Je ne sais pas vraiment comment j'ai fais, mais j'ai réussis à manger seule, face à moi même, cela m'a rappelé ma vie à l'extérieur. Calme toute en étant intense. En tout cas, j'arrive à me ménager un moment de solitude, pas bien difficile dans ce village sauf quand il s'agit de manger. Après le repas, je vadrouille avec mes seules connaissances de la maison, qui ne sont pas assez nombreuses il faut bien l'avouer. Je reste une heure comme cela avant de m'écarter du groupe qui veut rentrer au dortoir, quant à moi, je ne suis pas pressée pour un sou. Je prends tout mon temps si bien que l'écart se creuse et que je n'aperçois plus mon groupe, ou alors de loin. Je tate la poche arrière de mon jean avant de sentir avec une certaine satisfaction la bosse de mon paquet de cigarette que je sors. Je l'ouvre et sors briquet et cigarette qui vont ensemble avant de m'en allumer une. J'arrive devant le manoir, la clope coincée entre mes lèvres, je constate les dégats. J'hésite à rentrer par la porte mais vu l'état de celle-ci, je préfère ne pas m'y risquer. J'opte alors pour la fenêtre, j'entre un peu comme une voleuse en fait. Je m'approche de celle-ci, j'attends de finir ma clope. Je souffle ma fumée dans l'air, elle s'échappe de mes lèvres en fines volutes. Une fois celle-ci finie, je jete le mégote et je penètre dans la demeure. Je fais bien attention à bien soulever les jambes et à éviter les débris de verre sur le sol. J'aperçois l'escalier en pierre, quand je pose mon pied sur la première marche, une voix m'interpelle. Je réprime de justesse mon sursaut de surprise avant de pivoter ma tête vers l'inconnue et de poser mes yeux sur son visage. Dagga, la rousse. Enfin, je pense. J'esquisse un sourire très discret. « Moi non plus ... » Je commence sans réellement finir ma phrase, un brin hésitante. « ... Dagga. » Je tente finalement et si ce n'est pas cela, tant pis, je passerai pour une conne, peu importe, y a pire comme situation. « Tu viens ? On monte à l'étage. » Je lui propose puisse qu'elle voit bien que je suis déjà à moitié sur l'escalier et que c'est clairement pas pour jouer dans les escaliers mais simplement pour en explorer le premier étage. Et si elle ne veut pas, tant pis, je monte quand même.

Je secoue doucement la tête, un sourire approbateur aux lèvres, pour lui signaler qu’elle ne s’est pas trompée sur mon prénom. J’ai retenu le sien en tout cas – Fantine, comme dans l’œuvre de Victor Hugo Les Misérables. En tant qu’amatrice de littérature, je ne pouvais pas passer à côté – même si la littérature française n’était pas forcément ma favorite. De la même manière, j’avais retenu les prénoms d’Otello et d’Arès, parce qu’ils faisaient directement référence à mon domaine de prédilection. Fantine m’invite alors à la rejoindre, et, enthousiaste, j’accepte immédiatement. « J’arrive ! » je déclare d’un ton enjouée, avant d’avancer à pas prudents jusqu’à l’escalier. Je la rejoins enfin et nous montons ensemble jusqu’à l’étage. « Toi aussi tu es en mode exploratrice alors ? » je demande, l’air de rien et un petit sourire aux lèvres, pas uniquement pour faire la conversation mais parce que la réponse m’intéresse.