► Le 9 février, 10h45, en compagnie de Jackson et Ruben.
« De bonne humeur, de bon matin. » Quelle expression de merde, sérieux. C'était cette putain d'expression qu'on lui sortait dès qu'elle était levée dans les environs de six heures du matin. Elle se levait toujours dans les environs de six heures, parce qu'elle ne dormait jamais bien longtemps d'une seule traite. Elle n'était pas une grande dormeuse, ne l'avait d'ailleurs jamais été. Sans doute l'une des choses qui venaient tout droit de ses géniteurs. Quelle chance. Toujours est-il que cette expression la faisait chier. Et que quand on la lui lançait pour commencer une quelconque conversation inutile, elle ne pouvait s'empêcher d'arquer un sourcil, l'air de dire « j'ai l'air de bonne humeur, connard? », avec toute la classe dont elle pouvait faire preuve. Ce matin, ne changeant pas les bonnes habitudes, elle s'était levée relativement tôt et avait pu remarquer et apprécier une nouvelle fois le calme qui régna dans le château, jusqu'à ce que d'autres candidats daignent sortir de leur lit à leur tour, signe officiel qu'une nouvelle journée commençait sur fake lover. Elle vaquait à ses occupations sans grande attention, faisant rapidement sa lessive, rangeant ses biens du mieux qu'elle le pouvait dans le bordel constant du château, vagabondant, trainant les pieds, ne faisant attention à rien, si ce n'est à sa direction. Lorsqu'elle fût prise par l'envie soudaine de fumer une cigarette, elle ne se fit pas violence et partit, armée de son paquet de cigarettes, vers le balcon. Arrivée à destination, elle prit place sur l'un des bancs et alluma sa clope, le regard plongé dans l'horizon, rien qu'une seconde. Elle ne s'habituerait sûrement jamais à cette vue incroyable. La mer, encore, toujours, rien que l'océan. Ce n'était qu'une étendue d'eau pourtant et elle faisait étonnamment son petit effet à chaque fois. Incroyable.

Une médaille. Oui, Jackson méritait une médaille. Parce que c'était pour lui un effort surhumain de devoir supporter ce parasite à la pilosité douteuse durant toute une semaine, menottés l'un à l'autre, sans espoir de pouvoir se séparer ne serait-ce que pour aller aux toilettes. Autant vous dire que c'était compliqué à ce niveau là. Et franchement, ça le faisait bien rire d'entendre que Ruben allait devoir s'armer de courage pour le supporter. Attendez, c'était une blague ?! Et lui alors, n'allait-il pas devoir prendre sur lui pour supporter cet espèce d'abruti qui avait à chaque fois le don de faire ressortir le pire chez lui ? N'était-il pas lui aussi très mal tombé, pour le coup ? Alors, certes, Jackson n'était pas un cadeau, et probablement que Ruben n'allait pas rire tous les jours cette semaine. Mais putain que ce type était lourd lui aussi, avec son humour de merde, ses réflexions d'une puérilité sans nom et sa gueule vomitive. Ouais, Jackson mériterait une médaille juste parce qu'il aura fait l'effort de se le coltiner pendant sept jours interminables. Même une médaille en chocolat, ça lui irait. Et en ce jour tout aussi pénible que les précédents, Jackson décida d'aller prendre un peu l'air. Quoi de mieux, dans ce cas, que de se rendre sur le balcon ? Oui mais voilà, lui qui aurait apprécié être seul devait encore une fois subir la compagnie décidément déplaisante de son camarade. Où qu'il aille, il était forcé de l'emmener avec lui, vous imaginez. Genre partout, vraiment partout. Arrivant sur le balcon, les deux jeunes hommes ne tardèrent pas à tomber sur Siomha. Décidément, la journée ne pouvait pas mieux commencer. Jackson avança jusqu'à se retrouver à coté de la jeune femme, tandis que son imbécile d'acolyte se trouvait très logiquement près de lui. Bah oui, ça aurait été trop beau qu'il cesse d'exister à cet instant précis, celui-là. « King Kong, voici Barbie. Barbie, voici King Kong. » lâcha-t-il subitement. Ils ne se connaissaient probablement pas alors autant faire les présentations. Au niveau des surnoms, c'était sorti comme ça. Parce qu'il aurait très bien pu dire « la bimbo » ou « la pute » pour Siomha et « le singe » ou « le grand poilu » pour Ruben. M'enfin, un peu d'originalité ne pouvait pas faire de mal, d'après lui.

