Moore

Deuxième fois que je me rendais au balcon en l'espace de trois jours. Il fallait croire que j'aimais cet endroit, car lorsque j'avais besoin d'un peu de tranquilité c'était automatiquement ici que je me rendais. Sauf que ce soir, je n'étais pas seul. Quelqu'un avait eu la même idée que moi de venir s'assoir quelques instants à l'air pur sur les bancs situés sur le balcon, et ce quelqu'un s'avèra être Moore. Je m'étais promis de la laisser tranquille, de ne plus l'embêter avec cette histoire de sentiments que je ressentais pour elle. Elle ne voulait pas de mon amour de toute manière. Seulement c'était difficile de tout faire pour l'éviter si je tombais sur elle comme maintenant. Et bien tant pis, je n'allais tout de même pas faire demi-tour. J'étais de toute manière sur et certain qu'elle m'avait entendu arriver, alors autant assumer et venir prendre de ses nouvelles. Nous ne nous étions pas parlé depuis quelques jours, depuis la fois où je lui avais annonçé que je cessais de me battre pour exister à ses yeux. C'était selon moi un combat perdu d'avance, et je n'aimais pas perdre mon temps. Je la savais nominée, je savais également que comme moi le départ de Céleste dimanche ne l'avait pas laissée indifférente. Elle avait peut-être besoin de parler, ou peut-être pas en fait. Oh et puis merde, je pouvais toujours tenter ma chance et si elle voulait m'envoyer chier, elle le ferait. Assise sur l'un des bancs, j'ignorais si elle savait que c'était mes pas qu'elle avait pu entendre quelque secondes plus tôt. Je m'approchai alors d'elle, quelques peu frigorifié par le froid qu'il faisait dehors. A une heure pareille, j'aurais sans doute du mettre un gilet. « Salut. Je peux m'assoir ? » dis-je alors, en désignant d'un geste de la main le banc sur lequel elle était assise. « Si tu ne veux pas de ma compagnie, je le comprendrais. Tu n'as qu'un mot à dire et je m'en vais. » Je ne savais plus où est-ce que nous en étions, tous les deux. Mes sentiments n'avaient changé pour elle. Je l'aimais toujours autant. Après voilà, si ma présence dérangeait ce soir, elle n'aurait qu'à me le dire et il me faudrait alors moins de deux secondes pour le saisir et faire demi-tour.

Je dormais, bizarrement je dormais et je ne m'étais pas endormis de la sorte depuis longtemps. Je pense que c'est la fatigue accumulé j'ai finis par m'endormir et puis la production n'a toujours pas donné mes somnifère ces cons. Si j'ai pas ce que je veux avant le prime je vais continuer de lancer des cailloux sur leur cameraman et puis je vise plutôt bien j'ai l'impression.. faudrait que j’abîme le matériel. Donc je dormais, mais très mal, un sommeil agité. J’étais seule dans le lit, je finis par me réveiller en sursaut je ne sais pas vraiment pourquoi. Je n'ai aucun souvenir de ce que je rêvais. Mais je sais que lorsque j'ai ouvert les yeux un sentiment d'insécurité envahit mon esprit. Je souffle tranquillement et me jette sur la table de nuit j'en sors un paquet de cigarette et un briquet. Je passe un peignoir en sois par dessus mon pyjama et me dirige vers le balcon. Une bonne cigarette ça va me calmer et l'air frais du soir va aider. Ma cigarette est presque terminé lorsque la porte fenêtre s'ouvre. Je ne jette pas un regard à cette personne qui qu'elle soit elle est indésirable ou presque. Pour ceux qui me dérange pas la plus part vont certainement décider de me laisser là tranquille. Lorsque