Le prime débuterait d'ici une poignée d'heures, et chacun commençait à réaliser qu'il s'agirait de la dernière soirée de leur aventure, celle qui viendrait mettre un point final aux quelques semaines qu'ils avaient passé dans ce jeu et à l'issue de laquelle les portes du palais s'ouvriraient pour eux sur l'extérieur. Les couloirs étaient relativement calmes à cette heure mais ça tenait pour une fois probablement plus au fait que tout le monde devait être occupé à rassembler ses affaires, quand bien même le plus gros de leurs effets personnels n'avait probablement pas quitté leurs valises depuis le dernier prime. César, lui, n'avait plus qu'à récupérer quelques produits dans la salle de bain et s'il s'y prenait un peu en avance pour boucler sa valise, c'est parce qu'il aimerait avoir le temps de procéder à une vérification en règles avant le prime et que ça risquait de lui prendre un peu plus de temps qu'aux autres. Il avait donc investi la salle de bain pour récupérer entre autres son eau de toilette et son après-rasage, et avait rencontré Karla à son entrée dans la pièce qui elle aussi était peut être venue récupérer ses derniers effets personnels. « Comment tu te sens, par rapport à ce soir ? » Il la questionna dans un léger sourire au moment d'ouvrir l'un des placards et d'en tâter le contenu, et sans trop savoir lui-même comment il se sentait à quelques heures de leur dernière soirée et de la finale. C'était forcément impressionnant de se dire qu'on comptait parmi les cinq derniers candidats en lice, même quand comme lui on était d'abord venu se prouver ainsi qu'aux autres qu'on était capable de relever les mêmes défis que n'importe qui. Il n'aurait jamais pensé quand il était arrivé qu'il serait encore là deux mois plus tard, et ça avait vraiment beaucoup de sens pour lui d'être arrivé jusque là. « Est-ce que d'une certaine manière ça t'a soulagé de pouvoir parler de ce dont tu souffres dans cette émission ? » Il demanda ensuite doucement, repensant à la révélation de la jeune femme et alors qu'il n'avait forcément pas pu rester indifférent à ses confessions et que le fait de l'imaginer atteinte d'une maladie dégénérative aussi jeune, ça lui faisait dire que la vie était décidément d'une profonde injustice... Mais il savait que Karla ne voudrait pas qu'il s’apitoie sur son sort et qu'elle n'était pas venue parler de ce qu'elle vivait pour qu'on soit désolés pour elle, quand bien même lui l'était sincèrement et pour des raisons encore plus personnelles. Mais il était bien placé pour savoir que parfois, de la compassion à la pitié il n'y avait qu'un pas. « Quand tu as paru mal à l'aise face à mon handicap au début de l'aventure, je me doutais qu'il y avait une explication à ça... C'est pour ça que je ne t'en ai pas voulu. » Pourtant sur le coup certains mots l'avaient blessé, mais il s'était convaincu à l'époque que quelque chose devait expliquer cette défiance et ce mépris, et dimanche soir il avait enfin compris, lorsqu'elle avait parlé des risques pour qu'elle devienne muette et perde à son tour un de ses sens. Si quelqu'un pouvait comprendre comment on se sentait à cette idée, c'était bien lui.