Après s'être assoupie sur son lit durant une bonne partie de l'après-midi, elle pensa qu'il serait peut-être bon qu'elle fasse acte de présent, ailleurs que sous ses couvertures. Elle finit donc par se lever, empruntant les escaliers pour aller au rez-de-chaussée, espérant que ça serait le cœur de l'action de la journée. Certes, il y avait peu de chances pour qu'il se passe réellement quelque chose d'intéressant, mais l'espoir fait vivre.
Descendant les marches une par une, baillant légèrement, elle croisa une des petites blondes, Savannah. Elle lui avait rapidement parlé et avait entendu dire des choses gentilles sur elle. Parfait. Elle s'approcha de la jeune femme, l'air sérieuse. « Agent Savannah, au rapport. Qu'est-ce que j'ai manqué durant... ma longue et importante méditation ? » l'interrogea-t-elle, gardant un air sérieux. Et par malchance, la pauvre la prenait dès le réveil. Ce qui faisait qu'elle avait encore toute son énergie et était parfaitement prête à dire des conneries. La façon dont elle l'avait interpelé devait sûrement lui mettre la puce à l'oreille. Au mauvais endroit, au mauvais moment comme on dit. Oui, ça arrive à tout le monde.

Raté, Savannah semblait au courant qu'elle s'était endormie. Elle s'en fichait, elle n'allait pas avoir honte de dormir en plein après-midi. Elle allait être en forme pour la soirée comme ça, ça n'avait que des avantages, dans le fond. « J'hésite entre « flippant » et « touchant » pour résumer cette question. » répliqua-t-elle, imitant une mine pensive. Elle lui lança un sourire qui n'en était pas vraiment un, c'était plus pour souligner le sarcasme de sa phrase.
Savannah s'éleva alors au statut de « Capitaine », ce qui n'était pas au goût de notre petite italienne. « Esclave Savannah. » rectifia-t-elle. On essaye pas de négocier avec elle. Être un agent, c'est déjà beaucoup, faut pas trop en demander non plus. De toute façon, c'est Catalina qui dit.
L'écoutant attentivement, elle apprit donc... qu'il ne s'était rien passé. Rien d'intéressant. Elle soupira, presque déçue de savoir qu'elle n'avait rien raté. « Waouh, c'est encore plus décevant que ce que j'aurais pensé. » lâcha-t-elle. C'est vrai que c'était décevant, de savoir qu'il n'y avait que paix et amour dans cet hôtel. Bon, d'un côté, ça voulait aussi dire qu'elle pouvait maintenant être présente pour une éventuelle prochaine dispute. Et même si elle ne cherchait pas spécialement les ennuis, c'était quand même fun de voir des gens se disputer pour des conneries monumentales.

Savannah ne semblait pas vraiment d'accord avec son statut d'esclave et continua à vouloir être le Capitaine. Presque amusée par la situation, elle mima un air fâché et désespéré. « Tu vas finir par devenir mon esclave, si tu continues à te proclamer capitaine. » la menaça-t-elle gentiment. Elle n'était pas du genre à toujours vouloir avoir raison, néanmoins, là, il lui était impossible de laisser la blonde à un statut si élevé.
Une autre journée ennuyeuse, effectivement. Ça ne changeait pas beaucoup, malheureusement. Savannah lui avoua alors être totalement d'accord sur ce que Cat' avait dit durant le prime, sur le couple Maelys/Lennon. « Quelqu'un d'autre qui pense comme moi, enfin ! » ironisa-t-elle, sans forcément entrer dans les détails de ce qu'elle pensait. Elle avait dit le principal durant le prime. Cependant, oui, le cas Lennon l'intriguait. Elle voyait Maelys comme un pion, mais le jeune homme était intriguant. Chose qu'elle n'avouerait sûrement jamais. Bien entendu, cela faisait toujours plaisir de voir qu'elle n'était pas la seule à avoir de telles convictions, bien qu'elle était suffisamment méfiante, dans ce jeu, pour ne pas trop prendre en compte ce que les autres disaient. Toute cette histoire était... étrange et suffisamment intéressante pour capter l'attention de la demoiselle. Il faut bien s'occuper l'esprit sur quelque chose, après tout.

Être l'esclave de Catalina, c'est pas si terrible, faut pas croire. Quoi qu'elle n'avait pas eu tellement d'esclaves dans sa vie, mais elle s'était toujours dit qu'elle se conduirait bien avec eux et les traiterait avec respect si elle en avait. Par contre, si Savannah restait sur son idée d'être capitaine, elle devrait subir l'insolence et le manque de discipline de la blonde et ça, c'était déjà bien moins amusant. « C'est vrai, tu aurais pu être l'esclave de quelqu'un d'autre... Au hasard, celui de Vadim. Tiens d'ailleurs, en parlant de ça, j'ai cru comprendre que vous étiez proches pendant un temps, non ? Qu'est-ce qui s'est passé ? » l'interrogea-t-elle. Ou comment passer du coq à l'âne. La petite blonde aimait bien se tenir au courant des histoires et puis, c'était une bonne manière pour parler de quelque chose, même si le sujet Vadim n'était pas le plus intéressant de tous.

Probablement, oui, qu'ils étaient plusieurs à penser la même chose de cette histoire. Cependant, ça n'avait pas l'air de compter beaucoup. Et dans le fond, c'était plutôt normal. Leurs avis sur le couple ne devaient pas importer. Mais il fallait bien commérer sur quelque chose. « Que veux-tu, ils s'aaaaaiment. » sourit-elle, sarcastique.

Catalina ne connaissait pas trop la jeune femme, cependant elle ne s'était réellement pas attendue à une réponse aussi sèche. Peut-être que la manipulation de Vadim l'avait véritablement affecté, peut-être qu'elle l'avait réellement apprécié ? « T'as l'air de vraiment lui en vouloir... » fit-elle remarquer, simplement. Peut-être qu'elle l'aimait bien après tout, on sait pas. Elle se demandait comment qui que ce soit pouvait faire pour ne pas voir ce qu'il se donnait tant de mal à montrer aux autres : il était un véritable connard. Au moins, Savannah ne tomberait pas dans le panneau une deuxième fois. Bref, c'était bien vrai, il ne méritait pas autant d'attention.

Elle acquiesça aux paroles de la blonde, même s'il n'y avait pas réellement quoi que ce soit à acquiescer. Il n'y avait sûrement rien d'autre à dire à ce sujet, il fallait laisser faire le temps et attendre de pouvoir dire « je vous l'avais bien dit ». Il n'y avait pas vraiment autre chose à faire. C'était pas leurs oignons de toute façon. Pensant, tout naturellement, que ce sujet était clos pour l'instant, elle passa à autre chose, affichant un petit sourire pour lui faire comprendre qu'elle était effectivement, sur un autre sujet. « Bon, dis-moi, si tu devais changer de prénom, tu te ferais appeler comment ? » l'interrogea-t-elle. C'était une question comme une autre, après tout...