j'entends les pas vers moi je sais automatiquement qui s'est. Dans ceux qui ne me dérange pas la plus part serait parti, un seul déterminé, tenace comme jamais n'aurait pas pu partir comme ça malgré notre dernière entrevu. « Salut. Je peux m'assoir ? » Au son de sa voix je sais que je ne me suis pas trompé, Ruben. Je tourne la tête vers lui et tire ma dernière taffe. J'écrase ma cigarette dans un pot rempli de sable prévu à cet effet. « Si tu ne veux pas de ma compagnie, je le comprendrais. Tu n'as qu'un mot à dire et je m'en vais. » Je le regarde de nouveau. Qu'est ce qu'il peu dire des conneries. « Ne dis pas de bêtises, assied toi. » dis-je tranquillement en passant une main dans mes cheveux. Je le regarde tranquillement. Notre dernière conversation.. pas très fructueuse. Je n'ai même pas eu le temps de réagir à ce qu'il m'avait dit. Il m'a dit que je méritais mieux que lui c'était faux, c'est moi qui ne le méritait pas vu comment je le fais tourner en bourrique.. Mais je ne voulais pas parler de ça. Le silence me pèse je ressort une cigarette de mon paquet et l'allume. Oui je les enchaîne et alors ? « Je ne sais pas si tu fumes ? » dis-je lui tendant mon paquet avant de prendre une seconde taffe. Oui encore quelque chose que je ne sais pas à son sujet. Je n'étais pas très bavarde en ce moment, et puis je ne savais pas vraiment quoi dire. J'avais l'impression qu'il ne voulait plus rien savoir sur moi alors ça me donnait pas le droit d'en apprendre plus sur lui. Si ça avait été quelqu'un d'autre je n'aurais pas fait attention à ça.. mais c'est Ruben.

S'il y avait bien une sensation qui m'horripilais, c'était bien celle de déranger. Je n'aimais pas arriver comme une fleur là où ne m'attendait pas et savoir que je pouvais déranger de par ma présence. Rectification : je m'en foutais assez de façon générale, mais il y avait certaines personnes que je ne souhaitais pas déranger. Moore en faisait partie, et elles étaient peu nombreuses dans ce nid. Bref. Je venais de poser un pied sur le balcon, alors que la demoiselle y était tranquillement assise, en train de fumer. A croire qu'à chacune de nos rencontres, j'allais la trouver en train de fumer. Ce n'était pas pour me déranger, elle faisait ce qu'elle voulait. Si elle voulait se bousiller la santé et les poumons, c'était son problème et non le mien. Je lui demandai la permission de m'assoir à côté d'elle, et avais également proposé de partir si j'étais de trop. « Ne dis pas de bêtises, assied toi. » Il ne fallait pas me le dire deux fois. Je pris donc place à côté de la jeune femme. Un peu gêné, car me remémorant notre dernière conversation. Il fallait croire que toutes nos discussions étaient vouées à mal se terminer. « Je ne sais pas si tu fumes ? » me demanda-t-elle alors, tout en me tendant son paquet de cigarettes. « J'essaye d'arrêter, donc sans façon. Mais merci quand même. » Comment vouliez-vous que je parvienne à arrêter de fumer avec tous ces jeunes gens qui fumaient ici ? Elle était loin d'être la première à me proposer une clope, loin d'être la dernière probablement. « T'es stressée pour fumer autant ? » Loin de moi l'envie de me mêler de ce qui ne me regardait pas. Je savais juste par expérience que l'on avait tendance à fumer de façon excessive lorsque l'on était stressé. Elle semblait également épuisée, mais je n'allais pas en rajouter. Une remarque à la fois je vous pries.

