sont généralement les paroles non maîtrisées, non contrôlées et  et c'est ce qui est vraiment passionnant. Parce que t'apprends beaucoup de choses qui ne sont pas supposées faire partir de la conversation et des informations offertes. Et pour le coup, Rhéa, elle a un non-verbal florissant. Vraiment, on pourrait écrire tout un livre sur ses sourcils froncés et l'oméga mécontent que ça crée sur son front, sur le rictus que forment ses lèvres tandis qu'elle tente comme elle peut de se sécher. Même ses mouvements secs m'arrachent un sourire tant ils hurlent son agacement. « Ah bon ? Tu prévoyais d'organiser ça où ? » je réplique en tournant vers elle un regard curieux autant que malin. Allons bon, ne donne-t-on pas le droit de vie et de mort à la production, en signant pour entrer dans l'émission ? N'est-ce pas ce dont il est question ? N'est-ce pas pour ça que l'on voit ces programmes télévisés comme la bonne parole, prêchée par le Dieu suprême de la vérité. « Je ne te laisserai pas mourir, va » je souffle avec un sourire vaguement moqueur mais aussi presque complice. Evidemment que je ne la laisserai pas mourir. Comme si la question se posait. Pas sûr qu'elle me laisse la sauver, par contre. Rhéa, elle a l'air plutôt indépendante dans son genre, le style à se laisser dépérir simplement pour te prouver qu'elle peut très bien se débrouiller toute seule. Ou pire encore : à se sauver toute seule comme une grande pour encore plus te montrer qu'elle n'a pas besoin de toi. Très bien, je respecte. Je n'aimerais pas qu'on me sauve non plus. Pas n'importe qui, en tout cas, j'ai de dangereuses tendances à l'indépendance extrême aussi. Et parce que tout son être m'inspire ce sarcasme amusé, sans doute parce qu'elle a l'air maligne et réceptive à ce genre de communication. Elle m'ignore à nouveau mais je le prends bien. Encore une fois, j'ai pas besoin d'un public qui écoute pour de vrai. « Probablement pas » je finis par répondre sérieusement, d'une voix beaucoup plus posée, en levant le nez vers le ciel noir. Des tempêtes comme ça, j'en ai déjà vues avant, je me suis déjà retrouvé sous des pluies pareilles, avec le vent, le tonnerre, les éclairs et tout le merdier. C'est probablement pour ça que ça m'embête moins qu'elle. A Melbourne, le climat est tellement variable qu'on peut avoir les quatre saisons en une seule journée et on finit par s'accoutumer de l'imprévisibilité du temps. On est paré en toute circonstance et ce n'est plus la pluie qui empêche les gens de vivre leur vie. « Ce genre d'orage est souvent très localisé et le vent devrait vite repousser les nuages plus loin. » Voilà que je suis météorologue pour les beaux yeux d'une de mes coéquipières maintenant. La partie consciente de mon esprit devait être en train de siester quand le reste a décidé de passer son diplôme en secret. En vérité, ce genre de savoir à la con, je le tiens des heures passées dans la nature avec mon patriarche, avec Shayma, avec mes potes, avec la compagnie, bref, dès que je foutais le nez dehors.  « Parfait, parle-moi de ton enfance idyllique alors, ça ne change rien pour moi » je conclus allègrement en me laissant tomber en tailleur près d'elle, mes vêtements mouillés suintant la pluie.

