Sixtine ; 20H00

Seconde fois qu’il visite la chapelle. Aux premiers abords, c’est un endroit religieux. Une étrange sensation émane des mûrs. Artie pénétra avec confiance depuis une embrasure néfaste. Il était passablement habillé pour faire face à un froid hivernal, très cinglant en plus. Le vent pouvait à tout moment l’envoyer une semaine KO dans un lit, il ne fallait pas l’oublier. La santé du Sir était très fragile, et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il prenait soin de mieux s’équiper ; et c’est seulement avec une écharpe et un pull cotonneux qu’il pouvait faire face à cette vague insupportable de froid. Son regard se ballade dans la chapelle à présent, il ne sait pas ou se focaliser, l’endroit lui parait plutôt vaste. Ce serait peut être le moment de réciter une prière, se dit-il. Sans grand enthousiasme, il pénétra dans un autre monde. Une voix l’interpella, il ne fit pas attention, il était concentré, bien trop occupé sur la vision suprême de ce lieu. Il leva les yeux vers le plafond, jamais il n’avait vu pareille décoration dans une chapelle catholique. Il dévorait des yeux les mûrs recouverts de marbre brun. Un lieu terrestre s’il en était, que l’on aurait dit décoré des mains même du dieu tout puissant. Au plafond de la coupole, une mosaïque représentait dans un ciel étoilé le soleil et ses sept planètes. Plus bas, les douze symboles païens du zodiaque, directement relié aux quatre éléments fondamentaux de l’existence. Les quadrants incarnaient la force, l’intelligence, l’ardeur et l’émotion. Ici, la force était mise en valeur. Le lord identifia sans mal les allégories des quatre saisons terriennes – primavera, estate, autunmo, inverno. Des signes qui n’échappaient d’ailleurs aucunement aux regards assassins du Sir… Finalement, il cède aux caprices auditifs de la jeune femme qu’il avait ignorée deux minutes auparavant. Il se retourne pour mieux l’identifier… Elle est blonde, mais bizarre, complètement modifiée… Il ne la reconnaissait plus. C’est là ou il se rappelle finalement le fameux téléphone et du courroux qu’il avait abattu sur la jeune écossaise. Il émit un rire bien propre à lui, signifiant largement qu’il était franchement ravie de la revoir, dans cet accoutrement en plus « Si tu avais répondu ‘Artie’ et non ‘Ruben’ je crois que tu aurais eu plus de chance, niveau propreté bien sûr… » Là, il ravale sons sourire, par respect pour l’endroit bien sûr. Si elle avait répondu par son nom, elle aurait pu bénéficier de divers panoplies vestimentaires très luxueuses, des accessoires de qualités et elle aurait, pourquoi pas une image plus propre et plus modérer… Mais le fait qu’elle ait instinctivement omit de le décrire comme la personne qui l’insupportait le plus était en somme un très grand compliment, et ça suffisait…

Je ne me suis jamais rendue dans la Chapelle, une honte pour une Sixtine, je vous l’accorde. C’est avec les chaussures taille 48, le futal noir taille 50, le t-sirt XLL rose surmonté d’un veston sans manches très classe, que je passe la porte de ce lieu saint. J’ai pitié pour le petit Jésus qui subit une telle agression visuelle, mais je me contente de hausser les épaules en fixant le plafond, esquissant une petite grimace qui signifie désolée. Je m’installe sur un banc, admirant le spectacle qui s’offre à moi. C’est vraiment magnifique, mais je n’ai malheureusement pas le vocabulaire du Lord pour décrire tout cela. Pour moi c’est un mur couleur marron, un grand rond au dessus de moi, des carrés de verre sur lesquels on a dessiné des planètes, des fleurs, des feuilles mortes, un soleil. Très joli, oui. Je détache mon regard du décor pour le reporter sur le petit autel qui me fait face, semble me sonder sans permission, me met aussitôt mal à l’aise. J’avais pour habitude, dans mon enfance, de me rendre à l’Eglise au moins pour les évènements les plus importants. Mais maintenant, je me souviens à peine du Notre Père. Je ferme les yeux et joints mes mains, comme si je suis soudain persuadée que quelqu’un peut m’entendre. Alors je me mets à prier pour la première fois depuis plus de huit ans. Je ne sais pas trop comment m’y