Je suis l’une des rares personnes qui n’aime pas tant que ça les pandas. Ceux de l’aventure sont particulièrement paresseux et à part manger ce que leur donne les candidats, ils sont plutôt pour servir de décoration. Ils seraient certainement mieux dans leur habitat naturel, ils seraient peut-être déjà moins gros. Surtout celui là qui ressemble à un gros ballon de baudruche, il est à deux doigt d’exploser. C’est bien pour cette raison que quand je m’attarde parfois près des enclos, c’est surtout pour les observer et non pour les nourrir. Même s’ils ont souvent l’air d’attendre un geste de ma part, ce qui ne vient jamais. Je m’assois souvent devant eux pour lire un livre, relevant la tête pour les fusiller du regard quand ils grognent pour se faire remarquer. Pourquoi n’ai-je pas choisi la bibliothèque pour plus de tranquillité ? Parce que cette pièce est bien trop souvent pris d’assaut par les candidats pour faire tout ce qui est possible sauf de lire. Les candidats aiment beaucoup trop être entouré, alors que moi, j’adore mes petits moments de solitude. Et puis pouvoir profiter de l’air frais ne fait pas trop de mal, même si les pandas essayent d’attirer constamment mon attention. Je vais finir par croire qu’ils sont aussi embêtants que les personnes dans cette aventure. Alors que j’arrive au beau milieu d’un dénouement dans mon bouquin, l’une des peluches vivantes se fait de nouveau entendre. Je soupire et finit de me lever pour céder à leur caprice. Toujours à fond dans ma lecture, j’attrape au hasard un morceau de bambou que je tends dans l’enclos sans trop regarder ce que je fais. Sauf que bien trop occupée à lire, je ne remarque pas qu’un des pandas passent sa patte à travers les grilles et arrache quelques pages du bouquin que je lisais. Par pure surprise, je lâche mon livre qui fini dans l’enclos. « Mais quel idiot ! » Je rouspète, peste contre eux, mais malheureusement je ne peux plus faire grand-chose, mon livre leur appartient maintenant. Tandis que je continue à râler, je sens une présence derrière moi. Il s’agit de @Lucy qui n’a certainement rien raté de la scène. « Je déteste officiellement les animaux. » lui dis-je, soupirant de nouveau. Je ne connaîtrais jamais la fin de mon livre, sauf si peut être je le trouve en chinois dans la bibliothèque. Peut être même que Lucy pourra me traduire la fin, autant qu’elle serve à quelques choses dans cette histoire.

Voilà que je me fais ridiculiser, non pas par un candidat de cette aventure, mais bien par cette gigantesque peluche vivante qui vient de me piquer ma lecture du moment. Je n’arriverais pas à connaître la fin de mon bouquin, mais c’est surtout car j’ai ressenti un instant une petite frayeur. Juste de quoi sursauter, mais je n’aime pas ce ressentiment. Alors je peste, mais rien n’y changera. Le panda a gagné. Je découvre que Lucy n’a rien raté de la scène et je ne trouve rien de mieux à dire que je n’aime pas les animaux. J’étais prête à ajouter que ce geste me pousse à rester une grande consommatrice de viande, mais je n’aimerais pas me retrouver avec des associations tordues de défense des animaux sur le dos en sortant de cette émission. J’aurais beaucoup d’autres choses à traiter. L’asiatique me répond que de toute façon, ils meurent tous à la fin. J’ai vu mieux comme phrase de réconfort. « Ouais, enfin le souci, c’est que nous aussi on meurt à la fin. Aucun point en plus pour nous. » Non, là actuellement, on est dans le même état que ces pandas. Bien qu’il soit enfermé dans un enclos ridiculement minuscule pour deux grosses bêtes de la sorte, on est dans la même situation en étant enfermé dans cette aventure. La seule différence, c’est qu’on est assez masochiste pour avoir fait ce choix, tandis qu’eux ont juste subi une décision humaine. Elle continue en me disant qu’ils auraient pu attraper mes cheveux plutôt que mon livre, je me contente de hausser les épaules face à cette réplique. Elle reprend la parole pour me poser une question. Me demander si moi aussi, j’aime fuir le monde. Ce qui signifie qu’elle doit être autant sociable que moi. « J’ai besoin de mes moments de paix. Et je crois que les autres candidats ont aussi besoin de ne pas toujours me croiser, j’ai l’air d’être difficile à supporter. » Ou alors, c’est peut-être qu’une impression que j’ai ? Ironie du sort, elle me rappelle que je me suis retrouvé derrière Achana dans les votes du public. « J’ai l’habitude de finir derrière des pimbêches qui brassent du vent. Je dirais même que j’ai l’habitude de ne pas être apprécié. » Et ce n’est pas cette émission qui va me l’apprendre, loin de là. « Mais tu finiras par connaître cette sensation quand Penny finira devant toi dans les votes également. » Je ne dis pas ça méchamment, c’est juste un constat. Lucy ne semble pas avoir sa langue dans sa poche non plus et aime se couper des autres candidats, contrairement à Penny qui un personnage à elle seule et qui je pense doit être assez appréciée à l’extérieur. Et la gue-guerre qu'elles nous ont offertes au prime offrira encore plus de soutien à Penny, car dans ce genre de conflit, il faut toujours une méchante. Et je crains que c'est Lucy qui obtient ce rôle. Alors que je continue à me perdre dans mes pensées, une musique se fait entendre via des hauts parleurs que je n’avais même pas repérés jusqu’ici. « Voilà, la production semble avoir trouvé un moyen de nous faire remonter dans les sondages. » Je ne lui demande pas son avis, puisque je ne perdrais pas des sous pour une simple histoire de baiser. Je m’approche d’elle furtivement, attrapant son visage avec une certaine délicatesse avant de l’embrasser. Je ne lui roule pas non plus une pelle à coup de langue, mais je lui offre un vrai baiser avant de relâcher ses lèvres. « Tu es la première femme que j’embrasse, je ne pensais pas qu’on m’obligerait à faire ce genre d’expérience dans cette émission. » Ça n’a pas changé grand-chose que d’embrasser un homme, sauf peut être qu’elle a les lèvres beaucoup plus douce. Et sucré.