ARTIE

Me grattant l'oeil de ma paume droite, je parcourais le couloir en traînant des pieds. Encore une nouvelle journée dans le nid, cette semaine je serai en danger plus que toute autre. Mon partenaire et Wini également, autant vous dire qu'il ne me tardait pas l'annonce des nominations et encore moins le prochain prime. En plis l'agent chaton avait été nominé d'office, que des trucs pas cools ! Je m’arrentais là, planté cinq secondes devant le plan de travail de la cuisine, cherchant ce que je venais y faire. Lumière. J'attrapais alors une tasse et me fis un peu de thé à la menthe, mon favori. Je trouvais qu'il n'y avait rien de mieux pour se réveiller. Depuis tout jeune j'étais fan de thé mais également de lait, je ne saurais trop vous expliquer pourquoi, mais contrairement à l'alcool, je trouvais ça réellement délicieux. M'installant sur la terrasse, je remarquais Artie, face à moi. Un sourire enfantin se dessina sur mon visage. Je me souvenais encore de sa tentative d'approche le tout premier soir. Mais une question me tracassait, je le savais riche, bourgeois même si il était convenable de l'appeler ainsi et je voulais en savoir plus. Non pas pour découvrir son secret, non, de toute façon je n'étais pas assez malin pour ne percer ne serait-ce qu'un candidat à jouer mais rien que pour pouvoir connaitre les coutumes de celui ci. « Artie ? » dis-je pour attirer son attention avant de me rattraper « Euh Sir Artie, pardonnez-moi. » une grimace se dessina sur mon visage « Comment vous faites pour prendre le thé comme un riche ? » ma question me paraissait totalement censée, ça pouvait presque faire peur à certains mais moi, je voulais une leçon histoire de pouvoir me la jouer devant mes parents lorsque je rentrerai chez moi.

Sir Artie aurait bien aimé avoir entre les mains un journal hebdomadaire, mais il se contentait de ce qu’il pouvait trouver dans les rayons de la bibliothèque. Cela lui faisait vraiment mal de voir qu’il ne pouvait sans aucune manière être au courant de ce qui se passait à l’extérieur, mais bon. Pour passer les trois quarts de son temps à ne rien faire, il trouva une occupation. Cette dernière ne ressemblait nullement à celle des autres, c’était beaucoup plus personnel. Il ne s’imaginait pas vraiment dans un jacuzzi, ni dans une piscine, ni bien encore dans un lit à ne rien faire. Il s’était habitué à emprunter un livre, à le terminer rapidement puis à le rendre à sa place. Ce vas-et viens entre la bibliothèque et la terrasse ne le dérangeait pas vraiment vu qu’il trouvait que cela l’aidait à faire bouger ses jambes meurtris par l’inaction de temps en temps. Et comme tous les matins, après son repas, il se dirigeait normalement vers la terrasse, son gros volume à la main, il s’assit sur une chaise bancale et posa sur la petite table qui l’opposait ces jambes fraichement protégés par des pantoufles classiques marron. Son peignoir rayé lui avait la fâcheuse manie de se défaire, ce qui poussait le Sir à le réajuster mainte et mainte fois. Il entreposa gracieusement son livre sur ses hanches et goûta pendant un bref moment son café qu’il prenait soin de ne pas trop renverser. Dès qu’il voulut ouvrir son bouquin, un jeune bonhomme l’arrêta. Il l’identifia, Franckie, le plus jeune de la maison… Bref rien de bien méchant, hormis le fait qu'il soit plutôt agaçant. Sir Artie trouva que ce n’était pas vraiment le moment pour ça, il voulut l’envoyer se balader d’une manière peu conflictuel mais ce gamin avait la célèbre réputation d’être un pot d’colle. Il tourna la tête vers lui pour sonder son regard et se prononça calmement au lieu du ‘dégage’ qu’il voulait vraiment lui balancer' « Vous essayez de prendre la tasse par le petit orifice là *il lui ponte le trou de la tasse avec son index* vous faîtes attention à garder l’équilibre de vos doigts puis vous buvez méticuleusement le contenu, oubliant carrément ce qui se passe autour de vous » Voilà, pour une réponse sincère, il l'accompagna avec un sourire harmonieux. Le garnement était servi, mais voilà quoi, pour le conseil du jour, il ne paraissait pas vraiment convaincant -pour lui- et il redoutait vraiment que le petit gars veuille savoir encore plus… Allez oust !