Le lundi 30 janvier vers 17h30 ~
Vous savez la semaine dernière y a eu un truc chelou dans la chapelle vous vous souvenez. Bien entendu que vous vous souvenez. Enfin bref tout ça pour vous dire que malgré mes dernière paroles j'avais qu'une envie revoir l'autre con là et lui en faire voir de toute les couleurs. Alors ce matin après ma douche chaude avec Cooper j’avais décidé que j'arriverais à le torturer aujourd'hui. Seul petit problème c'est que bien entendu je voulais être seul avec lui mais surtout que ce type est introuvable. C'est étrange serait-il entrain de m'éviter. Alors que je suis entrain de m'habiller, jeans, basket, tee-shirt gris et gilet moutarde, je suis en intense réflexion. Puis la solution me saute aux yeux, il doit forcément être dans la chapelle. Je ne m'y rend pas tout de suite. Je prend un petit déjeuné et je passe du temps avec Artie et d'autres personnes, mais surtout Artie les autres je les ignore ils sont trop nuls. Je me rend vers 12h00 la première fois à la chapelle je reste une demi heure à me faire chier à compter le nombre de cadavre d'insecte que je peux trouver autour de moi. Pas là, alors je rentre et je vais manger un morceau. Bien entendu je le vois traîner dans la cuisine et la salle à manger alors que c'est le moment de manger ben oui c'est peu être un espèce de robot mais il semble s'alimenter normalement. Je me dis alors que je vais le suivre. Mais pas de bol, Lukas me distrait et je le loupe lorsqu'il décide de s'éclipser. Je rage un peu alors et je me rend une deuxième fois à la chapelle. Toujours pas là il est 14h00 passé. Je reste facile une heure caché espérant le surprendre entrain de faire un truc chelou genre vaudou. Mais non, je retourne donc dans le château. Je passe le temps, il est maintenant 16h45, je ne vois nul part le taré je fais le tour de toutes les pièces je me dis que c'est le moment où jamais. Je me dirige donc vers la chapelle je passe par la fenêtre brisé, dans ma précipitation j'accroche mon gilet à la vitre qui se brise un peu plus et qui déchire mon précieux gilet. « Chiotte. » Je suis de nouveau dans le lieu saint, pas de robocop en vu. Je soupire et m'adosse à une collone. Bon je reste à peu près une demi heure si il vient pas c'est mort pour aujourd'hui. Je lance des petits cailloux sur un banc pourris. J’entends alors du bruit vers la fenêtre. Je jubile. Je me cache derrière la collone si bien que la personne ne pouvait pas me voir. Je finis par jeter un coup d’œil, c'est bien lui il ne m'a pas encore vu enfin je crois. Alors comme un diable je m'approche de lui en silence, les cornes vengeresse trônant sur ma tête, le trident en feux dans la main comme arme imaginaire, mais j'étais armé d'une détermination sans faille. Il me voit enfin, je reste silencieuse mais mon sourire maléfique traduit bine les pensées qui traverse mon esprit. A quelle sauce vais-je le manger? « Alors pauvre tâche, ça fait quoi d'être dérangé alors qu'on pensait être seul ? » dis-je en référence à notre dernière rencontre dans ce lieu divinement mal rangé. Je vais y aller petit à petit. La je reste amusé et amusante mais je sens que ça va pas duré longtemps.

