Ne sachant pas ce qu'elle désirait, ne voulant pas qu'elle culpabilise une nouvelle fois pour un baiser, je lui avais laissé une échappatoire. La demoiselle balbutia quelques phrases incompréhensibles mais ne bougea pas pour autant. Je pensais sincèrement qu'elle aurait saisi l'opportunité que je lui donnais de se retirer, mais que neni. Au lieu de ça, à ma plus grande surprise – et satisfaction – elle réduit la maigre distance qui nous séparait pour déposer ses lèvres sur les miennes. Et m'entrainer dans notre deuxième baiser, beaucoup moins retenu que lors de la soirée mariage. Mes mains parcouraient son dos, tandis que nos langues se mêlent dans une danse fiévreuse. Le désir s'insinuait en moi par tous les pores de la peau.  « Et... » Haletant, je tentais un début de phrase avant de retrouver bien vite le chemin de ses lèvres. Pour autant quelques secondes plus tard, je trouvais allez savoir comment la force de retirer mes lèvres des siennes, pour finir ma phrase. « Caleb ? » Bien que ça me coutait de le faire en cet instant précis, que je risquais de tuer le moment, il fallait que je pose la question. Je plongeai mon regard dans le sien, à la recherche d'une quelconque réponse, d'un indice. Je craignais malheureusement qu'une fois qu'elle ai reprit ses esprits elle ne me fasse le même coup que la dernière fois. Qu'elle panique, qu'elle se fustige, qu'elle déclare qu'il fallait penser à Caleb et blablabla.

Comme je m’en doutais, dès que je prononçais le prénom de Caleb, la demoiselle revint bien vite à la réalité. Dire que c’était moi le plus raisonnable sur ce coup là, pas dans mes habitudes pourtant. Elle se retira pour reprendre sa place initiale à mes côtés, en prenant soin d’éviter tout contact physique cette fois ci. Et autant dire qu’au vu de la tête qu’elle faisait, cela ne laissait présager rien de bon. Peut être aurais je mieux fait de la fermer. Et j’avais raison de m’inquiéter. Elle m’expliqua comment nous deux ce n’était pas une bonne idée, qu’elle ne me méritait pas, que de toute façon elle ferait une terrible petite amie et blablabla. Que des conneries tout ça. En tout cas c’était la douche froide. Si elle savait comment attiser mon désir, elle savait aussi comment vous calmer en dix secondes chrono. Elle finit par un je suis désolée. Son mot favoris apparemment. « Pas autant que moi. » Le pire dans tout ça, c’est qu’elle me balançait toutes ces paroles deux secondes après m’avoir chauffé. « Je crois que l’excuse du « tu es trop bien pour moi » on me l’avait jamais faite encore. Ce ne sont pas les mecs qui font ce genre d’excuse bidon d’habitude ? » Non mais elle pensait sincèrement que j’allais croire ses justifications à deux balles ? Parce que si on l’écoutait du coup, elle ferait une petite amie horrible dans tous les cas, à moins ce qu’elle se trouve un pauvre type dont personne ne voudrait, et là d’accord elle n’aurait aucunes raisons d’être jalouse. Je vous avouerais que la pilule avait du mal à passer. « Dis-moi…C’est ta manière à toi de me dire que tu as choisis Caleb, ou bien tu lui as sorti les mêmes conneries ? »