A croire que Jackson se voyait dans Roméo et Juliette. Si il s'attendait à ce que tous les deux nous rejouions la scène du balcon, il pouvait toujours courir. Moi vivant, jamais. Sérieusement pourquoi se rendre sur un balcon quand on pouvait aller, je sais pas moi, dans un endroit où je n'aurais pas été tenté de le foutre par dessus bord. Ah vraiment si je n'avais pas eu ces menottes aux poignets, je crois que... je crois que je me serais bien laissé tenter. En même temps j'avais luté dur pour ne pas aller en taule, alors mieux valait pour moi ne pas la connaitre à mon âge. Et tentative de meurtre, ça ne plaisantait pas. Je me contentai donc de suivre le blond sur le balcon, où se trouvait une mystérieuse blonde qui était en train de fumer. Je la connaissais de vue, mais sans plus. Impossible de vous dire son nom, surtout que d'après les dires il était assez... spécial. Jackson prit de suite l'initiative de faire les présentations. On s'en saurait probablement aussi bien passé l'un que l'autre, mais bon... « King Kong, voici Barbie. Barbie, voici King Kong. » Toujours très affectif, et toujours très galant aussi. De toute évidence ces deux là se connaissaient, et visiblement ça n'était pas la grande entente. Cela confirmait bien ce que j'avais affirmé ultérieurement, comme quoi personne ne pouvait supporter ce petit con de Jackson. « Enchanté Barbie. Mais y'a erreur sur les prénoms, moi c'est Ruben, pas King Kong. » Ça n'était surement pas Barbie pour elle non plus. Si Jackson avait fait les présentations dans les règles, son prénom ne me serait à l'heure actuelle plus inconnu. Mais voilà, avec lui, il fallait toujours s'attendre à ce que les choses aillent dans le mauvais sens. C'était tout Jackson, ça, faire et dire tout bonnement n'importe quoi dans l'espoir qu'on lui prête un peu d'attention. Il devait vraiment se sentir seul, ce gamin...

Avec l'entrainement des dernières semaines, elle pouvait maintenant sentir quand elle allait être dérangée. Elle pourrait même aller jusqu'à faire un compte à rebours, tant c'était évident. Les moments les plus prisés pour la faire chier? C'était en général quand elle avait le plus besoin de solitude. Ces moustiques devaient avoir un radar pour cela. Parce que, étonnamment, on ne venait jamais lui tenir compagnie lorsqu'elle était décidée à parler... Ah oui, c'est vrai. Elle n'était jamais prête à discuter. Enfin, ça ne changeait rien au constat qu'elle avait fait: il y avait toujours quelqu'un d'agaçant dans les parages. Sans ça, cela dit, ça serait probablement moins drôle. Pas sûr. Peu probable, à vrai dire. Passons. C'était au tour de Jackson et Ruben de se frotter à la froideur de la belle. Pas spécialement enthousiaste – sans déconner – à l'idée d'avoir de la compagnie, elle ne pouvait que moins apprécier de devoir s'en taper deux à la fois. Dans d'autres circonstances, devoir se taper deux mecs en même temps ne l'aurait pas dérangé, mais là, c'était différent. Beaucoup plus habillé. « Waouh... » Non, non, elle n'était aucunement impressionnée par quoi que ce soit. « Encore cinq minutes et ta présence aurait presque commencé à me manquer. » souffla-t-elle, ô combien ironique en direction du blond. Blond qui s'empressa d'ailleurs de faire les présentations. Barbie? Il était gentil, lui, niveau surnom. Elle avait réellement eu bien pire que cela, il allait devoir faire mieux la prochaine fois. Le brun menotté rectifia le tir, se présentant en bonne et due forme. Elle leva les yeux au ciel, expirant de la fumée. « Tant mieux pour toi, King Kong. » Les surnoms, c'était bien plus accrocheur et puis, elle n'allait pas faire l'effort de se souvenir de son prénom, de toute façon.