Ruben et moi toute une histoire, si j'avais su qu'en entrant ici je vivrait un truc de ce genre.. je ne sais pas si j'aurais signé.. quoique.. je ne sais. Je ne suis pas sûre de ce que je pense réellement de cette situation. Je ne sais pas si je dois m'en réjouir, je ne sais pas si j'ai droit de m'en réjouir. Je n'ai jamais vécu quelque chose de la sorte. Et de toute manière j'ai tout gâché donc.. bon.. y a plus d'histoire qui tienne non ? Je lui propose une cigarette. « J'essaye d'arrêter, donc sans façon. Mais merci quand même. » Ah et ben il a bien du courage. Moi je tiens trop à cette drogue pour arrêter comme ça. Et puis ça voudrait dire plus de café aussi, parce que je suis pas capable de boire un café sans fumer de cigarette.. et renoncer au café c'est hors de question. « C'est quoi ton secret ? » dis-je riant légèrement. Je parlais bien entendu du fait qu'il ai arrêté de fumé et pas de son secret dans le jeu hein. Puis il me pose une question. « T'es stressée pour fumer autant ? » Machinalement je regarde ma cigarette que j'ai entre les mains. Stressé, oui certainement pour beaucoup de choses. « J'ai fais un cauchemar. » dis-je haussant les épaules. Ouais bon y a pas que ça hein, mais c'est vrai que ça n'aide pas. Je prend un nouvelle bonne taffe, penchant la tête en arrière et laissant échappé la fumé blanche de ma bouche. Un frisson vient parcourir mon corps, la fraîcheur est salvatrice. Je tourne ma tête vers lui. « Tu disais que je te méritais pas l'autre jour. » Et oui on en revient toujours on bon vieux sujet. « Tu te trompe c'est le contraire, si j'arrêtais de me poser des questions de temps en temps on en serait pas là. » dis-je de manière douce. C'est vrai je suis l'unique responsable de ce fiasco total. Et j'ai des regrets depuis le début d'ailleurs, des regrets qui s'entasse un peu plus dans un coin de ma tête et qui pèse lourd sur mon coeur.

Arrêter de fumer, parait que c'est avant tout une question de volonté et que tout se passe dans la tête. Si on veut vraiment arrêter, on y parvient. Mais la tentation est présente en permanence ici. Les trois quarts des candidats fument, alors imaginez un peu comment je me sens lorsque je surprends un p'tit jeune la clope au bec, alors que je suis à deux doigts d'exploser. La cigarette est un vrai remède contre le stress. Je n'ai désormais plus rien pour vaincre le mien, plus présent que jamais ces dernières semaines. « C'est quoi ton secret ? » Il n'y avait pas réellement de secret pour arrêter de fumer. Je m'étais juste dit, il y a environ trois mois, que si je voulais vivre vieux j'avais tout intérêt à arrêter la clope. J'ai trente-trois balais, une santé fragile et j'ai commencé à fumer à l'âge de quinze ans. Si vous faites le calcul, la cigarette pouvait très bien avoir ma peau. Donc j'ai décidé d'arrêter, et c'est bien mieux comme ça. « J'ai pas de secret. J'ai juste la foi d'arrêter. Mais c'est un combat difficile que je mène depuis des mois. Ceci dit je pense que tout le monde en est capable. » Un combat très difficile. Même pas le droit à une petite clope pour me relaxer. Cruel, mais efficace. J'ai de moins en moins envie de fumer, et désormais j'arrive à refuser une clope sans avoir de remords. Moore m'avait semblé stressée, et la voir avec une cigarette n'avait fait qu'amplifier cette pensée que j'avais eue. « J'ai fais un cauchemar. » Ah bon. Je savais qu'il n'y avait pas que ça, mais je ne la pensais pas d'humeur à se confier à moi ce soir. J'avais assez foutu la merde dans sa vie, je n'allais pas en rajouter. « Un cauchemar... t'as forcément rêvé de moi alors. » Je voulais pas paraitre lourd dans mon genre, même s'il était évident que je l'étais tout à fait en voulant toujours tout rapporter à moi. Je voulais exister à ses yeux, de n'importe quelle manière. Je crois que de m'imaginer qu'elle ait éventuellement pu rêver de moi me rassurait presque, même si c'était au cours d'un cauchemar abominable, effrayant, terrifiant. Moore tourna ensuite la tête vers moi. « Tu disais que je te méritais pas l'autre jour. » C'était exact, je l'avais en effet affirmé. « Tu te trompe c'est le contraire, si j'arrêtais de me poser des questions de temps en temps on en serait pas là. » Ah non hein, elle n'allait pas porter toute la responsabilité de cette histoire sur ses épaules. Si y'en avait bien un qui avait merdé là dedans, c'était quand même moi. « Je le pense toujours, je ne te mérite pas. » fis-je alors, avant de poursuivre. « C'est pas de ta faute si on en est là. C'est moi le con dans l'histoire. A trop vouloir en faire, j'ai fini par te perdre pour de bon. J'suis qu'un idiot. » À mes yeux c'était foutu. Moore ne voulait plus rien de moi. Et puis en lui signifiant que j'arrêtais de me battre pour ses beaux yeux, je n'avais fait que m'en éloigner encore d'avantage. Je méritais une bonne grosse baffe quand même. J'étais visiblement destiné à me comporter comme un con.