Y a trop de monde. Sérieusement, y a trop de monde partout et tout le temps. Où que j’aille je croise un de ces connards qui m’insupportent du type Artie entrain de checker que son reflet lui renvoie bien l’image qu’il est sensé renvoyé, à savoir un mec précieux dont les manières snobs sont plus de l’ordre du cliché que de la vérité historique, dans tout ce qui est susceptible de le réfléchir. Ce dont sont capable les miroirs mais pas les autres candidats qui sont doté de la capacité neurale de ces hérissons qui s’obstinent à traverser la route de nuit même lorsqu’il s’agit d’une nationale. Mais pas le hérisson vivant, non, celui-là est encore trop vif pour être comparé à la puissance intellectuelle d’un Ruben, non, les hérissons morts, ceux qui gisent écrasés en plein milieu de la route, et qui t’obligent, en plus, à faire un écart avec ta caisse, histoire de te faire bien chier même depuis l’au-delà des hérissons. Je les croise de partout, et ça me gonfle. Je veux bien faire preuve de sociabilité mais laissez-moi choisir avec qui, quand, et combien de temps. Parce que tout le temps avec n’importe qui et pour une durée que je juge insurmontable, c’est de l’ordre de l’homicide volontaire sur personne totalement innocente. J’ai rien fait pour mériter, ça, à part, peut être, soumettre ma candidature dans ce putain de jeu. Alors je slalome, je passe ma journée à slalomer. J’ai établi un plan précis des lieux et des horaires de grande affluence, ensuite il m’a suffit d’emprunter le chemin inverse. Je prends ma douche très tôt le matin, à l’heure où certains se couchent, j’occupe la salle de sport dans la matinée, ensuite je mange, c’est inévitable et bien mieux pour la survie de mon espèce, puis je rejoins le parc, ou le cimetière, parfois les falaises. Je croise souvent des isolés, comme moi, et leur présence ne me dérange pas. Puis je retourne au château, alors que tout le monde fait la sieste, c’est incroyablement calme, et j’aime ça. Dès qu’ils se réveillent, je m’éclipse, et rejoins la chapelle, c’est immuable, c’est un rituel auquel je ne déroge jamais. Justement, c’est l’heure où le château s’anime, je perçois les premiers cris en provenance des chambres, et j’imagine qu’une bataille de polochon ambiance «colonie de vacances» vient d’être amorcée. Ok, il vaut mieux que je me casse avant que je n’enfonce un oreiller dans la gorge de quelqu’un. Je referme mon livre abimé par trop de lecture, et le range dans la poche arrière de mon jean, avant de prendre la fuite, manteau à la main. Je l’enfile en chemin, le froid qui me cingle le visage et les avant-bras pendant quelques petites minutes m’est salvateur, il me rappelle que je ne suis pas tout à fait en état de mort cérébrale. Pas encore. Mais ça ne saurait tarder. Je connais le chemin par coeur, j’y vais presque les yeux fermés, c’est un peu comme si ces lieux m’appartenaient et m'appelaient. J’arrive rapidement à la fenêtre brisée, et repère immédiatement que quelque chose cloche. Le bout de tissu accroché au verre n’était pas là ce matin. Cela ne veut rien dire en soi, quelqu’un aurait pu venir entre temps, mais ça peut aussi vouloir dire que je ne suis pas seul. Mon cerveau passe en mode «on», mes sens aussi. Je saute souplement à l’intérieur de la chapelle, et la sensation se renforce. Je ne suis pas seul. Mais cette personne a décidé de ne pas se faire voir, ce qui renforce mon sentiment d’alerte. Je fais comme si de rien était. Je m’approche du crucifix qui, pour une raison inconnue, semble en parfait état, et me signe. Mais mon esprit se focalise sur la colonne derrière laquelle une respiration tente de se faire discrète. Je pose un genou au sol, paupières closes. Je ne vais pas laisser cet intrus perturber mon rituel. Puis j’attends. J’attends les bruits de pas sur les dalles irrégulières qui ne manquent pas de se faire entendre. Je calcule l’intervalle, la cadence, et j’ébauche un sourire. Moore. Je me retourne avant qu’elle ne m’ait atteint, le visage à nouveau neutre. « Alors pauvre tâche, ça fait quoi d'être dérangé alors qu'on pensait être seul ? ». Elle semble fière d’elle, tellement fière, comme une petite fille ayant réussi sa farce, sa vengeance qu’elle imagine grandiose et triomphante. «Je ne sais pas, ça ne m’est encore jamais arrivé.» Je lui réponds, indifférent, comme toujours. «Désolé de t’avoir obligé à patienter dans le froid. Tu m’attends depuis longtemps, dochka ? » J’ai bien conscience que mon calme olympien lui porte sur les nerfs, mais... c’est tellement plaisant de lire la fureur dans son regard, pourquoi m’en priverais-je ?