Il te demande où est-ce que tu prévois de mourir, si ce n’est pas en Chine. T’es piquée au vif par sa question, mais à la fois amusée. Pourtant, tu prends le soin de répondre sincèrement. « Ce n’est pas au programme ! Mais si ça doit arriver, ce sera chez moi, avec ma famille auprès de moi. » C’est la réponse la plus clichée du monde, mais c’est la vérité. Tu le penses vraiment, ta familles, ces êtres chers à ton coeur, ils sont ceux qui comptent le plus au monde pour toi. « Et toi, si tu devais mourir aujourd’hui, ce serait ou et auprès de qui ? » Whoo, ça c’est une drôle de question pour une première discussion. Mais bon, tu n’as jamais été très douée pour les conversations conventionnelles, les bonnes manières etc etc. C’est comme ça c’est toi, et si ça ne plait pas aux autres, et bien c’est pas grave, tu te passera de leur présence. « Je ne te laisserai pas mourir, va » Il te sort de tes songes, tu croises son regard alors qu’il affiche un sourire amusé sur les lèvres. Bah tiens, lorsqu’il a cet air, il n’est pas désagréable à regarder le Leon, il est même intriguant. Il a l’air cool en tout cas, pas dû gens à se braquer parce tu l’ignores un peu au début, ni du genre à avoir peur dès que tu laisses un peu apparaître ton caractère de cochon. Les gens qui n’acceptent pas cela sont juste cons et formatés par les bonnes règles de savoir vivre, c’est épuisant, tu ne les aimes pas, ces gens là. Tu commence a être pas très rassurée par la situation. Non pas que tu ai peur de l’orage en lui même, mais c’est surtout que le fait de te retrouver sous par un un abri de fortune entourée d’arbres et que t’as pas envie que la foudre se mette à tomber là maintenant. « Ce genre d'orage est souvent très localisé et le vent devrait vite repousser les nuages plus loin. » Il a l’air de s’y connaître, c’est dingue. N’empêche que ses mots te rassurent. Si l’orage ne va pas durer longtemps, ça t’arrange. Non pas que tu n’ai pas envie de passer plus de temps avec lui, mais quitte a choisir, tu préfères le faire au sec et à l’abri, après une bonne douche et après avoir enfilé des vêtements propres. « J’ai trouvé ton secret ! Tu es le premier mister météo de la chaine nationale australienne. » Si tu te souviens bien, il est originaire de là bas, t’espères ne pas te planter. Il décide alors de prendre la même position que toi, assis en tailleur à même le sol et te questionne sur ta fake enfance idyllique. Tu rentres dans le jeu direct et lui réponds du tac au tac. « J’ai grandi dans un grand manoir avec mes parents, mes frères et sœurs et pleins de chiens et de chevaux. J’avais plein d’argent, pleins d’amis et tout le monde m’aimait. Ah et aussi j’ai été élu mini miss monde, la classe hein ? » Ce tableau est tellement cliché et too much qu’il est même ridicule. Tu te demande si cette enfance là, tu aurais vraiment aimé l’avoir ? La réponse s’impose rapidement à toi : non. Au final, tu as été heureuse, avec une vie simple mais suffisante, avec l’amour de ta famille, et c’est tout ce qui compte.

Mourir chez soi, entouré de sa famille et de ses amis. C'est louable comme souhait, d'autant plus que beaucoup, aujourd'hui, s'imaginent avoir de grandiloquentes et extraordinaires morts. Tomber dans un volcan en pleine exploration naturelle ou assassiné par un collègue jaloux suite à une nomination au titre de PDG. Bref, les gens ne se soucient plus de l'essentiel et ne s'en contentent plus. J'ignore si c'est vraiment une folie des grandeurs qui les fait se voir au sommet, peu importe ce qu'il représente pour eux, ou si c'est simplement parce qu'ils ne sont pas réellement face à la mort qui les empêche de se rendre compte qu'il y a plus fondamental dans la vie que d'avoir une mort épique. Enfin, chaque son délire, hein. Moi, tout ce que je veux, c'est que ça soit rapide. J'ai pas envie de me voir dépérir et d'assister à ma propre mort. « Et bien en Chine, à côté de toi. Foudroyé de toute évidence. » j'indique d'un air peu impressionné en désignant vaguement l'orage du menton. J'y peux rien, c'est Rhéa qui m'inspire mon sarcasme. C'est mon état d'esprit dans ses environs. C'est surtout que j'ai jamais vraiment réfléchi à ma mort. Pourquoi je le ferais ? J'aime autant ne pas la voir venir. « J'irai sans doute imposer ça à mon ex, à Londres, même si c'est pas très honnête. Je ne veux pas mourir seul. » je réponds finalement en haussant les épaules et en détournant le regard vers le ciel. Waw, progrès, je l'ai appelée mon ex et pas ma femme. ça doit se sentir que j'arrive pas à me positionner, vu que je passe de l'un à l'autre selon les jours et selon mon humeur. Officiellement, on est toujours mariés, cela dit, même si on n'est plus ensemble, elle reste importante pour moi et ce sobriquet d'ex ne lui fait pas honneur, pour moi. Mais bon, si un jour elle voit ces images, elle aura deviné ma réponse avant même de l'entendre, vu qu'elle me connait par cœur. Et vu comme moi, je la connais, je sais qu'elle accepterait sans broncher. Elle est forte, Shayma, elle m'a supporté pendant quatre ans et je sais que si, aujourd'hui, je l'appelais en galère, elle m'aiderait sans même réfléchir à deux fois. Je le sais parce que je ferais pareil.  