« J'ai pas de secret. J'ai juste la foi d'arrêter. Mais c'est un combat difficile que je mène depuis des mois. Ceci dit je pense que tout le monde en est capable. » Me dit-il en rapport avec le fait qu'il à arrêté de fumé. J'imagine qu'il doit avoir raison à partir du moment où on a envie d'arrêter de fumer ça doit se faire tout seul. Mais je ne suis pas prête de le faire moi. Je me suis toujours dis que je vivrais de la manière dont je l'entendais, et donc si j'ai envie de fumer de boire et de coucher et bien je le fais ? Peu être qu'un jour quand je serais plus vieille je déciderais d'arrêter certaine choses comme la clope ou le café mais ça risque pas d'arriver maintenant. J'hoche la tête en signe d'approbation, ce soir je suis pas très bavarde. Et Ruben me demande alors si je suis nerveuse pour fumer autant. Je lui répond que j'ai fais un cauchemar sans lui en dire plus. Bien qu'il n'est pas con, il commence à me connaître et sais qu'il y a bien plus qu'un vulgaire cauchemar pour me rendre dans un état de nervosité.  « Un cauchemar... t'as forcément rêvé de moi alors. » Me dit-il alors. Je lui lance un regard qui voulait dire 'ne dis pas de bêtises'. Qu'est ce qu'il peut raconter comme conneries franchement... Je ne fais pas de commentaire mais je sens qu'il va falloir que je lui fasse bien comprendre que pour moi il n'est pas une sorte de boulet amoureux de moi que je méprise au plus haut point. Alors je me décide à lui dire qu'il se trompe sur le faite que je ne le mérite pas mais monsieur est toujours aussi têtu et est persuadé qu'il a raison. « Je le pense toujours, je ne te mérite pas. C'est pas de ta faute si on en est là. C'est moi le con dans l'histoire. A trop vouloir en faire, j'ai fini par te perdre pour de bon. J'suis qu'un idiot. » Je soupire encore une connerie de plus. Je prend un bonne taffe de ma cigarette et après avoir laissé la fumé s’échapper de ma bouche je me rapproche un peu plus de lui me faisant glissé sur le banc. J'attrape sa main de ma main livre et la serre doucement. Je réfléchis un instant au mot que je vais lui dire. « Écoutes, tu ne m'as pas perdu. » Je considère même qu'il ne m'a jamais vraiment eu tout ça par ma faute il aurait suffit que je ne réfléchisse pas et je lui aurait laissé l'occasion de m'avoir près de lui pour plus qu'un jeu, pour plus qu'une amitié. A cette instant je produis un effort fou pour lui parler parce que depuis la semaine dernière je n'ai plus envie de parler à qui que ce soit.. Alors là je vais faire un gros effort. « Et.. je ne te déteste pas, je ne te méprise pas bien au contraire. Et je suis désolé de te faire autant souffrir, ce n'est pas ce que je voulais.. je ne voulais pas tomber am.. » Je me stoppe, je raconte que des conneries là... Je lâche sa main et retourne à ma cigarette. Je regarde le paysage devant moi. Non je ne vais pas continuer ce que je comptais lui dire. « Il fait bon ce soir. » dis-je alors dans un souffle comme pour mettre fin au sujet Ruben/Moore sentiments compliqués.