J'étais satisfaite, fière de mon petit manège. Et au final j'avais réussis à le surprendre entrain de faire un truc chelou de bon chrétien. J'ai du mal à comprendre les gens qui sont croyants sincèrement, moi jamais je ne serais croyante jamais pas une seule seconde je pourrais croire qu'il y a un type là haut qui s'amuse avec le karma. En tout cas si il existe vraiment c'est un bon sadique c'est certain. Rien que pour Syssoï je sais pas ce qui lui est arrivé dans la vie mais pour être aussi robotique ça doit pas être beau à voir. Je me demande si il a pas assassiner sa famille entière. Ou accidentellement tué sa petite sœur dans la piscine un été. Ouais ça lui ressemblerait bien. «Je ne sais pas, ça ne m’est encore jamais arrivé.» me dit-il alors super calme. Il peut dire ce qu'il veut mais je sais que je ne suis pas la bienvenu ici avec lui. Je suis pas idiote je vois comment il me considère, comme une fille inintéressante qui ne vaut pas la peine qu'on se casse la voix pour lui donner une bonne leçon. Et ça c'est inconcevable. « Fais pas le con, enfin si tu en es capable ce que je doute... mais sait-on jamais... Bref fais pas le con je sais très bien que je te dérange.» dis-je d'une voix aussi calme que possible. Mais fait l'avouer son calme à lui m'énervait à un point. Pour l'instant il a de la chance j'arrive à garder mon sang froid et puis il est plus number one dans ma liste des gens à jeter du haut de la falaise. Vous pouvez vérifier cette liste existe réellement.«Désolé de t’avoir obligé à patienter dans le froid. Tu m’attends depuis longtemps, dochka ? » Le seul truc qui attire mon attention c'est le dernier mot qu'il utilise. Un langage robot ? J'en sais rien mais ça veut pas dire grand chose pour moi. « Je t'attendais pas je venais faire ma prière quotidienne. » dis-je d'un ton désinvolte. Non mais il croit quoi que je vais avouer que je le traque depuis des heures dans le seul but de le faire chier. Non ça il devra le deviner tout seul. Alors j'allais jouer à la bonne chrétienne un petit moment. Je le pousse alors d'un coup de coude. « Pousse toi trou duc' j'ai un truc à demander au petit Jésus. » Enfite j'ai jamais fais ça et il le voit bien j'en suis certain. M'en fou. Je joint mes mains je reste debout. « Petit Jésus s'il te plaît fais en sorte que mon ami robot devienne un être vivant à part entière, qu'il arrête d’utiliser un langage robot et de bouffer des boulons en cachette, je sais que la vie est très dur pour lui. Amen mon frère. » Je me trouve très drôle, un petit rire s'échappe de ma bouche. Je prend pas la peine de regarder Sissi son impératrice je suis sûre qu'il a toujours sa tête de mec constipé sur le point de tuer quelqu'un. Je finis par pointer mon regard sur lui sans vraiment le regarder. « Alors tout roule avec ta petite copine France ? » dis-je en référence à Franckie bien entendu. Il avait fait l'erreur de bafouiller sur son prénom le premier jour je n'avais pas laisser passer ça et j'allais encore le faire chier un moment avec. Je passe une main dans mes cheveux un regard brillant et cinglant.

Elle ne me dérange pas, c’est la stricte vérité, je n’ai pas besoin d’être absolument seul pour m’adonner à mon devoir spirituel. Personne n’a jamais exigé d’être seul dans une église ou une chapelle au moment de la prière, sinon la messe du dimanche matin deviendrait vite compliquée. Moore se donne trop d’importance, comme toujours, en imaginant que sa simple présence me pose un problème de taille. Mais je la laisse prétendre le contraire, elle finira bien par se rendre, d’elle-même à l’évidence. Elle prétend aussi ne pas m’avoir attendu, ce qui m’arrache un sourire. Elle est là pour sa prière quotidienne. Mais bien sûr. «Planquée derrière une colonne en grelottant. Quelle dévotion.» Je me demande depuis combien de temps elle m’attend, depuis combien de temps elle fait ça, et pourquoi ? Attirer mon attention ? Sur elle ? Elle n’a pas une victime à persécuter, plutôt. Ce serait plus efficace pour m’attirer dans ses filets. Je sais que quelque part, elle a peur de moi, et pourtant elle a prit la peine de s’isoler dans une chapelle abandonnée où personne ne vient jamais, avec le type qu’elle imagine être un tueur en série. Quel est le degré d’instinct de survie de cette fille ? Elle me pousse du coude pour passer devant moi, et s’adresser au Christ. Je la laisse faire. Me comparer à un robot ne me dérange pas, c’est assez habituel, je ne lui décernerais donc pas le prix de l’originalité, il ne lui revient pas. Mais pendant qu’elle bavarde avec le crucifix, je m’approche discrètement, et me place dans son dos. La surplombant de plusieurs têtes, je m’arc-boute pour que mes lèvres puissent graviter à hauteur de son oreille. «Tu devrais lui montrer tes seins, tu serais plus convaincante. Il paraît qu’il n’a jamais su résister aux arguments de Marie-Madeleine.» Je souffle contre son oreille, prolongeant l’instant plus que nécessaire, avant de me reculer, bras croisés sur le torse. Je l’observe se tourner vers moi, et laisser son regard vague errer dans ma zone. « Alors tout roule avec ta petite copine France ? » me demande-t-elle finalement, et j’affiche une mine déçue. «Quoi ? C’est tout ? Tu m’as habitué à de bien meilleurs tacles, dochka. Robot, homosexualité... Faut que tu te renouvelles, les téléspectateurs vont se lasser.» Je mime une moue désolée, avant d’aller retrouver ce banc sur lequel Franckie et moi nous étions tenus lors de la première visite de l'irlandaise en ces lieux. «Et puis, si tu veux qu’on parle de déviance sexuelle, parlons un peu de zoophilie... T’es consciente que les gens n’ont pas envie de te voir te reproduire avec Choubaka ?» Je ne la quitte pas des yeux. Quelque chose en elle m’intrigue, quelque chose lié à ses mauvais choix de partenaires et à sa façon de me regarder. «Si tu veux que je m'intéresse à toi, il va peut être falloir commencer à devenir intéressante. Vas-y, t’as cinq minutes pour me convaincre que ton cas n’est pas totalement désespéré. Vends-moi du rêve.» J’ébauche un sourire moqueur, avant de retourner à mon stoïcisme, aussi sérieux et immobile que les statues de marbre blanc dont je tire mon prénom. Go, Roger !