prendre, alors j’hésite, je balbutie, et j’espère finalement que Dieu ne m’entend pas. Parce que si c’est le cas, il doit avaler son café de travers. Un bruit me fait relever la tête, et je délie aussitôt mes doigts. Pas question qu’un candidat en profite pour me faire une réflexion désobligeante, surtout que Ruben n’est visiblement pas du genre à se livrer à ce genre de choses. Etant donné qu’il se désape devant les yeux du tout puissant, ça m’étonnerait qu’il croie en son existence. Je tente d’attirer l’attention du Lord qui détaille ces merveilles de ses beaux yeux bleus, mais il met un certain temps à comprendre qu'il n'est pas seul. Il s’approche finalement de moi, ne manquant pas de me taquiner à propos de ma tenue vestimentaire. Sauf que, comme la plupart des membres composant ce château, il s’adresse à la Sixtine et non au Ruben qui est en moi. Flûte de zut. Je suis censée être le gorille, parler à sa place, être désigné par son prénom, et j'en passe et des meilleures. Par conséquent, je me plonge dans son rôle en fronçant les sourcils. Je place mes mains sur les hanches, prenant un air faussement blessé. « T'insinues que je suis dégueulasse ? C’est pas parce que t’es un gosse de riches que tu brilles plus que les autres. » Je passe mon doigt sur son front comme pour y relever une trace de saleté, l’observant avec une petite grimace. « Mais si y’a besoin t’as qu’à aller enfiler ton costume de soubrette pour venir faire le ménage. » Ah ah, j’en ris encore, mais je n’en montre rien. C’est dur d’être le gorille, et de devoir trouver des vannes pourries à longueur de journée. Je dois m’énerver au besoin, et c’est relativement fatiguant. Honnêtement, j’ignore comment il fait. La Sixtine que je suis a envie de lui dire que je regrette en effet mon choix, que j’aurais été bien plus à l’aise dans ses beaux vêtements repassés qui sentent bon la lessive. J’ai d’ailleurs hésité à donner le nom d’un candidat que j’apprécie en sentant le coup foireux de Cupicon. Cependant, juste au cas où, j’ai répondu avec franchise. Voilà ce que l’on récolte à être honnête ! On ne m’y reprendra plus . . .

Sixtine déguisée en Ruben était un spectacle fort amusant. Une bouffonne en costume de bouffon, voilà. Il se tourne vers elle maintenant, oubliant ses fresques et ses merveilleuses découvertes pour se focaliser sur cette fille… Euh plutôt cet homme répugnant et ectomorphe avec des habits largement plus grandes que son corps chétif, la différence était flagrante qu’on pouvait même se demander comment elle faisait pour trimballer avec un accoutrement pareil sans chuter ou se cogner contre un mûr, elle se prenait vraiment au jeu, ce qui était plutôt plaisant à voir, une joueuse invétéré, une combattante. Chapeau. Elle donnait fâcheusement une image claire et nette de ces jeunes qui revêtaient malheureusement et contre leur plein gré les habits de l’ainé qui lui, jouit d’une suprématie quotidienne sur les autres. Le Lord lui, n’avait pas eu à s’habiller de la sorte, même étant jeune, pourquoi, très simple la réponse : de un, ses parents avaient assez d’argent pour pouvoir lui garnir un placard complet, de deux, c’était l’ainé d’une famille ne comptant que quatre membres, ce qui fait qu’il n’a pas réellement été une victime de cette souffrance hiérarchique, ni matérielle. « T'insinues que je suis dégueulasse ? C’est pas parce que t’es un gosse de riches que tu brilles plus que les autres. » Il reste calme face à cette médiocrité fécale, rien d’alarmant, il reste stoïque, ce n’était pas Sixtine, non, c’était bien un mélange entre un guignol illettré et une mauvaise actrice. Elle rajoute pour appuyer son côté ‘Ruben’ carrément raté et improvisé à la dernière minute, carrément bâclé, pitoyable le finish….