Elle semblait totalement compromise, cette histoire. Chaque seconde qui passait semblait m'éloigner encore un peu plus d'elle. Ce n'était pourtant pas ce que je désirais, bien au contraire je ne rêvais que d'une chose, la même depuis des jours et des jours, à savoir ne plus me poser de questions et vivre à ses côtés en parfaite harmonie, d'amour et d'eau fraiche. De façon insouciante quoi. Seulement, si l'amour était bel et bien au rendez-vous de mon côté, il semblait avoir pris la fuite du côté de Moore. Je n'avais plus beaucoup d'espoirs désormais, je savais bien qu'au bout de deux-trois râteaux, fallait jeter l'éponge car cela pouvait vite en devenir ridicule et j'avais donné dans le ridicule à de maintes reprises déjà. Pour moi, une chose était désormais certaine, je l'avais perdue pour de bon. Toutefois l'expression que Moore prit en écoutant mes paroles me fit comprendre que, peut-être, je me trompais en fin de compte. Vous savez, cette fameuse expression qui semble vouloir vous signifier que vous feriez mieux d'arrêter de dire des conneries, deux secondes. J'aurais bien aimé dire des conneries, j'aurais bien aimé me tromper sur mes convictions. Je croyais Moore devenue silencieuse. Elle m'attrapa alors la main, avant de finalement reprendre la parole à son tour. « Écoutes, tu ne m'as pas perdu. » Si seulement c'était vrai. Cependant j'avais l'impression de ne pas avoir agit comme il le fallait, d'avoir tout fait pour que ça capote entre nous alors que franchement je désirais tout sauf ça. « Et.. je ne te déteste pas, je ne te méprise pas bien au contraire. Et je suis désolé de te faire autant souffrir, ce n'est pas ce que je voulais.. je ne voulais pas tomber am.. » Gloups. Les derniers mots de Moore me prirent par surprise, et provoquèrent un sursaut très perceptible qui signifiait tout mon étonnement. J'avais du rêver, ce n'était pas possible... Mais, pourtant, elle... et si, on aurait vraiment dit qu'elle allait le dire, qu'enfin j'allais entendre ce que je souhaitais entendre depuis un millénaire. Moore s'arrêta net, lâcha subitement ma main et décida de changer de sujet. « Il fait bon ce soir. » Ah non hein, j'en avais assez du syndrome Jackson et de cette manie de dévier le sujet vers un autre quand la discussion en devenait gênante. Qu'elle le veuille ou non, des explications allaient avoir lieu. Notamment concernant ce fameux lapsus, survenu dix secondes plus tôt. « Tu as dis que tu ne voulais pas tomber... tomber quoi ? » Il fallait qu'elle le dise, il fallait qu'elle l'avoue. « J'ai vraiment besoin de te l'entendre dire Moore, si toutefois c'est sincère bien sur. » Oui, le but n'était aucunement de lui faire avouer quelque chose qu'elle n'éprouvait pas. Mais les lapsus, ou actes manqués, n'arrivaient jamais par hasard. Son inconscient avait parlé pour elle. Je lui pris à mon tour la main. Je m'approchai alors doucement d'elle, désormais nous étions presque collés l'un à l'autre et nos visages ne cessaient de se rapprocher.« Qu'est-ce que ça veut dire ? » dis-je alors dans un murmure. Le "ça" désignant son lapsus, la phrase qu'elle n'avait pas souhaitée terminer. Comme il était dur de me retenir. Comme il était dur de ne rien faire, de ne pas m'approcher encore d'avantage d'elle.