J’étais là à faire l’idiote su une hypothétique prière qui ne décrocha pas un rire à mon camarade, faut vraiment qu'il se décoince même mon petit Lord est plus facile à dérider. J'allais me retourner quand je senti sa présence juste derrière moi, pas le temps de faire un geste il commence à me parler au creux de l'oreille. «Tu devrais lui montrer tes seins, tu serais plus convaincante. Il paraît qu’il n’a jamais su résister aux arguments de Marie-Madeleine.» Me dit-il alors, j'en eu des frissons. Ce type est flippant il resté bien plus longtemps dans mon périmètre vitale. Puis il finit par se reculer une seconde de plus et je lui agrippe la gorge il avait du le sentir il a bonne instinct de survie. Alors légèrement perturbé je lui lance une pauvre blague pourri sur lui et Franckie. « Quoi ? C’est tout ? Tu m’as habitué à de bien meilleurs tacles, dochka. Robot, homosexualité... Faut que tu te renouvelles, les téléspectateurs vont se lasser.» Me dit-il alors, je rigole bien. Si il croit qu'il va m’impressionner avec ce genre de parole. Il se met le doigt dans l'oeil je crois les bras pour me réchauffer un peu, c'est vrai qu'il fait froid. « Si tu crois que je joue un rôle pour des idiots de téléspectateurs qui n'ont rien de mieux à faire que de regarder cette émission pourave tu te goure mon gars, je suis comme et ça depuis quasiment toujours. » lançais-je d'un ton désinvolte. Puis il ouvre de nouveau la bouche. «Et puis, si tu veux qu’on parle de déviance sexuelle, parlons un peu de zoophilie... T’es consciente que les gens n’ont pas envie de te voir te reproduire avec Choubaka ?»  Il parle de Ruben où je rêve il s'en est toujours pas remis ? Quel pauvre type ce robocop, je préfère l'appeler comme ça j'ai pas envi de butter sur la prononciation étrange de son prénom. Je n'ai pas l temps de lui répondre qu'il s'assoit sur le banc de l'autre jour et continue sur sa lancé. «Si tu veux que je m'intéresse à toi, il va peut être falloir commencer à devenir intéressante. Vas-y, t’as cinq minutes pour me convaincre que ton cas n’est pas totalement désespéré. Vends-moi du rêve.» Il a pas retenu la leçon ou quoi ? On me dit pas ce que je dois faire, il avait finit par obtenir ce qu'il voulait l'autre fois le faite que je me tire mais j'avais laissé ma colère me dicter mon comportement cette fois je serais plus maligne. « C'est bon t'as finis je peux parler ? » dis-je d'un ton sec. Je m'approche alors de lui plante mon regard dans le siens et rompt le silence qui c'était installé pendant quelques secondes. « Ruben, il est sexy quoi qu'on en dise il a cette attraction sur moi c'est.. tu peux pas comprendre. » dis-je dans un premier temps, ben oui c'est un robot il peut pas éprouver d'émotion ça va de soit. « Tu me trouves inintéressante et bien tant pis pour toi. Je t'assure que je vaut la peine d'être connu. Aucune prétention de ma part c'est ainsi. Si tu met de coté mon caractère de merde, mon narcissisme aigu et mon goût prononcer pour le sexe... je vaut le coup. » dis-je d'une voix totalement calme et neutre. Je m'empresse d'ajouter. « Je vais pas te supplier de faire attention à moi alors tes 5 minutes met là ou je pense trou duc'.... Je l'ai bien assez fait tout au long de ma chienne de vie... » Je me coupe d'un coup je m'égare là pourquoi je suis soudainement calme ? Pourquoi je parle trop ? Ce type est... tellement... bizarre je suis trop intrigué par lui. Il a beau me foutre les boules, j'ai beau avoir l'intuition que c'est un taré qui a tué une famille entière j'y peu rien j'ai besoin qu'il s’intéresse à moi c'est mon seul moyen d'en connaître plus sur lui et de résoudre l'énigme Syssoï. Mon regard facile un instant je laisse entrevoir un instant une légère faiblesse dans mon regard, ça ne dure que quelques seconde mais sur certain qu'il a remarqué. Je reprend du poile de la bête et fait les cents pas dans la Chapelle. « Et n'empiète plus jamais sur mon espace vitale c'est flippant, t'es flippant. Recommence pas. J'ai rien avoir avec Marie-Madeleine.» dis-je d'un ton plus que déterminé à ne pas me laisser avoir par ce type.

