Ça, c’était vraiment idiot. La maladresse et moi, on est ultra copain, mais y’a tout de même des limites. J’étais en train de couper des carottes. Des stupides carottes. Et, dans un moment d’absence et d’innocence, je venais de me couper l’index droit. «Putain. Ouch !» Je n’allais pas pleurer toutes les larmes de mon corps, mais tout de même, ça faisait un mal de chien. J’enroulai mon doigt qui saignait de plus en plus en un linge à vaisselle qui traînait sur le comptoir de la cuisine et je me dis qu’il devrait surement y avoir une trousse de premier soin dans les toilettes. Je l’espérais. Dans mon élan, je me dirigeai rapidement vers celles-ci, me cognant le nez contre la porte, puisqu’elle était déjà occupée. «Hey oh, sortez !!! C’est une urgence !!!» criais-je alors en frappant de toute force contre la porte. Je penchai mon regard vers ma coupure pour me rendre compte que je perdais tout de même beaucoup de sang. À la vue de celui-ci, je me sentis de plus en plus faible, mon visage fin devenant des plus blanc. «Je me ne sens pas très bien..»

Tranquillement avachi sur le canapé, en train de révasser je repensais aux deux journées passées, la première avait été très courte, on pouvait même dire que c'était une demi journée, une simple soirée d'ouverture pendant laquelle mon absence avait surement été complètement oubliée. J'aimais prendre mon temps pour aller vers les autres, je n'aimais pas parler devant tout le monde et encore moins faire mon show juste pour que le public m'apprécie. Je m'étais contenté de dire bonjour à tout le monde, l'un après l'autre avant de rejoindre l'un des canapés sur lequel je suis maintenant installé, le reste de la soirée je m'étais contenté d'analyser un peu les candidats, repérant déjà ceux qui, à première vue seraient amis avec moi. Je me fiais à ma première impression, celle ci avait peut-être une certaine importance et pourtant... Je mourais d'envie qu'on me prouve que je me suis trompé. Révassant je n'avais sur le coup pas réagi en entendant quelqu'un frappé à la porte des toilettes, pas très éloignés du salon. La voix d'une jeune femme me sortait de mes pensées, une envie pressante ? C'est fort possible après tout... Qui sait, elle était peut-être prise d'une diarhée importante, peut-être venait-elle de se lâcher dans son jean ? Me levant pour aller voir si tout allait bien je constatais ce torchon de sang, et la pâleur de cette fameuse jeune fille. Approchant je lui enlevais ce torchon, jetant un coup d'oeil à la blessure. Une bonne entaille qui saignait pas mal. « Ce n'est pas la peine de taper sur la porte, la trousse des premiers secours doit logiquement être à la salle de bain, assieds-toi dans la cuisine je vais la chercher. » Je remerciais mes quelques heures de secourisme ou j'avais été entrainé à venir en aide à des personnes pour ce genre de blessures, je faisais souvent l'infirmière aux autres employés du McDonald dans lequel je travaillais.
Cherchant la trousse de premiers secours je finissais par tomber dessus, la tenant bien en main je rejoignais la cuisine, elle était assise toujours aussi blanche. Il faut dire que son doigt avait un effet disons... Dégoutant avec tout ce sang qui s'y évaporait. Ouvrant la trousse je sortais du désinfectant, des pansements et des compresses pour nettoyer un peu la plaie. « J'espère que tu n'es pas douillette... » Sans en dire plus je passais la compresse contre sa blessure, enlevant le sang qui s'était collé autour de l'entaille. J'essayais d'être doux, mais ce n'était pas mon fort. Passant ensuite une couche de désinfectant je pouvais l'entendre serrer des dents, ils n'avaient pas pris celui qui faisait le moins mal.

