Que faire lorsqu’une envie subite de lever le drapeau blanc avec quelqu’un vous prenait de cette manière ? Ce matin je m’étais levé d’humeur à arrêter de tirer une gueule de cent pieds de long lorsque je voyais un candidat, j’avais bien pensé à Jackson pendant un temps mais j’étais certain qu’il allait gâcher mon initiative je réfléchissais donc à un autre candidat. Caesar avait été viré à mon plus grand bonheur je ne pouvais donc pas me comporter gentiment avec lui, Melissa… Non pas ce caniche humain, plutôt crevé. Bon, finalement je ne voyais qu’une personne, Siomha. Allez savoir pourquoi mais j’avais la curieuse impression qu’elle ne m’appréciait pas trop depuis l’épisode du dentifrice que je lui avais malencontreusement emprunté pour me brosser les dents. Du coup j’allais chercher dans le cellier le premier dentifrice qui correspondait au sien, je remerciais sur le coup ma mémoire photographique. Tube en main je partais maintenant à la recherche de la jeune fille et j’étais bien heureux de la retrouver juste en face du cellier, dans la cuisine. Un petit sourire sur le visage je m’approchais de la jeune fille qui sirotait son café faisant glisser le tube jusqu’à elle. « Je me suis dit qu’il fallait que je te fournisse un nouveau tube de dentifrice puisque je te l’avais emprunté l’autre jour. »

Ce n'était pas seulement une nouvelle journée qui commençait, mais aussi un nouveau mois. Bof, peu importe. Cela n'allait rien changer à ses sales habitudes. Comme par exemple les nuits qu'elles passaient à se réveiller, inévitablement, à peu près toutes les quatre heures avec l'impossibilité de se rendormir dans l'immédiat. Si bien qu'elle s'était réveillée pour se recoucher trois heures plus tard et finalement se lever, pour de bon, dans les environs de quatorze heures. De sa démarche lasse, bien qu'élégante, elle se rendit dans la cuisine, examinant la pièce du regard. Elle voulait manger un truc. Elle voulait boire quelque chose. Tout en restant dans la facilité. Elle n'était pas d'humeur à se compliquer la vie, pas aujourd'hui. Ainsi donc, elle tendit la main afin d'emprunter la cafetière et se servir une tasse de café. Qu'on se le dise, elle n'était pas fan de café, mais peu importe. Elle plongea ses lèvres dans le liquide brûlant lorsque Baptiste débarqua. Il lui souriait. Ok... Et il lui donnait un nouveau tube de dentifrice. Trop aimable. Elle était censée en avoir quoi que ce soit à foutre? Mieux encore: il croyait vraiment qu'elle avait besoin de quoi que ce soit de sa part? Blague. « Oh, trop aimable de ta part. » laissa-t-elle entendre, une touche d'ironie dans la voix. Elle avala une nouvelle gorgée de café, avant de reporter son attention sur son camarade. Il attendait quoi? Un « merci » peut-être? « Allez, dégage. » soupira-t-elle. Ouais, il pouvait disposer, elle aimait bien passer les premières heures de sa journée dans un silence relaxant.

Être sympathique ne m’allait pas, mais alors pas du tout. Je regrettais amèrement d’avoir fait l’effort de tenter une possible réconciliation, cette fille était inintéressante et ma bonne humeur disparaissait sur le champ. Merde, mais qu’est-ce qu’elle avait pour être si chiante ? Elle était mal baisée ? Non c’était impossible puisque la plupart du château lui était déjà passé dessus, bon elle jouait peut-être un rôle alors mais autant lui dire qu’elle n’allait pas aller loin comme ça. « Oh, trop aimable de ta part. » Son ironie me provoque, je n’étais déjà pas de bonne humeur avant de venir ici pour tenter de faire quelque chose qui s’avérait être fort inutile mais maintenant c’était encore pire. « Allez, dégage. » Je soupire, elle me cherche et elle va surement me trouver parce que j’en ai marre d’être sympathique. Ni une ni deux je prends le tube de dentifrice que j’ouvre et que je verse entièrement dans mes deux mains, je m’approche et lui en colle plein la figure, les cheveux et les vêtements. « Restes conne dans ce cas et bouffe ton tube de merde. » Je m’essuyais les mains contre son t-shirt et m’apprêtait à sortir de la pièce.

