zhara.

Le prime de la veille s’était étirée jusqu’à tard en soirée, et malgré les heures limitées de sommeil dont j’avais pu profiter, je m’étais levé bien tôt, le lendemain. Visiblement, une autre semaine sans stress m’attendait – je n’étais point nominée et c’était là une bonne chose. La deuxième semaine de l’aventure s’entamait lentement, mais sûrement, contre toute attente. Je m’étais rendu à la cuisine après être passé par la case douche alors que tous les autres dormaient encore. Au moins, moi, j’avais pu profiter de l’eau chaude. Pas eux. Mettant en fonction la cafetière, je m’affairais à fouiller dans le frigo pour trouver de quoi me faire à manger quand j’entendis des pas venir à ma rencontre. Relevant la tête, mes yeux croisèrent ceux de Zhara. Tiens, on ne s'était pas revu depuis le prime, elle et moi. Quel belle surprise ce matin, d'ailleurs. « Tu veux quelque chose ? Je prépare gentiment le petit déj' ce matin. » Wow, généreuse, je l'étais en ce moment. Si elle savait la chance qu'elle avait que je lui offre de profiter de cette opportunité.

Lundi, lendemain de prime. Il avait été assez agité. J’avais du plonger dans une piscine avant de louper un défi (à cause des conséquences du premier) puis embrasser quelqu’un, Baptiste et Evey d’ailleurs dans mon cas puisque les deux candidats m’avaient jugés être leur… favorite ? J’imagine, enfin c’était la personne qu’on appréciait le plus donc oui c’était ça. Bref, je me levai relativement tôt ce matin, comme à mon habitude et pris une douche chaude mais pas trop longue histoire d’en laisser aux autres. Je descendis ensuite dans la cuisine vêtue d’un jean bleu foncé et d’un pull beige avec, par-dessus, un cardigan gris. Je vis alors Evey et décidai de ne pas faire demi-tour, la jeune femme m’intriguait autant que je semblais l’intriguer. « Tu veux quelque chose ? Je prépare gentiment le petit déj' ce matin. » je souris, agréablement surprise et hochai doucement la tête. « Ma foi, si tu le proposes, je veux bien un café s’il te plait. » dis-je en souriant. En ce qui concernait la nourriture, je prenais un simple bol de céréales et je savais le faire seule. « Tu m’intrigues… Surtout, depuis le prime. » dis-je en levant les yeux de mon bol vers elle.

Les gens de mon entourage m’auraient entendu faire ma proposition à Zhara, il aurait carrément cherché à comprendre quelle mouche m’avait piqué, voir si je faisais de la fièvre ou si j’étais sous l’emprise que quelconque substance illicite. Ce n’était pas dans mes habitudes d’agir de la sorte, pas même pour mes amis, mes proches, voir même mon père – de toute façon, sa nouvelle petite amie (que je déteste, au passage) se cherchait très bien de lui préparer son repas. D’ailleurs, leur relation sentait l’eau de rose à plein nez et me donnait des nausées. Et comme je vivais avec eux, je ne comptais plus les fois où je les avais surpris à forniquer. Oh bon sens, mes yeux. Bref, je m’égarais. « Ma foi, si tu le proposes, je veux bien un café s’il te plait. » Un sourire éclaira son visage, mais pas le mien. J’hochais simplement la tête, signe que j’avais compris, puis sortir finalement des œufs du frigo. Zhara, elle, avait simplement optée pour un bol de céréales. Je m’affairais à préparer mon repas sur l’une des plaques de cuisson, attendant que le café soit fin prêt, quand elle reprit la parole. « Tu m’intrigues… Surtout depuis le prime. » Je ne me retournais pas, guettant la poêle devant moi – je ne souhaitais pas bruler mes œufs – mais répondit tout de même. « Je croyais plutôt que tu me trouvais insupportable. Il me semble que tu avais même été assez clair à ce sujet. »

