Samedi, veille du prime, j’étais sauvé. J’avais éprouvé une grande joie à me sentir sauvé par le public, des gens avaient voté pour moi, ils avaient 1 ou 2€ de leur forfait pour me sauver, autant dire que moi je ne le ferais jamais, pas par radinerie mais à cause du concept, les émissions de télé réalité ne fonctionnent que grâce à ça, au niveau pognon et à la fin le candidat gagnant remporterait une grosse partie des gains dus aux votes. Ceci dit je voulais bien les remporter. Bref, comme j’avais un gros besoin de me détendre, je me rendis dans la salle de musique et commençai à jouer du piano, un morceau très connu : la Barcarolle de Franz Schubert. Je l’avais un jour joué à l’académie lors du concert des lauréats et une chanteuse m’avait accompagnées. Ca ne se voyait pas au premier abord mais la musique révélait le coté sensible qui était caché au plus profond de mon être. Rien si ce n’est la concentration en transparaissait sur mon visage, je n’avais même pas entendu Marley entrer sinon je me serais tout de suite arrêté de jouer, bien sur.

La salle de musique. Ce n'était pas vraiment une salle qui me correspondait, enfin je jouais de l'harmonica à la perfection, c'était déjà ça, mais ce n'était pas comme cette mélodie que j'entendais à ce moment précis. Passant devant cette fameuse salle de musique, un piano me sortit de mes pensées, jouant une mélodie qui ne m'était pas inconnue, bien que je n'étais pas une grande connaisseuse, surtout en musique classique. M'avançant dans la pièce, surprise par autant de talent, je reconnus un candidat à qui j'avais rapidement parlé, mais pas moyen de me souvenir de son nom. Restant silencieusement dans son dos, je l'écoutais me bercer tendrement avec sa mélodie, puis lorsqu'il arrêta, je ne pus m'empêcher de rompre le silence qui venait de s'installer en tapant dans mes mains, applaudissant la magnifique mélodie qu'il venait de jouer sur le piano. « J'ai adoré, tu joues divinement bien. » lui dis-je alors, très sincère et tout sourire pour lui prouver.

Mes doigts défilaient sur les touches tantôt noires, tantôt blanches de l'instrument d'une facilité qui pouvait paraître déconcertante. Cette mélodie était une de mes favorites, que soit en piano simple comme je la jouais actuellement ou avec une chanteuse lyrique. En fait j'étais totalement fan de musique, qu'elle soit classique, électro ou encore rock. J'aimais les son, les idées, les messages qu'elle transmettait. Finalement, mes doigts se stoppèrent dans l'accord, parfait bien sur afin de marquer la fin de la mélodie, final. J'entendis alors des applaudissement derrière moi et me tournai lentement vers la jeune femme, je passai une main dans mes cheveux "Euuh, merci.. J'ai pas l'habitude d'avoir un public." ajoutais-je avec un semi-sourire. "Mais bon, ça fait du bien d'entendre qu'on joues bien" dis-je en souriant, sincère. J'allais pas la faire fuir après tout. Pas tout de suite, mais comme on dit chassez le naturel et vous connaissez la suite.

La musique adoucit les mœurs, c'était véridique. J'avais l'impression d'être sur un nuage au plus le temps passé et plus ses doigts défilé sur le clavier du piano. J'étais un peu comme la femme qui mangeait un kinder et qui s'envolait dans les cieux, sauf que contrairement à elle, je n'avais qu'à écouter la mélodie pour vraiment être à dix milles lieux, puis tout s'arrêta et je repris possession de mon corps, sur terre, dans cette petite salle de musique, dans cette émission de télé-réalité. Puis mon seul réflexe avait été de l'applaudir. Il se retourna visiblement surpris, c'est vrai qu'il n'avait pas dû m'entendre avec le bruit du piano et la concentration dont il avait fait preuve. Il me remercia avant de me dire qu'il n'avait pas l'habitude d'avoir de public. Prenant un air faussement offusqué, je posa ma main théâtralement sur mon buste. « Je ne suis pas n'importe quel public, je suis Marley et je peux te dire que là, ça change tout. » m'exprimais-je, avant d'éclater de rire, me trouvant ridicule, puis il semblait plutôt ravie du compliment que je lui avais fait, alors je m'avança vers lui, prenant place à ses côtés face au piano, puis à l'aide que de quelques touches, je mis à jouer au clair de la lune, le morceau de base pour tout les nuls comme moi, puis tourna la tête vers lui « Autant de talent que Beethoven. » lui dis-je, souriant de plus belle.

La réponse de Marley me fit éclater d'un grand rire, je l’appréciait déjà parce qu'elle semblait être, au premier abord, sans prise de tête, ce qui était un énorme plus pour elle, de mon point de vue bien sur ! "Ah, dans ce cas, si ça change tout !" dis-je en souriant, amusé. Elle vint alors s'asseoir a coté de moi et je me poussai légèrement sur le coté pour lui laisser de la place. Je vis alors ses doigts, incertains, se balader sur le piano pour jouer une comptine d’enfant bien connue avant de déclarer qu’elle avait autant de talent que Bethoveen. « Ce n’est pas grâce, j’aime pas ce compositeur. » dis-je en souriant, mais tout de même sérieux sur le fond, je n’étais pas un fan de son œuvre. « Tu sais, c’est pas si difficile que ça le piano, une fois que tu as assouplis tes doigts et appris à lire et à jouer deux clés différentes… » dis-je en me rendant que compte que « Si au fait oublie, c’est plus simple de jouer de la guitare ! » déclarais-je en souriant, amusé.