❝ baby, hold on tight, don't let go ❞
avec RILEY

Cassidy ne pensait pas avoir autant de volonté lorsqu'il devait éviter des gens. C'était loin de lui ressembler, lui qui adorait être avec d'autres personnes, qui adorait le contact humain, voilà qu'il évitait les personnes les plus proches de lui dans ce jeu. C'était un mal pour un bien. Assurément que Riley serait mieux s'il se tenait à l'écart. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire. C'est sur ces pensées qu'il ouvrit les yeux pour commencer un nouveau jour. Une nouvelle journée où des choses toutes plus inattendues les unes que les autres viendraient bouleverser son petit quotidien. Il se rendit compte que son lit était déjà vide, sa partenaire avait dû se lever bien plus tôt que lui, tout comme un bon tas de candidats, puisque la chambre était quasiment vide.
Tournant la tête sur le côté, il aperçu, quelques lits plus loin, cette jolie blonde avec qui il s'interdisait tout contact. Il avait beau savoir que c'était la bonne chose à faire (enfin, il supposait), cela ne rendait pas les choses plus facile pour autant. Il l'observa le temps qu'elle dormait et tourna les yeux de l'autre côté lorsqu'elle se réveilla. Puéril? Oui, ça l'était. Tout comme c'était stupide et désespérant.

Ça serait idiot de dire qu'elle lui manquait, n'est-ce pas? Bien sûr qu'elle lui manquait et c'était ça le plus dur: il adorait cette nana et il l'avait blessé, comme un con. Pourquoi il avait accepté leur relation aussi? C'était ça la véritable question dans l'histoire. S'il la considérait comme une amie, pourquoi avoir eu l'idée de se mettre en couple avec elle? Idiot, idiot, idiot. Maintenant, il n'avait plus qu'à se tenir tranquille, à perdre une amie s'il le fallait, puisque ce qui importait dans l'immédiat, c'était qu'elle aille bien et que sa relation totalement ratée avec l'autre abruti n'ait pas trop de répercutions sur elle. Allongé sur le ventre, il tourna la tête dans l'exact opposé du lit de Riley, ne pouvant s'empêcher de se demander comment il avait fait pour tout faire foirer de la sorte.

C'était assez bizarre tout de même. Ils étaient là, quasiment tout seul, si on ne compte pas les flemmards qui dormaient toujours, et, c'était tout. Ça avait une saveur étrange. Lui se contentait de regarder ce qu'il avait sous les yeux: le lit d'à-côté en l'occurrence, qui était un bon bordel vu comment les couvertures partaient en vrille, se demandant pourquoi il ne quittait tout simplement pas la chambre. Ils se faisaient vraiment du mal pour rien. Riley, qui avait visiblement capté qu'il ne dormait pas, lui demanda s'il n'osait vraiment plus la regarder. Un soupir discret, il se tourna sur le dos et leva les yeux vers la blonde, l'observant pendant quelques secondes. « Tu me manques. » Dieu qu'il détestait sa sincérité et son cerveau trop lent pour l'empêcher de balancer ce genre de choses. Et c'était pas spécialement malin de le dire, il était censé s'éloigner d'elle, pas la ramener dans ses filets. Il préféra s'asseoir, ne la quittant pas des yeux. « C'est pas que je n'ose pas te regarder, Riley, tu es magnifique. Mais comment je pourrais rester loin de toi si je suis sans cesse en train de t'observer? Comment je suis censé faire pour arrêter de te blesser ou de te décevoir? » Elle était supposée l'oublier le plus vite possible, passer à autre chose, trouver l'homme de sa vie et ne plus jamais penser à lui. C'était pas comme ça que ça marchait? Ça serait tellement plus simple si c'était le cas. Mais tout ce qu'il savait dans cette histoire, c'était qu'il ne supporterait pas d'être à l'origine d'une seule de ses larmes ou de ses airs tristes. Il se haïssait pour lui avoir fait du mal et quelque part, il tenait trop à elle pour recommencer.

