31 octobre (14h), Carlie-Ann
Je n’étais jamais entré dans cette pièce. Sûrement parce que je ne savais jouer d’aucun instrument de musique si bien qu’y entrer n’était pas une première nécessité. Et pourtant, j’avais bien envie de savoir ce qu’elle renfermait. J’avais du y jeter un rapide coup d’œil au début de l’aventure, mais c’était si léger que je n’en gardais aucun souvenir. Je fus totalement ébloui par la couleur flashy des murs, et je dus prendre quelques minutes pour m’y habituer. Dans le fond, ce n’était pas laid, bien au contraire. Totalement charmé par l’atmosphère de la pièce, je m’avançais jusqu’à la chaîne hi-fi. Elle était immense et la collection d’album me faisait littéralement bavée. Je laissais mon doigt courir le long des pochettes sans me décider à en prendre un. Soudain la porte s’ouvrit. Je me retournai pour accueillir le nouveau venu. Un grand sourire illumina mon visage alors que je reconnaissais la silhouette. « Hey Carlie-Ann ! T’as vu, je me suis souvenu de ton prénom. » Et je n’en étais pas peu fier. Je retournais à la contemplation des cds, toujours indécis quant à celui que je voulais écouter. « Tu sais jouer d’un instrument ? » Je m’adressais à elle sans la regarder, mais il ne faisait aucun doute qu’elle comprendrait qu’elle était la destinataire. Après tout, personne d’autre n’était dans la pièce.

J'étais peu douée pour jouer de la musique et je n'avais pas non plus l'oreille musicale. Si je m'emparais d'une guitare ou même de tout autre instrument qui pouvait potentiellement faire du bruit, il n'y avait aucune doute sur le fait que quelqu'un deviendrait sourd en m'écoutant. C'est d'ailleurs pourquoi je préférais ne rien tenter niveau musique. Pourtant, il paraissait que je chantais bien, même si ce n'était pas tout à fait ce que je pensais, je doutais que ceux qui m'avait dit un jours que j'avais une belle voix, mentaient ... Enfin, sait-on jamais. N'empêche que j'avais toujours bien aimé la salle de musique, autant pour la beauté de la pièce que sa collection de CD et son énorme chaîne wi-fi. En fait, c'est mon envie pressante d'écouter de la musique à fond qui m'avait mener jusqu'à la jolie pièce où j'étais tombé sur Dion. « Gagné Dion ! T,as vu, moi aussi je m'en suis souvenue !! » Je lui adressai un sourire. Il faut dire qu'après autant de temps passé dans la maison, je m'en serais voulu et je m'aurais trouvé idiote de ne pas me souvenir des prénoms des autres candidats. Quoique me connaissait ça aurait très bien pu être le cas. Je faillis me mettre à rire en entendant la question du jeune homme. « Non, pas du tout ... et je préfère ne rien tenter de ce côté là ... Et toi ? » Chanter, à la limite, ça je pouvais, mais je ne toucherais pas aux instruments. Hors de question. Soupirant, je m'assis sur une chaise non loin de moi et à quelques pas du candidat. « ... Je hais mon rôle de chasseuse cette semaine. Je vois pas comment ni pourquoi je devrais nuire à un joueur cette semaine ... Enfin, je veux dire ... » Eh bah ouais, je parlais pour rien dire ... Et alors ?

Je riais gentiment à sa réponse. Je me permettais d’en rire parce que moi-même j’étais une calamité. J’avais un certain talent pour n’avoir aucun don en musique, si vous voyez ce que je veux dire. « Je crois qu’il ne faut pas espérer que je puisse un jour faire quelque chose de musicalement joli … » Je continuais à passer mon doigt sur les pochettes, appréciant le toucher. Je passais de titre en titre, déchiffrant à la va vite les inscriptions sans m’arrêter, décelant certains noms connus et d’autres totalement improbables selon moi. Je regardais dans sa direction pour voir qu’elle était assise. J’hochais simplement de la tête, n’aimant moi non plus ce rôle totalement opposé à ma propre nature. « A la limite, j’ai même pas compris le principe … ‘Chasser’ ? Tu sais ce qu’ils attendent de nous, en fait ? » Je ne m’étais pas trop arrêté sur la question, mais maintenant qu’elle en parlait, ça me semblait infaisable comme mission. « Tu vois, comme quoi ma théorie sur le bain de sang n’était pas si infondé … » Je me rappelais vaguement de notre conversation sur des bains de sang, des cachettes, et sur la cruauté de la production, lorsqu’il était question de clans quelques semaines plus tôt. « Au fait, tu étais venue pour quoi, ici, si ce n’est pas pour jouer d’un instrument ? »