Merde. Il avait bien raison. Je ne savais pas qui il était, mais en ce moment même, il était la voix de la sagesse et moi, la pensée de l’imbécile. En fait, je ne savais pas pourquoi j’étais allé vers les toilettes. Un mauvais réflexe probablement. Je me retournai pour regarder le jeune homme qui venait de s’adresser à moi, acquiescent d’un signe de tête ce qu’il venait de me conseiller. «D’accord, je t’attend...» répondis-je d’une petite voix, rebroussant chemin pour aller m’asseoir sur un tabouret dans la cuisine. Je fermai les yeux, ma tête tournant de plus en plus. Ce que je pouvais être faible parfois, c’était incroyable. Puis, j’entendis des pas revenir en ma direction, ce qui me força à réouvrir mes lourdes paupières. Je souris en l’entendant me demander si j’étais douillette. C’était bien ça qui était le plus ridicule dans cette histoire. « Tu veux savoir ce qui est le plus ironique ? C’est que j’étudie en ce moment pour devenir infirmière...» affirmais-je avec une petite moue, baissant mon regarde vers ma plaie qu’il était sagement entrain de nettoyer. Je ne me sentais pas fière d’agir ainsi, mais une faiblesse peu arriver à tout le monde, tout de même ! «J’ai l’air un peu ridicule maintenant...» ajoutais-je, plissant le nez sous la douleur de la coupure. N’empêche, je n’avais pas raté mon coup. Un peu plus et le doigt me tombait

En général je ne fonçais pas de cette manière, je n'avais pourtant pas peur de me faire envoyer ballader, j'étais le pro pour faire comme si de rien était dans ce genre de situations et puis... Avec le répondant que j'avais je n'avais vraiment pas de souci à me faire. Non, mais je savais qu'une situation comme celle-ci, avec tout ce sang pouvait vite tourné au cauchemar pour quelqu'un, voir son visage devenir si pâle m'avait conforté dans mon idée qu'elle avait besoin d'un petit coup de pouce. Je n'avais pas l'honneur de la connaitre, mais ça viendrait, c'était peut-être la meilleure solution pour tisser des liens. « Tu veux savoir ce qui est le plus ironique ? C’est que j’étudie en ce moment pour devenir infirmière...» Un petit sourire se dessinait sur mon visage, je n'était pas en train de me moquer d'elle, pas du tout. Je trouvais en effet la situation ironique. « J'avoue que c'est... Un peu ironique. Mais tu as encore le temps de t'habituer à tout ça avant de finir tes études... » Lui adressant un petit clin d'oeil je continuais de nettoyer sa plaie à l'aide de cette compresse me doutant que je devais lui faire mal. « Je suis désolé, je ne suis pas fort pour être... Disons... Doux. » Lui souriant malgré tout je prenais un pancement, l'enroulant lentement autour de son doigt qui était, comme neuf, ou presque. «J’ai l’air un peu ridicule maintenant...» Levant la tête j'étouffais un petit rire. « Honnêtement ? C'est mignon... Je crois avoir terminé. »

En fait, j’étais déjà habituée. C’est surement la première fois que je réagissais ainsi en voyant du sang. Un peu plus et je tombais dans les pommes, comme une faible. Je ne suis pas faible, je suis forte, moi. «Ne ris pas de moi, jeune homme !» dis-je, en riant moi-même, reprenant un peu de couleur, mes joues ayant leurs couleurs rosées habituelles. Il me dit qu’il n’était pas très doux, pourtant, je trouvais qu’il se débrouillait assez bien. Il devait avoir prit des cours quelque part. Ou pas. Je regardai mon index, couvert du bandage qu’il venait de me faire et je lui souris, me sentant déjà mieux. «Merci... Baptiste, c’est ça ?» J’avais un petit doute, mais j’étais presque certaine de ne pas m’être trompée. J’étais au moins douée pour une chose. «Je crois que vais lasser mes talents de cuisinière un peu de côté. Je suis d’une maladresse écoeurante !» lui confiais-je en rigolant doucement, relevant les yeux pour plonger mon regard bleuté dans le sien.

