W/ @césar
Ton roman dans la main, tu rejoins le salon d'un pas pressé un peu trop pressée. T'as un peu retrouvé la joie de vivre depuis ta discussion avec Gio en début d'après-midi. T'as envie de te détendre un peu et surtout penser à autre chose que les fêtes de fin d'années loin de ta famille. Et pour cela, rien de tel qu'une bonne histoire fantastique. T'es simplement habillée d'une bas de jogging gris et sweat crop top noir. Tu viens de te changer, t'avais envie d'être plus à l'aise dans ta tenue. Tu arrives dans l'une des plus grandes pièces du Nid et va t'étaler de tout ton long sur l'un des grands sofas. Tu attrapes un coussin au vol et viens le caler dans ton dos pour être plus confortablement installée. Tu te plonges dans les pages de ton livre et remarques seulement après quelques instants plus tard qu'un autre candidat entre dans la pièce. Tu te redresses, te retournes et découvres César. Tu souris et l'invites à te rejoindre. « Salut César, ça va ? T'as cinq minutes pour te poser avec moi ? » Bah oui, peut être qu'il était en train de rejoindre quelqu'un ou un autre lieu, tu ne veux pas non plus lui imposer ta présence.

César avait toujours eu un peu de mal à tenir en place, et c'était d'autant plus vrai depuis qu'il était aveugle et que l'ennui le guettait encore plus facilement face à ce noir intersidéral qui l'accompagnait partout où il se déplaçait. Et le fait de n'avoir pas son chien avec lui pour rendre certains moments un peu plus amusants le rendait forcément un peu triste et ça ne lui donnait pas très envie de rester des heures assis à n'avoir rien d'autre à faire que penser. Cette semaine, c'était Noël et même s'il arrivait plutôt bien à donner le change, il ressentait comme tout le monde une profonde nostalgie à l'idée de le passer loin de ses proches. C'était la première fois qu'ils étaient séparés aussi longtemps depuis qu'il avait eu son accident, et une partie de lui avait l'impression de les trahir en étant ici, si loin d'eux, après tout ce qu'ils avaient fait pour lui ces dix dernières années. Il savait qu'ils s'empresseraient tous de l'engueuler de pouvoir penser comme ça et alors qu'ils l'avaient presque collé de force dans l'avion pour être sûrs qu'il ne le raterait pas et profiterait enfin d'une vraie pause après cette longue traversée parfois difficile, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Alors après avoir passé une bonne partie de son après-midi avec Anouchka dans la cuisine, il avait fait son tour habituel du domaine, aidé de sa canne et d'un sens de l'orientation de plus en plus entraîné. Rentrant se réchauffer un peu, il passa par le salon et entendit subitement une voix s'élever près de lui. Il reconnut celle de Rhéa et esquissa un large sourire, changeant sa direction pour aligner quelques pas dans la sienne. « Salut, t'es toute seule ? J'allais juste enfiler quelque chose d'un peu plus chaud, alors je peux t'accorder cinq minutes et même une heure si tu veux. » Il souffla d'un ton complice au moment de s'approcher du canapé où elle semblait s'être installée, s'asseyant avant de souffler un coup. « Ça va, je suis juste frigorifié parce que j'étais dehors et qu'il fait déjà très frais à cette heure-ci. En plus, j'ai perdu mon bonnet sur le chemin du retour et j'ai pas la moindre idée d'où il a bien pu atterrir. » Il émit un rire un peu résigné, parce que forcément il n'avait pas vraiment eu d'autre choix que de continuer sa route sans s'attarder des heures dehors à essayer de remettre la main sur son bonnet qui peut être réapparaîtrait un matin quand il ne le chercherait plus. « Si un jour tu passes dans la rue marchande et que t'aperçois un bonnet normalement... gris si j'en crois ma sœur, c'est le mien. » Il s'amusa. On ne sait jamais, peut être qu'en répandant l'information autour de lui il aurait une chance que quelqu'un le retrouve et le lui ramène. Redevant silencieux un court instant, il reprit un air plus sérieux au moment d'ajouter. « Et toi, comment tu vas ? C'est bizarre de se dire que l'année s'achève et que les fêtes sont un peu le seul truc qui nous relient à l'extérieur et à ce qui se passe un peu partout dans le monde en ce moment... » Il se pinça les lèvres, n'osant pas directement lui demander comment elle vivait les choses depuis le prime et plus particulièrement depuis le départ de Golshifteh dont il la savait très proche, parce qu'il se doutait que Rhéa ne vivait pas un début de semaine évident et qu'il préférait qu'elle lui en parle si elle en ressentait le besoin plutôt que de lui poser frontalement une question qui pourrait raviver sa peine.