« Mais si y’a besoin t’as qu’à aller enfiler ton costume de soubrette pour venir faire le ménage. » Elle s’était mise à parler comme lui, pas étonnant vu que l’obligation affreuse de Cupidon était de jouer le personnage mythique mais pas trop de Ruben en bonne et due forme, sauf que là, elle avait du mal, elle était peu crédible dans ce rôle qui lui échappait radicalement « Excuse moi mais tu sembles avoir omis une petite chose, Ruben parle peut être comme cela, mais pas avec moi je suis navré pour toi… » Un petit détail qui lui échappait, il s’empresse de rajouter sereinement « Ruben est peut être anormal, mais il sait s’adapter aux exigences des gens tu sais…» Il lâche momentanément un sourire radieux, signifiant largement qu’elle était peu crédible, surtout avec ses beaux yeux bleus et ses cheveux blonds foudroyants, des caractéristiques qui étaient complètement absents chez l’autre connard. Elle devra changer de Cd et mettre celui ou le vétéran adopte avec le Lord un respect en carton, peut être un respect hypocrite mais cela suffisait amplement, il ne demandait pas une révérence, fallait pas abuser quand même. « Révise ton rôle, Ruben numéro deux… Le vrai Ruben n'hésiterait pas à se déshabiller devant moi, à me montrer des choses... Bref, si tu veux paraître plausible, il faudra puiser dans tes ressources pour venir à convaincre notre ange, car s'habiller comme lui ne suffit pas ma chère » C'était sans aucun doute la pire interprétation qu'il aurait jamais vu, c'était carrément une imitation, une pale photocopie froissée, presque différente... D'ailleurs, l'appeler Ruben numéro deux était sympathique comme surnom, mais provisoire, donc il adopte à un moment donné ce dernier pour la taquiner encore plus et faire de sa théâtralisation de la semaine un calvaire ; fallait pas se jeter sur le téléphone comme une guenon à deux balles petite chenille. « Dis moi Ruben N°2, tu penses quoi de Sixtine, elle est moche et carrément agaçante non ? » Léger sarcasme qui marqua son empreinte en laissant le lord dans un moment de pur ironie : Il lâcha un rire médiocre, tout en restant passablement levé face à cet énergumène bipède, il ne s’en rendait pas compte mais il lui rendait à présent sa monnaie, celle de la semaine dernière bien sûr : Le fameux épisode Femme de ménage…

Je ne suis pas très fière de ma prestation, mais je pense ne pas m’en être trop mal sortie. Jouer les gorilles n’est pas chose évidente, et on ne se rend pas compte à quel point c’est compliqué. J’aurais préféré incarner Siomha, je n’aurais pas eu beaucoup de dialogues. Remarque, j’aurais été contrainte de me jeter sur tous les mâles et femelles du château comme une tigresse en chaleur, je ne regrette donc pas mon choix. Néanmoins lorsque le Lord ouvre la bouche, ce n’est que pour m’assommer de reproches. Ah le con, comment il casse toute mon interprétation sans une once de remord. Je ne manque pas de balancer le bout de mon pied dans son tibia, histoire de lui manifester mon mécontentement Sixtinien, et ça il comprendra sans mal que ça vient de moi. Qu’est-ce que j’en sais moi, que Ruben éprouve du respect pour les Lord ? Les candidats auprès desquels je me suis renseignée ne m’ont guère fourni ce détail. En plus je n’ai pas eu plus d’une nuit pour appréhender le rôle, le manque de temps s’ajoutant au fait que je n’ai jamais adressé la parole à ce candidat. J’esquisse une petite moue triste, il veut me faire foirer ma mission le vilain, alors que je me donne du mal. Méchant Lord, je lui filerais bien la fessée si je le pouvais. Je saute cependant sur l’occasion d’ajouter une petite note d’humour lorsqu’il m’affirme que Ruben se serait déshabillé devant lui, même si je vise encore à côté. « Fallait me le dire plus tôt si voulais que je me désape. » J’attrape le veston entre mes doigts et commence à le retirer lentement, haussant mes sourcils de manière aguicheuse. Si, des gros sourcils peuvent jouer les séducteurs. Je le jette sauvagement à ses pieds, mais je ne vais pas plus loin. Quoi, vous ne pensiez pas assister à un second strip-tease tout de même. Tant que mon public n’est pas Moore, le faux Ruben n’a aucune raison de poursuivre. J’imagine que le Lord a terminé de m’assassiner lorsqu’il se tait, mais je suis bien loin de la réalité. Il ajoute une couche supplémentaire, remuant le couteau dans la plaie. Je suis en train d’imploser, et j’ai envie de lui sauter à la gorge. Grrraaouu, il se croit malin en plus, regardez-le comme il sourit ! Je vais le bouffer dès que je redeviens Sixtine. Je me force à