Pourquoi les choses devaient être aussi compliqué ? Hein vraiment dites moi ? Pourquoi il a fallut que je laisse échapper quelques mots qui n'avaient pas lieu d’être ou bien c'était le moment où j'arrête de penser et qu'enfin je me laisser aller ? Non.. non.. Je ne sais pas, je ne sais vraiment pas. Bien entendu ce lapsus de ma part n'est pas passé à coté de Ruben, bien entendu il a tout entendu, et bien entendu il ne va pas laisser passer ce petit moment de faiblesse de ma part il va faire en sorte de profiter de cette occasion pour obtenir ce qu'il veut depuis le début.. ce que je ne suis pas prête à lui donner. « Tu as dis que tu ne voulais pas tomber... tomber quoi ? » Je soupire, il ne devrait pas dire ça, pas faire ça, il ne devrait pas profiter de ce moment. Je lui en veux, parce que cette fois je ne suis pas certaine de pouvoir m'échapper, je ne sais même pas si j'ai réellement envie de m'échapper. « J'ai vraiment besoin de te l'entendre dire Moore, si toutefois c'est sincère bien sur. » Me dit-il capturant ma main en s'approchant de moi. Il est trop proche, beaucoup trop proche, je tourne la tête vers lui et mon nez frôle sa joue. Je devrais avoir envie de reculer non ? Je devrais avoir envie de lâcher sa main mais bine au contraire je la serre un peu plus encore. « Qu'est-ce que ça veut dire ? » Je le regarde, plonge mes yeux bleus dans les siens tout en laissant ma cigarette se consumé. La bouche entre-ouverte, je reste muette. Les mots que je vais prononcé vont être importants très important.. alors il faut que je les choisissent bien. Je peux continuer à dire des conneries et lui dire que je suis fatigué et que la fatigue me fait dire des choses stupide où alors je peux enfin être honnête. Je ferme les yeux et pose délicatement mon front contre le sien, frottant mon nez contre le sien. Mon cœur s'emballe, qu'est ce que je vais faire ? « Ruben. » dis-je dans un souffle. J'ai qu'une envie l'embrasser là maintenant. Mais je ne le fais pas. Bien au contraire, je donne une dernière pression à sa main et finis par la lâcher. Je frotte mon nez contre le sien une dernière fois et recule légèrement la tête. « Je suis désolé. » dis-je toujours dans un souffle. Je le regarde intensément et me recule laissant une distance raisonnable entre nous deux. Ma cigarette c'est presque entièrement consumé, je tire deux taffe d'affilé et l'écrase dans le pot contenant du sable prévu à cet effet. Je passe le bout de mes doigts sur l'entaille de ma lèvre inférieur et laisse un frisson s'emparer de mon corps. Je vais le perdre. Hein c'est ça ? Je vais le perdre si je passe mon temps à fuir... Mais je n'y arrive pas, je ne suis pas si courageuse que ce que tout le monde semble penser.. Je passe mon temps à fuir, toujours et encore. Et qu'est ce que je fuis ? La perspective du bonheur n'est-ce pas stupide ? Je frotte mes mains contre mes bras pour me réchauffer. Je tourne ma tête vers Ruben. « Je.. » Ok Moore, ok respire. Je m'approche de lui et m'empare de ses deux mains. « Je ne peux pas faire ça.. ne m'en veux pas s'il te plaît. » Parce que je suis égoïste je te veux pas lui donner ce qu'il souhaite parce que je n'en ai pas la force mais ce que je veux c'est qu'il ne me tourne pas le dos c'est égoïste je le sais.. Et s'il n'en a pas la force et bien... Je n'aurais que ce que je mérite. Avec les évènements récent, Artie, Syssoï... j'ai encore plus.. peur.