Foutues menottes, décidément. Un balcon, un chieur, une envie démangeante de s'en débarrasser. L'équation était des plus simples. Oui mais voilà, si Jackson était bel et bien tenté de balancer son camarade par dessus la rambarde, il s'abstiendrait. Parce que l'idée de mourir jeune ne l'enchantait pas trop, déjà, mais alors mourir avec Ruben, c'était juste inconcevable. La mort, c'est comme la vie. On est mieux seul que mal accompagné, un point c'est tout. Ainsi donc, il devra se contenter de prendre l'air en la compagnie du grand singe, ce qui était un programme bien moins intéressant à ses yeux. Mais alors qu'il pensait devoir subir cela tout seul, il ne tarda pas à repérer Siomha, elle aussi sur le balcon. Super, voilà qu'il était entouré d'un débile profond et d'une nymphomane désormais. Charmantes compagnies que celles-ci, n'est-ce pas ? « Merde, j'aurais du attendre cinq minutes de plus alors. » L'ironie, il l'utilisait lui même très souvent. Alors il ne s'offensait pas quand quelqu'un en faisant usage à son égard. C'était d'ailleurs bien la première fois que quelque chose ne le contrariait pas. Étrange. Jackson crut ensuite bon d'opérer les présentations, à sa manière toutefois. Parce que bon, vu qu'il n'avait pas à ses cotés deux personnalités bien intéressantes, il pouvait tourner ça à sa sauce. Et encore, il avait été particulièrement gentil pour le coup. D'une manière incontrôlable, un petit rire s'échappa des lèvres du grand blond lorsque Ruben trouva judicieux d'avancer son réel prénom - ah bon, c'était pas King Kong, alors ? - et qu'il se fit gentiment remballé par la péripatéticienne du coin. Un grand moment. Il planta ensuite son regard dans celui-ci de Siomha. « Alors, t'es à la recherche d'un nouveau client ? » Façon des plus subtiles de lui signifier qu'avec le feu qu'elle avait au cul, on pourrait éclairer toute une grotte. Tournant la tête vers Ruben, il lui adressa : « T'es intéressé, le singe ? » Siomha et Ruben, un tableau des plus improbables. Mais pas plus improbable que Batman et Robin, tout compte fait.

J'avais un prénom, comme tout le monde, mais ces deux là semblaient s'en foutre royalement. Tant pis pour eux, si ils voulaient jouer les gamins... Siomha venait juste de m'envoyer gentiment paître, ce que je trouvais quand même très limite vu que nous venions tout de juste de nous rencontrer et que nous n'avions même pas encore fait connaissance. Remarquez, à en juger le caractère de la demoiselle, je n'avais finalement pas franchement envie de la connaitre d'avantage. Je connaissais son nom, Barbie, qui devait être un pseudo mais je m'en foutais pas mal. Et selon moi, Barbie était encore bien trop mignon, bien trop gentillet pour une fille comme elle. Jackson la présentait comme étant une fille facile, et bien que d'habitude je ne prenait pas vraiment au sérieux les paroles du grand blond, là j'avais bien envie de le croire. Il fallait la voir, aussi, fumer sa cigarette avec un air provocateur. Alors que Jackson avance que c'était une fille de joie ne m'étonna pas franchement de lui, ni d'elle. « Alors, t'es à la recherche d'un nouveau client ? » Je pouffai légèrement de rire aux dires du blond. Pas qu'il était drôle, mais surtout qu'elle ne l'avait pas volée celle là... Ou comment sous-entendre à une fille qu'elle est une trainée. J'aimais la subtilité de Jackson. « T'es intéressé, le singe ? » Si j'étais intéressé ? Elle était bien bonne celle-là. J'avais pourtant cru signifier dans mon profil que je détestais les filles provocantes, aux aires de bimbo et ne se prenant pas pour une merde. Car oui, cette fille avait tout d'une fille superficielle. Elle irait bien avec Jackson, d'ailleurs. La proposition de Jackson n'avait donc rien d'alléchante. Vraiment rien. « Heu non. Les blondasses pédantes, très peu pour moi. » C'est tout ce qu'elle était, à mes yeux. Je n'avais à mon sens pas besoin d'en connaitre d'avantage sur "Barbie" pour la cerner. D'ailleurs, le surnom "Barbie" ne me plaisait vraiment pas. « Hey, si ça te dérange pas je préfère t'appeler "Blondasse" que "Barbie"... » dis-je, avant de surenchérir « Oh mon dieu "Le Blond" et "Blondasse" ! Vous êtes vraiment faits pour vous entendre. » Un couple absolument parfait. Deux blonds décolorés limite platine ou albinos, je sais pas trop, ça faisait presque rêver. J'insisterais tout de même sur le terme "presque", car ils ne vendaient pas vraiment du rêve, ces deux là.