Les choses se confirment, mes amis: ils étaient tous cons dans ce jeu de merde. Impossible que ça soit autrement. Elle trouvait tout de même ne pas avoir été trop méchante. Elle aurait facilement peu l'insulter de tous les noms, lui dire à quel point il était stupide, être condescendante ou lui crier dessus et elle n'avait rien fait de tout cela. S'il ne savait pas supporter l'ironie, il ne fallait pas venir la voir, trou du cul. A la place de ça, monsieur prit la mouche et lui étala le dentifrice dessus. Connard. Il sait que les tâches de dentifrice, ça part super mal à la machine? Et qu'elle avait à peu près trois tenues différentes seulement? Putain, qu'est-ce qu'il était con. Rien que pour un crétin pareil, elle pourrait se tirer de ce jeu, elle était pas venue là pour se faire détester de tous les côtés. Elle demandait rien à personne, merde, qu'on la laisse tranquille. Non, parce que bon. Elle acceptait qu'on vienne interrompre ses parties de baise, qu'on crache sur son dos sur la belle salope qu'elle était – elle ne disait pas qu'elle ne l'était pas hein – qu'on la juge sans la connaître, mais au bout d'un moment, il faut arrêter de la prendre pour une conne. Et visiblement, Baptiste aimait bien se foutre de sa gueule. Elle était passive en temps normal, c'est vrai. Oh que oui, elle l'était. Et elle n'était même pas en colère, là, maintenant. Dans le pire des cas, elle était très très légèrement agacée. Mais elle n'était pas du genre à se laisser faire. Et là, maintenant, tout de suite, elle n'avait pas envie de se laisser faire. Quoique, le pauvre venait déjà de bien se ridiculiser et cela seul devrait suffire mais... non. « Baptiste? » l'interpella-t-elle en faisant quelques pas dans sa direction. Ah, la violence. On dit que ça ne résout jamais rien, mais Dieu que ça soulage. Ainsi donc, lorsqu'elle fût suffisamment proche de lui, elle lui asséna un coup de genou bien placé, visant sans difficulté son entrejambe. « Va te faire foutre. » déclara-t-elle alors de sa voix habituellement lisse et froide. Eh bien, voilà. Une bonne chose de faite.

S’il y avait bien quelque chose que je regrettais c’était de ne pas parvenir à discuter avec Siomha, elle était si superficielle comme fille dans sa manière d’être ici, je ne pouvais pas la comprendre sur ce coup parce qu’elle me paraissait tout de même pouvoir être sympathique, le problème c’est qu’elle nous cassait à tous les couilles et c’était le cas de le dire maintenant. Elle voulait être seule, je le savais mais je ne l’acceptais pas trop. Si elle s’était inscrite ce n’était pas pour nous emmerder avec sa solitude, si elle voulait vraiment être alone elle n’avait qu’à s’inscrire dans un autre jeu, ici le principe était au contraire de trouver sa paire mais enfin bref… Elle était blonde de toute manière. J’étais une nouvelle fois déçu par la jeune femme, j’avais pourtant fait en sorte que tout ce passe bien mais non… Elle avait encore ajouté une touche d’ironie mal placée à ses propos, peut-être que je l’avais mal pris à cause de mon humeur complètement pourrie depuis le prime mais ce n’était pas que de ma faute, elle me provoquait je lui répondais et le dentifrice qu’elle avait plein la gueule en attestait. « Baptiste? » Je tourne la tête vers elle et l’entend qui s’approche grâce à ses tatanes qui font un bruit pas possible. Je n’ai pas le temps de bouger le petit doigt qu’elle me frappe en plein dans les parties intimes… Doux Jésus, je crois que je vais l’assassiner, là, dans cette cuisine. « Va te faire foutre. » J’ai vraiment mal et je ne suis pas loin de me plier en deux. « Espèce de grosse chienne. » Elle ne l’a pas volée celle-là, ni une ni deux je prends la première chose qui me tombe sous la main c’est-à-dire une poire que je lui lance en plein dans la tête.

Putain, ce que ça soulage. Oh que oui. Un véritable moment de relaxation. Très bonne idée qu'elle avait eu là. D'enfoncer bien brutalement son genou dans les parties intimes de Baptiste, dans ses « bijoux de famille ». Ça faisait un bien fou. Et le voir esquisser une grimace de douleur rendait les choses d'autant plus agréables. Était-ce donc mal, de se réjouir de la souffrance d'autrui? Cela faisait-elle d'elle une psychopathe? Si oui, elle voulait bien en être une plus souvent. La première réaction du jeune homme fût de l'insulter. Logique. Elle avait souvent cette même réaction, à chaque fois qu'elle donnait des coups de genou bien placés. Vous vous doutez bien qu'elle ne signait pas là son premier acte de violence, bien sûr que non. Et elle aurait presque pu prendre cette insulte avec le sourire. Presque. Puisqu'elle ne souriait pas souvent. Pour ne pas dire jamais. « Je sais. » fût tout ce qu'elle déclara de sa voix monocorde. Et compte tenu de la situation, c'était déjà trop. Son camarade n'en méritait pas tant, que ça soit bien clair. Il s'adonna alors à lui balancer quelque chose. Un quelque chose qui écorcha quelque peu la peau de son front. Pas bien grave. Elle se pencha pour attraper le poire qui était tombé au sol et croqua dedans, l'air de rien. Eh bien oui, il ne faut rien gaspiller. Après tout, ça ne devait pas être cool d'être balancé à la poubelle, hm? La belle tourna alors les talons, retournant vers sa tasse de café qu'elle avait précédemment posé sur le plan de travail. La journée ne commençait pas si mal que cela, finalement.

A l’instant où j’avais lancé cette poire sur la jeune fille je m’étais tout de suite senti con, je regrettais mon geste alors qu’elle le méritait, c’était peut-être ça le pire. Elle était tellement énervante que j’en perdais le peu de sang-froid que j’avais. Oui, j’étais faible et bien incapable de ne pas répondre lorsqu’on me provoquait, ça avait toujours été comme ça chez moi, j’étais quelqu’un qui avait le sang chaud et qui ne se laissait pas marcher sur les pieds alors forcément lorsque je me retrouvais avec une telle personne je ne pouvais que me comporter comme un abruti. J’allais être plus fin à partir de maintenant, la finesse ça me connaissait. Je m’approchais d’elle pour m’asseoir juste à côté d’elle, j’allais l’emmerder d’une autre manière sans répondre à ses coups, mon entrejambe me faisait nettement moins souffrir. « A part ça… Tu ne te fais pas trop chier ? » Je faisais comme s’il ne s’était rien passé, je cherchais à l’énerver ou même à la faire sourire… Je voulais juste lui arracher un sentiment humain parce qu’elle était anormale comme fille. Je comprenais pourquoi personne ne pouvait la voir dans ce château, elle était flippante à ne pas se conduire comme tout le monde. Je me demandais bien pourquoi est-ce qu’elle s’était présentée à un casting pour une émission basée sur l’amour.

Dites-vous bien que si elle avait su auparavant que foutre un bon coup de genou serait aussi relaxant, elle l'aurait fait plus tôt. Oh que oui, elle en aurait frappé un plus tôt. Surtout si ça pouvait bien lui mettre dans son crâne de moineau qu'elle n'était pas du genre à se laisser faire et qu'au bout d'un moment, il faut arrêter de se foutre de sa gueule. C'était une bonne chose de faite en ce début de journée. Tout naturellement donc, elle avait commencé à manger la poire, qui avait été l'objet de son agression, une minute plus tôt. Elle était vachement bonne en plus, cette poire. Bon, ce n'était pas tout, mais elle avait du dentifrice sur la tronche aussi. Elle attrapa de l'essuie-tout afin d'essuyer sa peau. Elle n'aurait plus qu'à reprendre une douche, de toute façon. C'est visiblement pas ici que les gens faisaient des économies d'eau. Surtout qu'elle allait se taper de l'eau froide. Heureusement qu'elle n'était pas à ça près hein. Elle se rendit ensuite compte que Baptiste avait décidé de poser son cul sur une chaise. Juste à côté de celle occupée par la blonde. Si elle ne se faisait pas chier? Oh, quelle gentille attention, que de s'inquiéter de son état. « Je m'éclate comme une petite folle. » répondit-elle, ironique au possible. Oh, c'est vrai, il n'appréciait pas l'ironie. Eh bien, il ferait mieux de déguerpir dans ce cas, puisque Síomha ne connaissait que l'ironie et le sarcasme, comme manières de s'exprimer.

Je ne pourrais pas dire que je prenais mal l’ironie, ce n’était vraiment pas le cas surtout que j’avais tendance à fonctionner la plupart du temps avec ça. Le truc c’est que je savais avec qui le faire ou pas, Siomha était loin d’être une fille que j’appréciais et j’évitais donc de me comporter avec elle comme ça… Du moins jusqu’à maintenant, je changeais complètement de stratégie d’approche cette fois-ci décidant d’être plus calme et donc plus énervant, je ne comptais pas la lâcher jusqu’à ce qu’elle pète un plomb après moi. Je voulais la voir perdre le contrôle ça serait vraiment orgasmique pour moi. « Je m'éclate comme une petite folle. » Je me forçais à rire, me levant pour prendre un verre de coca, j’aimais les bulles même si ce n’était pas de l’alcool. « Moi aussi… En même temps avec toi dans la maison on ne peut que s’amuser n’est-ce pas ? » Lui dis-je en venant m’asseoir de nouveau à côté d’elle un petit sourire ironique sur le visage.

Tiens, il était toujours assis là? Il comptait dégager bientôt ou bien...? Bof. Allez savoir. Maintenant qu'elle l'avait fait souffrir comme elle le souhaitait, il pouvait bien recommencer à faire tout ce qu'il souhaitait. Il ne l'intéressait que peu. Comme le reste des candidats, à vrai dire. Personne n'était suffisamment intéressant pour soulever un quelconque intérêt chez la blonde. Peu de choses réussissaient à la faire réellement réagir, c'était un fait. Et cela devenait de plus en plus vrai avec les années. Baptiste misait donc sur l'ironie maintenant. Ah. Grand bien lui fasse. « Tout à fait. C'est ce que je m'évertue à répéter. » Une fois encore, elle n'était pas sérieuse. Elle suintait le sarcasme, c'était évident. D'autant plus qu'il était clair que personne ici ne la trouvait ni amusante, ni d'une quelconque manière indispensable. Et elle, au moins, savait qu'elle ne l'était pas. D'autres devaient sérieusement penser de leur petite personne que ce jeu ne survivrait pas à leur départ. C'était faux. Personne n'est indispensable. Personne n'est irremplaçable.