« C'est bon t'as finis je peux parler ? » J’esquisse un sourire. Cette fille est la reine des monologues, et elle me reproche d’avoir osé aligner trois pauvres phrases. L’art de tirer la couverture à soi, de monopoliser l’attention jusque dans le temps de paroles. On se croirait dans un débat politique, elle, chronomètre à la main, check que je ne dépasse pas mon quota de mots. Elle devrait plutôt être flattée que je me fatigue à lui parler là où j’impose le silence aux autres. Mais ce détail doit la dépasser. Je me demande si elle a déjà prêter attention aux autres, je veux dire réellement attention. Sûrement pas, elle passe bien trop de temps à s’accorder de l’attention à elle-même. Est-ce qu’elle aime le son de sa voix ? Elle a l’air de prendre plaisir à s’écouter parler. Surtout pour dire de la merde. Ruben ? Sexy ? Non mais vous avez bien regardé ce type ? Je ne suis certainement pas le mieux placé pour juger de la beauté d’un type, mais là, ça saute un peu aux yeux quand même, qu’il est croisé avec un des figurants de la planète des singes. J’ai rien contre le fait qu’il soit physiquement agressif à mes rétines, même les moches ont le droit de niquer, mais en plus le pauvre est con comme une bite. Alors elle lui trouve quoi ? Un attraction bizarre ? Oui, je veux bien lui accorder ça, une attraction très bizarre. L’image du père, peut être, que c’est ce qu’elle recherche. Mon cerveau continue de stocker les informations qu’elle lâche, traçant ainsi le dessin approximatif du schéma interne de la jeune irlandaise. Elle en dit trop, enfin trop pour elle, parce que je me doute déjà de tout ce qu’elle vient de dire. Elle a beau se défendre de jouer un rôle dans l’émission, elle le joue bel et bien, mais dans la vie. Si elle est comme ça, c’est parce que la vie la rendu ainsi. Est-ce que ça excuse son comportement à mes yeux ? Pas le moins du monde. Elle aurait pu agir différemment, elle pourrait encore agir différemment, mais elle a choisi cette voie facile du cassage de couille et de l’omniprésence auditive et visuelle. Elle ne veut pas qu’on la rate, peu importe qu’on la déteste pour ce qu’elle est, au moins elle est, et c’est ce dont elle a un besoin vital. Je n’avais pas besoin qu’elle m’en parle pour déceler la faille en elle, mais ça fait quand même du bien de la voir, parce que, du coup, j’imagine qu’elle n’est pas si loin, pas encore trop enfouie sous cette montagne de conneries factices. Elle marque un silence, s’offrant le temps de reconstituer son air agressif et impérieux. « Et n'empiète plus jamais sur mon espace vitale c'est flippant, t'es flippant. Recommence pas. J'ai rien avoir avec Marie-Madeleine.» finit-elle par ordonner, fidèle à sa position de princesse 2.0. «N’empiète plus sur mon périmètre de sécurité, et je n'empiéterais plus dans ton espace vital. Tu l’as dit, je suis flippant, alors pourquoi tu n’écoutes pas ce que te dicte ton instinct ? Pourquoi tu t’obstines à venir chercher mon attention ? Pourquoi tu veux absolument me convaincre que tu vaux le détour ? C’est quoi cette importance que tu m’accordes brusquement ?» J’ai les sourcils froncés, parce que son schéma interne est totalement contradictoire avec elle-même. Elle a peur de moi, mais insiste pour que je la remarque et que je braque ma lunette de visée nocturne sur elle. «Profite, c’est la minute où je t’accorde un tant soit peu d’importance.» Pas sûr que ça se reproduise souvent.

