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Une fois n’est pas coutume, Mylah s’ennuie et comme souvent depuis qu’elle est ici et qu’elle s’ennuie, elle décide de faire un peu de ménage. Jusqu’ici, elle a réussi, plus ou moins, à mettre de l’ordre uniquement dans ses affaires, puisqu’elle sait pertinemment que si elle commence à ranger pour les autres, ils ne se priveront pas d’user et abuser de son talent pour le ménage. Or, bien qu’elle mette un point d’honneur à vivre dans un environnement qui se veut propre, ce n’est pas pour autant qu’elle compte devenir la femme de ménage officielle de cette saison quatorze. S’il y a quelque chose qu’elle aime encore plus que l’ordre, c’est qu’on la respecte. Et même si cela nécessite de s’infliger la vue d’une cuisine dans un désordre affolant. Un peu comme toutes les pièces de l’hôtel. Alors quand vraiment elle n’arrive plus à supporter ce désordre – qui consiste souvent en quelques casseroles qui trônent dans l’évier ou quelques fringues négligemment balancées au sol – elle s’exécute, quand elle est certaine que personne ne peut la prendre sur le fait accompli. La semaine dernière, Nirvana l’a surprise, mais la candidate n’a pas profité de la situation, fort heureusement. Mais en cette fin de matinée, Mylah ne compte pas nettoyer derrière les autres, mais s’occuper uniquement de ses affaires. En l’occurrence, de son placard situé dans le dressing. Le nettoyer et le mettre en ordre, surtout, bien qu’elle le fasse deux fois par jour. Munie d’un chiffon humide pour enlever la poussière qui s’est déposée sur le bois, elle se rend dans le dressing, mais constate bien vite qu’elle n’est pas seule, puisqu’Imma est déjà présente dans la pièce. « Bonjour. » Elle déclare poliment en entrant dans la pièce, question de principe, mais également pour annoncer sa présence. C’est qu’Imma lui apparait comme une petite chose fragile qu’un rien pourrait traumatiser, elle aimerait autant ne pas être responsable du malaise de la jeune femme. Mylah reste silencieuse par la suite, se dirigeant vers son placard, tentant de ne pas se focaliser sur la peau toujours aussi perturbante de sa camarade. « Ravie que Ziggy ait quitté l’hôtel, je présume ? » Elle lance, sans se retourner vers Imma, afin de lancer la conversation, parce que pour le bref contact qu’elle a eu avec la brune lors de la semaine survie, on ne peut pas dire que celle-ci ait été particulièrement causante. Sur ce, elle s’applique à sortir délicatement les vêtements de son placard qu’elle dépose soigneusement par terre avant de nettoyer son placard avec son chiffon légèrement humidifié.  

Imma n’a pas grand-chose à faire, pourtant elle ne ressent pas le besoin de s’occuper. Elle peut s’asseoir dans un coin et attendre que le temps passe. Evidemment elle ne le ferait pas pendant une journée entière, mais elle peut le faire une matinée. Ce qu’elle a fait durant deux bonnes heures devant l’aquarium de l’étage du dessus, regardant virevolter autour d’elle les poissons tropicaux multicolores. Une fois fait et pas encore prête à faire à manger, elle s’avance dans le dressing pour enfin se changer. C’est qu’elle était restée en pyjama jusque-là, trop absorbée par son spectacle. Elle passe une robe, elle passe un châle, ainsi couvrant ses jambes et ses bras. Doucement elle repliait doucement d’autres vêtements qu’elle avait mis en boule dans sa partie de dressing, quand un bonjour la tire de sa rêverie. L’africaine tourne alors son visage pour regarder Mylah entrer dans la pièce, sans pour autant insister. « Bonjour » Qu’elle souffle alors à sa suite, pour être également polie. Rapidement elle détourne à nouveau ses yeux sur ce qu’elle est en train de faire. Est-ce qu’elle est ravie que Ziggy ait quitté l’autel. Cette question l’étonne assez, elle ne s’y attendait pas. Ou plutôt c’est le fait de n’avoir aucune idée de réponse à fournir à la blonde. Est-ce qu’elle est heureuse qu’il ait quitté l’hôtel… Elle ne sait pas bien. Sur la forme oui, elle est plutôt contente, il ne l’embêtera plus. Sur la forme, c’est autre chose. « Je suppose oui » Elle lui répond tout bas, rangeant soudainement moins rapidement ses affaires. En fait, elle n’en est pas certaine. Effectivement, sur le fond elle n’est pas ravie. Ziggy, elle n’a pas eu le temps de réellement le connaître et elle part toujours du principe que tout le monde ait un fond de gentillesse. Plus ou moins précis et visible. Ziggy a été spécial avec elle, brusque, mais elle ne peut pas dire qu’elle soit ravie. « Enfin…Je sais pas. » Qu’elle souffle encore moins fort, ne se l’avouant à peine, alors qu’elle se retourne un peu sur la blonde. « Toi ? » Peut-être qu’elle le détestait, comme beaucoup ici.