Plus les minutes passaient ce soir, sur le balcon, plus je me disais que cette histoire allait vraiment finir mal. Je m'accrochais trop, j'étais omniprésent dans son aventure. Je ne lui laissais quasiment aucun répits et revenais constamment à la charge. Mais que voulez-vous, c'était ma façon de l'aimer, de lui prouver que je tenais à elle et surtout de lui montrer que, finalement, je n'étais peut-être pas prêt à renoncer à elle. Peut-être voulais-je encore me battre, bien que mes chances de la conquérir étaient désormais quasiment nulles. Et pourtant l'espoir était réapparu lorsque Moore avait fait ce que l'on peut appeler un lapsus, une parole qu'elle ne voulait sans doute pas exprimer oralement mais qui était tout de même sortie, trahissant ainsi ses pensées. Pour moi c'était bien là la preuve que tout n'était pas forcément foutu, que tout n'avait peut-être pas encore commencé. J'y croyais à nouveau, je retrouvais mon optimisme légendaire -ha ha- et je voyais la lumière au bout du tunel. Seulement, il me sembla par la suite m'être emballé trop rapidement cette fois encore. J'avais pris la main de Moore, et m'étais considérablement rapproché d'elle. Nos regards se croisèrent, ne se lâchèrent plus. Je n'avais plus qu'une envie, désormais, celle de l'embrasser à pleine bouche et de la serrer fort contre moi. Mais je me retenais d'agir de la sorte, par respect pour Moore et pour les sentiments que j'avais pour elle, et dont je doutais sincèrement de la réciprocité. Je la sentais gênée, comme si je la tenais prisonnière et qu'elle n'avait qu'une envie, me fuir une fois encore. « Ruben. » Je redoutais toujours les paroles qui allaient suivre. Cela ne me disait rien de bien bon, d'un coup. « Je suis désolé. » Elle se recula alors, écrasa sa cigarette et tenta de se réchauffer en frottant ses mains sur ses deux bras. « Je.. » J'ignorais ce qu'elle voulait me dire, je restais immobile et très attentif à ses paroles. Je craignais désormais le pire, et j'avais bien raison de m'en faire. « Je ne peux pas faire ça.. ne m'en veux pas s'il te plaît. » Et voilà, je venais de recevoir une énième tarte dans le gueule. Elle était toujours aussi douloureuse. Je me demandais ce qui me retenait ici, ce qui m'obligeait à souffrir encore et encore, toujours d'avantage, de façon répétitive comme si cette souffrance était censée ne jamais trouver de fin. Moore avait saisit mes deux mains. Je lâchai les siennes d'un mouvement brusque, avant de froncer les sourcils et de serrer les dents. Je peinais à articuler les mots que je voulais exprimer. « Si. Si, je t'en veux. » Je soupirai. Les prochains mots seraient particulièrement durs à dire. « Je t'en veux énormément de jouer avec moi et avec mes sentiments. Tu sais ce que je ressens pour toi, alors pourquoi joues-tu avec ça ? » J'avais réellement l'impression qu'elle se foutait de ma gueule, clairement. C'était tout à fait l'impression que j'avais, là tout de suite. « Pourquoi continues-tu de me faire souffrir alors que tu pourrais tout à fait me dire "je ne veux plus rien de toi, rien n'est possible entre nous" ? » Ce n'était jamais que deux phrases à prononcer. C'était donc si compliqué à dire ? « Mais non, tu ne le fais pas, tu restes là à me redonner espoir et brises ensuite tout. Ça fait mal putain, tu comprends donc pas ça ?! » Je devais retrouver mon calme, car je m'étais un peu emporté et ça n'était pas la solution à mon problème. Hausser le ton ne changerait rien, absolument rien. Ce n'était certainement pas en m'énervant que tout allait s'arranger. Seulement voilà, j'en avais véritablement marre de souffrir de la sorte. Elle ne se rendait sans doute pas compte à quel point ce petit jeu était destructeur, autant moralement que physiquement. J'avais juste perdu deux kilos en deux semaines. Fallait pas s'étonner que je me retrouvais épuisé et à bout de nerfs. Cette histoire me rongeait de l'intérieur, n'y avait-il donc aucune issue ?

