Le simple fait de me balader, ici et là, dans la maison, aurait suffi à me maintenir en forme pour les prochaines semaines, j’en étais certaine! Il y avait des recoins partout, des escaliers à la tonne, et un jardin qui s’étendait à perte de vue. Sans oublier la plage, les roches, le labyrinthe… Tant à découvrir, et assez de temps pour le faire! Ça, c’était génial. Je passais tout juste dans le salon pour rejoindre une autre pièce – laquelle, je n’en avais aucune idée, puisque j’étais en exploration – qu’un garçon s’approcha de moi, me prenant par surprise. « Salut Inconnue. J’ai envie d’aller voir le labyrinthe, tu viens avec moi ? J’serais capable de m’y perdre sans même rentrer dedans. » Sa remarque me fit rire, et j’acquiesçais d’un signe de tête… mais visiblement, même sans ça, il m’aurait traîné avec lui, vu la vitesse à laquelle il attrapa ma main pour m’amener dehors. « Comment tu t’appelles, au fait? » me demanda-t-il alors que nous progression dans le jardin. Je me demandais s’il allait seulement le laisser le temps de répondre, cette fois. « Tu veux le nom complet ou la version courte? Ma mère m’appelle Sorcha Bridhid Meabh, mais hum, tu sais, Sorcha, c’est plus court, plus simple. J’accepte aussi So’ si t’aimes les surnoms. Je suis très à l’aise, hein, n’hésite pas. Et toi, tu dois bien avoir un nom? » Mon blabla nous permit d’atteindre l’entrée du dit labyrinthe, et tels deux enfants, nous restâmes patois devant sa grandeur. C’était impressionnant, tout de même. « Toujours décidée à tenter l’aventure. » Je lui jetais un regard en coin : il semblait être la personne toute désignée pour cette activité. « Tu parles que je veux y aller! On y va ? » Deux gamins dans un magasin de bonbons, vraiment.

Il en avait de la chance d’être tombé sur moi, car disons que ce n’est pas n’importe quelle candidate qui aurait accepté de le suivre, comme ça. Mais bon, je ne refusais jamais une invitation, et encore moins quand ça pouvait combler ma curiosité légendaire! Et un labyrinthe, c’était fort suffisant pour me faire dire oui à n’importe quoi… enfin, presque n’importe quoi! N’allez pas vous faire d’idées! Rah, je détestais m’emmêler dans mes pensées – le faire en parlant, c'était déjà assez humiliant comme ça. « Sorcha, c’est plus cool que Inconnue. » me mentionna alors mon compagnon du moment, avant de se présenter. « Moi, c’est Keziah. » Tout simplement. Pas de surnom, ni rien. Elle devait lui avoir fait peur avec son prénom à rallonge, il avait peut-être préféré taire le sien. Ce n’était pas très grave, ceci dit. « Si tu m’appelles Soso, tu permets que je t’appelle Keke? Ou Zizi… mais je ne pense pas que tu apprécies. » fis-je, rougissant à la mention de la dernière partie. C’est que… c’est seulement après l’avoir dit, que je remarquais le vilain jeu de mots. Merde, encore! Quand allais-je apprendre à me taire? Surement jamais. Et c’était ça le comble.

Je me demandais pourquoi il souhaitait explorer le labyrinthe si ça le mettait dans un tel état de stress. Je disais ça presque sans savoir, mais sa main agrippée à la mienne me donnait un bon indice, ceci-dit. « C’est parti alors. Adieu, monde cruel ! » Et nous fîmes nos premiers pas dans le labyrinthe. Ne sachant pas trop par où aller, je laissais donc le soin à mon compagnon de prendre la tête de notre duo, et de nous diriger… mais rapidement, nous fument confronter à un cul de sac. « On aurait dû s’amener des provisions, de l’eau, un sac à couchage pour la nuit… au cas où ! » me dis-je à moi-même. Pas que j’envisageais de dormir à la belle étoile, mais si Keziah était comme moi, il y avait de fortes chances pour qu’on se perdre dans ces dédalles.

Zizi, il voulait que je le surnomme Zizi! J’avais dit ça sans trop comprendre, au premier abord, mais maintenant, l’allusion sexuelle allait me venir en tête à chaque fois que j’aurais une conversation avec lui. Damn it. « Tu sais quoi, je pense que je vais t’appeler Keziah, finalement. » me décidais-je, masquant mon inconfort par un sourire discret. J’avais toujours été plutôt inconfortable avec la sexualité, que ce soit la mienne ou celle des autres, alors pour autant qu’on puisse éviter d’en parler, cela m’arrangeait. Et par pitié, il fallait que je trouve un moyen de changer de sujets, question de mettre cette histoire de surnom – encore une mauvaise idée de ma part – à l’écart. Nous nous baladions depuis un petit moment dans le laboratoire lorsque Keziah m’offrit cette échappatoire lorsqu’il réagit à mes propos d’une façon plutôt paniquée. Je n’avais pas eu l’intention de lui faire peur, loin de là était ma première idée. J’avais seulement émis cette hypothèse pour moi-même. Encore une fois, j’en avais trop dit. Déjà, les idées germaient dans la tête du jeune homme, et sa panique réussit même à m’atteindre. « J’imagine… j’imagine qu’ils vont partir à notre recherche si on ne revient pas au bout de quelques heures… non? » affirmais-je, peu sûr de moi. Par chance, c’est à ce moment que mon compagnon décida de faire un homme de lui. Il fallait bien que l’un de nous deux le fasse, et comme je n’avais pas la prétention d’en être un, je lui laissais volontiers la place! « Je… je te fais confiance! » lui dis-je alors. « Pour autant qu’on sort d’ici en vie. » ajoutais-je sur un ton de blague plus ou moins convaincant.

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