Mylah se contente d’une simple politesse d’usage pour annoncer son entrée, avant de se préoccuper de son placard plutôt que de sa camarade déjà présente dans le dressing. C’est que le ménage n’attend pas, bien même si elle reviendra sûrement en milieu d’après-midi effectuer un nouveau rangement dans son placard. Elle tente malgré tout une approche quand elle est lancée dans son tri, parce qu’Imma lui apparait comme une énigme et Mylah n’aime pas les énigmes. Or, la blonde sait que si elle ne lance pas d’elle-même la conversation, sa camarade ne le fera pas d’elle-même. Le sujet est tout trouvé, l’élimination de Ziggy au début du prime de dimanche passé. Élimination qui doit forcément faire réagir la brune, puisqu’il est apparu, aux yeux de Mylah, que l’entente n’était pas au beau fixe entre les deux candidats. Les réponses que lui donne Imma restent vagues, bien trop vagues au goût de Mylah. « Tu supposes, tu ne sais pas ? » Répète-t-elle, tentant d’obtenir une véritable réponse de la part d’Imma. Si Mylah avait un regard extérieur à la scène, elle constaterait que c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Comment peut-elle juger quelqu’un d’hésitant, quand elle-même l’est constamment dans ses actes ? Imma lui demande son opinion, et elle ne se fait pas attendre. « Oui. » Rapide et concis, elle n’a pas besoin de tergiverser durant des heures pour fournir une réponse. « Il est agaçant et irrespectueux. » Elle parle au présent, car jusqu’à preuve du contraire, Ziggy n’est pas mort et son caractère n’a sûrement pas changé du tout au tout parce qu’il s’est retrouvé à l’extérieur. Mylah n’avait aucune raison de se justifier, mais elle s’en voit obligée pour faire la conversation, tant chaque mot semble coûter à Imma un effort considérable. Elle comprend que tout le monde ne soit pas particulièrement extraverti et prêt à discuter pendant des heures, mais tout de même, quitte à être presque muette, autant que ses réponses puissent être concrètes. Or, ce n’est pas le cas. « C’est parce que tu ne veux pas ou que tu ne peux pas que tu te contentes du strict minimum ? » La questionne-t-elle, sans poser le regard sur Imma. Sa voix n’est pas froide, mais elle n’est pas chaleureuse pour autant. Elle est neutre, tout simplement, parce que sa question a pour intérêt d’obtenir une réponse satisfaisante et elle espère que sa camarade y mettra du sien. En attendant, son placard désormais débarrassé de toute poussière, elle commence à y ranger ses vêtements, repliant ceux-ci et les triant par genre et couleurs, dans l’immédiat.

Mylah lui pose une question à laquelle elle ne s’attendait pas. Ou c’est plutôt le fait que ce soit elle qui la lui pose. Elle ne sait pas bien, mais elle est étonnée. Tant qu’elle en perd ses mots – pourtant si précieux – et ne sait pas vraiment quoi en penser. C’est vrai… Est-elle ravie du départ de Ziggy ? Elle n’arrive pas à se dire que oui, forcément puisqu’il était sacrément emmerdeur et très insistant avec elle. Pourtant elle ne souhaite le départ de personne. Pas même des personnes qu’elle ne connait pas. Apparemment cette réponse ne convient pas à la blonde, parce qu’elle répète ses mots d’une manière spéciale. Imma jette un coup d’œil derrière, avant de souffler légèrement en bougeant sa tête, de droit à gauche. Non elle ne sait pas. Alors en attendant une réponse plus concrète dans son esprit, ou bien même pour détourner la conversation, elle souhaite l’avis de la blonde. Mylah doit avoir quelque chose avec lui pour en parler. Elle devait être heureuse elle – oui apparemment. Agaçant et irrespectueux. Elle ne pouvait pas la contredire : à première vue, ce sont les deux adjectifs lui correspondant le mieux. Elle ne peut pas nier Imma, ou le défendre. Parce qu’elle a toujours cette envie de défendre, de voir le bon en n’importe qui, même ne la personne la plus méchante. Comme les regards qu’elle subit dehors : parce qu’ils ne savent pas, se dit-elle. Elle n’est pas naïve, juste optimiste pour les autres. Elle voit les choses toujours plus noires en ce qui la concerne-t-elle. Mais Mylah est sèche avec elle. Sèche dans ses paroles, sans détours. Alors Imma avale sa salive triturant le tissu d’une de ses nombreuses jupes dans un silence religieux. Avant d’ouvrir la bouche. « Je… » Elle commence, mais se reprend rapidement. C’est vrai qu’elle parle peu, se contentant du strict minimum comme elle le dit si bien. Elle est comme ça. Mylah a bien des tocs, ces besoins que tous soient propres, bien rangé, bien classé. Elle a bien vu la namibienne, mais elle n’en dit rien. « En fait je… » Elle souffle. « En fait je lui ai dit que j’avais peur de lui… Alors du coup il faisait exprès… » Il faisait exprès d’être brusque avec elle, d’exagérer le moindre de ses réactions avec elle. Si elle n’en avait rien dit, elle pense qu’il n’aurait pas été comme ça avec elle ou tout du moins, moins prononcé. C’est comme lorsque l’on dit à un gamin de ne pas toucher : il n’a plus envie que de ça. Elle sait. Elle plie à nouveau un vêtement. « Mais peut-être qu’il est plus gentil que ça… » Un silence. « Comme un personnage qu’il a joué… » Comme le handicapé incapable d’être méchant, parce qu’handicapé justement. Elle ne dit rien de plus. Elle a parlé, assez pour avoir sa bouche légèrement sèche.

