Ce soir, Kim s'était rendue à la cabane en bois. Elle avait ouvert la porte, s'était installée dans le petit sofa face au buzzeur et avait lâcher un grand soupir. Elle n'avait pas verrouillé derrière elle. Elle ne savait pas exactement ce qu'elle faisait là. Elle aurait bien eu envie de buzzer mais c'était trop risqué ... Elle faisait partie des plus pauvres, ses pistes n'étaient pas assez solides et elle ne pouvait se permettre de perdre de l'argent comme ça ... du moins elle se le refusait ! Cet argent n'était pas le sien. D'ailleurs, elle aurait aimé en ramener plus, rafler le jakpot. Peut-être sa manière de chercher le pardon ... une manière comme une autre ... Alors elle resta là, immobile, la tête reposée sur le dossier, le regard fixé sur le plafond en lattes de chêne polies et cirées. Au pire, elle pouvait toujours juste réfléchir et profiter quelque instant du calme de la micro pièce. Juste un peu ... Kim savait qu'elle ne supporterait pas l'enfermement longtemps. Déjà dans la villa, ça devenait franchement limite ... alors ici ... Puis soudain, la porte d'entrée grinça, l'informant de l'arrivée imminente d'un camarade. Lorsque la petite bouille et la tignasse rousse de Sorcha firent leur apparition dans l'entre-bâillement de la porte, elle lui accorda un sourire cordial. Salut toi !

Je n’avais mit les pieds qu’une ou deux fois dans la cabane en bois, et ce n’était nullement pour buzzer. C’était plutôt le contraire : je l’avais été. Me rendre de mon plan gré ici relevait un peu du miracle, car j’avais plutôt été une piètre joueuse, en ce qui concerne cette chasse aux secrets. Mais bon, qui sait, peut-être que l’inspiration divine me viendrait si je m’y rendais? C’était beau rêver.
Un petit « Salut toi ! » se fit entendre dans la pièce alors que j’y pénétrais, et je remarquais alors la présence de Kimaori dans les lieux. Je lui rendis son sourire, toujours aussi joviale. Je ne m’attendais pas à trouver âme qui vive dans ce lieu insolite. « Oh, je savais pas qu’il y avait quelqu’un… » me sentis-je même obligée de lui dire. Elle s’apprêtais peut-être à faire résonner la cloche, annonçant un buzz imminent. La sachant sur la piste de mon secret, ce n’était pas une si mauvaise chose que je sois arrivée à cet instant précis. « Un autre buzz à mon sujet, peut-être? » lui demandais-je d’ailleurs que je prenais place dans l’un des sièges en face d’elle. Elle avait laissé entendre qu’elle avait une autre piste, lors de notre confrontation, et je m’étais permis de faire planer le doute à ce sujet. À savoir si elle suivrait son instinct ou pas, ce choix ne regardait qu’elle.

Sorcha fit son entrée et prit place en face de Kim. Instinctivement, elle arqua un sourcil, se demandant si elle devait craindre la présence de Kimaori en ses lieux ... après tout, elle savait le jeune femme sur les traces de son secrets. Kim eu un petit sourire amusé avant de répondre : Non ne t'en fait pas, ce ne sera pas pour aujourd'hui, peut-être même pas cette semaine, je te donne du répits. Une chance pour toi que je ne veuille pas faire trop baisser ma cagnotte ajouta-elle avec un petit clin d'oeil. Soudain, Kim se redressa quelque peu et évoqua le prime dernier : Au fait : Félicitations pour ta qualification en demi finale !! Je n'ai pas eu la chance de te le dire hier mais je suis vraiment contente pour toi ! Et c'était vrai. Elle ne connaissait pas tous les secrets de la vie de Sorcha, mais il lui semblait qu'elle fasse partie des gens bien. Une mère de famille, une chouette fille, ouverte, gentille, honnête. Un peu l'image qu'on aime à se dessiner en tête lorsqu'on est petite fille et que l'on veut grandir. Bien sur Kim n'est pas duppe et se doute que - comme pour tout le monde ici - se cacher de grosses fêlures sous la peinture dorée. On est tous humains pas vrai ? C'est en soi plus normal.

Je vis un léger sourire naître sur ses lèvres avant que Kim ne me serve sa réponse. « Non ne t’en fais pas, ce ne sera pas aujourd’hui, peut-être même pas cette semaine, je te donne du répit. Une chance pour toi que je ne veuille pas faire trop baisser ma cagnotte. » Je souris à mon tour, plutôt soulagée de la chose… quoique, en tant que tel, cela ne me dérangeait pas tant si mon secret devait tomber à ce stade du jeu, surtout si c’était elle qui le découvrait. Je préférais – et de loin – que ma cagnotte aille à quelqu’un que j’appréciais plutôt qu’à un inconnu ou quelqu’un qui n’avait pas prit la peine de bien me connaître. « C’est dommage, tu sais… peut-être que c’est ta cagnotte qui aurait pu en bénéficier! » lui dis-je, joueuse. Quoi? Je jouais avec le feu, et je trouvais cela plutôt amusant. Et puis, c’était Kimaori, je pouvais me permettre de blaguer à ce sujet. La discussion changea de sujet soudainement, et la jeune femme s’attarda à ma place en demi-finale. « Ah fait, félicitation pour ta qualification en demi finale !! Je n’ai pas eu la chance de te le dire hier mais je suis vraiment contente pour toi ! » Le rouge me vint au joue : je n’en revenais toujours pas de cette… chance que j’avais eu. Je veux dire, qui aurait pu croire cela, il y avait quelques semaines? Pas moi, en tout cas. « Oh, merci, c’est gentil ! » mentionnais-je néanmoins. « Et toi? Tu supportes bien le stress des nominations de cette semaine, au moins? C’est la dernière ligne droite quoi ! »

