Franckie l'avait embrassé. Non, il avait d'abord évoquée Gabrielle, puis après il l'avait embrassé. De quoi doublement déstabiliser Jackson, vous en conviendrez. Si bien que celui-ci se montra pour le moins étonné face au comportement de son camarade. Et c'était plutôt normal, non ? Quoi qu'il en soit, il chercha dans un premier temps à savoir pourquoi ce dernier avait évoquée Gabrielle. Ouais, c'était un début disons. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la réponse de son camarade fut pour le moins hésitante, et même bafouillante. « Les gens parlent trop et ne réfléchissent pas assez » trancha alors Jackson. Bon, pour le coup, il était assez hypocrite. Parce que tout ce que disait Franckie n'était pas erroné. Mais le sujet Gabrielle n'ayant aucunement sa place au sein de la conversation, il ne voyait pas tellement l'intérêt d'approuver certains de ses propos. C'était peut être lâche mais c'était ainsi. Par la suite, Franckie eut quelques paroles qui gênèrent d'avantage le grand blond. Il revenait sur le fait que personne ne voudrait probablement de lui. Non mais stop, quoi. Il devait arrêter de dire une pareille chose, bordel. « Arrête, c'est idiot de dire ça » reprit alors Jackson, le regard planté dans celui du jeune homme. Alors, parce que Jackson trouvait à redire au sujet du baiser qu'il venait de déposer sur ses lèvres, cela signifiait qu'effectivement, personne ne voudrait de lui ? Franckie avait une certaine tendance à se victimiser, et si ça n'était pas absolument adorable, ce serait franchement agaçant. Le brun s'excusa ensuite, dans une suite de propos aussi incohérente que flippante. Il semblait vouloir partir. Sans doute cela serait-il une bonne idée, effectivement. Quoi que ... Non ! Non, non, non ! Il ne pouvait pas partir maintenant. Il n'en avait aucun droit, non. Alors, Jackson attrapa à nouveau le bras de son camarade, cette fois-ci avec un peu plus d'énergie que précédemment. « Non, tu restes là » lança-t-il alors, le forçant à rester assis. Non mais oh, si il croyait pouvoir quitter les lieux de cette manière, il se trompait le Franckie. « Bon. Et si tu m'expliquais pourquoi tu sembles si persuadé que personne ne voudrait de toi ? » Une question légitime aux yeux du grand blond. Si Franckie ne cessait de le répéter, c'était bien pour une raison. Et la raison intéressait justement Jackson, figurez-vous.

« Les gens parlent trop et ne réfléchissent pas assez » j'avais donc mal jugé ? Je ne pensais pas mais pour le coup, je me sentais encore plus idiot et cela n'aidait clairement pas mon teint à se pâlir. Je devais actuellement ressembler à une de ces tomates chimiques, magnifiquement rouge et ce à mon plus grand désespoir. « Arrête, c'est idiot de dire ça » continua t-il après ma seconde phrase. Pour le coup, des larmes me montaient peu à peu aux yeux, oui il avait raison, j'étais qu'un idiot. Bon je sais qu'il n'avait pas dit cette phrase là dans ce sens du terme, mais après tout, c'était du pareil au même. Et si il m'en voulait pour le reste de sa vie ? Et si il était réellement avec Gabrielle et qu'elle m'en voudrait aussi ? Et si Elvis m'en voudrait ? Est ce que je passais pour un guignol auprès de tout le monde ? ... Oui, c'était très certainement le cas, mais au final, j'y étais plus qu'habitué. « Non, tu restes là » dit-il en me saisissant fermement le bras. Mon oeil droit se plia alors sous la douleur de ce contact « Aïïe. » gémis-je alors qu'il m'ordonnait de rester. Je ne savais plus trop quoi faire pour le coup. « Bon. Et si tu m'expliquais pourquoi tu sembles si persuadé que personne ne voudrait de toi ? » j'étais gêné, de plus en plus, alors je tentais de reprendre une respiration normale, histoire que mon coeur ne sorte définitivement pas de ma poitrine. Finalement j'essayais de faire un résumé de la situation, dans ma tête, j'étais certain que ce que je m’apprêtais à lui dire ne l’intéresserait qu'à moitié. Et des larmes commençaient à couler sur mes joues alors que je triturais inlassablement mes mains « Car ça a toujours été comme ça... Je ne suis pas comme toi, Jackson, beau, grand, charmant malgré tout, intelligent, séducteur, amusant... Je suis tout le contraire... Je ne suis pas réellement sociable contrairement aux apparences, je passe mon temps à dessiner, ou à jouer aux cartes avec ma grand mère... Je veux dire... Je n'ai rien. Je... Personne ne s'est jamais intéressé à moi au sens propre du terme... et je suis bien trop coincé pour oser aller voir quelqu'un d'autre et... et lorsque c'est le cas, je fais juste tout foirer... Chez moi... tout les jeunes me détestent... si tu savais le nombre de surnoms horribles que j'ai pu recevoir... En arrivant ici, tout a recommencé, rien qu'avec le fait que l'on me compare à un chat ou à un freak d'hermaphrodite... Alors dans un premier temps, j'ai juste pensé que je devais partir d'ici... et puis j'ai rencontré d'autres gens, pour une des premières fois de ma vie... Si tu veux que je te dise ce que je pense qui ne va pas chez moi, je pourrais te citer un milliard d'exemples. J'ai peur de tout, de tout le monde, je suis tétanisé une fois dans l'eau, une fois dans le noir. Je suis hypersensible, je pleure pour rien, comme là, maintenant, tu vois ? Et le pire c'est que j'y peux rien, je suis une vraie quiche, un vrai imbécile, je suis niais, rêveur, dans mon monde, parfois certaines personnes ne me comprennent pas... Je ne suis pas particulièrement beau, ou du moins je ne trouve pas... Je suis presque certain que mon père a honte de moi, et Dieu encore plus. Chaque jour je me relève avec cette boule au ventre à l'idée de me retrouver encore seul... Tu voulais savoir pourquoi je... pourquoi personne ne s’intéresserait à moi Jackson ? Et bien voilà, quelques exemples, je pourrais t'en sortir des milliers d'autres mais là tu vois, ma gorge est littéralement nouée et... et au final t'as raison de m'en vouloir parce que je ne mérite personne ici... »

Parler de Gabrielle et de la relation qu'il entretenait avec cette dernière ne lui semblait pas tellement approprié à cet instant précis. Voilà pourquoi il lui sembla préférable de ne pas rebondir sur le sujet, ce que Franckie fit également. Parfait. Ainsi donc, ils pouvaient avancer. Quoi que la suite ne fut pas tellement plus évidente, tout compte fait. Parce que Franckie avait songé à partir, ce que Jackson n'accepta pas, si bien que ce dernier le retint afin de l'empêcher de quitter le jacuzzi. Il n'allait quand même pas partir et le laisser ici tout seul. Ça ne serait pas correct, hein ? Le petit « Aïïe » qui s'échappa des lèvres du brun fit légèrement sourire Jackson. Mais son sourire disparut presque aussitôt, car il demanda à son camarade les raisons d'une si faible confiance en lui. Pourquoi s'entêtait-il à penser que personne ne voudrait de lui ? C'était absurde aux yeux du grand blond. Voilà pourquoi il se permit de questionner son camarade à ce sujet, bien loin de s'imaginer que ce dernier se mettrait dans un état pareil. Car, très vite, Jackson remarqua que Franckie pleurait. Et merde, il n'avait jamais voulu le faire pleurer. Ah ça non. Pour le coup, il était ému lui aussi. Et ça n'était rien comparé à l'émotion qui s'empara de lui lorsque son camarade lui expliqua, à travers un monologue des plus poignants, pourquoi il lui paraissait évident qu'il n'intéresserait jamais personne. Jackson écouta alors attentivement le jeune homme. Lorsque celui-ci eut fini de parler, Jackson resta muet quelques instants. Que pouvait-il lui dire ? Rien qu'à en juger par l'état dans lequel se trouvait à présent Franckie, il était évident que tout cela était douloureux à évoquer. Alors, sans trop réfléchir, Jackson se décala légèrement pour se rapprocher de son camarade. Là, il fit en sorte que celui-ci vienne poser sa tête sur son épaule, tandis qu'il le serrait légèrement contre lui. Qu'on se le dise, c'était un peu une première pour lui de tenter de consoler quelqu'un, si bien qu'il ne savait pas tellement comment s'y prendre. Il espérait toutefois ne pas être trop maladroit. « Franckie ... » commença-t-il par dire, tandis que l'une de ses mains venait caresser le bras de son camarade. « ... je suis désolé. Désolé de t'avoir poussé à dire toutes ces choses incommodes. Désolé aussi que tu te sentes aussi mal, aussi seul. Mais tout ce qui te semble repoussant chez toi pourrait très bien être ce qu'une personne préférerait, justement. Tu es quelqu'un d'adorable, de touchant, d'attendrissant. Tu sembles croire qu'il vaudrait mieux être comme moi, mais c'est faux. Je ne suis rien d'autre qu'un connard infréquentable et dont la vie ne se résume qu'à fuir les autres et à fuir le bonheur. Toi, tu es différent. Et c'est une excellente chose. Car ta sensibilité et le peu de confiance que tu sembles avoir en toi te rendent bien plus humain que je ne le serai jamais. Tu dis que personne ne pourrait s'intéresser à toi. Je ne suis pas d'accord. Je pense que tu as tout pour plaire, au contraire. Quant à ce que te disent les autres, tu t'en fout. Tu les emmerdes, et puis c'est tout. » Jackson s'arrêta un instant, sa main caressant toujours le bras de son camarade, avant de finalement serrer la sienne. « Je ne t'en veux pas, Franckie. Absolument pas. Et j'ai plutôt l'impression que personne ici ne saurait te mériter. » Jackson était très certainement un piètre consolateur, et croyez bien qu'il en était tout à fait conscient. Pour autant, il n'avait pu se résoudre à laisser Franckie dans un tel état. Il l'avait touché. Oui, ce mec insensible qu'était Jackson avait été touché par l'histoire de son camarade. Dingue, n'est-ce pas ?

Ma respiration se faisait saccadée mais bien plus rapide que je ne l'aurais pensé, comme après avoir couru tout un marathon, sans la chaleur et l'envie de vomir, bien entendu. Qu'allait-il dire cette fois ? J'étais certain qu'il ne me comprendrait pas, ou du moins qu'il aurait du mal. Et je ne voulais pas de pitié, non, pas cette fois. « Franckie ... » allez dis-le que j'ai raison, qu'on en finisse. Je balayais d'un revers de main une larme qui perlait un peu trop vite à mon gout. Le jeune homme s'était rapproché pour que je puisse poser ma tête sur son épaule, même si je n'en avais pas réellement besoin jusqu'ici. « ... je suis désolé. Désolé de t'avoir poussé à dire toutes ces choses incommodes. Désolé aussi que tu te sentes aussi mal, aussi seul. Mais tout ce qui te semble repoussant chez toi pourrait très bien être ce qu'une personne préférerait, justement. Tu es quelqu'un d'adorable, de touchant, d'attendrissant. Tu sembles croire qu'il vaudrait mieux être comme moi, mais c'est faux. