La jeune femme s'activait assez rapidement à ranger ses affaires, à remettre un peu d'ordres dans tous ses habits. Mon dieu, à chaque fois qu'elle partait quelque part, elle avait la fâcheuse habitude de toujours prendre des bagages pour au moins une dizaine d'années. Un peu comme toutes les filles, quoi. C'était carrément le bordel. Fuck it, elle ferait ça plus tard. Elle prit l'iPod qu'elle cachait au fond de sa valise énorme - sait-on jamais s'il y a des voleurs dans cette baraques remplie d'idiots. Ce serait putainnement envisageable. Quoi qu'il en soit, elle enfonça les deux écouteurs dans ses oreilles et commença à danser dans tout le château. Peu importe le regard des autres habitants, si elle passait pour une abrutie et bien, tant pis. Ou tant mieux, elle se ferait une joie de les briser. Tant qu'à faire. Bref. Dansant toujours sur un son qu'elle appréciait particulièrement, elle se retrouva très rapidement en face de la cave, sans trop savoir pourquoi. À croire qu'elle était tellement déconnectée de la réalité pour être arrivée ici alors qu'elle ne connaissait même pas le chemin. Arrivée à l'intérieur de la pièce, elle se caressa légèrement les bras avec ses mains. On se les caillait légèrement ici. Légèrement hein. Elle continua donc à danser, n'hésitant pas à prendre des bouteilles de vin en main, les utilisant comme micro ou juste pour les regarder. Mouais, inintéressant. Puis, d'un coup, sans qu'elle ne sache trop pourquoi, elle se posa sur le sol, sur le dos, en étoile. Bon dieu, pourvu que personne n'entre à ce moment, sinon on pourrait penser qu'elle est sacrément retardée. C'était peut-être vrai après tout.
Non c'était une blague.

Une autre bouteille. On ne vous avait pas dit que la production coupait énormément de scènes lorsqu'elle faisait état aux irlandais de la journée des candidats? Elle coupait les scènes de cul qui foisonnaient dans le château, ainsi que les scènes d'alcoolisme. Ils en étaient à leur cinquième bouteille à quatre, euphoriques, et c'était Clément qui se tapait l'aller-retour à la cave pour aller chercher la sixième. Titubant légèrement, il descendit les marches d'un pas mal assuré, avant d'atterrir tout en bas, et de tomber sur... la candidate rentrée au dernier prime, Melissa, celle qui avait déchainé les foules en moins de deux minutes de jeu. Tout aurait pu paraître normal, si Melissa n'était pas allongée à terre en petite tenue, bouteille à la main, casque à musique sur les oreilles, ses cheveux blonds éparpillés autour d'elle. Le tableau aurait pu avoir quelque chose d'onirique, mais il aurait fallut qu'un poète la regarde, et non Clément, et certainement pas un Clément à moitié bourré. Son sourcil se haussa, il ouvrit la bouche pour parler, mais visiblement, aucun mot dans son répertoire ne sembler coller à la scène. Il se contenta de secouer la tête, navré, s'emparant de la bouteille entre les mains de la danseuse fatiguée, s'apprêtant à faire demi tour, lui tournant déjà le dos.

Il était clair qu'elle pouvait -voire même devait- avoir l'air ridicule mais, putain, que ça faisait du bien ! Sentir le sol froid comme de la glace contre son dos, qui par la même occasion était bien droit. C'était super. Elle referait ça plus souvent. Comme quoi, elle avait l'air abrutie mais elle se sentait bien. Elle s'attendait à voir quelqu'un, mais certainement pas tout de suite. À peine avait-elle le temps de dire "ouf" qu'un candidat pénétra dans la cave au même moment. Allait-elle se relever? Ou au contraire elle n'allait pas le faire? Elle ne prit pas le temps de se faire une réflexion qu'elle releva sa tête, et s'accouda de l'un de ses coudes. Elle jeta un coup d'oeil à la personne qui avait "osé" la déranger. Un mec. Il lui semblait l'avoir vu dimanche dernier mais elle ne connaissait pas son prénom. Visiblement, il n'avait pas l'air très bien. Il titubait légèrement, n'avait pas l'air dans son état normale -enfin s'il l'avait déjà été, elle n'en savait rien. Elle lâcha un rire discret lorsqu'il descendit les marches, d'un pas presque assuré. Manquerait plus qu'il se casse la margoulette, tiens. Sans trop qu'elle ne sache pourquoi, il s'approcha d'elle et lui piqua littéralement la bouteille des mains. Et les bonnes manières ? Visiblement la galanterie avait disparu par ici. Un comble. « Y'a moyen que j'entende ton autorisation ou tu as décidé de voler la bouteille ? » Elle ne se leva néanmoins pas, flemmarde à souhait. De toutes façons il allait se casser la gueule avant de rejoindre le chateau. C'était pas nécessaire de le poursuivre, donc.

Il sursauta à l'entente de sa voix, qui brisa violemment le silence de la cave. Mais quoi à la fin, il avait pris la première bouteille tendue vers lui par un bras divin et salvateur qui lui avait évité de se pencher parmi les dizaines de culs de bouteilles alignés dans les cages de fer, en quoi pouvait-on lui en vouloir. « Monoto... monotosi... » Hein? Ah. Il fit demi tour, bouteille en main, et se pencha au-dessus d'elle, ma détaillant en battant des cils. (était-ce une fausse blonde?) Il sourit. « Très bien, très bien. Je te donne l'autorisation de me donner cette bouteille. » Il s'accroupit à sa hauteur et lui tapota le dessus de la tête avec amour. « C'est très gentil, tu sais. » Battement de cils. Tout le monde parlait de Melissa, Melissa est agaçante, Melissa se la pète, Melissa fait chier. Oui mais non. Dès qu'il serait dehors, il réprimanderait sévèrement quiconque s'en prendrait à elle. Une fille aussi généreuse, timide et douce... L'alcoolisation mêlée à l'obscurité de la cave l'emportait à des milles de la situation réelle. Seule une grosse baffe aurait pu lui remettre les idées en place, et... le jugement.