Ce type est une énigme vivante. Habituellement je sais exactement comment me comporter avec les gens, mais là je ne savais pas quoi faire et ça me rongeais. Ce type me déstabilisait bien plus que je n'osais le lui montrer.«N’empiète plus sur mon périmètre de sécurité, et je n'empiéterais plus dans ton espace vital. Tu l’as dit, je suis flippant, alors pourquoi tu n’écoutes pas ce que te dicte ton instinct ? Pourquoi tu t’obstines à venir chercher mon attention ? Pourquoi tu veux absolument me convaincre que tu vaux le détour ? C’est quoi cette importance que tu m’accordes brusquement ?» Il posait des questions tout à fait légitime mais malheureusement il n'aurais pas de réponse. Je n'allais pas lui montrer à quel point il m'intéresse, à un point que je suis prête à braver le danger. Et son petit air suffisant me tapait sur le système son calme plat, sa voix monocorde son regard neutre. Je n'allais certainement pas lui dire combien j'ai besoin de l'attention des autres, de toute manière je suis sûr qu'il l'a compris lui même. Par contre je ne pourrais pas lui dire le pourquoi tu comment d'un comportement aussi paradoxale que le mien. « T'es vraiment à coté de la plaque tu crois m'avoir cerné hein. Détrompe toi je suis bien plus compliqué que ça. » dis-je cillant légèrement. J'étais bien décidé à ne plus avoir ce regard défaillant devant lui je suis déterminé, une détermination d'acier j'allais le faire flancher et j'allais être la plus garce possible. J'étais venu ici pour le faire chier et je me rendais compte qu'il était entrain de me retourner le cerveau à me dire des choses de ce genre. Je n'avais pas matière à le descendre c'est ça qui m'ennuyais le plus. Je pouvais pas critiquer son apparence il est plus que beau gosse, fallait que je frappe fort l'inspiration allait venir fallait juste que je commence à ouvrir la bouche et m'imaginer quel genre de vie il pouvait avoir. Je commence mon regard se noircit tout en restant légèrement brillant. « Ton père te battait ? Non mieux t'es orphelin ? C'est pour ça que tu es si renfermé sur toi même ? Ma première théorie était que t'es un genre de violeur mais il t'aurait pas laissé entrer dans ce jeu si c'était le cas. » Ma voix est blanche et indifférente. Je me permet une pose pour plonger mes yeux bleus dans les siens. « Alors je pense que t'es un espèce de désaxé qui a subit un traumatisme dans son enfance, du genre t'aurais accidentellement tué ta petite sœur ou ton petit frère. Ou alors t'as vu un de tes parents mourir devant tes yeux. » Je ne dis plus rien et je m'approche un peu plus de lui. « Ouais je sais ça fait beaucoup de théorie. » J'agite mon doigt devant sa tête je sais que c'est le genre de truc insupportable pour beaucoup de gens. Puis je le pose sur son torse. « Syssoï, c'est quoi Russe ? Je sais pas ça sonne Russe. Oh oui ta mère elle devait être une de ces pute Russe qui arrive clandestinement dans le pays et qui sert d'objet sexuel à un mec friqué et impuissant accro à la petite pilule bleu. Hum j'aime ce scénario. » Je voulais le foutre en rogne, je voulais qu'il ressente du dégoût en ma présence, je préférais ça que de l'ignorance, je préférais ça que de n'avoir pas d'importance à ces yeux, et aux yeux de tout le monde d'ailleurs. Il n'allait peu être pas réagir je ne savais pas mais si il voulait que j'aille plus loin j'étais près à y aller. C'est de la méchanceté gratuite je le sais très bien et alors ?

«J’suis compliquée». Oui, la même vieille excuse que tout le monde sort tout le temps. En vérité, ils n’ont rien de compliqué, ils sont d’une simplicité limpide, tous muent par la même angoisse de la solitude et de la mort, tous. Après, ça se déclare de manière différente chez les uns et les autres, mais Moore ne fait pas exception à la règle. N’est-ce pas sa trouille de la solitude qui la pousse à réclamer l’attention de tous, même du mec le plus flippant qu’elle ait jamais rencontré ? Réclamer l’attention mais feindre l’indifférence, symptôme ultime de l’angoisse de l’abandon. Elles sont toutes un peu comme ça, ici, quand on cherche l’attention, quel meilleur moyen d’y parvenir que de passer à la télé ? Mais Moore est la pire, à croire que son angoisse est plus profonde, plus viscérale, plus ancrée en elle que pour les autres candidates. Il suffit de creuser un peu plus profondément, et le cadavre ressortira de lui-même. En attendant, ma pelle à du heurter le cercueil, puisque la fillette passe de la défense à l’attaque, tentant de noyer le poisson, de détourner mon attention d’elle en la focalisant sur autre chose, ma fierté peut être, ou bien ma colère ? Mais si elle cherche à me mettre hors de moi, elle a encore du boulot, la gamine. Visiblement, la perspicacité n’est pas son fort, malgré l’air bravache qu’elle affiche, fière de ses déductions qui tombent toutes à côté. Je la laisse finir, s’interrogeant sur ma petite enfance, d’abord à mon père, puis à mon frère ou ma soeur, pour finir par ma mère. Elle ratisse large, mais ça ne change rien, elle est à côté de la plaque. J’hausse les épaules, parfaitement calme malgré son doigt qui s’agite sous mon nez, mais que je ne regarde pas pour planter