rire, mais on sent bien que je n’y mets pas toute la conviction nécessaire, tout en cherchant une réplique adéquate qui ne m’enfonce pas. « Je ne la connais pas spécialement tu sais, mon petit Artie, mais elle m’a l’air plutôt canon. » Eh ouais, je suis certaine que Ruben me trouve irrésistible, même s’il a l’air de préférer les brunes. Qui ne le pourrait pas, d’ailleurs ? Je croise les bras sur ma poitrine aplatie. « Et puis ce n’est pas grave qu’elle soit agaçante, je n’ai pas l’intention d’avoir une longue conversation avec elle, si tu vois ce que je veux dire . . . » Je lui lance un sourire graveleux, lui tapant sur l’épaule comme lui signifier ‘hein, hein, tu vois c’que je veux dire, hein’. « C’est marrant que tu dises ça, j’pensais que tu la supportais plutôt bien. » Et tiens, j’suis vexée moi. « Enfin, pas aussi bien qu’Oona, c’est sur. » Je conserve un visage parfaitement innocent, tandis que je m’attaque directement à la source. J’ai envie de le harceler de questions, de le prévenir que s’il emmerde ma petite blonde je lui coupe ses parties génitales sans la moindre hésitation, mais je ne peux malheureusement pas procéder dans la peau de Ruben. Ah, foutu Cupicon . . .

Sir Artie sabota son rôle. C’était prévue depuis le prime de dimanche dernier, le scénario était planifié une semaine à l’avance ; dès qu’il la voit, il se marre, il se moque, mais légèrement fallait pas pousser le bouchon si loin. Surtout qu’il prit soins de sortir de ses lèvres attirantes des remarques très cinglantes, avec une couche ou deux de bonne foi, et ça passait, sans être méchant. Ces propos pouvaient être agaçants, elle pouvait le penser à n’importe quel moment, mais à quoi bon. Si elle n’avait pas l’air d’accepter ses sarcasmes, qu’elle se jette… Le londonien n’avait, à sa connaissance nullement dénié son extra-time rigolo avec la poussière l’autre semaine, elle allait pas quand même l’assassiner à cause de deux phrases ou deux, on était dans un pays libre non ? Mais on s’en contrefiche royalement. Un petit coup dans le tibia s’ensuit, ouuch… Voulait-elle qu’il abandonne l’aventure déclarant forfait à cause d’une fracture et plusieurs hématomes…. Si c’était vraiment ce qu’elle cherchait, fallait retenter et essayer plus fort, car il faut bien l’avouer qu’avec cette chiquenaude ramollo, elle n’allait pas lui arracher ne serait-ce qu’un milli décibel de cris de douleurs, juste une grimace, et c’était pour lui faire plaisir, une grimace. Et puis c’est vrai maintenant, le Sir est un adversaire de taille et le faire sortir par la petite porte de l’infirmerie était une option très maline… « Fallait me le dire plus tôt si voulais que je me désape. » Elle retire son gilet… Oula mais elle avait quoi à la place du cerveau celle là !? Il ne voulait pas vraiment la voir à poil, c’était juste pour la taquiner, pas pour qu’elle se déshabille et lui prodigue un show à la Ruben. Elle jette son gilet, c’est tout, elle s’arrête à ce niveau, elle n’ose aller plus loin, tant mieux pour elle, et pour le Sir aussi. Fallait quand même garder ce voile de respect qui délimitait les zones à ne pas franchir… Quoique, en réfléchissant par moment et on se posant des questions existentielles, Sixtine, ou bien Ruben made in China (second surnom) n’avait pas vraiment commit un flagrant délit en cet instant en voulant s’exhiber, ajouté au fait qu’avec Miss Sixtine, ce voile était bientôt sur le point de disparaître… Pourquoi ? Il n’avait aucune idée… Il existait des gens à qui Artie pouvait tolérer à présent plein de choses, comme Baptiste, Moore ou encore Sixtine… et par quel malheur cela s’est arrivé ? Aucune idée, nadaa. Étrange. Il y’a toujours des imprévus, dans n’importe quel situation. « Je ne la connais pas spécialement tu sais,mon petit Artie, mais elle m’a l’air plutôt canon. » Elle s’autocritique, bravo, confiance surdimensionnée en soi… Il note. Plutôt canon, c’est ça, oui, elle était belle, fallait pas mentir, elle avait une tête d’ange. Il laisse apparaitre un sourire, un sourire rapidement effacé « C’est marrant que tu dises ça, j’pensais que tu la supportais plutôt bien. » C’était une petite moquerie, elle