cooper.

À croire que je m’étais prise d’affection pour ce lieu sombre et lugubre, froid et mystérieux. Et c’était peut-être effectivement le cas. Personne n’osait s’aventurer dans cette pièce, sauf moi. Et quelques autres courageux. J’étais certaine d’être tranquille, et cette fois, je n’avais omis de recourir à la compagnie de mon iPod qui trônait dans l’une de mes poches. Je marchais dans la pièce, en scrutant les moindres détails comme si c’était là la première fois que je la visitais. Avec autant d’acharnement, cependant, si. M’attardant au niveau des bouteilles, je scrutais les inscriptions sur chacune d’elle, et fut surprise d’y trouver des bouteilles vieilles de plus d’une centaine d’années. Mais bien vite, mon intérêt se perdit. Par chance que dans mes oreilles résonnait des sons entrainants. Me laissant aller à quelques déhanchements, mon corps se mit bientôt à suivre le rythme de la musique. Sans gêne, sans artifice. Personne pour me voir, personne pour me juger. J’étais libre de mes actes, libre d’agir et je me laissais tout simplement porter par l’air qui me montait de plus en plus à la tête.

En cette fin d'après midi, j'avais l'intention de me rendre à la piscine. Sous mes vêtements, j'avais enfilé mon maillot de bain. Mais en passant dans le couloir qui menait au bassin, mon attention fut attirée par la lumière provenant de la cave. Curieux, je décidai de jeter un coup d’œil. J'ouvris la porte, pour tomber sur une Evey, écouteurs dans les oreilles, se déhanchant comme une folle. C'était la première fois que je pénétrais en ces lieux, mais le décors ne m'intéressait pas le moins du monde. Mon regard restait fixé sur la demoiselle. Clairement, elle n'avait pas encore remarqué ma présence, tant elle était prise dans sa chanson. Appuyé contre l'encadrement de la porte, je me contentais de l'observer, en silence, un sourire aux lèvres. Il fallait dire que le spectacle était plutôt délectable. Je ne voudrais pas l'interrompre, ça serait dommage.

Mes yeux s’étaient fermée alors que mon corps se laissant totalement portée par la musique. J’en oubliais presque l’endroit où je me trouvais et les nombreux téléspectateurs qui m’observaient devant leur écran de télévision ou d’ordinateur. En fait, je n’en avais cure. La musique s’acheva et le tempo changea drastiquement, passant du rythme de la première au lent tempo de la seconde. Je m’immobilisais au centre de la pièce et quand je rouvris les yeux, mon regard tomba sur Cooper, fin observateur de la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux. Je laissais échapper un hoquet de stupeur, surprise. N’avais-je pas fermé la porte derrière moi avant de pénétrer dans la pièce? Personne n’aurait dû se trouver là, merde. Retirant vivement les écouteurs qui perlaient à mes oreilles, je m’avançais vers lui, un air morose au visage. « Il n’y a rien à voir ici, Cooper. Dégage. » J’aimais me donner en spectacle, mais l’ignorer que j’étais en train de le faire était loin de me plaire. D’un brusque mouvement, je fis pivoter le candidat – qui, étonnamment, se laissa faire - et je lui donnais de petites tapes dans le dos. « Merci d’être passé et bonne soirée. »

Je fis attention à ne pas faire le moindre bruit, pour ne pas l'interrompre. Mais évidemment, ce qui devait arriver arriva. Elle finit par remarquer ma présence. Résultat des courses : elle se stoppa net. Apparemment, elle n'appréciait pas ma visite impromptue.  « Ce n'est pas la peine de t'arrêter pour moi tu sais. » Malheureusement si. Voilà qu'elle me demandait même de dégager. Rhoooo même pas drôle. Elle me fit pivoter – fallait dire que je ne lui opposais aucune résistance – et me tapota sur l'épaule. « Merci d’être passé et bonne soirée. » Ouais mais non. Non non non. Elle n'allait pas se débarrasser de moi aussi facilement.  « Allez...Fais pas ta rabat-joie. » Je me retournai et marchai jusqu'au centre de la pièce, là où elle se trouvait deux secondes plus tôt.  « C'est comment que tu faisais déjà ? » dis je en commençant à déhancher mon popotin, pour l’imiter. De manière très grossière vous vous en doutez. Le ridicule ne tuait pas, n'est ce pas ?

