Caleb

Cela faisait maintenant cinq jours que j'étais au service de mon frère, et à vrai dire je commençais sérieusement à saturer. Me demandant si ce sacrifice valait ou non les cinq milles euros qui avaient fait pencher la balance de ce côté. Bref, résigné j'avais finalement accepté la vieille après de nombreuses négociation à lui apporter son petit déjeuner au lit. Soupirant en permanence alors que je confectionnais le repas, et même lorsque je montais les escaliers, le plateau dans les mains pour me rendre jusqu'à son lit. Par le plus grand des hasards, il ouvrait les yeux alors que je pénétrais dans la chambre déserte. Déposant le plateau sur le lit, je fis la révérence. « Le petit déjeuner du maître est servit ! O maître vénéré, que puisse-je faire pour satisfaire tous vos moindre désirs ? » Poussant le jeu jusqu'à l'extrême, je n'hésitais pas à exagérer théâtralisant la scène. M'asseyant sur le lit; je louchais sur les tranches de bacon grillé qui fumaient dans l'assiette, avant de me laisser tenter et d'en attraper une que je me fourrais dans la bouche avant de me faire réprimander par mon frère.

Depuis plusieurs jours, Micah était à mes ordres. Il n'avait pas pu refuser les 5000 euros en jeu pour cela. J'avais quelque peu hésiter dans un premier temps à profiter de la situation, mais mon frère étant tellement dans son rôle, que je m'était aussi pris au jeu. La veille, après de longs moments de négociations, il avait fini par accepter de m'apporter mon petit déjeuner au lit. Lorsqu'il arriva, je venait d'ouvrir les yeux, réveillé par Shane qui avait failli tombé en se levant. Il déposa le plateau sur le lit pendant que je me redressais, me faisant la révérence. Il était digne des plus grand film d'époque. « Rien pour le moment. On verra après le petit déj' » répondais-je la t^te toujours dans le cul. Depuis le prime, je n'étais pas bien, malade, surement, mais sans trop savoir ce que j'avais. « Pose moi ça, c'est pour moi, pas pour toi. » Lançais-je sur un ton faussement énervé, en lui tapant sur la main. Puis un sourire se dessina sur mon visage. « Blague à part, content de te voir. Bien dormi ? » demandais-je afin que nos personnages ne prennent totalement le dessus. J'attrapais à mon tour une tranche de bacon, la mettant dans ma bouche en exagérant les mouvements pour dégoûté un peu plus mon petit frère. « Tu as déjeuner j'espère » taquinais-je Micah après avoir avalé cette première tranche, et en posant mon regard sur un pancake qui me faisait les yeux doux.

Dans son rôle, Caleb s'amusait apparemment à me faire tourner en bourrique, je levais les yeux au ciel alors qu'il annonçait ne rien désirer pour le moment. Installé sur le lit, je l'observais n'hésitant pas à exagérer quelque peu dans l'espoir d'attirer sa sympathie et qu'il me laisse tranquille avec ceci. « Tu sais quoi ? J'ai demandé à Cupidon la tenue de soubrette mais il avait pas ça en stock, j'suis sûre que tu aurais adoré voir mes jambes poilues. » Lançais-je essayant de détourner son attention tandis que j'avais attrapé une tranche de bacon, il me tapotait légèrement sur la main m'arrachant presque la tranche que j'avais déjà dans la bouche. « Y'a ma salive et tout, a ta place je la mangerais pas, je l'ai partagé avec du monde ces derniers temps » Avais-je exagéré une nouvelle fois, avant de remplacer mon air suspect par un sourire. « J'aimerais pouvoir en dire autant ... » Le taquinais-je bien que mon ton semblait si détaché que n'importe qui aurait pu croire que je le pensais totalement avant de poursuivre. « Comme un bébé, avec ma princesse dans les bras que demander de mieux. Et toi, t'as une petite mine ça va ? Tu veux que j'appelle un médecin, que je joue les médecin ou que je t'achève directement ? » Plaisantais-je à nouveau, oui finalement, j'étais de bonne humeur, c'était assez fréquent ces derniers temps à bien y repenser. Puis Caleb ne se priva pas pour me narguer après m'avoir privé d'une petite tranche de bacon qui me faisait de l'oeil. « Je te hais ! » avais-je rétorqué sur un ton hargneux, à vrai dire j'avais déjeuné très rapidement, trop rapidement si bien que de voir toute cette nourriture me donnait l'eau à bouche surtout après avoir passé autant de temps à la préparer.