« Je croyais plutôt que tu me trouvais insupportable. Il me semble que tu avais même été assez clair à ce sujet. » Je venais d’enfourner une cuiller de céréales quand elle dit ça, je mâchai tranquillement et avalai avant de répondre. « Tu l’es. » Pourquoi devrais-je mentir, hein ? Autant qu’elle sache la vérité. Toute la vérité, c’est pourquoi j’ajoutai « Mais ça n’empêche pas que tu sois intrigante, pour être honnête je pensais que tu étais une espèce de coquille vide. » dis-je en haussant les épaules. Je me levai alors pour prendre un peu du café qu’Evey avait fait et plongeai deux sucres dedans ainsi qu’un peu de lait. Comme toujours.

Il lui fallut un certain temps pour me répondre, soit elle réfléchissait, soit elle avait tout bêtement une bouchée de ces céréales dans la bouche. Pas la peine de vérifier, ceci dit : les bruits de mastication vinrent vite confirmer ma deuxième théorie. « Tu l’es. » me dit-elle finalement et j’esquissais un léger sourire en coin. « Mais ça n’empêche pas que tu sois intrigante, pour être honnête je pensais que tu étais une espèce de coquille vide. » Au moins, elle était honnête dans son avis, et je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça : j’aurais fait de même si elle m’avait posé la question. « C’est bien mal me connaître, dans tous les cas. » Laissant cuire encore quelques minutes mon repas, j’assaisonnais le tout une dernière fois, puis éteignit le feu. Je la sentis alors passé derrière moi et détournant du regard, vu qu’elle était en train de se servir du café. Tant mieux, je n’aurais pas eu à m’en occuper. Attrapant une assiette dans l’une des armoires, je me servis, puis alla déposer celle-ci à table. Plutôt que m’y installer à mon tour, je reviens plutôt sur mes pas pour aller me poster au côté de Zhara afin de m’occuper de mon propre café. « C’est le baiser qui t’a dérangé, non? » lui dis-je, de but en blanc.

« C’est bien mal me connaître, dans tous les cas. » je haussai les épaules, nous n’étions là que depuis une semaine, je ne pouvais pas encore prétendre la connaitre totalement. Je m’étais alors levée pour prendre mon café alors que la jeune femme déposa son assiette à table. Elle vint ensuite se poster à coté de moi pour prendre son propre café. « C’est le baiser qui t’a dérangé, non? » je tournai la tête vers elle et pris mon temps avant de répondre. « Intriguée. Je ne vois pas pourquoi c’est moi que tu as choisie. » Dis-je en haussant les épaules. Il y avait plein d’autre personnes qui, j’ne suis sure, aurait bien aimé être embrassées par cette grande blonde. Mais non, c’était moi. Je retournai finalement à ma place et continuai de manger mon petit déjeuner.

Il était plutôt difficile de se faire à l’idée sur quelqu’un après seulement quelques jours, mais je n’avais jamais pu m’empêcher d’avoir un jugement rapide sur les gens qui m’entourait, surtout ceux que je venais tout juste de rencontrer. Au fil du temps, bien sûr, je corrigeais le tir, mais voilà, j’avais beau essayer de faire abstraction de mes premières impressions : impossible de passer à côté. De toute évidence, il était logique que Zhara ne connaisse rien de moi – ou très peu. « Intriguée. Je ne vois pas pourquoi c’est moi que tu as choisie. » Elle s’était tournée vers moi, mais il lui avait fallut quelques secondes avant ces mots ne traversent ses lèvres. « Ne va pas chercher trop loin, joli cœur. Je ne suis pas du genre à expliquer tous mes faits et gestes : j’agis et c’est tout. » lui dis-je seulement en haussant les épaules. Elle s’éloigna vers la table, et je la suivi, café bien en main, m’installant à ma place pour déguster mon premier repas de la journée. Délicieux, soit dit en passant. Le silence tenta de prendre toute la place, mais je ne lui en laissais pas cette chance, rivant mon regard vers Zhara. « Qui te dit que ce n’était pas qu’un simple coup de publicité, un geste stratégique? » Tous les moyens étaient bon pour être vu, et ce n’est certes pas en embrassant Jackson – solution logique – que je me serais démarquer du lot. Mais est-ce que c’était réellement ce qui avait motivé mon choix? Difficile à dire quand l’on est pas dans ma tête, hein.

