• MILOO

Rory n'arrivait vraiment pas à se défaire de la pensée du prime de vendredi. Elle s'était fait beaucoup trop remarquer et détestait ça. C'en était presque rageant de tourner en rond dans son propre esprit. Elle aurait aimé pouvoir s'assommer sur un mur pour ne plus y penser et dormir paisiblement mais la douleur lui était passablement insupportable donc elle évita. A la place, elle s'adonna au ménage. C'était ce qu'elle savait faire de mieux après tout et au moins elle pourrait s'occuper les mains à défaut de pouvoir s'occuper l'esprit. Elle choisit la cuisine, pas pour revenir sur les lieux du "crime" mais seulement parce qu'elle estimait qu'elle devait être certaine que toute trace de l'acte avait été nettoyé, javellisé aseptisée et tout le tralala. Elle avait besoin de savoir cette cuisine resplendissante et espérait par la même occasion que ses soucis s'envoleraient en même temps. Ce serait bien entendu trop beau pour être vrai mais qui ne tente rien n'a rien. Il était sans doute près de cinq heures du matin mais elle sortit de son lit pour rejoindre la cuisine. Elle n'avait pas besoin de lumière et resta dans le noir. Attrapant gants et produits en tout genre, elle se mit à frotter énergiquement sur le carrelage du bar, essayant de laver ses souvenirs. Non elle n'était pas obligée de culpabiliser de l'avoir dit, après tout ils avaient déjà bien de la chance que personne d'autre ne les ai surpris. La cuisine en plein après midi, faut-il être fou ? Elle n'avait fait que relater des événements. Certes cela avait créer une pagaille pas possible mais le seul blessé se trouvait au final être Aymeric, les autres n'étaient pas vraiment concernés, enfin à part le fait qu'ils avaient souillés le bar, ils n'avaient pas grand chose à voir là dedans. Et c'est en pleine réflexion, les mains gantés, son éponge pleine de javel s'était arrêté en plein mouvements, son corps pratiquement nu couvert seulement par ses sous vêtements que quelqu'un la suprit, allumant les lumières.

Elle n'avait pas réellement prévue de se faire surprendre en aussi fâcheuse position mais désormais c'était chose faite. Une fois ses yeux adaptés à la lumière, elle découvrit Milo qui restait figé devant le spectacle peu glorieux qu'il avait sous ses yeux. Elle haussa les épaules et se remit à frotter. De toute façon désormais il l'avait vu alors pourquoi s'arrêter. Il avait sans doute du prendre conscience de la folie qui l'animait et elle ne pouvait changer cela. Par contre elle pouvait aussi essayer de l'oublier en frottant ce fichu carrelage. Elle s'arrêta quelques secondes pour le regarder alors qu'il s'était approché. Si ça la prenait souvent ? Non généralement elle faisait ça en plein jour mais là, ça ne pouvait attendre plus.

Et bien ... Non. Mais là c'était un cas de force majeur. Non seulement je n'arrivais pas à dormir mais cette cuisine doit absolument être lavée et récurée à fond et comme je me doute que personne ne se proposera et que je n'ai confiance qu'en ma personne pour ces choses là ... Enfin j'accepte que tu me donnes un coup de main.

Elle lui adressa un sourire et retourna à la tache. Au mieux il restait et lui tenait compagnie ce qui ne pouvait pas être vraiment désagréable, au pire il allait informer la maison de l'étrangeté de sa personne ce qui m'étonnerais sans doute pas tout le monde.

Et tu fais ça souvent surprendre les gens dans un moment délicat ?

Elle lui adressa un léger sourire en le voyant attraper une éponge pour venir l'aider. C'était ... gentil de sa part, du moins le pensait-elle. C'était une action désintéressée en tout cas puisqu'il ne gagnait rien à nettoyer le bar avec moi, enfin à part le droit de pouvoir le toucher sans penser a Summer et Alceo ce qui pour elle n'était en réalité pas du luxe. Elle se décala un peu vers la droite pour lui faire de la place bien qu'il y avait assez de surface à récurer. Sa question le fit sourire apparemment. C'était plus ou moins le but, disons que c'était surtout pour engager la conversation. Ils pouvaient tout aussi bien rester ici à nettoyer sans s'adresser la parole mais puisqu'ils étaient là tout les deux autant en profiter. Elle hocha la tête en l'entendant, un sourire au visage. C'était une autre façon d'envisager les choses, elle n'y avait même pas pensé. C'est vrai, ce n'était pas sa faute, c'était du pur hasard, elle les avait juste surpris à un moment critique t puis voila. Personne n'était mort, enfin presque et elle devait passer à autre chose. Plus facile à dire qu'à faire.

Il semblerait effectivement. Et merci. Enfin je crois que ça mérite un remerciement, pour le compliment. En tout cas j'aurais donné n'importe quoi pour ne pas avoir eu faim à ce moment là ...

Rory rougit légèrement quant à son commentaire sur sa propre personne, ce n'était jamais désagréable de se l'entendre dire, surtout en ces temps légèrement déprimants. Et elle aurait presque pu croire qu'il lisait dans ses pensées quand il lui exposa le fond de sa pensée, comme quoi elle n'était pas responsable et tout, que cela aurait pu arriver à n'importe qui. Elle s'arrêta de frotter, le regarda quelques secondes avant de le remercier, pleine de ferveur. Il ne se rendait sans doute pas vraiment compte du bien qu'il pouvait lui faire. Bon cela ne la déculpabilisait pas totalement mais au moins, elle savait qu'elle ne s'était pas mise tout les habitants à dos. Et puis ça allait surement l'aider à avancer dans la voix de son propre pardon. Bien que ses pensées faisaient absolument religieuses, elle ne l'était pas du tout, elle aurait aimé, pouvoir blâmer un dieu quelconque pour ce qu'il lui arrive mais elle n'avait qu'elle même à blâmer malheureusement. Elle finit par s'assoir sur le sol où elle venait de passer un coup d'éponge, ses jambes fatiguées. Cela faisait déjà un petit moment qu'elle y était et pouvait bien s'accorder une petite pose, bien qu'elle joua avec son éponge et le carrelage.

Tu crois qu'elle me pardonnera, BJ ?

Rory pensait que les deux étaient assez proches pour parler de ces choses là et elle posa donc la question en quête d'une réponse. Elle n'avait rien fait pour mériter cet éloignement et même si elles avaient tacitement décidées de rester amies, il restait une certaine tension indéfinissable.