Bien entendu ça n'allait pas se passer comme je le voulais non bien sûr. Il n'allait pas me regarder la bouche en cœur me disant que c'est pas grave qu'il allait faire preuve de patience et que j'aurais beau dire ce que je veux ce n'est pas ça qui va le faire fuir.. Je crois que j'aurais vraiment aimé qu'il me dise ces choses au fond mais faut pas rêver. Je l'ai poussé à bout cette fois je ne pense pas qu'il reviendra de nouveau vers moi je lui fais mal et les mots qu'il ma prononcé ne vont pas me laisser indifférente.. « Si. Si, je t'en veux. » me dit-il alors lâchant mes mains d'un coup brusque. Je cligne des yeux et reste muette parce que je sais que ce qui va venir ne vas pas être beau à entendre bien au contraire autant ne pas en rajouter avec des mots durs. « Je t'en veux énormément de jouer avec moi et avec mes sentiments. Tu sais ce que je ressens pour toi, alors pourquoi joues-tu avec ça ? » Je ne joue pas. Ces mots me martèle le cœur.. Je ne joue pas non ce n'est pas vrai. J'ai peur, il ne comprend pas ? J'ai terriblement peur.. Je le vois déjà partir le jour où il aurai eu ce qu'il souhaite et qu'il se soit lassé moi. Je ne veux pas de ça, je ne veux pas prendre le risque de souffrir je pense avoir eu mon quota de souffrance pour toute une vie alors si je dois le laisser partir malgré mes sentiments je le fais..  « Pourquoi continues-tu de me faire souffrir alors que tu pourrais tout à fait me dire "je ne veux plus rien de toi, rien n'est possible entre nous" ? » Il a raison sur ce point, je pourrais dire ces mots je l'ai déjà fis une fois. Mais je ne peux plus le faire.. je n'arriverais pas à le faire parce que malgré tout ce que je dis le voir partir une bonne fois pour toute m'effraie aussi.. alors peu être qu'au fond il a raison je joue.. je joue parce que je préfère ça à rien. Au néant.. je préfère jouer que de ne plus entendre parler de lui. Même si ça lui fait mal, même si ça me fais mal... cette souffrance est douce comparé a d'autre. Cette souffrance je peux la gérer.. mais je ne suis pas seule.  « Mais non, tu ne le fais pas, tu restes là à me redonner espoir et brises ensuite tout. Ça fait mal putain, tu comprends donc pas ça ?! » Bien sûr que je comprends. Il a terminé, je continue de le regarder en silence. Puis son regard me semble alors insoutenable je dévie et préfère regarder le ciel. Je dois dire quelque chose là. Je dois dire quelque chose. Le rassurer ? J'en suis incapable.. Alors qu'est ce que je peux faire ? Rien de plus que de lui donner raison. « T'as raison, t'as le droit de m'en vouloir. Je joue, je te fais souffrir. » dis-je alors dans un souffle. Mais alors si il a le droit de m'en vouloir je pense aussi avoir droit de l'être à son encontre. Je le regarde calmement. « Tu sais ce qui m'énerve ? Que tu me pousses sans cesse.. Alors que j'ai l'impression de me tenir au dessus de falaise pendant que toi tu me pousse et moi qui résiste pour ne pas tomber. » Oui c'est ce que je ressentais. J'étais égoïste de vouloir le garder rien que pour moi, de vouloir le voir m'attendre patiemment. Mais lui était aussi égoïste en voulant à tout prix que je dise que je l'aimes alors qu'il sait que j'en suis incapable pas tant que je serais certaine qu'il ne partira pas a la première occasion. C'est qu'un con de plus. « Je ne suis pas capable de révéler mes sentiments comme ça... j'en suis incapable, je t'ai avoué détenir des sentiments pour toi c'était déjà quelque chose de surhumain pour moi et au lieu de te contenter de ça tu en profite pour en avoir plus. » dis-je d'une voix toujours calme je n'étais pas si en colère que ça, juste énervé qu'il me reproche de souffler le chaud et le froid alors que lui n'est pas mieux. « Comment veux-tu que je me sente en confiance alors qu'à la moindre parole de travers tu te barre, comme la dernière fois dans la chambre. Ce sera quand la prochaine fois que tu me laissera en plan ? Maintenant ? » dis-je avec plus d'insistance. J'étais étrangement calme bien que la conversation avait un poids énorme je pense que j’étais surtout très fatigué ces derniers temps et là ce soir je n'avais ais pas la force nécessaire à une énervement. Contrairement à Ruben.