Il y a des gens qui n'ont peur de rien. Des gens que rien ne pourrait effrayer, même le spectacle le plus terrifiant. Des gens qui ne prendraient même pas peur devant une colonie de rats, vous savez. Et bien, Jackson était de ces gens là ... ou presque. Parce qu'il fallait avouer qu'il avait certaines peurs, malgré tout. Des peurs bénines toutefois. Pas de grandes frayeurs ridicules, non. Il lui arrivait simplement d'avoir la frousse de temps en temps, mais rien de bien grave. Voilà pourquoi cela ne le gêna absolument pas de s'aventurer dans ce lieu si particulier qu'était le cimetière du château. Charmant endroit que celui-ci, vous en conviendrez. Le grand blond était semble-t-il désireux d'en savoir un peu plus sur ce lieu si mystérieux dont il avait jusqu'alors vaguement entendu parler. Pour tout vous dire, il avait attendu impatiemment une occasion de s'y rendre, histoire de voir ça de plus près. Et justement, en cette nuit sombre et glaciale, il décida que c'était le moment idéal. Alors, les mains dans les poches, il arriva jusqu'à l'endroit en question. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il avait vu plus glamour dans son existence. M'enfin, c'était malgré tout assez attrayant, pour quelqu'un comme lui en tout cas. Car, oui, Jackson pouvait avoir un petit coté morbide, de temps à autres. Et croyez bien qu'il l'assumait. Soudain, des bruits de pas se firent entendre. Peut être Michael Jackson allait-il lui faire une surprise, tenez. Il se retourna donc et, dans l'épais brouillard qui avait pris place au sein des lieux, il reconnut l'un de ses camarades. Bordel, il allait donc devoir supporter la présence de l'un de ces abrutis. Chouette, il n'aurait pu rêver mieux. « Dis moi que tu viens me zigouiller » lança-t-il alors, à l'attention de l'individu qu'il avait face à lui mais qui demeurait difficilement identifiable. Car oui, à choisir entre faire la conversation à l'un de ces boulets et se faire dépecer sauvagement, il n'hésiterait pas longtemps. Mais rien à voir avec son coté morbide, hein.

Un peu plus tôt dans la journée, je me suis posé dans le cimetière pour lire un bouquin. Ça en devient une habitude. En même temps, c’est un des rares endroits où les candidats n’osent pas s’aventurer. Au moins, je suis donc sûr d’avoir la paix là-bas. Bref. Avant d’aller rejoindre Morphée, j'ai une terrible envie de lire. Évidemment, impossible de retrouver mon bouquin. Zut. Je l’ai oublié dans le cimetière. Ni une, ni deux, je décide de m’y rendre. Tant pis pour l’heure. Je réalise en sortant du château et en m’aventurant dehors, que j’aurais peut-être dû rester au lit. Je ne vois absolument rien et l’ambiance est carrément morbide. Aucun bruit. Ou si, des bruits bizarres de chouettes ou crapauds, je ne sais pas. Là, une voix m’accoste. Je sursaute en essayant d'analyser le candidat présent. « Non, désolé, je ne te ferais pas ce plaisir. Si tu veux crever, il va falloir que tu trouves une autre solution. » Aucunement envie d’aller en taule pour meurtre d’un inconnu. S’il veut mourir, il n’a qu’à se débrouiller tout seul. Je ne l’aiderai pas. Fuck. J’ai pas une tête de meurtrier bon sang ! « Enfin si tu y tiens vraiment, je peux toujours te fournir une corde hein. » Un fin sourire se dessine sur mon visage tandis que je m’appuie sur la première tombe qui vient. « Bon sérieusement, qu’est-ce-que tu viens faire dans le cimetière à une heure pareil ? Tu choisis ta future tombe ?! » Ah ah, je suis d’humeur taquine. En même temps la présence d’un candidat à une heure si tardive dans le cimetière est bien louche. J’observe le blond en me doutant qu’il risque de me retourner la question.