La demoiselle ne savait pas quoi dire d’autre, apparemment elle était à court d’excuses bidon. Elle aurait peut être du y réfléchir avant pour trouver quelque chose de plus crédible. « Je suppose que ce n’est pas toi, c’est moi ne marcherait pas non plus ? » Haha, elle allait sortir tous les classiques de son répertoire ? Elle regardait définitivement trop la télévision. « Tu ne sais pas quoi dire…Et pourquoi pas la vérité, ça serait pas mal non ? Mais c’est apparemment trop demandé. » Tout ce que je désirais c’était qu’elle soit honnête avec moi, mais cela semblait trop dur pour elle à faire. Et même lorsque je voulus savoir à propos de Caleb, elle se contenta d’un « non » incompréhensible. Non quoi ? Elle n’avait pas choisi Caleb ? Ou elle ne lui avait pas raconté des mensonges ? J’étais censé tirer mes propres conclusions ? Me démerder avec ça ? « Non quoi ? Je t’ai connu plus loquace. » Elle qui adorait parler voilà qu’elle était à court de mots, si c’était pas un comble ça ! Ce n’était pourtant pas si compliqué que ça à sortir une phrase cohérente et franche ? Fallait croire que si. Elle me dit alors qu’elle ferait mieux de ne pas dormir avec moi ce soir. De quoi avait-elle peur ? Que je lui saute dessus dans la nuit ? « Je comprends. Faudrait pas que tu sois tentée surtout, ça décrédibiliserait tes propos. » Peut être était ce elle qui avait peur de céder à ses pulsions une nouvelle fois ? Après tout le petit épisode de tout à l’heure montrait clairement qu’elle ne contrôlait pas complètement ses faits et gestes. A moins que m’embrasser aussi intensément pour me jeter trente secondes plus tard était prémédité, faisant parti d’un quelconque plan. Ce que j’aurais du mal à croire. ? « Mais si ça peut t'arranger c’est moi qui ferait chambre à part. Je serais très bien sur le balcon »

Je regardais impuissant Andréa prendre la fuite. Ne m’avait elle pas prévenu que c’est ce qu’elle avait l’habitude de faire dès lors que les choses se compliquer ? Apparemment elle avait décidé de l’appliquer aujourd’hui. « C’est ça prends la fuite, comme si ça allait arranger quoi que ce soit. » Je pensais vraiment qu’elle allait me laisser en plan sans plus d’explications, jusqu’à ce que sa voix se fasse entendre dans mon dos. Je me tournai alors pour lui faire face et l’écouter. Pour une fois elle avait apparemment décidé de jouer franc-jeu. « Ce n’est pas à toi de décider ce que je pourrais ou non supporter. » Alors qu’on n’avait encore rien commencé, elle se projetait déjà dans l’avenir décrétant qu’au bout du compte elle me rendrait malheureux et que je la quitterais. Ce qui laissait entendre qu’elle avait tout de même pensé à un futur pour nous deux, ce n’était pas rien. « Si je suis ton raisonnement tu es condamnée à rester seule le restant de tes jours. C’est ça que tu veux ? Mais tu sais quoi ? Tu avais raison sur un point tout à l’heure. Tu ne prends pas de risques. » Non elle préférait lâchement abandonner dès maintenant. « Ce n’est pas en vivant constamment dans la crainte que tu vas avancer. Ce n’est pas une vie. »

Andréa ne répondait pas vraiment à mes questions. Ou tout du moins éludait les problèmes. Je comprenais mieux maintenant pourquoi jusqu’ici elle n’avait jamais eu de relations sérieuses. Si à chaque fois qu’on s’approchait trop d’elle, physiquement ou émotionnellement d’ailleurs, elle repoussait les gens, pas étonnant à ce qu’elle n’y connaisse rien à l’amour. Je trouvais ça trop facile son raisonnement. Et puis ça m’énervait d’autant qu’elle présupposait les choses à ma place. Ce n’était pas une voyante, elle ne pouvait pas prédire les choses à l’avance, alors qu’elle n’essaye pas de le faire. Sous prétexte que ça s’était surement passé ainsi avec d’autres personnes ne suffisaient pas pour me mettre dans le même sac qu’eux. « Je ne te hais pas. » me contentais je de dire simplement à ses propos. Encore la reine de l’exagération. « Mais je suis content pour toi. Tu pourras vivre en paix avec ta conscience, c’est le principal » ajoutais je ironique, quant à ses propos comme quoi ça lui éviterait de se détester elle-même. Finalement elle s’excusa une nouvelle fois et disparu de mon champ de vision. Pour ma part je restai dans le jacuzzi, appuyant ma tête contre le rebord et fermant les yeux, essayant de me vider l’esprit.

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