Elle n'aidait pas tellement à y voir plus clair. Et c'était pénible pour lui de ne pas savoir. Depuis qu'il était dans ce jeu, il ne comprenait plus rien. Qu'est-ce qui avait changé? Il en avait tellement marre de chercher des réponses, qui restaient toujours introuvables. Il devait juste parler, arrêter de retenir à l'intérieur ce qu'il avait envie de dire, ce qu'il devait dire, il devait juste parler sans réfléchir à ce qu'il disait, parce que c'était la seule façon pour qu'il soit entièrement honnête. « Je sais pas quoi faire Riley, je t'assure que je suis complètement perdu. C'est tellement nouveau tout ça, pour moi. J'ai pas l'habitude. Je ne sais pas comment réagir face à toi. D'autant plus maintenant. A l'extérieur de ce jeu, il n'y a pas d'attachement, je n'ai pas de relations sérieuses. Parfois, avec mes « petites amies », on s'appelle même pas pour dire que c'est terminé, on part chacun de notre côté et puis, c'est tout, parce que ce que j'ai avec elles, ça ne veut rien dire du tout. Et avec toi, c'est différent. Tu es différente. Tu avais tort dans la pièce vérité, parce que je ne me suis jamais attaché à une de mes « conquêtes » comme tu dis, comme je me suis attaché à toi. Alors, je sais pas ce qui se passe, ce qui cloche chez moi. Mais je sais une chose, c'est que je vais te blesser. Quoi que je fasse, il y aura toujours quelque chose pour te faire du mal, que ça soit parce que je n'accorde aucune place à l'amour dans ma vie, que ça soit parce qui se passe entre Ambrosia et moi et que je ne comprends pas non plus, que ça soit parce que même si je ne veux pas te blesser, je le ferais, pour t'éloigner de moi, pour pouvoir me protéger moi-même, parce que j'ai peur de l'effet que tes sentiments pour moi peuvent avoir sur qui je suis. Rien qu'à voir maintenant. Je ne sais pas comment j'ai fait pour m'attacher à toi et je ne sais même pas ce que veut dire cet attachement, mais je sais que ce n'est pas de l'amour. Et je pense savoir que tu as besoin de quelqu'un qui t'aime, tu le mérites. Alors, je vais m'éloigner de toi, parce que c'est la meilleure chose à faire pour nous deux, parce que je ne suis pas quelqu'un pour toi et que tu n'es pas quelqu'un pour moi. » Tout au long de son monologue, il s'était rapproché d'elle, allant jusqu'à poser ses mains de chaque côté de son visage, caressant ses cheveux. Il avait beaucoup parlé, pour au fond, ne pas dire grand chose. Il appréciait Riley, il ne savait pas trop comment, mais il l'appréciait et bien sûr qu'il ne pouvait plus continuer à entretenir ses espoirs. Il n'était pas quelqu'un de bien, il s'était passé trop de choses dans sa vie. Celle-ci lui faisait l'effet d'être un vieux soap opera, c'était affreux. Malheureusement, c'était ainsi que les choses étaient. Mais au moins, maintenant, c'était dit et il allait peut-être pouvoir arrêter de se torturer l'esprit.

C'était peut-être un peu confus tout ça, en effet. Et qu'elle dise qu'elle l'aimait avait fait disjoncter tout le système de Cassidy. Panne générale. Bon, qu'elle tienne à lui, qu'elle se soit attachée, qu'elle l'apprécie beaucoup, ok, ça, ça pouvait encore aller, mais elle était réellement tombée amoureuse de lui. Suffisamment pour avoir envie de lui dire? Suffisamment pour le glisser dans une conversation? Oh. Et pour le coup, il ne savait même pas si cela le réjouissait ou non. Vraiment trop étrange. « Parce que tu me manques, vraiment. Et on doit s'éloigner, parce que si je reste près de toi, je sais très bien que je ne pourrais pas m'empêcher de vouloir plus qu'être amis. Si bien qu'on sera dans un cercle vicieux et que je finirais par te blesser, tu me pardonneras et ça recommencera comme ça jusqu'à ce qu'on arrête. » répliqua-t-il. Pour lui, ça avait du sens. Et rien qu'en ce moment précis, il se retenait de lui voler un baiser, parce qu'il avait envie de l'embrasser, bien sûr qu'il en avait envie. Mais s'ils continuaient comme ça, ils n'en finiraient jamais et quelque part, il avait l'impression qu'il devait juste se tenir loin d'elle, un point c'est tout. Il s'était mis cette idée en tête, et même s'il n'était pas très têtu, allez lui enlever ça de l'esprit. Bizarrement, être amis n'était plus une option si géniale, d'après ce qu'il disait, c'était comme s'ils devaient avoir plus ou ne rien avoir du tout.
Il la regarda s'allonger, se disant qu'un peu d'espace leur ferait sûrement le plus grand bien, avant qu'il n'embrouille encore plus la situation en déposant un baiser sur ses lèvres, ouais, c'était bien mieux qu'ils restent loin l'un de l'autre, ça éviterait des embrouilles en plus. « Qu'est-ce que tu voudrais, toi? » lui demanda-t-il. Après tout, il n'était pas seul à prendre la décision, ils étaient deux dans une relation. Elle avait quand même son mot à dire, même s'il se doutait que cela n'allait pas l'aider à clarifier les choses.