mes prunelles aciers dans les siennes. J’attends qu’elle achève. Ha, c’est fini ? Visiblement la pute de l’Est était le dernier scénario de son sac. Je secoue la tête lentement, signifiant que non, non elle n’a pas fait preuve de méchanceté puisque rien de tout ça ne trouve un quelconque écho en moi. « Mon père ne me battait pas, il n’a même jamais levé la main sur moi. C’était quelqu’un de très doux. Je parle au passé parce qu’il est mort dans un accident de voiture en 2001. Donc non, je ne suis pas orphelin. Mais je suis fils unique, ni frère, ni soeur que j’aurais été susceptible de tuer. Je n’étais pas présent lors de la mort de mon père, j’étais à Paris, je ne l’ai pas vu mourir. » J’hausse les épaules encore une fois. J’ai fait le deuil de mon père. Je ne prétends pas ne pas souffrir de son absence, mais la sienne pas plus qu’une autre. Et puis, la mort est inéluctable, il avait 87% de chances de partir avant moi. Il est juste partit un peu plus tôt que prévu. « Syssoï c’est russe, en effet. C’est mon grand-père paternel qui a choisi le prénom, c’était lui le russe. Quant à ma mère, elle est espagnole, et son nom de jeune fille à rallonge prouve qu’elle n’avait pas besoin de chercher un vieux friqué. D’ailleurs, mon père et elle avait quasiment le même âge. » Calme, toujours calme, trop calme peut être, je sais que ça en agace plus d’un. « Tu vois ? Il n’y a rien de mystérieux là-dedans. » Non, absolument rien. Comparé aux cas soc’ de confessions intimes, ma famille est d’une platitude à faire peur. « Et toi ? C’est quoi ton problème avec ton père ? » Je fais glisser mon index le long de son nez. Je sais que ça va la mettre dans une colère noire, mais ça m’amuse de la voir s’enflammer et trépigner sur place. Et puis, je l’avais prévenu pour mon périmètre de sécurité. Elle n’aurait pas du s’approcher.

Je ne l'avais pas mi hors de lui tant pis. Mais au moins cette attaque m'avait permis de lui délier la langue et il s'est empressé de réfuter chacune de mes hypothéses, pour se faire il dut m'en apprendre un peu plus sur lui. Ce n'était pas ce que j'avais attendu mais ça me satisfaisait amplement pour l'instant. « Mon père ne me battait pas, il n’a même jamais levé la main sur moi. C’était quelqu’un de très doux. Je parle au passé parce qu’il est mort dans un accident de voiture en 2001. Donc non, je ne suis pas orphelin. Mais je suis fils unique, ni frère, ni soeur que j’aurais été susceptible de tuer. Je n’étais pas présent lors de la mort de mon père, j’étais à Paris, je ne l’ai pas vu mourir. » Bon son père était mort, c'est quelque chose de plus fréquent qu'on ne le pense pas de quoi fouetter un chat. Il est fils unique ok c'est toujours bon à prendre. Il continue dans le même schéma que le mien c'est donc autour de sa mère.« Syssoï c’est russe, en effet. C’est mon grand-père paternel qui a choisi le prénom, c’était lui le russe. Quant à ma mère, elle est espagnole, et son nom de jeune fille à rallonge prouve qu’elle n’avait pas besoin de chercher un vieux friqué. D’ailleurs, mon père et elle avait quasiment le même âge. » Bon au moins j'avais eu bon sur un truc son prénom est Russe mais ça vient de son grand père. Sa mère espagnole ok. Ce qui me choque c'est qu'il ne s'est pas énervé quand j'ai traité sa mère de pute en général les mecs partent au quart de tour. Peut être qu'il ne l'apprécie pas y a peu être de l'eau dans le gaz entre ces deux là. Je garde cette info dans ma tête, mais ne rompt toujours pas le silence. Il en profite pour continuer à parler.« Tu vois ? Il n’y a rien de mystérieux là-dedans. » Ouais c'est vrai où alors il n'en dit pas assez. J'espère que c'est le cas parce que ce serait une grosse déception pour moi de constater que ce type est tout à fait banal. J'allais ouvrir la bouche mais il continua, mais qu'est ce qu'il est bavard quand il veut. « Et toi ? C’est quoi ton problème avec ton père ? » Touché. Moi j'arrive pas à le percer mais lui il trouve tout de suite un de mes plus gros point faible. Je reste le regard de glace je ne laisse par transparaître le faite qu'au fond ça me déstabilise. « Mon père, ah ça c'est une super histoire mais c'est bien trop long je voudrais pas t'ennuyer avec mes histoires de famille. » dis-je d'une manière désinvolte. J'allais pas lui faire plaisir en crachant tout mes problème de relation père fille à son visage. J'avais laisser son doigt se balader sur mon nez bien trop longtemps d'un geste brusque je dégage son doigt de ma vue. J'insère mes mains dans les poches de mon jeans et continue de le regarder. « Alors ce que je retiens de tout ça c'est que t'es un mec super banal qui se cache derrière un mec mystérieux juste pour se donner de l'importance ? C'est à chier. J'espère que tu ne me dis pas tout je serais vraiment déçut. » dis-je toujours si désinvolte dans mes paroles. Je n'étais plus si concentré que ça sur ma tache je ne faisais que me demander ce que j'avais pu dire ou faire qui lui faisait penser que j'avais un problème avec mon père ça me perturbe d'être si facile à lire pour lui alors que pour moi il est une énigme. Je mordille la lèvre inférieur tout en plantant mon regard sur un banc.