La question que pose Mylah à Imma semble suffisamment claire aux yeux de la première, pourtant elle doit se contenter d’une réponse vague. Trop vague à son goût. Imma suppose, Imma ne sait pas. Mylah aimerait savoir. Cela pose problème. La blonde peine à se satisfaire de réponses aussi vagues, bien même si hésiter semble être inscrit dans les gênes de la brune. C’est sa personnalité, elle peut comprendre, mais elle aimerait aussi pousser sa camarade à réellement exprimer le fond de sa pensée plutôt que d’opter pour une réponse floue. Parce que Mylah est persuadée qu’Imma a autre chose à lui offrir, alors elle se permet d’insister. Elle se montre même cassante sans vraiment s’en rendre compte, évoquant le fait que la jeune femme se contente du strict minimum, du moins à ses yeux. Peut-être qu’Imma est plus bavarde avec d’autres, quand elle se sent plus en confiance. Mais pour l’instant, l’image que Mylah a d’elle est celle d’une fille qui n’a pas grande conversation. Pas parce qu’elle est inintéressante, mais parce qu’elle semble mettre une distance – volontaire ou non – entre elle et les autres. Alors Mylah veut la pousser à sortir de sa zone de confort, ce qui est surprenant, puisque si les rôles étaient inversés elle serait la première à se braquer. Et c’est avec un sourire qu’elle ne dévoile pas à Imma, étant dos à elle, qu’elle accueille la réponse de la brune, qui se veut un peu plus développée. « C’est bien ce que je disais, il est irrespectueux. » Elle marmonne, plus pour elle-même que sa camarade. C’est simplement une preuve supplémentaire de son comportement immature. Mylah s’estime encore chanceuse, puisqu’à part une rencontre désagréable durant la semaine aux abysses, Ziggy s’est tenue éloignée d’elle, chance qu’Imma n’a pas eu, puisque la blonde les a vus à plusieurs reprises ensemble. Visiblement, ces rencontres n’étaient pas une partie de plaisir pour Imma. Pourtant, elle tente de le défendre, estimant qu’il est peut-être plus gentil que ça et qu’il s’est simplement contenté de jouer un personnage. « Je ne pense pas, non. » Elle rétorque rapidement, décrochant son regard de sa penderie pour le déposer un court instant sur Imma. Elle n’est pas vraiment douée avec les autres, Mylah, elle n’est pas délicate dans ses propos, elle peine à apprécier l’humour, mais pour autant, elle sait que sa première impression est souvent la bonne. Autant dire qu’elle ne peut imaginer Ziggy se montrer gentil. « Et avec les autres, comme cela se passe ? D’autres te font peur ? » Elle demande, reportant son regard sur son rangement. Et sa question n’est pas uniquement dans le but de faire la conversation, la réponse l’intéresse réellement. Qu’elle sache si elle fait partie de ceux qui font peur, qu’elle sache à quoi s’en tenir avec la jeune femme. La blonde a beau se montrer froide et hautaine, ce n’est pas pour autant qu’elle veut être considérée comme une ennemie, bien même si elle s’en remettrait sans le moindre problème. Dans une autre mesure, il lui semble qu’Imma est proche de Ronan, alors elle peine à suivre le raisonnement de la brune. À première vue, Ronan est bien plus susceptible de provoquer la peur chez quelqu’un, quand il s’agit plutôt d’agacement avec Ziggy.