Je ne me réveillais que rarement au milieu de la nuit, généralement j'avais le sommeil lourd, mais l'agitation de ma partenaire plus le manque de quelques choses, sans trop savoir quoi, m'avait poussé cette nuit-là à me lever. Alors que je venais de sortir de la chambre, je me rendis compte que je n'avais aucune idée où se trouvait l'interrupteur, j'étais vraiment stupide. Descendant les escaliers prudemment, pensant que j'étais arrivé en bas, je rata la dernière marche et me retrouva, étouffant un cri de surprise, sur les fesses. Une larme coula le long de ma joue pour la douleur, bon bien sûr je n'étais pas morte, mais j'étais une vraie chocotte et me faisait mal pour un rien. Je n'essaya pas de me relever, je voulais d'abord laisser passer la douleur, courte soit-elle, en espérant qu'aucun candidat n'était levé à ce moment là. « Ek kry seer » pensais-je, tout haut pour moi-même, puisque de toute façon, j'étais la seule à pouvoir comprendre.

Depuis que j'étais enfant, j'avais l'habitude de me lever constamment, pour une raison ou pour une autre. Le nid échappait pas à la règle puisque j'étais encore debout en plein milieu de la nuit, une fois encore. J'avais pris soin de ne pas réveiller ma partenaire, qui dormait paisiblement. Ce soir là c'était pour combler une petite faim que j'avais emprunter le grand escalier pour rejoindre la cuisine désespérément vide et silencieuse. Etant donné l'heure qu'il était, je n'avais pas prit la peine d'enfiler quoi que ce soit, après m'être rassasié d'une pomme, j'avais décidé de rejoindre mon lit lorsque quelqu'un dévala les escaliers pour se retrouver sur les fesses. Ainsi je fonçais vers le lieu du crash, lorsque je reconnus Yasmeen, bien que je ne comprenais pas ce qu'elle venait de baragouiner. « Yasmeen, rien de cassé ? » Demandais-je alors que je me penchais déjà au dessus de la jeune femme, avant d'être prit d'un fou rire incontrôlable, repensant à la chute mémorable. « Excuse-moi, je suis navré. » Tendais-je de chuchoter entre deux fous rire, j'espérais réellement qu'elle ne se soit pas fait mal, mais ne pouvait m'arrêter de rire pour autant.

Alors que j'étais encore assise dans les escaliers, m'insultant intérieurement d'être aussi maladroite, j'entendis les pas de quelqu'un se précipitant vers là où je me trouvais et je reconnus Micah, avec qui j'avais échanger que de brève parole, sans plus. Il me demanda si j'avais rien de cassé avant d'éclater de rire. C'était vexant, mais c'est vrai que ça devait être marrant, alors je le laissais continuer, alors qu'il essayait par la même occasion de s'excuser de rigoler. « C'est pas grave, continue, j'ai l'habitude. » lui dis-je, le sourire au lèvre avant de me relever, histoire de ne pas passer pour la chochotte de service, me plantant devant Micah. « J'ai rien de cassé. Mes fesses sont immunisés depuis le temps que je chute dessus. » continuais-je, me m'étant à mon tour à rire pour ce que je venais de dire.

La blonde semblait particulièrement vexée de mon fou rire et au fond je ne pouvais l'en blâmer, seulement c'était plus fort que moi. Peut être que l'heure tardive y était pour quelque chose à bien y repenser. « Non vraiment, excuse moi je n'aurais pas dû, c'est quelque peu déplacé. Tu me pardonnes ? » Lui demandais-je l'implorant presque du regard tandis qu'elle se relevait tant bien que mal. « Tu sais, allumer la lumière pourrait t'éviter de dévaler les escaliers sur l'arrière train. » Répliquais-je interloqué par de telles révélation, oui bon de toute façon vu l'heure il était peu probable qu'elle ne réveille quiconque, et puis à bien y repenser, quitte à choisir, autant opter pour sa sécurité que par le bien être des habitants.

« Bien sûr ne t'inquiète pas, c'est vraiment pas grave. » lui répondis-je, assez gêné par tant d'insistance de sa part au niveau des excuses. De toute façon, ça ne serait pas la dernière chute, j'étais doté d'une maladresse incomparable et en avait pris l'habitude depuis toutes ses années. « C'est une idée que je vais prendre en considération. » lui répondis-je, imitant une personne prenant la pose en train de réfléchir, avant de reprendre mon air à la Yasmeen, ce qui voulait dire souriante comme une gosse d'une dizaine d'années. « Je suis sur que la lumière n'aurait rien changer, j'aurai chuté de toute manière, c'est mon destin. » répondis-je, avant de me mordre la lèvre inférieur pour m'empêcher d'éclater de rire, me rappelant que des candidats dormaient juste au dessus de nos têtes. « Que fais-tu debout à une heure aussi tardive ? » lui demandais-je, arquant un sourcil, trouvant tout ceci bien mystérieux.