Síomha était une femme forte. Voilà pourquoi elle pourrait supporter la présence de deux abrutis sans même s'énerver. Elle était balèze, c'est bien vrai. Et étant donné que le sarcasme était la meilleure arme contre les débiles, elle allait se faire un plaisir de s'en servir. Comme ce fût le cas en prétendant que sa présence lui manquait. C'était loin d'être la vérité et le mieux aurait été que Jackson se perde à jamais dans les couloirs du château et ne retrouve jamais son chemin. Sa présence aurait été tellement plus facile à supporter... La belle tira une nouvelle fois sur sa cigarette, sans se préoccuper davantage de la présence douteuse de ses deux camarades. Mais tristement, le silence ne pouvait pas durer et le blond, bien bavard pour quelqu'un qui n'en a rien à foutre, en rajouta une couche, faisant référence à sa réputation de salope. Que de subtilités. Il aurait pu se contenter de l'insulter: moins d'efforts, même résultat. « Je me suis trouvée un nouveau mac, génial. » ironisa-t-elle. Ça ne lui faisait ni chaud, ni froid qu'il puisse penser qu'elle était une trainée. Très honnêtement, ce n'était pas son problème. Et c'était amusant de voir comment les choses avaient deux poids, deux mesures: les hommes à femmes sont de grands séducteurs, des charmeurs irrésistibles pour qui c'est normal de coucher avec n'importe qui. Mais une femme qui ose assumer sa sexualité devient immédiatement une pute dans l'esprit de ces gentlemen. Cela dit, elle ne critiquait pas, elle constatait. King Kong ( qui venait de détruire tous les espoirs de Síomha concernant une éventuelle partie de jambes en l'air entre eux, quelle tristesse! ) suggéra alors un nouveau surnom pour la belle. Trop gentil de sa part de prendre cette conversation tant à cœur.« « Blondasse ». T'es sûr? Je voudrais pas que tu en viennes à regretter ce surnom ou que tu t'en lasses trop rapidement, tu vois.» fit-elle comme si elle était sérieusement intéressée par ces conneries. Il pouvait bien la surnommer comme il le souhaitait, elle s'en foutait royalement. Et haha ha, tout le monde se marre tant il est drôle, c'est évident. « Et tu sais avec qui tu irais bien, toi? Un arbre. Un gorille, un arbre... » Que c'était dur de s'abaisser à son niveau.

D'une certaine manière, Jackson s'en voulait. Il s'en voulait de s'imposer de la sorte en compagnie de son abruti de camarade. Parce que Siomha n'avait rien demandé, c'est vrai, et qu'elle préférerait probablement se jeter du balcon plutôt que de poursuivre cette conversation avec eux. Alors, l'espace d'un instant, Jackson songea à la laisser tranquille, à repartir avec le grand singe. Mais cette pensée ne dura qu'un court instant, puisque très vite, son naturel reprit le dessus. En parfait emmerdeur qu'il était, il ne pouvait pas partir maintenant. Il ne pouvait pas aller contre sa nature profonde. Non vraiment, il ne pouvait pas. Ainsi, il ne lui fallut pas longtemps pour insinuer que la grande blonde était une pute. Il y avait plus sympa, c'est clair, mais ça avait été plus fort que lui. Et encore, il avait trouvé préférable d'y aller toute en subtilité. Quoi que chez lui, la subtilité n'était sans doute pas la même que chez d'autres. Et lorsqu'elle le compara à un mac, il eut bien du mal à se retenir de sourire. Voilà pourquoi il ne le fit pas, logique. « Je suis formellement contre le proxénétisme, mais pour toi je veux bien faire une exception » répondit-il alors. Soyons clairs, ça n'était qu'ironique, et certainement pas vraisemblable. Il n'était peut être pas un enfant de chœur, mais il y avait des limites tout de même. Finalement, Ruben crut ingénieux de leur rappeler sa présence, en intervenant avec toujours autant d'utilité. Là encore, ironique à souhait cette pensée. « « Barbie », c'est plus classe quand même » intervint alors Jackson. Quitte à choisir un surnom à la demoiselle, autant en choisir un pas trop pourri. Puis, Ruben reprit la parole et sortit probablement la plus grosse énormité de toute la semaine. « Putain mec, t'as battu ton record là » fit Jackson, après un long soupire. Parce qu'il avait été habitué aux conneries de Ruben, mais alors là, il fallait avouer qu'il y était allé fort. « Pauvre arbre » reprit Jackson, sur un ton désolé, suite aux paroles de la grande blonde. « N'empêche, Ruben a dû être traumatisé par des blonds dans son passé, parce que pour faire une telle fixette sur cette couleur de cheveux ... » Effectivement, Ruben cachait peut être un traumatisme lié aux cheveux blonds. Ou alors, il était tout simplement infiniment con. A voir.