« Ce n’est pas la peine de t’arrêter pour moi tu sais. » Je levais les yeux au ciel. Qui était-il pour croire que c’est sa vu, la découverte du fait que j’étais observé qui m’avait stoppé dans mon élan. Oh non. La seule et unique responsable restait la musique qui filtrait dans mes oreilles. Rien d’autres. Il n’était le maître de l’univers, encore moins du mien. N’empêche, sa présence m’empêchait de recommencer et ça, ça m’agaçait. Ma seule solution : le foutre à la porte. Bon débarra. « Allez… Fais pas ta rabat-joie. » Mais bon, c’était trop beau pour être vrai : il choisi de s’incruster dans la pièce, tel un parasite qui se faufile là où il le souhaite. Bordel. Il me contourna et alla prendra la place que j’avais déserté, quelques secondes plus tôt. « C’est comment que tu faisais déjà ? » me demanda-t-il en essayant d’imiter ma façon de me déhancher. Totalement pathétique. Sa façon de danser était grotesque, elle me donnait envie de pleurer tellement elle craignait. Le jugeant du regard un instant, je me rapprochais de ce dernier, m'arrêtant seulement à quelques pas. « Non mais tu rêves, j’vais pas t’apprendre à danser ! » marmonnais-je en croisant les bras sous ma poitrine. « De toute façon, ton cas est désespéré. » J'avais arrêté de faire la gueule, mais pour autant, la situation était loin de ce que j'avais espéré. Adieu, tranquillité.

« Non mais tu rêves, j’vais pas t’apprendre à danser ! » Oh mais ce n'était absolument pas ce que je désirais. Je m'amusais juste un peu. De plus, je faisais exprès d'exagérer tous mes mouvements, pour tomber dans la caricature. Mon cas désespéré ? La vilaine. En réalité, je savais danser, enfin clairement pas le même style qu'elle. Et les trucs de salon tout ça, non vous pouvez oublier. Moi c'était plutôt break dance. Bon je n'étais pas un ouf, mais je me débrouillais. Je m'arrêtais finalement de faire l'idiot, arrêtant de danser, ou plutôt de gesticuler. Je voulais la dérider quelque peu, mais c'était pas gagné.  « Tsss...T'es juste jalouse de mon talent » Ma présence l'emmerdait clairement. Pas de bol pour elle, je n'avais rien de mieux à faire. Certes, j'avais l'intention d'aller faire un tour à la piscine, mais franchement, c'était mieux de l'embêter un peu, vous ne trouvez pas ?  « Tu sais que tu es adorable quand tu boudes ? » Non mas regardez là avec ses petits bras croisés sous sa poitrine et sa tête de blasée. Elle ne boudait pas vraiment, m'enfin vous comprenez l'essentiel. Pour sur qu'elle ne devait pas aimer s'entendre dire être adorable.

« Tsss… T’es juste jalouse de mon talent. » Je m’étouffe presque en l’entendant me dire ça. Définitivement, il ne se voit pas comme je le vois. Bon, remarquez, vu la personne à qui je m’adresse, je ne suis pas surprise : le genre tête enflée, ça lui va très bien. « Ton… talent? » Je laisse entendre un léger éclat rire se voulant sarcastique. Inutile de faire la jalouse à ce sujet : il n’a clairement rien à envier. De la danse, j’en fais depuis des années et je maîtrise plutôt bien mon style, qui s’apparente un peu au hip-hop, mais en version plus féminine. Oui, je fais parfois du break-dance, mais à de rare occasion. J’ignore que Cooper en fait aussi. De toute façon, comment pourrais-je m’en douter? Ce n’est certes pas son petit déhanchement qui me mettra la puce à l’oreille. « Tu sais que tu es adorable quand tu boudes ? » L’un de mes sourcils se hausse, alors que j’affiche sur mon visage une mine sceptique. « Je boude pas. » fis-je seulement en décroissant les bras… et en les posant sur mes hanches. Ouais, bon, je boude peut-être un peu, finalement. Par sa faute. Mais bon, je ne suis pas vraiment à plaindre, j’aurais pu tomber sur bien pire que lui. Laissant finalement tomber mes bras le long de mon corps, je plonge mon regard dans le sien. « Avoue que ça t'amuse de m'embêter. » Je ne vois pas d'autres raisons pourquoi il se plairait à envahir ma solitude. Dans le genre chiant, on ferait pas mieux. Oh, sauf peut-être Caesar, mais lui, c'est un cas à part.

