Premier réveil dans le nid d'amour et comment faire pour ne pas être de bonne humeur ? Il était quelque chose comme douze heures, encore tôt en somme même si j'avais l'habitude d'être debout bien plus tôt dans mon quotidien. Ici, j'oubliais toute ma vie parce qu'il était inutile de faire comme si j'habitais encore dans mon petit patelin pourri en France. Je vivais dans un cadre idyllique, les dizaines de caméras qui nous suivaient jusque dans les douches ne pouvait rien apporter de négatif. N'étant pas pudique pour un franc je ne les remarquais même plus. Me décidant enfin à me lever, je passais par la salle de bain déjà bien envahie par les autres candidats, prenant une douche, me brossant les dents, me coiffant rapidement pour éviter d'avoir l'air dans le gaz je me retrouvais ensuite dans la cuisine. M'activant pour me préparer un petit déjeuner digne de ce nom je ne voyais plus le temps passer.
L'après-midi était maintenant bien avancée, partant fouiner dans ma valise, je retrouvais mon paquet de marlboro, j'avais acheté une cartouche espérant que la production me fournirait en cigarettes lorsque je serais à sec. Sortant un briquet de cette même valise je traversais le château pour rejoindre la sortie, marchant tranquillement je finissais sur la falaise, fermant les yeux pour profiter du vent je me retournais, le temps d'allumer ma clope. Tirant une petite latte je soufflais la fumée. Une inconnue me rejoignais, lui souriant je m'occupais de faire comme chaque fois que je voyais quelqu'un que je ne connaissais pas. « Salut... Benjamin. »

La rousse soupira, assise sur son lit, elle essayait de se concentrer sur son bouquin, les candidats passaient et la dérangeaient. En fait, c'était elle, dès que quelqu'un arrivait, elle levait la tête pour l'observer, et quand elle se reconcentrait sur son livre, elle ne savait plus où elle en était. Si bien qu'elle était entrain entrain de relire les mêmes lignes depuis un quart d'heure, fallait le faire. Finalement, la belle rouquine jeta son bouquin sous son lit, elle le reprendrait bien plus tard. La française passa sa main dans la poche arrière de son jean, et en sortit son paquet de clope, il ne lui manquait plus que le briquet. Elle trouverait bien un candidat qui en aurait. Elle se rendit dans le jardin, mais bizarrement elle ne trouva personne. Elle continua, marchant droit devant elle, et sans s'en rendre compte ses pas l'avaient mené à la falaise. Gabrielle apperçut une silhouette, elle s'approcha. Il avait un peu de vent, ses cheveux couleur feu lui foutaient le visage, si bien qu'elle les attacha. « Gabrielle.. » se présenta t-elle. « Je peux t'emprunter ton feu ? » demanda t-elle en posant ses yeux bleus sur le jeune candidat. « Tu devrais reculer, un accident est vite arrivé. » murmura t-elle doucement.

Tirant une nouvelle latte sur ma cigarette je me perdais dans mes pensées. Le paysage était magnifique, bien que la hauteur des falaises sur lesquelles je me situais réussissait à me donner le tournis. Je m'imaginais déjà un scénario catastrophe, quelqu'un qui, par mégarde se retrouvait à faire le saut de l'ange avant de s'écraser sur un rocher, un plan gore me venait immédiatement dans la tête me faisant froncer le visage de dégout. Une jeune femme vint alors m'arracher à mes pensées, tournant la tête vers elle je me contentais de lui sourire d'une manière très simple. Je passais rapidement mon regard sur elle, je constatais qu'elle était plutôt mignonne, comme l'ensemble des candidates. Oui, un second constat, toutes les candidats étaient belles, la tentation à l'état pur. Au niveau des mecs, le bilan était le même. Personne n'était dégueulasse ici. Je me présentais rapidement, inutile que je lui raconte ma vie dans les moindres détails, en plus de l'ennuyer elle je trouverais également le temps long à tout lui dire sur moi. Sa vie, devait être plus intéressante que la mienne. « Je peux t'emprunter ton feu ? » Baissant la tête pour fouiller dans ma poche de jean, j'en sortais ce fameux briquet, bleu qui m'évitait la crise de nerf, lui tendant j'attendais qu'elle le saisisse pour remettre ma clope sur mes douces lèvres sucrées. « Tu devrais reculer, un accident est si vite arrivé. » Jetant un coup d'œil à la parois glissante des rochers, je reculais légèrement, lui adressant un petit sourire. « Tu as raison, je suis un peu Pierre Richard en plus... Alors, tu te plais bien ici ? »

La jeune femme observa vaguement son camarade avant de porter son regard sur la vue, elle ne put s'empecher de siffler, admirative. Elle trouvait ça beau. En même temps, Gabrielle n'était pas trop difficile. L'attention de la belle était toute focalisée sur le paysage en face d'elle, la rousse en avait presque oublié l'autre candidat qui lui tendait le briquet, si gentiellement. Quelques seconde plus tard, elle découvrit son bras tendu. « Ah, oui, merci. » déclara en s'emparant du précieux briquet avant d'hocher la tête, le remerciant silencieusement encore une fois. La rousse s'accroupissa, sa cigarette au bec, elle l'alluma, et tira sa première taffe avec un immense bonheur. Une vraie drogue, elle fumait un paquet en deux-trois jours, c'était trop. Elle allait peut-être mourrir jeune à cause de ça et de la fumée suppémentaire qu'elle respirait lorsqu'elle bossait. « J'aime bien le cadre, quand aux candidats j'peux pas me prononcer encore. » répondit-elle en dégageant une meche rousse qui s'était collée à son visage. Puis elle le regardea avec une certaine insistante, ce qui voulait dire 'et toi ?'.

J'avais une manière de voir les choses un peu décalée certes, mais au final ça m'était utile. Je n'aimais pas avoir l'impression de louper quelque chose, dans cette aventure je désirais faire connaissance avec tout le monde quitte à me rendre compte qu'une ou deux personnes sont nulles. Au moins, je n'écouterais pas les autres, j'aurais ma propre opinion sur chacun d'entre eux. Souriant lorsqu'elle me racontait qu'il n'y avait que les imbéciles qui ne changeaient pas d'avis je me contentais d'hocher simplement la tête. J'étais tout à fait d'accord avec elle. « Pourquoi tu es venue ici ? » Souriant alors qu'elle était en train de faire craquer ses articulations, je réfléchissais une petite seconde. « J'avais envie de faire quelque chose hors du commun, de me tester et de voir si l'amour pouvait vraiment te tomber dessus dans une émission de télé réalité... Et toi ? » Prenant une petite inspiration je ne pouvais me retenir de sortir une petite boutade histoire de faire sourire mon interlocutrice. « Si tu me parlais des falaises, c'est pour fumer une clope. »