Elle a une petite veine sur la tempe qui ondule au rythme des battements de son coeur. Est-ce qu’elle en a conscience ? J’en doute. Elle doit s’imaginer être une bluffeuse hors pair, Patrick Bruel version petite, féminine, irlandaise et moins antipathique... Chaque fois que je la déstabilise, je vois la petite veine danser plus fortement, tressaillir sous sa peau fine et translucide. De même, elle possède ce tic nerveux, ce mordillement de lèvre qui ne trompe personne, ou du moins, qui ne me trompe pas, moi. Il paraît que je suis plus observateur que la moyenne, mais j’ai du mal à imaginer qu’elle puisse convaincre quelqu’un avec ce regard de petite fille perdue. Elle élude ma question, prétextant ne pas vouloir m’ennuyer avec son histoire familiale. Depuis quand la grande Moore a-t-elle peur d’ennuyer quelqu’un ? N’est-ce pas sa mission divine ? Elle autant crédible dans cet élan altruiste que DSK prétendant être abstinent sexuel. Un sourire effleure mes lèvres, d’autant plus que mon doigt glisse toujours le long de son nez, comme si elle ne l’avait pas encore remarqué jusque là. Silencieusement je fais le décompte dans ma tête, je sais qu’elle ne va pas tarder à se ressaisir et à prendre conscience de cette ‘intrusion dans son espace vital’. 3... 2... 1... Son regard se fait noir, et sa main éjecte la mienne. Je ne suis pas surpris, je souris, je n’en espérais pas moins d’elle. Je ne sais pas si son père est la clef de son secret, j’en doute, mais c’est l’une de ces multiples balafres qui orne la peau de son âme. Ce n’est vraiment pas difficile à voir. Elle m’enchaine. Ça aussi je m’y attendais, je la laisse me juger décevant, et je réprime un nouveau sourire. « Et Dieu sait que te décevoir me tuerait, dochka. » Je plaque ma main libre sur mon coeur, en affichant une grimace de surprise. Je laisse même échapper un petit « Ooh... » tout en enfonçant un peu plus ma main sur ce pec, armure de chair et de muscle protégeant l’autre muscle, palpitant et vital... « ... Non, fausse alerte. » J’annonce en reprenant mon attitude totalement neutre. « Pendant l’espace d’une seconde j’ai cru ressentir une émotion humaine, mais finalement non, ce n’était qu’un spasme musculaire. Tout va bien. » Je souris franchement cette fois. Un quart de seconde, c’est tout. Faut pas déconner non plus. Je jette un regard autour de nous, comme pour m’assurer qu’on est bien seul, puis je me penche vers elle, réduisant de manière significative l’espace entre nous au point que nos auras se mélangent. « J’ai entendu dire, de source sûre, qu’on était tous entré avec un secret. Peut être que tu cherches le mystère dans la mauvaise direction, petite fille. » Un revers d’index passe sous son menton, l’obligeant à lever la tête pour se soustraire à la caresse provocatrice. Je me recule. « T’es belle quand tu laisses entrevoir tes failles. » C’est sortit naturellement, je ne le regrette pas, je le pense vraiment. J’aime ce qui est abimé, ce qui ne craint pas d’exposer sa vulnérabilité, de l’afficher en étendard pour en faire une force, c’est tellement plus attrayant qu’une personnalité terne et linéaire. J’ai conscience que ma conception de la beauté diffère de celle des autres. Je perçois les autres comme des pièces d’art, et ce qui importe dans un tableau, une sculpture ou une symphonie, ce n’est pas ce que nos yeux perçoivent, la perfection du marbre, la qualité de la perpective, la virtuosité de l’harmonie, c’est ce qu’on ressent, les émotions qu’elles nous renvoient, les imperfections qui les rendent uniques.