Une gueule de bois. C’est pas sensé s’estomper durant la journée ? Parce que à voir le mal de tête que j’avais encore malgré l’heure tardive, tout le gin que j’avais bu la veille était définitivement une mauvaise idée. Très mauvaise. J’avais passé la journée au lit, essayant de me remettre de cette soirée, où j’avais décidé de boire mes émotions. Quelle idée conne, quand même. J’avais même demandé à Cooper de me faire une bonne soupe chaud, chose qu’il avait évidemment refusé. Puis finalement, j’avais décidé de me levé de mon lit, prendre une bonne douche et être d’une meilleure humeur. Ou tout du moins, essayer. Il était maintenant tard et j’avais envie d’aller prendre une marche, respirer de l’air frais, me changer les idées. J’avais volé une veste chaude à mon partenaire, pour ne pas mourir de froid. Il ne m’en voudrait pas trop, je l’espère. Quelque peu dans mes pensés, mes rêves, je commençai à marcher de plus en plus loin, me rendant finalement compte que j’étais dans cet espèce de vieux cimetière. Mouais, c’était peut-être pas le meilleur endroit où être en ce moment. J’allai pour retourner sur mes pas lorsqu’une branche craqua, me faisant par le fait même faire le saut. «Et merde !» m’écriais-je, la main sur le coeur, en me rendant compte que ce n’était que Cooper. «T’es con, j’ai faillit faire une crise cardiaque ! T’aurais eu ma morte sur la conscience.» Essayant de reprendre mes émotions, je m’approchai de lui, une petite moue sur la figure. «Pourquoi t’es ici ? Tu veux faire un remake de film d’horreur ?» demandais-je en riant, puis en arrêtant puisque cela aggravait mon mal de tête. «Au fait, j’ai pas trop fait ou dit de connerie hier ?» J’aimais mieux le savoir, au cas ou...

Le vieux cimetière. Quel endroit lugubre. Pourtant voilà, que par une heure tardive, je me promenais parmi les pierres tombales. Cela pourrait être le décors d'un film d'horreur. Malgré tout, ce n'était pas ça qui allait me faire flipper. Franchement, ça serait quand même con de sursauter à chaque bruit. Que pourrait il nous arriver ? Nous étions dans un jeu, filmé. Alors aucune doute qu'un psychopathe armé se pointe. Et comme je ne croyais pas aux zombies ni au fantôme, pas de quoi être effrayé. Je ne savais pas vraiment pourquoi je me trouvais là. Mes pieds m'y avaient amené tout seul. Je voulais juste prendre l'air. Me dégourdir les jambes. M'éloigner de toute l'agitation. Éviter par la même occasion d'en étrangler un ou deux. Tout à coup, Esther débarqua dans mon champ de vision, et fit un bon, apeurée. Elle avait peur du grand méchant loup, normal. J'haussai les épaules.  « Je pense que j'aurais survécu. » Du style, pfff, ça ne pèserait pas bien grand sur ma conscience d'être responsable de ta mort. «Pourquoi t’es ici ? Tu veux faire un remake de film d’horreur ?»  « Ouais. Et je me disais que t'aurais pu jouer dedans. Tu sais la fille écervelée qui se barre en hurlant comme une folle, et qui au final se fait embrocher » Si elle ne s'était pas encore faite à mon humour particulier ne vous inquiétez pas, à force de me côtoyer elle y sera habituée. Elle s'inquiéta alors de son possible comportement de la veille. C'est vrai que mademoiselle avait abusé sur l'alcool. Un spectacle assez comique à voir d'ailleurs, je vous le conseillais.  « Non ça va. J'ai juste eu le droit à un strip-tease privé et une déclaration d'amour »

Il avait toujours la remarque désobligeante celui-là ! Mais cela ne m’affectait aucunement. Je n’étais pas quelqu’un de susceptible et heureusement, sinon, avec un partenaire comme le mien, j’aurais été des plus malheureuse. Je mis les mains dans les poches de mon jeans, l’écoutant le me dire que si nous étions dans un film d’horreur je serais surement la petite conne qui cours dans tous les sens cherchant seulement à se faire planter un couteau dans le dos. Sympa, quand même. «Écervelée, tu y vas un peu fort mon beau. Je crois que je serais plutôt l’héroïne. Celle qui ne se fait jamais tuée. J’ai trop la classe, tu vois !» répondis-je, amusée. J’étais fatiguée, surement un peu à cause de la gueule de bois. Je décidai donc de m’asseoir par terre. Au diable si je salissais un peu mes jeans. Contre une pierre tombale, je l’écoutai me dire tout ce que j’avais fait hier. J’ouvris grandement la bouche, un peu horrifié par mon comportement. «Tu rigoles là ! J’ai pas vraiment fait ça ?» dis-je, n’en revenant pas. Une chance qu’il faisait noir, il ne pouvait voir à quel point j’étais rouge de honte.

