Depuis ma dernière entrevue dans cette pièce avec Sonny, je n’étais pas revenue ici. Je savais que Evey et Cooper y avait remporté un accès et j’avais un peu peur d’y entrer et de surprendre quelque chose de choquant. Ce qui s’était surement réellement produit d’ailleurs (l’action qui m’aurait choqué). Bref, aujourd’hui j’entrai dans la pièce et en admirai encore une fois la décoration, j’allais m’installer dans le lit, je n’avais pas vraiment envie d’être avec les autres en ce moment. Pas parce que quelque chose n’allait pas non, mais parce qu’être seule devenait un privilège rare. Je m’allongeai alors sur le coté, et fermai les yeux juste quelques instants. Je ne dormais pas, mais c’était reposant…

Me voilà dans ce petit couloir, cet éternel couloir. Alors que je range dans ma poche un sachet et une coquette somme d’argent, je relève ma tête et l’homme en costume arrive et me coince. Impasse. Je ne peux courir. Je suis fichu. Confortablement installé sur le côté du lit de la chambre Cûchulainn et Fand, je suis entrain de faire un cauchemar depuis quelques minutes. J’ai, en effet, décidé de venir piquer un petit somme dans cette endroit inaccessible à la plupart des autres candidats. Je cherche la tranquillité et le repos. Mais voilà, complètement enseveli sous la couette, je sens une peau douce et fraiche venir s’installer contre ma jambe. J’ouvre immédiatement les yeux avant de m’apercevoir que quelqu’un d’autre partage le lit. Je me demande comment cette personne ne s’est pas rendu compte de ma présence. « Ahhh ! » J'émets un petit cri et un petit sursaut suite, non seulement à mon cauchemar mais en plus à la présence de la candidate. J’essaye de réduire mon souffle hors norme. « Tu..tu m’as fait peur. » Zhara. Je suis bien content que ce soit elle et pas quelqu’un d’autre.

D’accord je dois bien avouer qu’en entrant dans la chambre j’avais remarqué que le lit n’était pas très… Bien fait. A vrai dire je pensais quelqu’un l’avait laissé comme ça, connaissant les candidats ça ne m’aurait pas étonnée. Je m’allonge donc dans le lit sans me poser de question jusqu'à ce que ma peau frôle autre chose. Je recule, surprise mais quand Sonny lâche un cri je ne peux m’empêcher de me figer de stupeur, les yeux ronds. Il déclare alors, essoufflé, que je lui ai fais peur, je pose ma main sur son bras pour tenter de le calmer et secoue la tête. « Oh, je suis vraiment désolé, je pensais être seule, je pensais que quelqu’un n’avait pas refait le lit. » Si j’avais su je ne l’aurais pas dérangé. « Je t’ai fais si peur que ça ? » demandais-je au jeune homme, il ne semblait pas bien au bout de ses peines, le pauvre.

Nouveau cauchemar. J’en fais pas mal depuis que je suis dans le château. J’espère qu’ils cesseront à l’extérieur du jeu. En attendant, Zhara, qui s’est installée dans le lit à mes côtés probablement sans se rendre compte de ma présence, a fait les frais de mon réveil en sursaut. Elle tente alors de me rassurer. Le stress et l’angoisse redescende aussitôt. « T’inquiète, c’est pas grave ! Tu peux rester. » Presque assis sur le lit, j’offre un sourire qui se veut rassurant à la candidate avant de me rallonger et souffler un bon coup. « Non. A vrai dire, j’ai fais un cauchemar. » Autant être franc avec la brune. Un frisson me parcoure légèrement le corps et, pas encore complètement réveillé, je décide de me rapprocher d’elle tel un gamin voulant du réconfort après avoir fait un horrible rêve. Une sorte de câlin quoi. « Tu venais te reposer toi aussi ?» Ma tête à nouveau posée contre la couette se redresse légèrement en direction de la candidate pour que mes yeux se fixent dans les siens.

« T’inquiète, c’est pas grave ! Tu peux rester. » Dit-il alors, je souris, tant mieux parce que j’aimais sa présence, c’était un des rares candidats qui ne me dérangeais jamais et puis j’avais aussi envie de profiter de l’accès a cette chambre. « Non. A vrai dire, j’ai fais un cauchemar. » il se rallonge sur le lit et, adossée a la tête de lit, je fronce les sourcils, il se rapproche alors de moi et je ne sais pas si c’est mon instinct de médecin ou tout simplement la sympathie que j’ai envers lui mais je me fais un plaisir de le réconforter. « Pas trop terrible ? Tu peux le raconter si tu veux. Quand j’étais petite ma mère me disait de les dire tout haut, comme ça ils sortaient de mon esprit. » Dis-je simplement, c’était peut être idiot dit comme ça mais mine de rien parler était une technique a succès. C’était sans doute pour ça que les psy gagnaient leurs vies. « Tu venais te reposer toi aussi ?» demande-t-il, je hoche la tête. « Oui, j’ai même cru tomber endormie mais comme tu étais là… » Dis-je alors en souriant. Nous avions déjà passé une soirée ensemble lorsqu’on avait remporté l’accès a la chambre et il n’était absolument pas désagréable mais je l’avais surpris ici, en plein cauchemar qui plus est, du coup on avait tout les deux eu une poussée d’adrénaline.

