Cette semaine débutait comme la précédente… Une très mauvaise semaine en perspective sans espoir de revoir Lukas débarquer dans le château, Sixtine avait eu cette chance parce qu’elle était dans une pièce secrète mais c’était loin d’être le cas de Lukas. J’étais un peu en colère contre le public et à la fois contre moi, oui parce que je n’avais pas mis les choses au clair, je n’avais pas pu réfléchir encore quelques heures comme je l’avais prévu avant de lui dire si c’était avec lui que je voulais poursuivre une histoire ou avec Lhoas. Résultat, il n’apprendrait cela qu’à la télévision s’il nous regardait et je détestais l’idée qu’il me prenne pour un lâche. Bref, autant dire qu’aujourd’hui j’étais loin d’être d’humeur à faire le con, il était parti hier soir, j’avais sangloté toute la nuit en mangeant un pauvre pot de glace à la vanille que j’avais fini par avaler en entier puis je m’étais couché avec un mal de ventre pas possible, au levé j’étais parti frappé le punching ball mais après avoir pris ma douche je me sentais à nouveau terriblement seul et abandonné dans ce château. J’avais donc décidé de rejoindre mon lit dans lequel je ne parvenais pas à trouver le sommeil. La seule bonne nouvelle c’était qu’à présent j’étais célibataire, Mélissa ou la dinde de service était sortie elle aussi.

Pour moi, cette semaine ne s’annonçait pas aussi chaotique que la semaine précédente. En même temps, j’avais cumulé les mésaventures, passant d’une blessure à la révélation des sentiments d’Artie que je ne pouvais concevoir, sans parler de ma nomination et celle de Lukas. Ce dernier ou plutôt son départ, était la seule ombre au tableau. Comment avait-il pu être éliminé, alors que je lui avais toujours assuré être le plus populaire de nous deux. C’est la vague à l’âme que je voyais passer les heures de cette première journée sans lui, ou plus spécifiquement que j’évoluais à travers le château pour rejoindre la salle de bain. Je venais de parler à Milan dans la piscine, mon nouveau partenaire, mais pour moi, je n’aurais eu qu’un seul partenaire dans l’aventure : Lukas. Après avoir séché mes cheveux et après avoir enfilé un tee-shirt sombre et ample au dessus d’un short en jean, je m’apprêtais à quitter l’étage pour me réfugier dans la bibliothèque. La porte de ma chambre était ouverte, tandis que l’autre était entrouverte. Je regardais à l’intérieur sans un bruit, observant Baptiste couché et seul dans son trop grand lit. J’étais vraiment triste pour lui, maintenant que je connaissais ses états d’âme concernant Lukas et aussi Lhoas. Ce n’était pas inné chez moi, je ne savais pas consoler les gens, mais je repensais à ce qu’Artie m’avait envoyé à la figure. Je pouvais faire des efforts et Baptiste semblait en avoir besoin. J’ouvris doucement la porte de la chambre et m’approcha du lit dans lequel il était étendu. Contrairement à la semaine dernière, je ne me glissais pas dans son lit sans lui demander la permission, mais je m’asseyais du côté libre, me tournant un peu vers lui. Je n’allais pas lui demander s’il allait bien, ça ce voyait au premier coup d’œil que non. J’approchais ma main de la sienne pour la serrer et lui montrer que j’étais là moi. « Je ne te dérange pas? »

Être seul pendant un moment me faisait le plus grand bien, réfléchir était hors de ma portée tellement j’étais fatigué à ce moment de la journée… Oui je n’avais pas dormi beaucoup cette nuit et le fait d’avoir eu un nouveau clash avec Lhoas m’avait vraiment contrarié. Il m’avait envoyé tellement de méchancetés dans la gueule que j’avais vraiment eu du mal à m’en remettre, je ne m’étais pas fait prié pour lui faire comprendre qu’il était définitivement rayé de ma vie et qu’il pouvait aller niquer Evey à partir de maintenant, je ne comptais plus lui passer dessus. Moi qui n’étais pas quelqu’un de rancunier j’avais bien du mal à me contenir sur ce coup-là et rien que d’y penser ma main me faisait mal, oui, j’avais frappé dans un mur cette nuit sous l’emprise de la colère et, depuis ma main était en piteux état. Quelqu’un entrait discrètement dans la pièce et me saisissait la main, la mauvaise pour mon plus grand malheur, je me relevais instinctivement soupirant de douleur. Je ne savais pas si c’était le fait d’avoir quelque chose de casser ou juste la main horriblement violette qui me procurait cette douleur. « Je ne te dérange pas? » Je regarde Oona et me laisse tomber de nouveau sur mon lit, la douleur s’était dissipée pour le moment et elle pouvait donc garder ma main dans la sienne. « Non au contraire… Je suis content de te voir… Ca va ? »