savait bien qu’il n’avait rien contre elle, ou pas, elle avait peut être mal interprété, mais ce n’était pas son problème si ses synapses était bouchées. Anomalie dans son processus d’évolution ? Peut être, il rectifie « Je fais des efforts » Son visage retrouve sa solidité habituel. Quand il était sérieux, il était de nature peu bavarde, il prenait le strict minimum de mots et les plaçait dans une seule et unique phrase, essayant le maximum de diminuait la longueur de ses répliques. Maintenant, son côté sarcasme disparait et fait place à un comportement plus pragmatique. Elle parle une nouvelle fois d’Oona comme les trois quarts des candidats qu'il rencontrait, intéressant. Tout le monde s’intéressait à présent à sa relation, sa pseudo-relation, ou peut être même rien, il ne savait pas comment interpréter son lien avec elle, c’était encore flou. « Tu en sais quoi pour pouvoir en juger ?» Connaître ce quel savait était une chose primordiale, elles étaient d’ailleurs très proches, donc cela ne serait pas étonnant de voir toute l'histoire en version originale sortir de sa bouche... Et non censuré encore …

Je sais parfaitement qu’il ne fait que me taquiner, ça oui. C’est typiquement Artinien de m’emmerder pour me faire foirer ma mission, cela dit je ne suis pas décidée à la laisser me filer entre les doigts à cause du Lord. Je retire une certaine satisfaction de sa grimace, imaginant que j’ai une force herculéenne capable de le faire plier sous ma volonté de fer. En fait pas du tout, il n’a ressenti qu’une pichenette même pas assez puissante pour lui retirer un son. Je suis plus fière encore de mon début de strip-tease, parce qu’au vue de son regard effrayé, il craint que je ne m’exécute. Et je suis certaine qu’il sait que j’en suis capable, juste pour l’embêter. Je l’imagine mettre ses doigts sur son visage pour soustraire ces images à son chaste regard, ce qui me retire un sourire non dissimulé. Ah ah, ça aurait été tellement bon que j’hésite à poursuivre. Néanmoins je ne transgresse pas les règles basiques de la bienséance, en vérité j’avais trop chaud et retirer ce gilet m’arrangeais bien. Je ne désire pas bousculer le Lord en poussant la plaisanterie plus avant, je crois qu’il a eu son lot de sensations fortes pour les semaines à venir avec sa petite expérience des soubrettes de ménage. Véritablement mémorable, ça aussi. J’attends la réponse du jeune homme non sans un certain intérêt, redoutant qu’il m’enfonce davantage. Cependant il se contente d’affirmer faire des efforts, ce qui me soulage quelque peu. J’esquisse un petit sourire en acquiesçant d’un mouvement de tête. Au moins il n’avoue pas que je lui tape sur le système et qu’il a envie de me projeter contre un mur chaque fois qu’il me voit. Ouais, il m’aime bien quand même le Lord, non ? Je serais déçue du contraire, parce qu’il occupe une position relativement élevée parmi les candidats de ce château. J’aime sa façon de présenter les choses, de réfléchir, de m’assommer de sarcasmes, cette différence catégorique entre lui et moi. Ce ne serait pas intéressant si nous étions des âmes jumelles, que nous étions d’accord sur tout, avec un mode de vie identique. Je sais qu’il supporte parfois mal mes excès de paroles, mon comportement parfois outrancier, néanmoins j’estime avoir une chance de m’approche un peu plus de lui. Je bascule le poids de mon corps sur mon autre jambe tandis que la discussion dérive sur ma très chère Oona, et la romance naissante entre ces deux-là. J’imagine que je ne suis pas la première à évoquer cette relation auprès du Lord ou de la pauvre blonde. Moore a déjà du s’en charger, par exemple. Mes traits prennent la forme du mépris tandis que je réponds de façon Rubienesque. « Que tu ferais mieux de te trouver une nana moins inutile. » La dernière fois que j’ai vérifié, le gorille écrivait des saletés sur le blog de la danseuse, l’estimant inintéressante et désireux de la voir quitter l’aventure. A ce que je sache, pas d’évolution notable jusqu’à aujourd’hui. C’est dur de dire ça alors que je pense tout le contraire, et j’ai envie de lui répondre avec franchise. Je sors alors un stylo de