Zhara tente de me rassurer suite à mon cauchemar. Je ne peux que lui en être reconnaissant. Après tout, elle m’en a involontairement sorti. Tant mieux d’ailleurs. Maintenant elle me demande de lui conter mon mauvais rêve. Je mords discrètement la lèvre. « Je.. Je peux pas le dire tout haut. » Merde ! Je ne m’étais vraiment pas attendu à cette question. Je suis assez gêné. J’ai vraiment pas envie de mentir à Zhara pour lui dire que je ne me rappelle plus du rêve et d’un côté ma raison m’empêche de lui dire pourquoi je ne peux lui raconter. « Désolé. » J’offre une moue à la candidate. J’ai tellement envie de lui en dire plus. Non. Changement de sujet. Je lui demande si elle est venue dans la chambre au nom imprononçable pour venir se reposer. « Désolé. On peut toujours partager le lit ? Ça sera toujours plus confortable que dormir en haut des falaises. » Un petit rire se fait entendre. La dernière fois, nous avions effectivement été contraints de passer la nuit sur la roche en haut des falaises. Nous n’avions pas beaucoup dormi à cause du confort et de la température, néanmoins nous avions pas mal discuté et rigolé. J’en garde un bon souvenir.

Avec cette question je le sens mal à l’aise et mon impression ce confirme. « Je.. Je peux pas le dire tout haut. »Je fronce les sourcils et j’avoue que je me pose des questions, je ne vois pas ce qu’il y a de si terrible… Rêve-t-il qu’il est un meurtrier ? Un violeur ? Pire ? (les deux). Cependant, je respecte sa volonté et hoche la tête, résignée. « Ok, je… Euh… Si tu veux parler, tu peux tout me dire enfin… Voilà. » je dis doucement, je ne le jugerai pas parce que j’ai déjà appris a le connaitre bien que dès notre première entrevue le jeune homme avait manifesté le désir de ne pas parler de son passé et, depuis, nous ne l’avions pas évoqué. Mais si il sent le besoin de parler, je veux qu’il sache que je serai là pour l’écouter, comme j’ai écouté Lhoas lorsqu’il en avait besoin. Finalement le candidat s’excuse et je souris doucement, il n’y a pas de quoi, vraiment. « Désolé. On peut toujours partager le lit ? Ça sera toujours plus confortable que dormir en haut des falaises. » je lâche un rire en même temps que lui, cet épisode était assez épique ! « C’est un lit deux places, ça va, on va avoir de l'space. » dis-je en souriant, en plus je ne bougeais pas beaucoup quand je dormais.

La situation est gênante. Je me sens mal de ne pouvoir dire la vérité sur mon cauchemar à Zhara. J’ai l’impression de lui mentir ou plutôt de lui cacher quelque chose. C’est un peu ça en fait. Mais je n’en ai pas tellement le choix. La jeune femme semble respecter ma volonté mais n’a pas l’air de trop comprendre pourquoi. « Merci. » Je m’empare de la main de la candidate un peu en guise de remerciement et de tendresse. J’apprécie énormément ses propos. Je peux donc compter sur elle. Je n’en doutais pas trop mais c’est toujours rassurant de l’entendre de vive voix. Bref. La discussion a changée et nous évoquons désormais indirectement la dernière soirée ou plutôt nuit passée ensemble. Moment culte ! Les rires de la candidate s’ajoutent au mien tandis qu’elle s’empresse de rajouter qu’on ne manquera pas d’espace sur ce lit. « Oui, j’avoue ! » La jeune femme marque un point. On ne sera pas un poil serré dans le lit deux places tout confort. C’est une chambre luxueuse après tout. « N’empêche, on dirait des petits vieux à vouloir dormir à cette heure-ci ! » Un rire fin et bref sort de ma bouche tandis que mes yeux s’arrêtent à nouveau dans ceux de la demoiselle.

Le candidat me remercie de ne pas chercher à en savoir plus et je souris, je meurs d’envie d’en savoir plus en fait mais je sais me contrôler et c’est pour ça que je ne demande rien. Sinon, il aurait surement subit un interrogatoire, sauf que je ne veux pas prendre le risque de me disputer avec lui, je me suis déjà disputée avec Evey cette semaine et en ce moment j’ai besoin de gens comme lui. D’ailleurs, il me prend la main, doucement et ce contact me fait ressentir des petits frissons le long du bras. « N’empêche, on dirait des petits vieux à vouloir dormir à cette heure-ci ! » dit-il en posant son regard dans le mien, je souris et hausse les épaules. « On est pas obligé de dormir tout de suite.. » c’est vrai, il est encore tôt, je ne dirais pas qu’il y a plein de choses a faire dans une chambre mais en tout cas il y a d’autre choses a faire que parler non ? Genre, nettoyer une chemise. Ou pas.

Il est vrai que la situation actuelle est un peu étrange. Même pas vingt heures que je suis déjà au lit en compagnie de Zhara. Et encore ! Je sors d’une sieste de vingt bonnes minutes. C’est-à-ne rien y comprendre ! La brune déclare que rien ne nous oblige à dormir tout de suite. Exact ! « Oui on peut.. » Je réfléchis quelques secondes à ce que l’on pourrait bien pouvoir faire d’autre que dormir. Il faut dire qu’à part un lit et un mini-bar, il y a pas grand-chose dans la chambre deluxe. Dormir ou s’empiffrer. Hum.. Tiens, je me redresse un peu avant de sortir discrètement de derrière mon dos l’oreiller et de frapper non violemment le corps de la candidate avec. Que la bataille commence ! Je ne peux m’empêcher de rire, fier de mon coup. Celle-là, elle ne l’avait pas vu venir ! Ah ah. Qu’elle riposte ! Je l’attends de pied ferme la petite. Je me déplace légèrement du lit afin de me préparer à une éventuelle revanche.