Betty & Danaé
#2

Il y a des petits groupes de candidats en train de discuter un petit peu partout. Je n’ai pas vraiment envie de me mêler à la foule ce soir. Je suis un petit peu fatigué. J’ai mal au crâne et j’ai parfois même la tête qui tourne. Je n’ai pas vraiment la force de rejoindre ma chambre et encore moins mon lit. Je ressens comme une petite douleur dans ma poitrine. Je sais que ce n’est pas bon signe. Je viens me poser sur le premier fauteuil que je croise dans le salon. Il n’y a personne dans cette pièce. Tant mieux je suis tranquille au moins. Je ferme les yeux. J’arrive à sentir mon sang circuler dans mes veines tellement les battements de mon cœur sont puissants. Je ne sais pas exactement combien de temps je reste là. J’ai un petit peu froid, mais je termine par m’endormir comme un gros bébé. Je manque de sommeil c’est certains. La vie est tout de même bien plus musclée ici qu’à l’extérieur avec le petit bout. Au bout de quelques heures, c’est une voix qui me réveille. Une voix féminine. Je me tourne légèrement et pousse un grognement. Ce n’est pas l’heure de se réveiller. Je le sens. Je le sais. La douce Morphée ne veut pas me laisser partir. Pourtant j’ai comme l’impression que la personne est en train d’insister. Si j’étais plus vive au réveil je crois que j’aurais déjà attaqué la nana à coup de talons aiguilles dans les yeux. C’est hard. Ça aussi je le sais, mais le sommeil c’est sacré. Surtout pour une nana comme moi. « Laisse-moi. » que je bafouille tout en mettant mes mains sur mes oreilles comme pour me protéger du bruit.

Il fait moche, encore. Pourquoi ils nous mettent pas du beau temps ? La production peut contrôler leur dôme, non ? Enfin, j'imagine que ça plait à certains, qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente, ou je ne sais quoi encore. Mais c'est pas mon cas. Moi j'aime le soleil, quand il fait chaud, tellement chaud et que tout le monde veut se mettre à poils parce qu'il fait trop chaud pour garder ses vêtements. Voilà, moi j'aime l'été ! Pas ce temps minable d'automne, ou même d'hivers. Qui a eu l'idée d'inventer ses saisons ? Un con, oui, c'est ce que je me dis. Moi, je suis pas comme tous ces gens qui sont déprimés ou fatigué par le temps de merde et les jours plus courts, non, moi je suis énervée, je suis une rageuse et je suis jamais fatiguée, sauf après une séance de sport intensif, en salle, le sport de chambre ça me connait, j'arrive à tenir le rythme. Enfin bref. J'arrive dans le salon, après une longue promenade dans le château et je vois une blonde dans un fauteuil. Je la regarde et j'en conclus, d'après mes yeux perçants, que c'est surement Danaé. Temps de merde, ça me saoule ! Que je lance super fort pour qu'elle me remarque. Pas de réaction. T'aime bien l'automne, toi ? Toujours rien, je commence à me demander si elle serait pas morte, comme ça, d'un coup. Peut-être que la foudre lui ait tombée dessus. Non, quand même pas. Je m'approche d'elle et lui enfonce mon doigt dans la joue. Hey, Danette ! Tu dors ? Oui, question conne, je l'avoue, mais il vaut mieux demander. Laisse-moi qu'elle me dit. Bah je fais encore ce que je veux, donc si je veux pas te laisser je te laisse pas. Non mais ! Elle a cru quoi l'autre, que j'allais arrêter de l'emmerder parce qu'elle me le demande ? Même pas en rêve !

Quelqu’un est peut-être en train de me parler que je n’entends rien. Le château est peut-être même en train de prendre feu que là non plus je n’entends strictement rien. C’est tout de même malheureux de dormir comme une masse à ce point. C’est rare pourtant, mais lorsque cela m’arrive c’est assez impressionnant. Je ne peux pas le faire chez moi. Je dois pouvoir entendre les moindres cris de mon petit bout sans mettre des heures et des heures à venir à son secours pour le rassurer concernant un vilain monstre qui serait venu l’attaquer dans un mauvais rêve. Bien que je doute que les bébés de sept mois font des cauchemars. En tout cas chez moi je n’ai pas le droit à des heures de sommeil comme celles que je suis en train de faire en ce moment même. Je crois bien que quelqu’un est en train de m’enquiquiner, mais je n’en suis pas certaine. Quelque chose vient s’enfoncer dans l’une de mes joues. On dirait un doigt. C’est assez étrange. Hey, Danette ! Tu dors ? Je pousse un petit grognement de lionne avant d’affubler le parasite d’un très gentil « laisse-moi tranquille » et j’espère que c’est ce qu’il va faire, mais … non. Bah je fais encore ce que je veux, donc si je veux pas te laisser je te laisse pas. Non mais ! Je me tourne alors dans l’autre sens et tente d’ouvrir un œil avec grande difficulté. Je me frotte les paupières avant de cligner des yeux quelques secondes et d’enfin poser mes pupilles sur la choucroute de Betty. Dieu ce que j’ai envie de la tuer à ce moment précis. « Tu veux quoi ? » que je demande sur un ton pas franchement sympathique, un petit froid et surtout encore très endormi.