ma poche, une petite précaution depuis que j’ai appris à communiquer secrètement à travers l’écriture, cherchant du regard un support où je pourrais faire passer mon message. Non, je n’allais quand même pas gribouiller les bancs de l’Eglise ! Je décide de griffonner sur ma main gauche, écrivant tout petit pour avoir la place de m’exprimer. « Je sais qu’elle est très attachée à toi et que c’est la première fois pour elle, alors si tu fais saigner son petit cœur, je t’arrache le tien avec une pince à épiler. » Juste pour qu’il comprenne que j’ai l’intention d’y aller lentement, et de lui faire mal. Bon d’accord, la menace ne semble pas particulièrement flippante, mais ça doit être sacrément douloureux quand on y pense. J’espère que personne ne s’est érigé en protecteur de l’innocence de la demoiselle, parce que sinon ça ferait un peu bis repetita. Je n’ai plus de place sur la paume, aussi je décide de passer à mon avant-bras. « Je sais aussi qu’elle ne te laisse pas indifférent. Fais juste attention, s’il te plaît. » C’est surtout pour ça que je m’inquiète. Si l’une des parties n’étaient pas intéressées, y’aurait pas de problème. C’est souvent quand les deux se cherchent que ça risque de partir en cacahuètes. Mais j’ai confiance en Lord Artie, il n’a pas l’air de quelqu’un qui se passe du respect des autres, quel que soit la décision qu’il prendra.

« Que tu ferais mieux de te trouver une nana moins inutile. » Bon, il est vrai que ce personnage de Ruben commençait à devenir lourd par moment. Il aurait bien aimé qu’elle oubli cette apparence hideuse qu’elle essaye de reproduire vainement sous ordre direct de cet ange et retrouve son personnage initial et son caractère brûlant de toujours... Il était impatient même. En tout court, il n’attendait que la semaine prochaine pour qu’elle ôte ce masque et son aura répugnante pour lui faire un câlin amical et pouvoir jouir de sa présence réconfortante, sa vraie présence, et pas d’un Fake, comme celui là. Il oublia carrément qu’il était dans une chapelle, notamment à cause de la jeune écossaise qui essayait par tous les moyens de coller au personnage qui semblait s'être attaqué à son entourage la semaine dernière. Qu’on s’attaque à lui, pas de problème, qu’on s’attaque à son cercle ou plus précisément à Oona, on passe à un autre stade, un stade X ou Gentleman Artie devient Aristocrate démesuré avec le pouvoir de la peine de mort, rien ne change, peut être, mais en mode aristocratie ultime, jauge power au Maximum et Lady Oona malheureuse ou blessée, le déluge survient tantôt. Il n’hésitera surement pas à dévoiler ses belles canines pour une occasion pareille, des canines chastes et très propres qui ne font surfaces que dans de belles occasions, et même rarement. Pour l’instant, ce faux Ruben à une couverture sociale et des antécédents avec lui, donc ça passe. Il remarqua d’ailleurs que la jeune ballerine avait réussie à former un bouclier consistant autour de sa personne, la protégeant continuellement des risques extérieurs, il fut en plus de ça surpris de voir que même lui se permettrait de la protéger au détriment de sa propre personne, chose qu’il n’aurait pas put faire avec un autre individu. Bravo la coquine, elle a réussit à l’amadouer à un stade plutôt avancé… La discussion dérive sur elle, elle était le centre de l’attention en ce moment, et il ne pouvait nier le fait de ne point parler à quelqu’un sans penser à elle, drôle de sentiment, c’était une renaissance d’une ancienne sensation qu’il avait eu du mal à réveiller. À présent, il peut la sentir, la ressentir. Sixtine -oui car là ça devient lassant de chercher des surnoms pour cet énergumène qui n'en vaut pas la peine- prend un stylo et commence à écrire maladroitement sur la paume de sa main. Il déchiffre avec difficulté le message, d’ailleurs le dernier mot est illisible, mais il fait semblant de comprendre, c’était une sorte de menace, d’accord. Une menace c’est ça ? Personne n’était apte à pouvoir le menacer, même les mieux placés, donc sans vous dire que cette menace, lourde avec des mots mais légère en réalité… le traverse partiellement… Il note quand même l’humour, mais