Cela dit, si je me recase avant de mourir, la place de Shayma sera refilée à quiconque sera à mon bras à ce moment. Mais tout ça, ce ne sont jamais que des suppositions et probablement que ça n'arrivera pas, ou pas avant un moment. « C'est mon élégance naturelle qui m'a trahi » je fais mine de m'insurger en tournant dans sa direction un regard exagérément digne clairement joué. Mais bizarrement, je me sens bien quand je raconte des conneries comme ça, ça m'apaise, je me sens plus moi-même. Ce qui est vraiment, vraiment chiant puisque c'est précisément pour éviter ça que je suis là. Pour arrêter de me complaire dans un rôle en permanence. Je m'efforce de pas partir sur ce chemin-là, même en pensée, en écoutant Rhéa et ses histoires à dormir debout. Du moins c'est ce que je devine en voyant son expression. « Little Miss Sunshine hein » je souffle avec un petit sourire. La vérité, c'est que j'ai aucun mal à l'imaginer là-dedans, Rhéa, alors que ça n'a pas l'air d'être vraiment son truc. Elle a une aura un peu sérieuse, ou en tout cas pas nécessairement joviale. Un peu difficile à approcher pour les gens qui ont peur de tout ce qui n'est pas rose bonbon ou jaune soleil. Pas caractérielle mais pas non plus super facile à vivre. Le genre qu'on croise dans la rue et qu'on imagine un peu austère, simplement parce que bon, pourquoi elle sourirait bêtement et ferait la potiche alors qu'elle fait que se rendre d'un point A à un point B ? Je me demande bien combien de gars sont déjà venus lui dire qu'elle serait plus jolie si elle souriait. Et à combien elle a répondu qu'ils seraient plus beaux s'ils faisaient la macarena à cloche-pieds. Moi, j'aime bien, ça me fait rire.  « Mais tu parles à l'imparfait, que s'est-t-il passé, depuis ? » je l'interroge d'un air faussement inquiet, pris par son histoire de chevaux et de miss monde. Non parce que je veux pas qu'elle m'annonce qu'ils ont dû se séparer des chiens, je ne le supporterai pas.

« Et bien en Chine, à côté de toi. Foudroyé de toute évidence. » voilà sa réponse. Tu ne sais pas si tu dois en rire ou pleurer. Rire, parce que c'est plutôt drôle comme réponse. Pleurer parce que ça te rappelle que, vu votre abri, ça pourrait clairement arriver pour de vrai. Et même si tu plaisantes sur le sujet, tu ne veux absolument pas mourir aujourd'hui ! Un petit sentiment de panique renaît en toi, et tu regardes partout autour, l'orage, la pluie, avec un air pas très rassuré. Tu resserres un peu plus ton sweet autour de ton cou, comme si ce petit bout de tissus trempé allait te protéger de la colère du ciel. « J'irai sans doute imposer ça à mon ex, à Londres, même si c'est pas très honnête. Je ne veux pas mourir seul. » Ses mots te font redescendre sur terre, te reconnectent un peu à la réalité. Tu fronces le sourcils, intriguée par ses mots. « Ton ex ? » C'est étrange ça. C'est encore ambigu avec son ex ? Ils ont eu une relation tellement forte qu'ils sont encore proches ? Ces questions se bousculent dans ta tête. Tu ne comprends pas trop, pour toi, les ex s'oublient, ce sont des éléments du passé et non pas du présent. Bon, c'est certainement dû au fait que tu n'ai jamais connu de passionnantes et très longues relations. T'as jamais rien eu de très très sérieux, t'as même du mal à croire en l'amour à cause de cela. Tu reprends un peu confiance et tu te détends lorsque tu remarques qu'il a l'air de s'y connaitre niveau météo et qu'il affirme que ça va aller. Ouf. T'espères que ça ne va pas trop durer non plus, tes vêtements gelés à cause de leur humidité et le froid commence vraiment à être désagréables. Pire, tu commences à doucement trembloter, t'as super froid au dos et aux jambes, notamment. « C'est mon élégance naturelle qui m'a trahi » Tu ne dissimules pas ton franc éclat de rire. Il entres dans le personnage du monsieur météo parfait, et tu dois avouer que ça lui va particulièrement bien. « Little Miss Sunshine hein » tu te contentes de sourire doucement, tête penchée, regard perdu sur le sol, sans dire un mot. « Mais tu parles à l'imparfait, que s'est-t-il passé, depuis ? » Tu lâches un léger soupire, un peu prise de court par sa question. Tu ne sais pas s'il y a vraiment cru ou s'il entre simplement dans ton jeu. Tu ne le connais pas encore assez pour deviner quelle est la bonne réponse. Alors après un silence, tu lui répond simplement. « J'ai grandi et j'ai vu le monde tel qu'il l'est vraiment. » Cette fois, ta réponse est honnête et franche. Finies les histoires de mini miss monde et de famille riche et parfaite, juste la vérité. Tu laisses couler un instant, avant de redresser le buste d'un bond et ouvrir à nouveau ton visage avec un sourire et attirer son attention avec un air faussement enjoué. « Et toi alors, racontes moi quelque chose sur toi ! »