« Ne va pas chercher trop loin, joli cœur. Je ne suis pas du genre à expliquer tous mes faits et gestes : j’agis et c’est tout. » et bien dans ce cas ça me ferait plaisir de savoir par quelle impulsion elle avait agis de la sorte, parce certes elle était de ceux qui ne s’embarrassaient pas d’explications mais les actes sont toujours motivés par des besoins ou des envies (deux choses qui peuvent être très différentes ou très proches, d’ailleurs). Il me semble d’ailleurs qu’un sociologue en avait fait son objet d’études, mais ce n’était encore qu’un lointain reste de mes cours universitaires. Elle s’installa finalement en face de moi et rompit à nouveau le silence. «Qui te dit que ce n’était pas qu’un simple coup de publicité, un geste stratégique ? » je haussai les épaules et puis, levant les yeux vers elle « Tu me feras le plaisir de ne plus violer mes lèvres pour ta publicité perso’. » répondis-je.

Je sentis son regard se vriller sur moi, alors qu’elle haussait les épaules pour une énième fois – à croire qu’elle ne savait faire que ça. « Tu me feras le plaisir de ne plus violer mes lèvres pour ta publicité perso’. » Est-ce que c’était une menace? Un ordre? En tout cas, ça n’avait rien d’offensif. Je voyais plutôt ça comme une opinion, pur et simple, que je pris bel et bien en compte. Surprenant, non? « Je ne fais qu’insinuer que c’était une possibilité, je n’ai jamais affirmé que c’était effectivement le cas. » lui fis-je cependant remarquer. En effet, ma remarque avait plutôt été posée sous la forme interrogative, et non pas affirmative. Quitte à mettre le doute dans ces esprits qui se questionnait déjà assez sur le geste posé. Je n’y pouvais rien : j’aimais compliquer les choses, je le faisais toujours. Prenant quelques bouchées de mon petit déjeuner, je la scrutais en silence, mon regard croisant les siens à maintes reprises. « C’est la première fois qu’une fille t’embrassait, pas vrai? » la questionnais-je alors, curieuse. À mon avis, c’était fort probablement le cas. Je l’imaginais mal agir de la sorte dans un tout autre contexte. Elle, la petite fille coincée qui rêvait d’un mariage blanc et d’un mari parfait. Pour sur, j’avais chamboulée son monde. Certes, pas comme un tremblement de terre, mais plutôt comme une grosse averse. Il y avait un commencement à tout.

« Je ne fais qu’insinuer que c’était une possibilité, je n’ai jamais affirmé que c’était effectivement le cas. » oui, bon, bref, quoi que ce fut, c’était bizarre et ça m’avait surpris. Je ne dirais pas non plus que c’était tellement désagréable que j’avais eus envie de courir me laver les dents mais juste que c’était bizarre. Bref, je ne répondis rien, finissant mon bol de céréales et buvant un peu de mon café en même temps. Je finis par me mettre le tout dans le lave vaisselle quand elle brisa à nouveau le silence « C’est la première fois qu’une fille t’embrassait, pas vrai ? » je fis la moue, ouvrit le lave vaisselle et y rangeai mon bol et ma tasse que j’avais pris soin de rincer avant histoire que le lait et le café restant au fond n’aille pas empuantir la machine. « A vrai dire… C’est la première fois que quelqu’un m’embrassait, enfin je veux dire… » oui parce qu’elle était passée en deuxième après Baptiste mais elle avait surement compris ce que je voulais dire, avant cette soirée mes lèvres étaient aussi vierges que le reste de mon corps.