EMRYS & AMBROSIA

J'aime la nuit, j'aime toute cette ombre, tout ce noir, toute cette absence de lumière, j'aime le vent frais qui traverse les lieux une fois la lune levée, j'aime ce silence absolu, j'aime la nuit. En France, dans la véritable vie, dans mon train quotidien, je n'avais jamais le temps de mettre le nez dehors une fois le jour envolé. J'étais soit trop fatiguée, soit enfermée dans une bâtisse quelconque, mais jamais, je n'étais à l'extérieur, et c'était on ne peut plus regrettable, vraiment. Vêtue d'une robe noire, assez longue pour atteindre mes chevilles, je décidais d'aller rendre visite aux chauve-souris. J'ignorais s'il y en avait, ici, sur l'île Maurice, mais c'était au moins une bonne façon d'introduire le fait que je sortais, clairement. J'enfilais alors un simple gilet, qui avait d'ailleurs l'air d'appartenir plus à Hermès qu'à ma propre personne, mais tant pis, et allais prendre l'air. Comme toujours, aucunes lumières, aucuns sons. Juste les rayons lumineux de la lune et le bruit incessant des vagues. Ce bruit-là, il me manquerait quand je remettrai les pieds à Fontainebleau, c'est certain. Je me posais sur un fauteuil, m'y repliant complètement, jambes ramenées contre moi. Je prenais le temps de fermer les yeux, de me concentrer sur ma respiration, de laisser le vent passer le long de mes joues pour aller emmêler mes cheveux. Puis, un visiteur fit son entrée, à son tour. Je n'étais plus seule, j'en étais complétement certaine, le bruit qui m'avait fait ré-ouvrir les yeux le confirmait d'ailleurs.

La jeune femme venait tout juste de finir de manger, en compagnie d'une autre candidate, et le repas avait duré en longueur, car elles avaient été toutes les deux bavardes. La jeune femme débarassa la table, et mit ses couverts dans le lave-vaisselle, avant de monter en vitesse dans sa chambre, et elle vérifia si son lit n'était pas déjà occuper par Roark, qui semblait aimer prendre toute la place. Non, ce n'était pas encore le cas. Ambrosia était sauvée. La jeune espagnole se changea, troquand son short en jean contre un bon vieux jooging et un simple t-shirt manches courtes. Ambrosia s'apprêtait à se jeter dans son lit, pour se caler sous les couvertures, lorsque son paquet de cigarettes lui fit de l'oeil. La demoiselle hésita un instant, avant de prendre ses clopes et son briquet, tant pis pour son lit, il attendrait. Ambrosia se rendit au balcon, et alluma sa cigarette lorsqu'elle remarqua Emrys. « Tu en veux une ? » demanda t-elle d'une voix rauque, elle toussa quelques secondes. « Je viens troubler ta tranquillité, c'est ça. » observa la petite brune.