Me doutant bien qu'elle n'était pas une poule mouillée, qui faisait dans son pantalon lorsqu'il y avait la moindre goutte de sang, j'avais juste pris la liberté de lui faire une petite réfléxion qui avait pour but de détendre un peu l'atmosphère, et puis... Même si ça avait été le cas, certaines personnes étaient comme ça. Je ne voyais pas l'intérêt de dire quoi que ce soit contre le dégout face au sang. «Ne ris pas de moi, jeune homme !» D'humeur à embeter les gens, je lui répondais du tac au tac, une petite moue boudeuse sur le visage. « A une condition jeune fille... Si on joue au docteur. » Je plaisantais bien sûr. La fixant comme si j'étais sérieux pendant un moment je ne pouvais empêcher un petit rire de s'évader de mes lèvres. Fier d'avoir été capable d'appliquer l'un des exercices que j'avais le plus repeté pendant les cours de secourisme je me contentais maintenant de plonger mon regard dans ses magnifiques yeux. «Merci... Baptiste, c’est ça ?» Je souriais, je m'apprêtais à lui répondre d'une manière on ne peut plus taquine. « Quelle chance tu te souviens de mon prénom... Esther ? » Je pensais me souvenir de son prénom, en parti parce que j'étais tombé sur sa photo devant les chambres. Ma mémoire me jouais peut-être un mauvais tour et j'aurais la honte, mais tant pis... Qui ne tente rien n'a rien. «Je crois que vais lasser mes talents de cuisinière un peu de côté. Je suis d’une maladresse écoeurante !» Hochant la tête, j'approuvais totalement. Moi-même je n'étais pas très talentueux pour cuisiner, je finissais souvent la main sous l'eau, à cause de ces horribles couteaux. « Arrêtes... Je suis surement pire que toi dans ce domaine ! »

Jouer au docteur. C’était une bonne idée ça ! Cela me rappelait mon enfance, lorsque je jouais à cela devant ma maison. C’était un bon souvenir, tout de même. Évidemment, je savais qu’il ne parlait pas de jouer au docteur de cette façon, mais d’une beaucoup plus... hum... adulte. Je ne souris pas, faisant une petite moue aussi. «Alors, cela veut dire que je dois enlever mes vêtements ?» dis-je en haussant les sourcils faisant ma petite fille naïve. Je n’étais pas très bonne actrice, même si la naïveté était quelque chose d’acquis chez moi. Cela ne m’empêcha pas de pouffer de rire, ce qui détruit toute la crédibilité que j’avais. Puis, il se souvint de mon nom, ce dont je fut surprise. Il était un des premiers après tout. « Nop, t’as tout faux. Moi c’est Cendrillon et je viens du pays des princesses !» Je disais de la merde, comme souvent. Mais cela me faisait bien rire. Puis, il faut bien rire dans la vie sinon, où est le plaisir. «Je suis la princesse qui fait le mieux à manger. Je suis juste maladroite ! Tu verras quand t’auras goûté un de mes merveilleux repas. Tu voudras m’épouser !» Je lui fit un clin d’oeil, riant encore un peu.

Je ne ratais jamais une bonne occasion de placer des allusions, de manière décomplexée bien sûr. S'il m'arrivait d'insister, cela ne signifiait pas pour autant que j'étais prêt à tout faire pour coucher. J'étais loin d'être ce genre de mecs, j'étais plutôt lourdingue pour plaisanter, je me contentais de suggérer la chose dirons-nous. Lui demandant si elle voulait en quelque sorte jouer au docteur, j'attendais maintenant une réponse qui définirait la jeune femme pour le reste de l'aventure. Avait-elle du répondant, rentrerait-elle dans mon jeu comme je l'espérais pour que l'on puisse en rire plus qu'autre chose ? Pleinement intéressé par sa réponse, je restais comme immobile. « Alors, cela veut dire que je dois enlever mes vêtements ? » Son petit air naïf avait eu le mérite de me faire rigoler, lui laissant l'occasion d'admirer mon rire ultra communicatif, je reprenais mon sérieux au fil des secondes. Tentant de reprendre cet air pervers. « Tu as tout compris... Enfin... Si tu veux, je m'en occupe pour toi. » Je ne parvenais pas à rester sérieux plus de quelques secondes, pouffant d'une manière peu discrète de rire. «Je suis la princesse qui fait le mieux à manger. Je suis juste maladroite ! Tu verras quand t’auras goûté un de mes merveilleux repas. Tu voudras m’épouser !» Souriant, je regardais la cuisine. Peut-être que j'irais jusqu'à la mettre au défi. « Je ne crois que ce que je vois... » Lui dis-je d'une manière innocente, lui faisant comprendre de manière implicite ce que je désirais.