Je n'avais jamais vraiment eut de conversation avec la jolie Yasmeen mais son insouciance apparente m'amusait, dans le bon sens du terme. Son attitude, sa façon de parler, j'avais une bonne impression à son sujet, peut être que je me trompais quoi qu'il en soit, elle ne révulsait pas et c'était une très bonne chose. « J'suis pas du genre à croire au destin, rien n'arrive jamais par hasard, si tu es tombée c'est parce qu'il n'y avait pas la lumière, j'en reste persuadé. » Lançais-je simplement, souriant légèrement à la jolie blonde. « J'étais venu te secourir à vrai dire tout simplement ... Non sérieusement, j'ai eu une petite faim et toi qu'est ce que tu comptais faire dans le noir ? » Retournant la question à la jeune femme qui ne semblait pas être descendu pour rien, d'autant qu'elle venait sûrement de se faire très mal.

Je n'avais pas eu l'occasion de parler avec tout les garçons du nid, mais il faut avouer que j'aurais préféré parler avec Micah dans d'autres circonstances, surtout qu'elle avait été bien réelle cette chute et que un peu plus tard ce matin, j'aurai surement un magnifique bleu. « Je crois au destin. Quoi qu'on fasse, la chose qui devra nous arrivé, arrivera. C'est inné, on ne peut rien y faire, ni y échapper. » lui dis-je, souriant cette fois d'une manière plus douce, ce sujet était très sérieux à mes yeux et on ne pouvait pas rire là dessus. Puis Micah répondit à ma question qui pouvait être indiscrète, mais au fond, on vivait tous ensemble, j'avais bien le droit d'être un minimum curieuse. « C'est pas bon de manger la nuit, d'après ma mère c'est comme la cigarette, lorsque tu commences, tu as du mal à t'arrêter. Je suis sûr que tu te réveilles souvent la nuit pour manger, non ? » lui demandais-je, avant de répondre la première à la question qu'il m'avait posé. « Pour tout te dire, je ne sais plus du tout pourquoi je me suis levé ... La chute ma rendu amnésique. » lui dis-je, rigolant surtout pour la dernière partie de ma phrase.

Nous ne partagions visiblement pas le même avis face au destin, j'y avais cru à un moment donné, en réalité, je n'étais pas totalement réfractaire, c'était beaucoup plus compliqué que ça. « Je ne suis pas tout à fait d'accord, j'pense que certaines choses sont écrites, mais j'ai la conviction que si on le veut vraiment, on peut réussir à changer les choses, peut être pas toutes mais celle qui te frappe par exemple, pourtant crois moi j'suis pas un optimiste. » Balbutiais-je, à vrai dire débattre sur le destin à trois heures du matin n'était peut être pas forcément une très bonne idée. Mes propos n'étaient sans doute pas cohérent en plus. « Et bien pour tout te dire oui, je me lève souvent la nuit, mais pas que pour manger. Il m'arrive de boire parfois, de fumer aussi. J'ai le sommeil agité, mais ce n'est pas à cause de la nourriture. » J'en entais sûr, mes troubles du sommeil avaient commencé à un certain moment de ma vie, et j'avais comblé ce manque par de la nourriture pas l'inverse. Je ne pus m'empêcher de rire alors qu'elle m'annonçait avoir oublié ce pourquoi elle était venue à cause de la chute. « Peut être ue ton destin était de me rencontrer cette nuit. » Plaisantais-je à nouveau. « Au fait, c'était quoi cette langue que tu as utilisé tout à l'heure ? » Demandais-je intrigué.

Ce débat sur le destin et les propos de Micah me donnèrent mal à la tête. Bon certes, j'adorais débattre sur des choses inutiles pendant des heures, mais pas à une heure où je devrais être en train de dormir ou du moins, éviter les coups donnaient par Savannah. Je l'écoutais attentivement sans parler, bon je n'avais pas tout écouter, j'étais plus occupé à me frotter l'arrière de mes hanches où la douleur n'avait pas encore disparu, avant de reconduire mon regard dans celui de Micah lorsqu'il me posa une question qui me fit sourire. « C'est du Tsonga, une langue qu'on parle en Afrique du Sud, j'en suis originaire. » lui dis-je, toujours aussi souriante. J'adorais parler de l'Afrique, je pouvais le faire pendant des heures, même si je fatiguais mes interlocuteurs, moi, je ne me fatiguais jamais.