Jackson ne s'était pas tellement attendu à avoir de la compagnie, à une heure pareille, dans le cimetière. Et pour cause, ce n'était ni le lieu ni l'heure pour faire une quelconque rencontre. Et pourtant, il y avait bien quelqu'un d'autre que lui à cet endroit. Évidemment, il aurait milles fois préféré rester seul, car vous savez combien les autres candidats lui apparaissaient comme méprisables. Mais non, il avait fallu qu'un autre candidat se pointe. Sans réfléchir, Jackson s'était adressé au mystérieux inconnu dont l'identité lui échappait. Déjà, son visage était à peine visible au milieu de cette obscurité et de tout ce putain de brouillard. Et puis, en admettant qu'il puisse voir celui-ci, il n'était pas certain qu'il soit capable d'y mettre un nom. Et pour cause, tous les types de cette aventure étaient plus ou moins identiques. Bruns pour la plupart, déjà. « Merde, tant pis » soupira-t-il alors. Si il continuait comme ça, tout le monde allait vraiment finir par le croire suicidaire, ce qu'il n'était absolument pas en réalité. M'enfin, c'était peut être mieux qu'ils se méprennent sur son compte. Ils découvriraient bien assez tôt combien il pouvait être ... particulier. « Gardes ta corde pour toi » fit-il ensuite, tout en faisant quelques pas de coté. Il faisait assez froid ce soir, il lui fallait donc se dégourdir les jambes s'il ne voulait pas risquer l'hypothermie. « Je suis venu pour voir si les morts étaient de meilleure compagnie que les vivants, figure-toi » répondit ensuite Jackson, après la question de son camarade. Il voulait une réponse ? Et bien il en avait une. Pas sûr que ce soit l'exacte vérité, mais ça s'en rapprochait pas mal tout de même. « Et toi, alors ? » Autant en savoir plus également sur la raison de la présence de ce type ici. Oh mais d'ailleurs, qui était-il ? « Attends, c'est quoi ton nom ? » Bah ouais, c'était peut être le minimum à savoir, non ?

Diable ! Voilà qu'en voulant chercher un bouquin, oublié dans le cimetière, je tombe nez-à-nez avec un autre candidat. Il est bientôt minuit et je dois avouer que je trouve ça très louche. Mais c'est pas pour autant que je suis inquiet, non. Le candidat n'hésite pas à m'accoster en évoquant le fait qu'il aimerait se suicider ou je ne sais quoi. Soit. Je veux bien lui passer une corde mais rien de plus. Il n'a qu'à se démerder s'il souhaite crever. « Et alors, qu’en penses-tu ? Ils le sont ? Perso, je les trouve pas très commodes les morts-vivants. » Je me prête à son jeu en passant pour un parfait imbécile. Le blond me prend pour un con, je le prends pour un con. C’est aussi simple que ça. Maintenant, s’il se décide à m’expliquer la véritable raison de sa présence dans ce lieu, je pourrais éventuellement le prendre au sérieux. « Je joue à cache-cache. Ça se voit pas ?! » Je continue ma connerie en me faufilant derrière la première tombe. Un cache-cache nocturne dans un cimetière, ça peut être rigolo après tout. Bon plus sérieusement, je retourne devant le candidat, qui ose me demander mon prénom. « Sonny, malheureux ! » Bah quoi, ça fait déjà deux semaines que le jeu a commencé et le candidat ne connait toujours pas mon prénom. Remarque, j’ai un doute également sur le sien. Il me semble que c’est Jack ou.. Jackson. Ouai, Jackson. « Bon Jackie Chan, tu me donnes un coup de main ? Je cherche un livre. » Je ne sais pas tellement où commencer les recherches puisque le cimetière est plongé dans l’obscurité la plus complète.

Si vous lui aviez permis de choisir entre rester seul dans cet obscure cimetière, au risque d'y croiser un ou deux fantômes malfaisants, et partager ce moment avec l'un de ses camarades, Jackson aurait probablement préféré n'avoir à faire qu'à sa solitude. Parce qu'il l'appréciait, ici du moins. En temps normal, il était plutôt bien entouré. Mais au sein de ce jeu, il préférait ne point s'encombrer de relations inutiles, à une ou deux exception(s) prêt. Alors, forcément, voir débarquer ce grand brun ne le réjouissait qu'à moitié, pour ne pas dire pas du tout. Après, peut être que sa mine contrariée ne se voyait pas dans une telle obscurité. « Bah figures-toi que j'ai pas eu l'occasion d'en croiser, puisqu'un mec bien vivant a débarqué avant que j'aille à leur rencontre » répondit Jackson, sur un ton assez las. Visiblement, le jeune homme qu'il avait face à lui n'était pas doté d'une brillante intelligence. Ou alors, il jouait très bien à l'imbécile. Parce qu'il fallait être assez abruti pour prétendre jouer à cache-cache puis aller se planquer, même l'espace de quelques secondes, derrière une pierre tombale. « Merde, sur qui je suis encore tombé moi ... » marmonna Jackson, après un long soupire. Non, il n'avait aucun humour. Du moins, pas ce genre d'humour puéril qu'il ne connaissait plus depuis l'âge de dix ans. Désolé, il en avait vingt six alors tout cela était un peu dépassé pour lui, tout de même. Ainsi donc, le gars qui lui faisait face se nommait Sonny. Mouais, ça lui disait vaguement quelque chose. « Okay, Sonny » fit alors Jackson, regardant ensuite autour de lui. Ah mais au fait, Sonny connaissait-il au moins son nom, à lui ? Peut être. Et vu qu'il le nomma Jackie Chan, sans doute afin de faire une énième et lamentable tentative d'humour, le grand blond en conclut qu'il s'en approchait au moins suffisamment. « Donnes-moi une raison de t'aider à trouver ton bouquin » reprit-il finalement, les bras croisés, planté devant son camarade. Il ne refusait pas de l'aider, il lui demandait simplement de le convaincre de le faire. Nuance.