Pour la deuxième semaine consécutive, je rejoignais Baptiste dans son lit, de célibataire à présent. J’avais osée espérer être sa nouvelle partenaire, après le départ de Melissa, mais l’angelot de l’amour devait nous trouver déjà trop proche pour nous mettre ensemble. Je n’allais pas me révolter pour cela, car je savais que j’étais la bienvenue à ses côtés n’importe quand. Inconsciemment, je ne venais pas que pour mon ancien partenaire. Nous avions chacun nos peines et pour ma part, mon dernier malheureux « entretient » avec Artie m’avait franchement abattue. Je n’avais même pas suivis les conseils de Baptiste, qui me disait d’arrêter de réfléchir. Le Sir m’avait franchement avoué m’aimer, que demander de plus ? En sachant que ce sentiment était partagé, bien que je ne sache pas l’avouer. Evidemment, ce que je redoutais m’arrivait toujours et j’avais une fois de plus tous gâché. Assise sur le bord de son lit, je voulais parler encore une fois avec lui. De tout ou de rien, mais simplement repasser un moment avec lui, quitte à m’endormir une fois de plus dans ses bras. Ma main contre la sienne lui dit lâcher une sorte de râle de douleur. Mon visage exprima une l’inquiétude face à cette réaction que je n’avais pas prévue. Je n’osais plus bouger ma main, ni l’enlever de la sienne. « Non au contraire… Je suis content de te voir… Ca va ? » Un sourire étira mes lèvres, mais mes yeux le regardait, inquiets. « Pas vraiment… Et toi ? Qu’est-ce que tu t’es fais à la main ? » Je me devais de lui demander. Si ça lui faisait mal, c’est qu’il lui était arrivé quelque chose. Je lui lâchais délicatement, pour venir m’allonger à côté de lui, ma tête sur l’oreiller libre. « T’es sûr qu’il ne faudrait pas voir un médecin… ? »

Le fait d’avoir le sang chaud était loin d’être une surprise pour moi, je l’avais toujours su pourtant le comportement que j’avais eu la veille m’était un peu resté entre la gorge. Le départ de Lukas m’affectait énormément et voir que Lhoas en profitait en quelque sorte pour me faire mal m’avait profondément déçu et énervé à la fois parce qu’il m’attirait énormément et qu’il me faisait passé pour un abruti de première, un gamin prétentieux qui ne savait pas ce qu’il voulait alors que j’étais bien loin d’être comme ça. Chaque phrase qu’il m’avait dite était encore gravée dans ma mémoire, je n’oublierais pas un seul détail de cette altercation pendant laquelle j’avais frappé dans un mur tellement j’avais la rage. Ce n’était pas intelligent comme réaction mais mon impulsivité était bien trop présente dans ma vie et puis… J’avais préféré faire ça dans le mur plutôt que sur le visage de Lhoas, il ne méritait pas que je lui fasse cela et je le savais bien au fond de moi. « Pas vraiment… Et toi ? Qu’est-ce que tu t’es fais à la main ? » Je jetais un petit regard sur ma main, levant la tête pour pouvoir plonger mes yeux dans les siens. « Pas vraiment non plus… J’ai frappé dans un mur hier soir… » J’en avais honte mais ça m’avait fait un bien fou sur le moment. « T’es sûr qu’il ne faudrait pas voir un médecin… ? » Je regardais une nouvelle fois ma main décidant de faire quelque chose pour rassurer Oona. « Je ne veux pas prendre le risque de compromettre mon aventure mais… Toi si tu veux jettes-y un œil. »