Je sens bien que je l'emmerde la Danette, mais moi je suis comme ça, toujours à faire chier quand on en a pas besoin. En même temps, si je faisais chier les gens quand ils font rien de particulier, ça serait pas drôle pour moi, puisque je les ferais pas vraiment chier. En tout cas, elle m'avait bien fait comprendre qu'elle voulait rester tranquille, mais moi je voulais l'embêter alors je restais là, à côté d'elle, faisant intrusion dans son sommeil jusqu'à ce qu'elle me demande ce que je voulais. Elle me lançait un sacré regard de tueuse, j'en aurais presque eu peur. Je la regardais avec un regard plein de malice et de fierté, parce que je la faisais bien chier en cet instant précis, et en plus de ça, je ne m'ennuyais plus trop, j'y gagnais sur tous les points. Oh, je sais pas, je cherchais juste quelqu'un avec qui parler, étant donné que le mur est pas très causant, je me suis dis que j'allais te réveiller. Je sais, je suis méchante et idiote, mais il faudra qu'elle s'y fasse la blondinette si on vient à rester longtemps dans le jeu toutes les deux. Je souris avec cette pointe de mesquinerie qui caractérise mes sourires d'emmerdeuse. Tu faisais de jolis rêves ? Que je lui demande, curieuse de savoir si je l'avais réveillée au milieu d'un rêve plutôt chaud avec de beaux mecs qui se déshabillent ou au cours d'une partie de bridge chez sa grande tante, ou les deux dans le plus étranges des cas. J'imagine bien qu'une fille sensé rêve pas de ça, mais c'est histoire de faire la conversation, c'était pour ça que je l'avais arrachée à ses rêve après tout.

Je n’aime pas qu’on me réveille. J’ai même horreur de ça. Il n’y a qu’à Erick que je passe cet honneur. Toutes les autres personnes, elles peuvent aller se rhabiller avec un sac de pomme de terre et courir dans le bois de Boulogne sous la neige. Oh, je sais pas, je cherchais juste quelqu'un avec qui parler, étant donné que le mur est pas très causant, je me suis dis que j'allais te réveiller. Mais pourquoi il faut que ce soit moi. Si j’avais su jamais je n’aurais été aussi gentille avec là lors de notre toute première rencontre, bien avant le tout premier prime, dans les coulisses de l’émission. Il aurait fallu que je la traite comme une nana facile et que je ne m’intéresse pas à son maquillage. Maintenant je vais devoir me la coltiner jusqu’à la fin de l’aventure. Ou du moins jusqu’à ce que l’une entre nous ne vienne à quitter l’aventure. « Et tu ne pouvais pas aller réveiller je ne sais quelle autre personne pour faire passer le temps ? Je ne sais pas moi, un homme. Ou bien tu pourrais aller assouvir tes envies bestiales dans les toilettes, mais juste me laisser tranquille quoi. » Je me tourne pour ne plus la voir. Je ne veux pas voir sa tête et encore moins son énorme choucroute. Tu faisais de jolis rêves ? Si elle pouvait ne plus parler aussi. Je pousse un soupir assez bruyant tout en fermant les yeux. « De magnifiques rêves même. » Hors de question que j’en dise bien plus. Je n’ai pas vraiment envie de lui raconter mon intimité. Parce que oui les rêves font parties du domaine de l’intimité d’après moi. Ou pas en fait.

Bon, ça va pas de quoi en faire un fromage, c'est pas la fin du monde ni la Troisième Guerre Mondiale, je l'ai juste réveillée. Certes sans une once de douceur, mais je suis pas quelque de doux et compatissant. Elle commence un peu à s'énerver, je souris, mais dans ma tête je me dis que je ferais peut-être aussi bien de prendre mes jambes à mon cou et d'aller trouver quelqu'un d'autre à qui parler. N'empêche elle y va un peu fort, mes envies bestiales, c'est des envies, point barre, je vois pas ce qu'il y a de bestiale. Ah, si, un peu. Mais bon, voilà quoi, j'ai pas été méchante non plus donc elle est pas obligée de me parler comme ça. Oui, c'est vrai que c'est vachement égoïste de réveiller quelqu'un qui dort pour simplement lui taper la causette, mais en même temps c'est pour son bien, elle va avoir mal au cou ou au dos en dormant dans un fauteuil. Et oui, au fond je suis quelqu'un de très attentionné. Je la regarde pendant un instant, elle se tourne une fois son petit monologue terminé et je lui demande si elle a fais de beaux rêves, tout de même. Elle me répond que oui. Et j'ai pas le droit d'en savoir plus ? Je parie qu'il y avait un bel homme dedans. Que je dis avec un sourire en coin. Elle a de la chance que je sois pas aussi rancunière que je peux le laisser croire, de toute façon, c'est moi qui ai commencé, je vais pas en plus me venger par derrière juste parce qu'elle m'a un peu mal parlé sous prétexte que je l'ai réveillée.

Et j'ai pas le droit d'en savoir plus ? Je parie qu'il y avait un bel homme dedans. Je pousse un énième soupir. Elle est bien gentille la petite Betty avec sa cage à oiseau sur la tête, mais quand je viens de me réveiller je ne suis, en général, pas très bavarde et j’aime encore moins les questions portant sur les rêves. Justement ce ne sont que des rêves. Rien qui puisse se réaliser un jour. En réalité je ne me souviens pas une seule et unique seconde de ce dont je viens de rêver, mais je me dis que si j’en viens à inventer un joli petit mensonge en lui parlant de beaux mâles et tout le tralala elle finira par me laisser tranquille. « Bingo. Il y avait des hommes de partout. » J’insiste bien sur le dernier mot. Je parle, mais je ne me tourne pas pour autant. J’ai bien envie d’en rajouter une petite couche. J’ai bien envie de parler des garçons présents dans l’aventure. Après tout il y en a quand même des supers canons, si on ne regarde que le physique bien entendu parce que mentalement rare sont ceux qui m’intéresse. « J’étais dans la salle de bain de l’aile ouest avec plusieurs jeunes hommes si tu veux tout savoir. » Je tourne brièvement la tête pour lui adresser un petit sourire coquin. J’espère juste qu’un rêve érotique, venant de ma part, lui donne la nausée et qu’elle me laisse enfin tranquille. Prions.

J'y suis pour rien si je suis curieuse et indiscrète pour certains trucs. J'aime bien faire chier les gens, et si je réveille quelqu'un, j'aime bien savoir en plein milieu de quel rêve je l'ai réveillé. Je sais, je suis chiante. En plus je hais quand on me réveille, j'autorise à peine Nasty, ma chienne, et Inès, parce que je prends toute la place dans le lit et je comprends que ça soit chiant, à me tirer de mon sommeil. Les autres je la fous un gros coup de pied au cul ou dans les couilles, tout dépend du sexe de la personne, naturellement. Donc oui, je comprends la pauvre Danaé que je viens faire chier juste parce que je me fais chier. Mais d'un autre côté ça me plait bien de l'embêter. Je lui demande donc si elle faisait de beaux rêves avant que je ne vienne l'enquiquiner. Je dis être certaine qu'il y avait un bel homme dans son rêve, mais je la vois mal rêver de beaux mâles en fait. Mais tout est possible, donc on ne sait jamais. D'ailleurs, elle me répond que c'est bien le cas, il y avait bien des hommes dans son rêve. Voilà, je le savais que t'étais une petite coquine toi aussi ! Que je dis d'un air à la fois convaincu et ironique. J'ai tout de même un peu de mal à la croire parce qu'elle a l'air plutôt sage comme fille, mais j'aime à penser qu'ils faisaient des choses sympathiques, elle et les mecs, dans la salle de bain de l'aile ouest. Et je suis pas arrivé subitement dans ton rêve ? Genre pour t'empêcher d'avoir tous ces beaux hommes rien que pour toi. Bah oui, moi je fais chier les gens jusqu'au bout, même dans leurs rêves les plus fous. Je m'incruste partout, surtout s'il y a de l'homme chaud bouillant au programme.

Désolé du retard et de la nullité de cette réponse...