Un tête à tête tardif dans le cimetière avec un blond aux allures psychopathe s’offre à moi. J’ai terriblement froid et le candidat se met à me taper la discut’. Ou c’est peut-être moi, en fait, je ne sais pas. « C’est bête ! » J’hausse les épaules tout en gardant un sourire idiot. Le jeune homme me prend pour un débile profond, je le vois très bien. Il est loin du compte. C’est navrant. « Tu pourrais au moins faire semblant de rire. » Alors qu’il marmonne quelque chose d’incompréhensible suite à ma simulation d’une partie de cache-cache, je décide de m’allumer une clope. Il caille. Ça va me réchauffer. Bref. Tout en me présentant et en lui dévoilant la véritable raison de ma venue au cimetière, je commence les recherches quant à mon livre oublié. Pas facile puisque je suis plongé dans le noir. Je tâte un peu toutes les tombes aux alentours. Je suis quasiment certain de l’avoir laissé sur l’une d’elles. « De toute façon, c’est pas comme si t’avais quelque chose de mieux à faire ! » Je lève les yeux au ciel même si cela ne se voit pas. Je n’ai nullement envie de me plier à genoux pour que le candidat me donne un coup de main. Mon bouquin, je peux très bien le trouver tout seul. Libre à lui de m’aider ou non.

Quelle chance avait Jackson, bon sang. Lui qui adorait la compagnie, surtout celle des abrutis qu'on lui avait collé dans ce château, se trouvait fort satisfait d'avoir à faire la conversation à l'un d'entre eux. Vraiment, il se croyait au paradis. Trêve de plaisanterie, Jackson en venait à se demander s'il ne devrait pas tout simplement rentrer au château, histoire d'échapper à une entrevue qui promettait d'être inintéressante au possible, à l'image de son interlocuteur. Jackson leva les yeux au ciel lorsque Sonny commenta sa remarque. Bête ? Oui, ça l'était. Mais sans doute pas autant que lui. Et alors que Jackson avait cru être le plus discret du monde en marmonnant des paroles qui témoignaient de son agacement profond, il n'en fut pas véritablement ainsi. « Je ne me force jamais à faire quoi que ce soit » répondit-il froidement, après que le grand brun ait souligné son manque d'humour. D'ailleurs, c'était visiblement de mode ces temps-ci. A croire que ça en surprenait plus d'un qu'un mec de leur génération soit dénué de tout humour puéril. Et voilà que, maintenant, Sonny lui demandait son aide. Il voulait visiblement retrouver le bouquin qu'il avait perdu. Oh, pauvre choux. Pour autant, Jackson hésita à l'aider. Après tout, il n'avait pas tellement la gueule d'un gars prêt à rendre service, non ? Alors, pourquoi Ciel ferait-il une chose qui ne lui ressemblait pas ? « Tu marques un point » répondit-il finalement. Bon d'accord, il allait l'aider à retrouver son bouquin. Mais franchement, il se surprenait lui même pour le coup. « Il ressemble à quoi ton putain de livre ? » demanda-t-il, tandis qu'il marcha lentement, éventuellement pour tenter d'aperçevoir quelque chose dans cette obscurité quasi totale. Ce renseignement pourrait lui être utile, mine de rien. Bah oui, s'il l'aidait, autant qu'il ne gâche pas une demi-heure à se demander à quoi peut bien ressembler l'objet porté disparu, tout de même.