J'avais désormais en tête, à cause de leurs conneries, la vision de Jackson en proxénète de Blondasse. Ma foi, ça le faisait plutôt bien dans mon esprit. Blondasse avait tout d'une trainée, le blond tout d'un pervers. Pour moi, c'était sur, ces deux là venaient de trouver leur véritable vocation. « Je sais pas ce que vous faites dans la vie -je m'en fous d'ailleurs- mais arrêtez tout : blondasse t'es faite pour être une pute, et le blond t'es fait pour être son mac. » Ils étaient jeunes, alors il n'était encore pas trop tard pour changer de profession. Ils ne pourraient trouver mieux, de toute façon. Bon, visiblement Blondasse n'accrochait pas tellement à son nouveau surnom. Je m'en foutais pas mal, en fait. Du moment qu'à moi il me convenait. Et difficile de trouver meilleur surnom pour ce genre de fille, franchement. De toute évidence, ma petite blague concernant un éventuel couple le Blond-Blondasse ne fit sourire que moi. Je n'avais jamais eu la prétention de dire que j'étais drôle, jamais, alors tant pis si ils trouvaient ma petite blague absolument nullisime. Et puis, hein, Blondasse n'était pas plus drôle que moi. Je crois même qu'elle avait essayé de m'imiter, en insinuant que j'irais fortement bien avec un arbre. « Alala. Toujours imité, jamais égalé. » Je faisais juste référence au fait que Blondasse avait tenté de reprendre ma petite blague et de l'adapter à moi. Ce n'était absolument pas drôle, mais ça je pense qu'elle s'en était de suite rendue compte. Quant à Jackson, il avait très vite changé de côté et semblait maintenant contre moi. J'en avais strictement rien à foutre, mais alors... Enfin, le Blond insinua que j'avais forcément été traumatisé par des blonds étant plus jeune, pour m'en prendre ainsi à eux aujourd'hui. Cela me fit sourire, car c'était tellement con. « Non, non. Je trouve juste ça laid, voilà tout » répondis-je, avant d'ajouter « Et toi t'as été violé par un gorille, par un mec avec de gros sourcils ou par Mr Bubble dans ton enfance ? » Il n'arrêtait pas de me charier sur mon apparence, depuis le début de l'aventure et ma foi ça commençait à être assez saoulant, quand même. Et puis si ça se trouve, il avait réellement été abusé par un singe. Si il me le confirmait, je n'allais pas rester cinq minutes de plus ici et irais sans hésiter buzzer.

Síomha, une prostituée. Quel cliché. C'était évident. La blonde bien roulée qui apprécie le sexe est inévitablement mise dans le rôle de la pute du quartier. Ce n'était pas la première fois qu'on la lui faisait, celle-là. Autant dire que niveau originalité, il faudrait repasser. Et Jackson était tellement adorable qu'il voulait bien être son souteneur. Trop gentil de sa part. Surtout qu'il faisait là une exception. Waouh. « Je suis touchée, vraiment. » Elle était sarcastique, bien entendu. Et le singe en rajoutait une couche, en soutenant à fond le projet. Génial, elle était faite pour être pute. Peut-être que c'était ce qu'elle faisait de sa vie, qui sait? Soupir. Elle préféra se concentrer sur sa cigarette, qui était presque entièrement consumée, plutôt que de répondre à ces conneries. Elle pouvait l'ouvrir un peu, histoire de donner le ton, mais au bout d'un moment, elle ne peut tout simplement plus. Ainsi donc, les deux candidats commentèrent tout un tas de choses sans intérêt, comme le surnom de la belle ou l'arbre contre lequel le singe allait forcément finir par se frotter. Une conversation ô combien philosophique, en soit. Voilà que maintenant, King Kong critiquait le blond. Enfin, pas le blond, comme Jackson le blond, mais la couleur de cheveux. Elle aurait presque pu se sentir vexée. Presque. Parce qu'elle ne le fut pas le moins du monde. Que qui que ce soit trouve sa couleur de cheveux moche ne l'atteignait pas du tout. Elle n'était pas superficielle, ni susceptible à ce point-là. Chose que tout le monde ne semblait pas avoir compris jusque-là. Il paraitrait que critiquer son physique était son point faible. C'est ce que certains pensaient, naïvement. Donc, il pouvait bien critiquer, c'est lui que ça regardait. Il renvoya la balle au blond concernant un éventuel traumatisme. Ok, temps mort. Soupir. Síomha avait terminé sa cigarette, n'avait plus rien pour occuper ses mains alors à moins de tordre un cou, elle n'allait pas supporter cette discussion bien longtemps. Surtout qu'ils papotaient, papotaient et papotaient encore. Pire que des gonzesses. « Et sinon, je me demande: vous n'avez jamais eu envie de vous pendre? Pour le bien de l'humanité, s'entend. » Simple question.