« Pas vraiment non plus… J’ai frappé dans un mur hier soir… » Je levais un sourcil en le regardant, inquiète. Il ne semblait pas au meilleur de sa forme et depuis deux semaines, le temps de nos rires dans la piscine ou dans la salle de musique me semblait trop lointain. Je ne lui demandais pas, mais je me doutais que Lhoas était pour quelque chose et le départ de Lukas n’avait peut fait qu’aggraver les choses. En tout cas, pour ma part, c’était ainsi que ça se passait. Artie prenait la plus grande place dans mon esprit, me rendant complètement morne et le départ de mon partenaire n’avait fait qu’attiser mon « état ». Maintenant, je pouvais ajouter à ça le fait que je m’en faisais pour Baptiste, qui avait du péter un câble pour avoir frappé un mur. Maintenant allongée à côté de lui, je reprenais sa main délicatement pour la poser sur mes jambes. « Je ne veux pas prendre le risque de compromettre mon aventure mais… Toi si tu veux jettes-y un œil. » Je jetais un coup d’œil vers lui, puis je reportais mon attention sur sa main un peu gonflée. « Mais moi je ne suis pas médecin… J’ai pas envie de te faire plus mal… » Je lui adressais un sourire de coin. « T’as déjà mis de la glace dessus ? » Je la caressais très doucement toujours soucieuse de ne pas lui faire mal, comme une petite chose fragile prête à se briser si j’étais trop brusque.

Depuis deux semaines je devais me faire violence pour ne pas plonger dans mes nombreuses idées noires, le départ à répétition des candidats que j’appréciais ajouté à la lassitude et au manque de ma famille était horrible. Du coup j’avais quelques instants dans la journée pendant lesquels je perdais toute envie de faire le fou. Pourtant, il fallait reconnaitre que cette semaine j’allais légèrement mieux, je n’avais plus besoin de me forcer pour faire le con, c’était même trop improvisé comme si je n’étais pas triste. Lhoas me blessait pourtant, lorsqu’il daignait poser son regard sur moi j’avais l’impression de recevoir des dizaines de balles provenant des mitraillettes qu’il avait dans les yeux. Heureusement qu’on ne pouvait pas mourir à cause d’un regard en tout cas. Bref, je demandais à Oona de regarder ma main, je ne voulais pas que mon aventure se termine subitement à cause de ça et puis… Ce n’était pas une grosse blessure, d’ici quelques jours et j’oublierais complètement que tout ça était arrivé. « Mais moi je ne suis pas médecin… J’ai pas envie de te faire plus mal… » Elle était mignonne, ici elle était l’une de mes seules alliées en qui j’avais une confiance presque infaillible. « T’inquiètes pas pour ça… Regardes juste si ça t’inspires quelque chose. » Je lui adressais un clin d’œil, même si j’avais mal je me contenterais de serrer les dents pour lui faire croire que je ne sentais pas grand-chose. « T’as déjà mis de la glace dessus ? » J’étais légèrement stupide, je n’y avais même pas pensé pour être honnête. « Non… Mais je pense que je vais le faire. »

« T’inquiètes pas pour ça… Regardes juste si ça t’inspires quelque chose. » Je lui lançais un regard amusé, malgré nos humeurs pas vraiment gaies. Cette main un peu cabossée ne m’inspirait pas grand-chose mis à part une colère qui n’avait pas pu être contenue plus longtemps. Avoir recourt à la violence n’était pas la solution, mais valait mieux ça qu’une réelle bagarre. Au moins il était sûr de ne pas recevoir un mauvais coup de la part du mur. Je lui demandais s’il avait mit des glaçons dessus. C’était une solution, un peu rudimentaire, mais efficace, pour faire désenfler sa main. « Non… Mais je pense que je vais le faire. » Je lâchais un rire, en déplaçant délicatement sa main sur les draps du lit. « Bouge pas, je vais aller en chercher. Tu peux pleurer si t’as mal !» J’avais un sourire amusé, pour enlever cette tristesse que je ressentais autour de nous. En quelques minutes, j’avais été un étage en dessous pour prendre les glaçons dans le congélateur, puis je passais par la salle de bain pour prendre une fine écharpe que je mouillais et remplissait de ces glaçons. Une fois de retour, je reprenais ma place initiale à côté de lui et sa main sur moi. Il pouvait bien simuler, je savais bien qu’il avait mal. « Je vais jouer l'infirmière... » Avec un sourire, essayant de ne pas rire de sa probable réaction, je posais délicatement l’écharpe sur sa main, la couvrant entièrement. J’en avais moi-même froid à la main, mais c’était le prix à payer pour calmer au moins sa douleur. « Qu’est-ce que t’as fais au mur, pour qu’il te bousille la main comme ça ? »