Alors après être adorable, maintenant elle avait trop la classe ? La demoiselle ne cessait de se lancer des fleurs toute seule. En même temps, si elle attendait que je lui fasse des compliments, il est vrai qu'elle serait mal barrée. Pour que j'en dise, il fallait les mériter, non mais. Je ne les lançais pas à tout va comme ça.  « Tu préfères être celle qui voit tous ses amis se faire trucider ? Vaut mieux abréger tes souffrances, tu comprends. » Bon sang qu'est ce qu'il ne fallait pas entendre. La demoiselle s'assit sur le sol. Pour ma part je m’assis à peu près sur une pierre tombale en pas trop mauvais état. Elle parut choquée par les révélations que je venais de lui faire. Et s'il y avait plus de lumière, je parierais que je la verrais rougir. C'était son truc ça.  « Si tu l'as fais. T'es devenue incontrôlable » répliquais je avec aplomb. Bon en réalité j'avais peut être un peu exagéré les faits. Oui elle s'était déshabillée, mais simplement pour se mettre en pyjama. Quant aux déclarations d'amour, pure invention. Mais ça elle ne le savait pas, héhé. C'était plutôt amusant d'en profiter. « Mais rassures toi, je n'en ai pas profité. Tu voulais me sauter dessus, mais j'ai repoussé tes avances et t'ai mise au lit. Un vrai gentleman. »

«T’es vraiment trop gentil, de penser à moi comme ça.» ajoutais-je, quand il me dit qu’il valait mieux abréger mes souffrances. C’était du grand n’importe quoi, oui ! Je repliai ensuite mes jambes contre moi, voulant me réchauffer un peu. Je n’en revenais pas que je lui avais fait une déclaration d’amour ! Pourquoi est-ce que j’avais fait ça, c’est ridicule. Oui, je le trouvais beau, mais pas de là à vouloir l’épouser. «Pour le strip-tease, ça m’étonne plus ou moins... mais pour la déclaration d’amour, je n’y crois pas trop !» Peut-être qu’il me menait en bateau aussi, je ne serais dire. Puis il me dit qu’il n’avait pas profité de moi. Bah heureusement ! « Alors, on a pas fait de bébés ?» ajoutais-je, au moins contente de ça. Je me sentais un peu idiote d’avoir bu autant à cette première soirée. Je n’allais pas donner une bonne première impression... Mais de ce que je me rappelle, je m’étais bien amusé tout de même.

Esther commença à remettre en doute ma parole. Non mais oh ! Comme si je pouvais lui mentir. Je n'étais vraiment pas de ce genre. Loin de moi l'idée d'inventer quoi que ce soit. Surprenant que ce qui l'étonnait le plus était la déclaration d'amour, et non le streap tease. Non mais quoi, c'était aussi incroyable que ça de m'aimer ?  « Arrêtes...Toi comme moi on sait que tu es tombée amoureuse de moi dès le premier regard » Ouais bon là, mes dires risquaient de perdre en crédibilité. Hmm j'en avais peut être fait un peu trop. « Alors, on a pas fait de bébés ?» Je secouais la tête de gauche à droite.  « Non, mais ce n'est que partie remise ! » Haha, bien sur. En tout cas j'avais découvert une facette de la jeune femme que je ne connaissais pas. Ouais bon d'accord, je ne connaissais pas grand chose d'elle, mais je voulais dire que je ne me serais pas attendu à qu'elle se bourre la gueule dès la première soirée.  « En fait, on dirait pas comme ça, mais t'es une petite dévergondée ! » dis je en souriant. Bien sur j'en rajoutais.

Amoureuse de lui ?! Non mais il rêvait en grand celui là ! Dans un certain sens, oui j’étais tombé sous son charme, comment ne pas l’être. Il est très séduisant et il a cette manière d’agir, complètement détaché qui fait que t’en veux toujours plus. Mais pas de là à tomber amoureuse de lui après 4 jours. Cela me fit réfléchir et je me rendis compte que la naïve petite moi venait de croire en ses dires, alors qu’il devait probablement me mentir. J’ouvris encore la bouche, choquée, pour la refermer ensuite. Je souris à sa réplique sur le fait de faire des bébés. « Dans le fond, c’est toi qui est tombé amoureux de moi dès le premier regard. T’imagines les enfants qu’on aurait. Ils seraient trop mignons !» dis-je en rigolant, serrant un peu plus ma veste contre moi, la brise me faisant frissonner. «Je ne suis pas plus dévergondée que qui que se soit ! Je suis normale. Je bois et parfois je l’échappe. Et dans ce temps là je dis et fais des conneries !» répondis-je à sa question, accompagnant mes paroles d’un petit clin d’oeil. Bon, j’avoue que quand je bois, j’ai des petites tendances exhibitionnistes que je n’aurais jamais dans toute ma sobriété.