J'adorais que Micah joue les esclaves, et quoiqu'il en dise, ça l'amusait de le faire, même s'il aurait préféré être le sbire d'un autre candidats; bien que les choses semblaient s'être apaisées entre nous. Il me parla d'une tenue de soubrette, ça aurait pu être marrant. « J'en rêve toutes les nuits. » avais-je répondu en souriant ironiquement. Il me disait de ne pas toucher la tranche de bacon que je lui ai retiré de la bouche, en me taquinant sur le fait qu'il ai partagé sa salive avec pas mal de monde. « Je ne crains plus grand chose vu mon état. ». Puis il me taquina lorsque je lui avouais que j'était content de le voir. Son ton détaché aurait pu être mal pris par n'importe qui, mais je le connaissais par coeur, et j'avais appris à faire abstraction de ce genre de réflexion. Il finissais par m'expliquer qu'il avait passé une très bonne nuit et me demanda ce que j'avais. « Si je le savais, ca irait mieux. Et pour le médecin, il y en a une pas si loin, à moins que tu préfères me laisser mourir que de savoir qu'elle m'examine. » rétorquais-je plaisantant à mon tour. Même si un médecin n'aurait pas été de refus en y réfléchissant. Après avoir nargué bien comme il faut mon petit frère, je le regardais, lâchant un large sourire et attrapant une tranche de bacon. « Aller, tiens, mange. » lançais-je en lui tendant la tranche. « Ton regard de chien battu a toujours su attirer ma pitié » ajoutais-je avant d'éclater de rire pour qu'il comprenne que je plaisantais. Il avait du passer un temps fou à tout prépare, je ne pouvais pas me résoudre à le laisser comme ça.

Ça avait beau paraître fou et complètement irréaliste, j'avais beau me plaindre et surjouer, mais finalement ce n'était pas si terrible que je le prétendais d'être sous les ordres de Caleb. D'ailleurs j'aurais sûrement refusé s'il avait s'agit de quelque chose, l'avantage avec lui c'est que je le connaissais. Je riais alors qu'il disait rêver de mes jambes velues toutes les nuits. « Je sais, Shane me l'a dit, tu es tellement obsédé par ma petite personne que tu le dis pendant ton sommeil ... » Le taquinais-je un peu plus, d'ailleurs il ne semblait pas être dégoûté par mes maigres menaces malheureusement. « Pourquoi t'as chopé la syphilis ? » J'écarquillais les yeux, c'est vrai qu'il ne semblait pas aller fort, je ne comprenais pas trop ce retournement de situation; d'autant qu'il avait été sauvé, il aurait dû être heureux. « C'est psychologique, je te connais Cal', une bonne petite soirée avec ton petit frère adoré et tu seras sur pieds ! Shannon n'a pas besoin de t'examiner, j'étais psy dans une autre vie crois-moi ! » Je souriais pour appuyer mes propos, j'avais beau plaisanter jusqu'alors, ce n'était plus le cas, je détestais voir qui que ce soit dans un état pareil, encore moins Caleb, d'autant que ce n'était pas dans son tempérament. Je souriais plus largement alors qu'il me tendait enfin une tranche après que j'avais dit le détester. « Je sais, à ton pourquoi je ne cesse de le faire. » Lançais-je fièrement la bouche pleine, je n'avais pas perdu de temps pour enfourner la tranche, de peur qu'il ne la prenne.

« Faut toujours qu'elle raconte tout celle là » lançais-je amusé, sachant qu'il plaisantait. Malgré mon état nauséeux, passer ce petit moment avec mon frère m'aidé à me sentir mieux. Il me demanda si j'avais attrapais la Syphilis. Je riais aux éclats. Reprenant un peu mon sérieux, j'essayais tant bien que mal de répondre. « Euh, si c''est ça, ca vient de Shane. » lançais-je avant d'éclater de rire de nouveau. Je n'avais pas pu gardé mon sérieux très longtemps. « Oui, c'est vrai, tu t'y connais en problème psychologique, tu en es à part entière » rétorquais-je le taquinant. « Mais je ne suis pas contre une bonne petite soirée tout les deux. » ajoutais-je beaucoup plus sérieusement. « La gourmandise est un vilain défaut frangin, tu vas t’empâter ! » le menaçais-je alors qu'il enfournait la tranche de bacon comme s'il n'avait pas mangé depuis des semaines. « Mais pour ton regard, un jour, ca ne marchera plus de faire le cocker ! » piquais-je gentiment mon petit frère qui avait l'air d'être aux anges depuis quelques jours. Ça faisait tellement plaisir de le voir comme ça, même si je savais que tout n'étais pas arrangé, en tout cas, pas entre nous, bien que le sujet n'avait pas encore été remis sur la table depuis la soirée de mon anniversaire, mais je savais que ça viendrait tôt ou tard et que je devrais être convaincant.