Sorcha n'avait pas tort ... Kim avait peut-être ses chances. Mais ce qui la retenait c'était que cet argent, elle ne le considérait pas tout à fait comme le sien. Après avoir crié haut et fort à son entourage qu'elle en ferrait don, il viendrait mal de le dépenser et de la jouer de manière imprudente. Certes, il n'en aurait pas été de même dans d'autre conditions. Plutôt joueuse, Kim avait la main qui la démangeait. Le truc c'est que cet argent je veux le reverser intégralement à la Peta France. J'aimerais beaucoup jouer avec le feu. S'il ne tenais qu'à moi, mademoiselle, je t'aurais déjà buzzée. Mais là ... je pense devoir un certain sens de la responsabilité à l'ong. Enfin ... disons que j'ai comme qui dirait une dette envers eux alors c'est un peu ma manière de "rembourser".

Ah le stress ? Les nominations de demi finale. Finalement c'était effectivement presque la dernière ligne droite. Kim s'imaginait que cette semaine serait plus rude en soi que celle d'après si elle avait la chance de rester. Une place en demi finale serait déjà une victoire en soi : gagner - bien que fort peu probable - juste la cerise sur le gateau. Ainsi donc : oui cette semaine était capitale : Et bien je t'avoue que je me prends plus au jeu que prévu ... L'air de rien ça me ferait sévèrement râler de quitter le jeu aux portes de la demi finale. Je suis plutot mauvaise perdante dans mon genre en plus ... Ajouta-t-elle en riant. On ne dirait pas comme ça mais je cache bien mon jeu. A qui le dis-tu Kim ?! As qui le dis-tu ?!!

J’avais tenté de convaincre Kim de peser sur ce cher buzzeur qui n’attendait qu’elle, mais à entendre ses explications, je compris finalement ce qui la retenait d’agir de la sorte. Il n’était pas venu ici que pour le jeu : il y avait une cause derrière tout ça, et je soutenais tout à fait sa façon de voir les choses, j’acquiesçais même à plusieurs reprises, alors qu’elle parlait. « Je comprends tout à fait ton point de vue. » me fis-je un point de mentionner. « Personnellement, je ne sais pas trop ce que je vais faire de cet argent, si je gagne… ou simplement de ma cagnotte actuel. Ma fille en bénéficiera surement, et je m’occuperai surement de quelques dettes qui traîne ici et là… mais sinon… » Je haussais les épaules. « Je devrais suivre ton exemple, tiens. Donner à une cause qui me tient à cœur. » Ce n’était pas une si mauvaise idée en soi, et cette argent servirait probablement à ces gens plus qu’à moi.
Puis, nous abordâmes le sujet de la finale qui approchait à grand pas, et contre toute attente – ou pas, en fait – c’est une Kim battante qui s’éveilla devant moi. Se prendre au jeu, s’était si facile. Moi, j’y résistais encore, mais je n’allais pas cracher sur la première place si l’on me l’offrait. « Oh non, il ne faut pas dire ça. » fis-je lorsqu’elle mentionnait sa crainte de quitter le jeu à la porte des demi-finales. Je pense qu’avoir été aussi intéressée par la victoire, j’aurais toutefois eu la même réaction. « Il faut savoir rester positive jusqu’au bout, croire… en sa bonne étoile. Pour moi, ça marche. » Cette chère étoile qui veillait depuis un moment, et qui, à trois reprises, m’avait évité l’élimination. Un petit miracle en soi.

Kim afficha un large sourire lorsqu'elle entendit les propos de Sorcha, désireuse d'éventuellement faire un don avec son argent. S'imaginer avoir pu peut-être être une source d'influence dans ce geste altruiste lui fit le plus grand bien. Après tout elle vivait pour ce genre d'action. "Mais tu sais tu as une fille, effectivement, je pense que tu aurais tous les droit de faire ce qu'il faut assurer ses arrières. C'est normal. Maintenant c'est vrai que ... enfin je m'imagine, si tout le monde pouvait donner ne fut ce qu'un dixième de ses revenus à des associations ce serait tellement merveilleux. J'ai l'impression que le monde ne se rend pas compte à quel point aider, c'est aussi NOUS aider ! Je trouve ça tellement égoïste de ne pas se préoccuper de ceux qui n'ont pas de voix : les enfants, les malades et puis les animaux. Bon sang oui les animaux, la maltraitance, notre éco-système et puis ... Soudain Kim s'arreta. Elle s'emballait un peu trop. Elle secoua la tête et eu un petit rire avant de reprendre : Oula oui ça m'arrive des fois ... L'implication jusqu'au bout des ongles..

Elles se concentrèrent alors sur le jeu en lui même, la demi finale puis la finale. Tout ça était passé vite. Kim n'en revenait vraiment pas d'être là mais elle était contente. Pourtant c'est vrai. Cela dit tu as raison, il faut garder espoir, y croire. C'est vrai que j'ai moi de même pas mal de chance jusqu'ici. Enfin de la chance et puis visiblement tes gens extra derrière leur écran qui se mobilise pour me faire rester. C'est fou tu ne trouve pas ? Des inconnus et pourtant un tel témoignage d'appréciation ... . C'était le concept le plus banale de la tv réalité mais sans y avoir participé, Kim n'aurait jamais pu comprendre l'impact que cela pouvait avoir sur sa propre personne. C'était agréable.