« Tu ne l’aurais pas choisie. » Hein, pour vrai? Genre, comme si elle m’apprenait quelque chose. Le petit spermatozoïde qui avait fertilisé ma mère n’avait pris le temps de réfléchir deux secondes avant de l’engrosser. Ceci dit, il aurait peut-être dû le faire, quand on voyait quelle connerie elle avait faite en me mettant au monde. Mon petit papa chéri, qu’est-ce qu’il avait pas endurée avec elle. Ce n’était pas plus mal qu’elle soit sortie de ma vie, après tout. Disons qu’elle ne méritait clairement pas le titre de mère de l’année. Le jour où je serai célèbre, elle s’en mordrait volontiers les doigts. « Nous n’avons pas BESOIN de croire, nous croyons c’est tout parce que la religion est tout de même la seule chose qui peut tout expliquer tandis que la science reste encore inerte devant une panoplie d’évènements. » Je continuais à marcher autour d’elle alors que sa bouche ne s’arrêtait jamais de parler. Ma main l’imita d’ailleurs, alors que dans ma tête, tout ce que j’entendais, c’était blablabla. Je levais les yeux au ciel. « Et les extraterrestres, alors? Me dit pas qu’ils sont disciples de Dieu! » ne pus-je m’empêcher de lâcher. Sarcastiquement parlant. J’avais la tronche de quelqu’un qui croyait aux p’tites créatures vertes? Non, justement. Mais j’étais curieuse d’entendre ce qu’elle avait à en dire. Bornée, elle était tout simplement bornée. Ses parents avaient sûrement dû lui remplir la cervelle à coup de bibles quand elle était gamine pour qu’elle ne sache que vomir de tels propos aujourd’hui. C’était reconnu, les croyants avaient en horreur la science. Dieu était grand, Dieu était bon, Dieu avait créé cet univers de ces propres mains pour ces fidèles. Ça, c’est sans parler de son petit fils chéri. Le mec crevait sur la croix pour revenir à la vie trois jours plus tard et on appelait ça un miracle. Dans mon monde à moi, c’était plus un zombie. Oh et puis, je m’en fichais bien que la science n’est pas réponse à tout : je préfère encore croire en ça qu’en un faiseur de miracles bidon. « En tout cas ce n’est pas en te prenant de haut que tu le trouveras, ton chemin. » J’éclatais de rire, c’était plus fort que moi. Bon sens, qu’est-ce qu’on se marrait bien. C’était d’un ridicule, cette discussion. « C’est là que tu te trompes, ma mignonne. C’est d’en haut que j’ai une meilleure vue. » affirmais-je après coup. J’avais un certain culot, je fonçais dans la vie la tête bien haute, oui, mais jusque-là, ça m’avait plutôt bien servi. Les gens m’appréciaient comme j’étais, avec mon franc parlé et mes opinions tranchées. Il n’était encore né celui qui me changerait de jolie princesse en vilaine grenouille. Qu’il ne daigne même pas m’approcher, ce connard. Je l’aimais, ma vie. Et j’étais parfaitement heureuse, contrairement à ce mademoiselle voulait bien croire.

Bon Dieu donnez moi la force parce que cette fille est juste insupportable ! Comment peut-on être aussi fermé aux avis extérieurs ? Et les extraterrestres, alors? Me dit pas qu’ils sont disciples de Dieu! » Hein ? Cette fille était tombée sur la tête ou quoi ? Depuis quand la bible parlait de l’univers ? Dieu avait créé la terre et les hommes mais c’est tout enfin… Depuis que je fais des études de médecine je dois dire que la théorie créationniste me rend de plus en plus perplexe mais il est hors de question que je l’avoue à cette pimbêche. Je lâchai un soupire sans aucune retenue et tournai vivement les talons dans l’autre sens. « Tu sais, tu es vraiment insupportable comme fille. » dis-je sur un ton exaspéré. Je ne m’énervais pas souvent mais ça arrivait et quand ça arrivait je déversais toute la colère enfouie en moi. Autant dire que ce n’était pas joli joli. Son rire était encore plus exaspérant que tout le reste, décidément je n’allais pas m’entendre avec elle. « C’est là que tu te trompes, ma mignonne. C’est d’en haut que j’ai une meilleure vue. » Ce fut à mon tour de rire jaune et je me tournai alors vers elle, quelques mètres nous séparait. « Tu dois vraiment être bien seule dans ta vie pour être comme ça et surtout, bien malheureuse. » répliquais-je avant de définitivement tourner les talons, il y avait une limite a ma tolérance des gens insupportables.

« Tu sais, tu es vraiment insupportable comme fille. » Je la jugeais un moment du regard. Elle croyait vraiment m’insulter, là, avec sa réplique bidon? Si seulement elle savait le nombre de fois où je l’avais entendu à mon propos. Je ne les comptait même plus. « J’vais prendre ça pour un compliment. » lui dis-je seulement, un sourire hypocrite au visage. Elle était exaspérée, ça se sentait dans le ton de sa voix, et en fait, cela m’amusait vraiment. Preuve que derrière ce visage d’ange se cachait Miss Teigne, en évidence. Fallait seulement savoir où la chercher. Son rire, tirant sur le jaune, résonna dans mes oreilles, et je sus que j’avais atteint mon but. « Tu dois vraiment être bien seule dans ta vie pour être comme ça et surtout, bien malheureuse. » qu’elle me fit avant de carrément tourner les talons et partir. Elle se croyait peut-être bien méchante, mais ces propos ne m’affectait pas le moins du monde. Malheureuse, moi? Pas après ce que je venais de voir. La faire sortir de ses gongs allait devenir mon petit plaisir personnel, je m’en faisais la promesse. La regardant s’éloigner, les bras croisés sous ma poitrine, je sentis un large sourire étiré mes lèvres.

sujet terminé