Anouchka ouvre un œil. Puis le deuxième. La chambre est déjà baignée de la lumière du matin. D’ailleurs ça l’étonne parce qu’en général elle est toujours la première levée. Ou toujours dans les premiers en tout cas. Et que du coup elle se lève dans le noir et non déjà guidée par les premiers rayons du matin. Passant sa main sur son visage comme pour enlever toute trace de fatigue, elle émerge difficilement. D’ailleurs par intermittence elle ouvre ses yeux puis les referme, sa tête toujours enfoncée dans son oreiller et son corps couvert par la couverture. Il faut dire qu’hier elle ne s’était pas couchée à une heure « normale » pour elle. Que Noël avait bousculé tout son programme de sommeil, quand bien même elle se fiche un peu Noël. Mais cela semblait ternir tellement aux autres candidats qu’elle avait veillé tard elle aussi. Et qu’elle s’était prêtée au jeu des cadeaux. Et le soir du réveillon. Et le jour même de Noël. Et qu’elle avait passé sa nuit avec César. Tâtant le matelas à côté d’elle tout doucement pour voir si elle se trouve seule, elle touche la cuisse de la jeune femme qui partage son lit maintenant pour la deuxième semaine. D’ailleurs cela la fait sourire de penser que Lucy détient maintenant un record. D’enchaîner une deuxième semaine à ses côtés sans avoir été éliminée avant. Évidemment elle retire sa main de sa cuisse, mais tourne son visage du côté de la belle asiatique. Elle regrette sincèrement de ne pas être aussi proche d’elle qu’elle le pourrait. Si Anouchka le pouvait elle serait amie avec tout le monde. Avec des amitiés plus ou moins forte évidemment, mais proche de tout le monde. Mais cela semble parfois impossible. Et parfois l’on croit que c’est impossible et finalement on se rend compte que cela ne l’était pas. Mais trop tard. Comme pour Léon. « Bonjour Lucy… » Qu’elle souffle dans un sourire tendre, réussissant finalement à garder ses yeux ouverts. Elle reste un moment à la regarder, ses yeux clairs posés sur son beau visage. « Je ne te l’ai pas encore dit mais… Je suis heureuse d’être toujours ta partenaire... » Elle continue de sourire, mais plus timidement. Evidemment si elle avait changé de partenaire elle l’aurait supporté. Mais ça l’aurait tout de même attristé de devoir déménager une nouvelle fois de lit. « Et j’ai un cadeau de Noël pour toi... tu le veux maintenant ?» Qu’elle continue un peu timide à l’idée d’offrir un cadeau à Lucy. De voir si elle en voulait déjà. Et de voir si elle ne lui en voulait pas de ne pas lui avoir offert le jour même de la fête.

Depuis la veille, je me retrouvais à toussoter un petit peu, comme si le froid avait finalement eu raison de moi. Petite, j'étais de celles qui tombaient malade pour un rien. Les professeurs comme mes parents s'étaient souvent indignés de mon taux d'absentéisme, et larguait le tout sur la flemmardise plus que le reste. Pourtant, je n'avais jamais réellement rechigné à aller à l'école, c'était juste que j'avais probablement du avoir des problèmes de santé, mais que personne n'avait jamais réellement poussé le sujet plus loin. Alors, il m'arrivait de rentrer chez moi car je ne me sentais pas bien. En général, c'était au moins une demi journée toutes les deux semaines, alors certes, ça pouvait paraitre important, mais je ne le faisais qu'en cas de nécessité. Certains me trouvaient fragile à l'époque, et autant vous dire que ça avait bien évolué avec le temps. Aujourd'hui, je refusais de paraitre aussi faible qu'avant, tout simplement parce que j'avais bien vu que cela n'était pas forcément toléré. Ma nuit avait été compliquée, j'avais du mal à comprendre comme j'avais pu échapper aux nominations, et m'en voulais également un peu d'y avoir mis Anouchka, bien qu'il s'agissait là du jeu. D'autant plus que son groupe avait tenté de voter contre moi lors du meeting, du coup ça ne me rassurait pas trop quant à la stabilité de notre binôme. Je ne lui en voulais heureusement pas, car je comprenais, elle et moi n'étions pas les plus proches, et avec le peu de personnes encore nominables, il fallait faire des choix. Réveillée depuis quelques minutes, je sentais les doigts de la rousse toucher un instant ma cuisse avant de finalement me saluer. Elle était belle Anouchka, et elle avait cette innocence qui la rendait difficile à cerner parfois. « Bonjour ma belle. » soufflais-je en un demi-sourire, rabattant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. « Moi aussi je suis contente, même si j'aurais pas pensé que je serais la raison de ta mise en danger cette semaine. » très franchement, il n'y avait rien de pire que d'être responsable de la nomination de son partenaire, sans pouvoir rien y faire. « Logiquement, j'aurais du être à ta place. » je ne me faisais pas d'idée, Anouchka était plus soutenue que moi par ici, et son départ serait plus marquant. Elle me disait avoir un cadeau de Noël pour moi, et une moue légèrement surprise s'esquissa sur mon visage. « Oh... c'est vrai ? » ça me faisait penser que je n'avais rien pour elle, ce qui m'embêtait pas mal. Mais rien ne m'empêchait de lui offrir un truc un peu plus tard dans la semaine, après tout.