Il n’y a pas à dire, cette semaine et cela depuis deux semaines à présent nous étions loin d’être au meilleur de notre forme. La folie et l’excitation de l’aventure était maintenant retombée, oui parce qu’après plus d’un mois et demi aventure nous commencions tous à avoir l’impression d’être au bout des surprises, ici je n’étais surement pas le seul qui avait l’étrange sentiment d’avoir fait le tour de cette aventure, pourtant j’étais bien décidé à me battre bec et ongles pour parvenir jusqu’en demi-finales… Je ne visais personnellement pas la finale pour le moment puisque j’avais bien du mal à croire que j’étais encore en lice après six semaines complètes d’aventure et une septième qui débutait en ce moment-même. Lorsque j’étais parti de la maison j’avais en effet promis à ma grand-mère de tout faire pour parvenir à atteindre le mois complet, j’avais dépassé le seuil haut la main et chaque nouvelle semaine était tout simplement un bonus à mes yeux. « Bouge pas, je vais aller en chercher. Tu peux pleurer si t’as mal !» Elle parvient pour la première fois depuis le début de la journée à me faire rigoler, je ne suis pas encore désespéré au point de me mettre à pleurer juste parce que j’avais mal, c’était tentant mais non merci. « C’est gentil de m’y autoriser… Je m’en souviendrais. » Elle part donc chercher de la glace à mettre sur ma main qui, rappelons-le est loin d’être en bon état pour le moment. « Je vais jouer l'infirmière... » Je souris amusé et ne peut me retenir de lui répondre de manière un doigt coquine. « Infirmière coquine j’espère… » Dis-je avec une moue boudeuse sur le visage, lorsqu’elle dépose la glace sur ma main je laisse un petit soupire s’échapper de ma bouche parce que c’est tout d’abord très froid et que la douleur a été vive sur le coup. « Qu’est-ce que t’as fais au mur, pour qu’il te bousille la main comme ça ? » Je la regarde et décide de lui dire la vérité sans y aller par quatre chemins. « Lhoas m’a rabaissé aussi bas que terre… Je ne voulais pas m’énerver mais j’étais tellement triste que Lukas soit parti quelques minutes auparavant que c’est venu plus vite que je le pensais. »

Le voir rire était une petite victoire pour moi. Au moins, il ne restait pas coincé dans la tristesse, alors que d’autre n’aurait même pas daigné comprendre le ton ironique que j’avais employé pour le lui dire. « C’est gentil de m’y autoriser… Je m’en souviendrais. » J’avais lâché un rire en me retournant vers lui, avant de quitter la pièce quelques minutes. Je rigolais pour la douleur, mais Baptiste savait qu’il pouvait se lâcher avec moi, que je n’en parlerais à personne. De toute manière, qu’est-ce que j’irais tout raconter aux autres, ça ne se faisait pas et ça allait de soit. Lui-même n’irait pas se mêler de ma vie si je lui racontais la moindre chose sur ce qu’il se passait entre moi et Artie. Le truc c’est que je n’en ressentais pas le cœur à le lui dire spontanément. Je posais alors le sac de glace sur sa main, prête à être à son écoute. « Infirmière coquine j’espère… » Je lâchais un nouveau rire, regardant comment j’étais habillé. « Désolé, pour l’infirmière coquine, faudra aller voir quelqu’un d’autre… » Et parmi les candidates restantes, certaines sont parfaitement faite pour ce rôle. Mon sourire se transforma en une moue peinée. J’étais consciente de la douleur qu’il éprouvait, mais dans quelques minutes, le froid des glaçons allait anesthésier sa main et il ne sentira plus grand-chose pendant quelques instants. Je me doutais qu’il n’avait pas frappé le mur sans aucune raison et qu’il devait en avoir une bonne pour l’avoir fait. Je pouvais très bien m’abstenir de le lui demander, mais il le fallait. « Lhoas m’a rabaissé aussi bas que terre… Je ne voulais pas m’énerver mais j’étais tellement triste que Lukas soit parti quelques minutes auparavant que c’est venu plus vite que je le pensais. » Je l’écoutais en regardant sa main, en prenant soin de celle-ci. Visiblement, ses relations avec Lhoas étaient tumultueuses et encore plus accentué par le départ de Lukas. « Je te dirais bien que la violence n’est pas la solution, mais ça tu le sais déjà » Je jetais un coup d’œil dans sa direction. C’était toujours plus facile à dire qu’à mettre en place et, pour son propre intérêt, il valait mieux frapper le mur. Quoique pour sa main, il aurait mieux fallu frapper un coussin ou un fauteuil. Les dommages auraient été moindres. « Si c’est pas indiscret, pourquoi il a fait ça ? » J’avais horreur de m’immiscer dans la vie des gens, mais Baptiste était plus important que les « gens ».