Evey manqua de s'étouffer lorsque je déclarais qu'elle était jalouse de mon talent. Mais c'est qu'elle se moquerait de moi en plus. Pas sur que la demoiselle ai comprit que je blaguais. Parce que j'avais parfaitement conscience d'être nul sur ce coup là. Et il paraissait plus qu'évident qu'elle n'ai pas à jalouser quoi que ce soit venant de ma part. Du moins côté danse.  « A l'évidence tu n'y connais rien. Je te donnerais un cours à l'occasion » Continuais je sur ma lancée. Trop bon je sais. « Je boude pas. » déclara t'elle finalement. Elle avait troqué ses bras croisé pour des mains sur ses hanches. Pas très convaincante.  « Si tu le dis » Mais c'est pas grave, je la pardonnais. La blondinette m'accusa alors de prendre plaisir à l'embêter.  « Moi t'embêter ? » demandais je faussement surpris. Moi qui croyait que ma présence était délicieuse, zut.  « Grand dieu non. Loin de moi cette idée. » dis je en prenant un air innocent.  « Mais tu veux dire que tu n'apprécies pas ma compagnie ? » Qu'elle fasse attention à ce qu'elle allait répondre. Si elle ne voulait pas me voir éclater en sanglots.

« À l’évidence tu n’y connais rien. Je te donnerais un cours à l’occasion. » « Je suis curieuse de voir ça. » Si le façon dont il avait de se déhancher n’était qu’une parcelle de son talent, j’allais avoir un sacré matériel pour me moquer de lui par la suite. Oh, que ça promettait d’être intéressant, ça. Alors, à son avis, j’étais adorable quand je boudais. J’étais adorable tout le temps, voyons. Mais je m’étais bien fait comprendre pour ce qui est du reste. « Si tu le dis. » Bon d’accord, c’est vrai que je n’étais pas tellement convaincante avec mon air revêche et la position même de mon corps qui indiquait clairement que j’étais agacé et que la situation ne me plaisait guère. Cooper se jouait de moi, j’en aurais mit ma main au feu. Et en plus, monsieur agissait avec innocence… ou du moins, feignait de l’être. Car il était tout sauf innocent de me tomber sur les nerfs. « Moi t’embêter ? Grand dieu non. Loin de moi cette idée. » Parle, mon beau, continue de parler, je n’ai que ça à faire de toute façon. « Mais tu veux dire que tu n’apprécies pas ma compagnie ? » « Pourquoi je l’apprécierais ? » Qu’il m’explique en quoi sa présence à mes côtés pouvait être qualifié d’agréable. Il me dérangeait, s’invitait dans ma bulle et, après tout ça, ne comprenait pas pourquoi je l’avais mauvaise. Le petit hamster dans sa tête ne devait pas être en grande forme. « Tu es loin d’être aussi irrésistible que tu le prétends. Je me passais très bien de ta compagnie avant que tu n’arrives. »

« Je suis curieuse de voir ça.» Bien sur qu'elle l'était, pour se moquer de moi, probablement.  « Tu serais surprise » me contentais je de répondre. Il n'était pas compliqué à se rendre compte qu'elle devait me prendre pour une buse complète en matière de danse. La demoiselle osa alors déclarer ne pas aimer ma compagnie. Noooooooooooooooooooon. Adieu monde cruel. Comment allais je pouvoir survivre maintenant que je savais qu'elle n'appréciait pas m'avoir à ses côtés ? Cela ne se voyait peut être pas en surface, mais je pleurais intérieurement. Un torrent de larmes bien sur. C'était terrible.  « Tu me brises le cœur Evey, tu le sais ça ? » dis je en posant mes mains sur ma poitrine, pour plus d'impact dramatique. Comment osait elle se montrer si dure avec moi ? Alors que je n'avais fait que être bon avec elle ? Vraiment, c'était méchant, cruel. A se demander comment elle allait pouvoir se regarder dans la glace après ça.