aussi l’effort. Ce n’était pas réellement une menace, juste dans les formes quoi pour qu'elle montre son attachement à Oona. « Excuse moi mais, est ce que je suis entrain de signer un mini contrat de mariage là ? » Qu'est-ce qu’il ferrait sans ses bons vieux sarcasmes, c’était même devenu sa signature maintenant. Sentant que le jeune femme persistait à appuyer son côté protecteur envers la jeune irlandaise, elle rajoute, écrivant cette fois-ci sur son avant-bras. Cette fois, il arrive clairement à lire le message, sa peau était d’une blancheur immaculée proche de celle d’une réelle feuille. Le Sir apprécia cette dernière phrase, s’il venait à nier qu’elle ne le laissait pas indifférente, il allait tout simplement passer pour un menteur malgré lui, que ça soi vrai ou faux. Donc il se contente d’un hochement de la tête et d’un sourire malin, très significatif et proche de ‘Tu m’as piégé hein’. Il apprécie aussi l’idée que Sixtine est une femme sur qui Oona peut compter, prête à la protéger. Au moins, il n’était pas le seul à la trouver intéressante… Il fut soulagé aussi de voir qu’elle avait creusé une place et que, si son départ survenait malheureusement, trouvera un certain réconfort en la personne de Sixtine. Il rajoute, confiant « J’essayerai. » Futur simple, donc certitude. Il respectait le fait qu’Oona soit dans son premier rapport, c’est pour cette raison d’ailleurs qu’il avait opté pour l’idée de l’aborder doucement, sans la brusquer. Ce n’était pas de son genre de manipuler les gens, ni les rejeter, il se contentait simplement de vivre avec l’idée d’être toujours de bonne foi, et cela se remarquer dès ses premiers rapports avec les autres… Ou pas malheureusement...

Ouh je sens que ça l’énerve cette remarque. Il faut dire que ça m’a agacés moi-même de prononcer cette phrase, et si j’avais été en face de moi à cette seconde précise, je me serais collée une baffe sans hésiter. Mais bon, je tiens à mes 5 000 euros et donc à conserver une pseudo-crédibilité en n’affirmant pas adorer Oona, parce que je sais que Ruben ne l’apprécie pas tellement. De plus, je sais parfaitement que le Lord comprendra que ce n’est pas mon sentiment véritable, et je le lui fais bien comprendre en me recouvrant le corps d’écritures diverses qu’il semble avoir du mal à déchiffrer. Je lâche un rire dans la Chapelle lorsqu’il se demande s’il ne s’agit pas d’un contrat de mariage que je tente de lui faire signer. Il me semble qu’on exige plus de formalités que ça, et que même s’il apposait une signature en bas de mon bras, le contrat serait nul. Ce n’est pas un testament, qui lui, peut être rédigé sur une machine à laver au stylo indélébile et se révéler parfaitement valable. Ouais, les lois sont relativement étranges parfois. Il paraît comprendre le message sur ma peau, cette menace au moins aussi effrayante que mon coup de pied dans son tibia. Je sais que je n’ai pas vraiment une tête qui fait peur, et que mon gabarit ne laisse pas présager une force herculéenne à faire pâlir Schwarzenegger, cependant me sous-estimer serait une grossière erreur. Car face à un novice en matière de combat, je suis sûre d’en sortir victorieuse à chaque fois. Bon, qu’il se méfie quand même le petit anglais, je n’ai jamais été aussi sérieuse de ma vie. S’il touche un cheveu de ma Oona pour lui arracher ensuite, c’est lui qui se retrouve chauve comme mon coude. J’apprécie le fait qu’il ne tente pas de nier son attachement à la blonde, que ni par X ou Y il essaie de me démontrer que je me plante complètement. Il me fait au contraire comprendre que j’ai vu juste, et cela me satisfait. Je hoche la tête, abaissant mon bras en le frottant frénétiquement. Artie me réponds de façon succincte mais parfaitement claire. Essayer, c’est déjà bien, ça me suffit. « Bon. » Et ce bon contient toute ma bénédiction, mes remerciements, mon respect, sans oublier de lui rappeler que je veille au grain. Je tourne alors les talons sans ajouter un mot, parce que Ruben et Artie n’ont plus rien à se dire, et que je n’ai pas l’intention de me tagger tout le corps pour communiquer. Vivement le prime, que Sixtine puisse faire son come back.