Aidan, nominé. Le cauchemar recommençait. Sauf que cette fois-ci, elle n'était pas sur la touche. Elle préférait encore quand elle l'était en même temps que lui, ça avait un côté rassurant, de savoir qu'elle pourrait partir avec lui. Ils avaient été éliminés ensemble, avaient été repêchés ensemble, et étaient restés ensemble une nouvelle fois. ( Qu'on continue de dire qu'ils sont pas fait pour être ensemble. ) Alors là, qu'il soit tout seul sur la sellette, ce n'était pas rassurant. Mais elle ne comptait être égoïste en ce moment même, c'était lui qui était nominé, elle n'avait pas le droit d'agir comme si c'était elle qui pouvait partir. Elle était donc dans les bras de son amoureux, redoutant l'heure du prime qui ne tarderait pas à arriver, n'osant pas parler, préférant profiter de ce moment. Moment qui ne pouvait être leur dernier dans cette aventure, il ne pouvait pas quitter face aux trois autres nominés, cela semblait impensable. Déjà qu'ils s'étaient retrouvés il n'y a que peu de temps alors, s'ils devaient encore être séparés... C'était impossible, elle ne supporterait pas d'être enfermée avec une bande de crétins, sans Aidan près d'elle. Sentant son cœur battre la chamade à cause de la panique de le voir partir, elle préféra faire taire toutes pensées, toutes celles qui n'étaient pas centrées sur le moment qu'elle était en train de vivre.

Paniquée, dévastée, inquiète, impatiente sans vraiment l'être, c'était ainsi qu'elle se sentait. Une partie d'elle-même imaginait les pires scénarios pour ce prime et une autre partie était sereine et paisible, puisqu'elle était dans les bras de celui qu'elle aimait. Elle n'était pas pessimiste, comme fille, mais elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer le pire. Le pire étant que Aidan sorte de ce jeu, la laissant à son sort dans l'hôtel. Elle était certaine que s'il était éliminé, elle irait vers lui pour le supplier de l'emmener avec elle, trouvant déjà un tas d'excuses pour partir. Mais elle n'avait pas envie de lui faire part de ses craintes, puisqu'elle avait peur qu'elles soient encore plus réelles après ça. D'autant plus qu'il devait sans doute savoir comment elle se sentait. Dans le fond, ce n'était pas très compliqué à deviner. « Et toi, comment tu te sens ? » fût tout ce qu'elle répondit en retour, hésitante. Catalina n'était pas souvent dans un état pareil. Elle n'était même jamais ainsi aux yeux des autres habitants. C'était l'effet Aidan. Elle était vraie avec lui et ne jouait plus le jeu qu'elle s'était imposée au moment même où elle avait foulé le sol de cet hôtel. C'était réel et c'en était d'autant plus effrayant. Parce que son cœur était là, prêt à être déchiré s'il partait. Et toute personne n'ayant pas vécu un amour aussi fort ne comprendrait pas cela.

Oui, ça allait. C'était inutile de paniquer, Aidan allait rester et tout allait très bien se passer. Personne n'avait réussi à les séparer jusque-là, ce n'était pas un jeu de télé-réalité qui réussirait. Il fallait positiver, tout irait bien. Elle se blottissait contre son petit ami, laissant le temps filer. Elle n'avait pas besoin de parler pour se sentir bien avec lui, le simple fait d'être là, lui à ses côtés la remplissait de joie. De plus, elle n'avait pas envie de bavarder, si c'était pour parler de sa nomination. Elle n'avait pas envie de passer ses éventuelles dernières heures avec lui en parlant de cette foutue éventuelle élimination. Ça serait perdre du temps, perdre le temps de parler de choses agréables. Un sourire s'élargit au fur et à mesure que son esprit effaçait les idées noires pour les remplacer par des souvenirs agréables. « Tu crois que Madame... » commença-t-elle avant de se rendre compte qu'il serait sûrement préférable de taire le nom de cette personne. « Enfin, la voisine du dessus, tu crois qu'elle s'en sort avec son chien ou il est encore en train d'aboyer dans tout l'immeuble ? » demanda-t-elle, souriante. Ce chien trainait sans arrêt devant leur appartement, il aboyait en pleine nuit et grattait aux portes. Autant dire que sa maitresse n'était pas forcément appréciée de tous à cause de cela. Elle n'arrivait jamais à attraper son toutou, bien qu'elle lui courrait après durant des heures, cette pauvre petite retraitée. Le plus étonnant était qu'elle ne se faisait jamais prendre par le concierge qui n'avait aucune idée de ce qui se tramait dans son dos. C'était l'un des grands inconvénients à vivre dans cet immeuble, cependant, en y repensant maintenant, c'était plutôt amusant. Un bon souvenir, donc.

Catalina rigola. Elle en aurait presque oublié la haine qu'Aidan portait à ce chien, après autant de temps sans entendre ce petit animal aboyer et se pavaner fièrement dans l'immeuble, apportant croquettes et os à qui ne le voulait pas. Oui, vraiment, ils habitaient dans un sacré immeuble et c'était une seule des choses qui rendait l'ambiance si... électrique, étrange. Elle en serait presque nostalgique, de ce quotidien. Le retour à la réalité allait sûrement être dur, mais dieu sait qu'elle manque tout ce qui se passait dans leur vie, hors de cet hôtel. Jamais elle n'aurait cru le penser, mais ça lui manquait. « Je crois qu'elle ferait mieux de le donner à quelqu'un qui serait prêt à s'en occuper, oui. Il doit avoir une dent contre elle. Ou l'inverse, je sais pas, mais il y a quelque chose qui cloche. » sourit-elle, se retenant de rire pour parler. Oh que oui, ce duo chien/maitresse ne fonctionnait pas le moins du monde. C'en était presque hilarant. « Pourquoi on a pas déjà déménagé ? » plaisanta-t-elle en s'écartant de lui pour le regarder. Elle rigola, face à cette question, puis reposa sa tête là où elle se trouvait, il y a quelques secondes de ça.