☼ MELISSA

C’est fou comme cette troisième semaine de jeu est passée à une vitesse grand V. Je me vois encore, lors du dernier prime, à me faire chier comme un rat mort. Ouai, bon, même si l’ennuie a encore frappé durant la semaine, j’ai un peu plus pris goût à l’aventure et aux candidats. Peut-être qu’à force, je ne voudrai plus partir de ce château. Enfin non remarque, faut pas pousser quand même. Je partirai quand je partirai, avec une grosse somme d’argent j’espère, car je suis venu en grande partie pour ça. Être boucher, c’est pas le grand luxe. Ça paie pas un max. J’espère que Fake Lover m’apportera du blé. Bref. Perdu dans mes pensées, une clope à la main, vêtu d’un gros pull, de ma doudoune en poil de coyote et d’un bonnet, je suis adossé au mur de la terrasse. Prendre l’air ça fait du bien. Fumer, encore plus. Et phaser, n’en parlons pas. Quoi de mieux que de rêvasser devant des statues, clope au bec, après une bonne grâce mat’ ?! Voilà que la porte à côté de moi se met à grincer. Un candidat a décidé de sortir visiblement. Ou plutôt une candidate. Tiens la nouvelle ! Je ne lui ai encore jamais adressé la parole. Ou si, un message pour la prévenir que Cupidon n’aime pas les rousses. Ah ah. « Avoues t’es passée sous le bureau pour entrer dans le jeu au bout de trois semaines. » Tout en tirant une latte, je me dis que l’arrivée soudaine de la candidate dans le jeu est suspecte. Elle doit avoir un rôle particulier ou savoir quelque chose d’important. Je ne sais pas. Je connais pas bien le fonctionnement des télé-réalités.

« Une chose est sûre; je passerai jamais sous le tien » lâcha la rousse en pénétrant sur la terrasse, alors qu'un candidat l'avait apostrophée. Passer sous le bureau ? Mouais, ce n'était pas vraiment du genre de la belle, ce n'était même pas du tout son truc. Ce n'était pas un salope. Loin de là. Il était plutôt gonflé de dire ça alors qu'il ne la connaissait pas. Pas du tout, même. Certes, elle était arrivée beaucoup plus tard. Pendant que les autres faisaient déjà connaissance, elle était cloitrée dans une chambre d'hotel avec un garde du corps. "Discrétion"; qu'il disait. Tu parles. Elle sortit une clope de son paquet et s'asseya sur le sol -mouillé- pile à côté de Sonny. « Et au passage, je suis arrivé qu'au bout de deux semaines. » Sait-on jamais, si cela pouvait être utile. Elle sortit son briquet, alluma sa cigarette et tira une première latte. Elle savait que sa présence en ces lieux pouvaient paraître louche, qu'elle devait être prioritaire et devait avoir un secret de ouf mais, entre nous, n'était-elle pas là parce qu'elle était la plus intéressante de tout ce nid ? Un peu comme.. pour relever le niveau. Ce qui serait totalement normal d'ailleurs, vu l'absurdité de cette nouvelle saison. Prétentieuse ? Pas du tout.

Les statues entreposées sur la terrasse sont d’une laideur… Je ne sais pas qui est l’architecte du château et du jardin, mais ça n’est pas du tout de mon goût. Tiens, en parlant de laideur, voilà que la petite nouvelle se ramène. Tout en consumant ma cigarette, je lui fais indirectement remarqué que je trouve son arrivée tardive dans le jeu suspecte. Visiblement, elle ne comprend pas le sens caché de mon sarcasme. « Et tu m’en vois ravi. » Je ne dis pas ça car elle est moche. Oh non. Simplement, que je ne suis pas un gigolo. J’aime pas spécialement le sexe. Donc il est hors de question qu’une inconnue me taille une pipe. « Exact. Le temps passe pas aussi vite que je l’aurai pensé, que veux-tu. » Ok je me suis trompé dans mes comptes. Autant pour moi. Je tire une nouvelle latte de ma clope alors que la jeune femme se pose par terre, à côté de moi. Je l’observe galérer à allumer sa cigarette. C’est que ça devient difficile de fumer avec ce froid de canard !« Tu sais que ta prédécesseuse était une véritable catin ?! Elle a chopé la moitié des candidats dès le premier soir. Il paraitrait qu’elle ait attrapé une maladie infectieuse d’ailleurs. On ne l’a plus revue par la suite. » Ah ah. Quand j’y repense, j’avais flashé sur elle sans savoir tout cela. « Ça ne devrait pas être trop dur pour toi de la remplacer. » Oups. Je me rends compte aussitôt que mes paroles peuvent donner lieu à une mauvaise interprétation. Je veux dire par là, que la jeune femme n’aurait pas trop de mal à se faire aimer par rapport à l’ancienne candidate. J'insinue en aucun cas qu'elle ressemble à une catin.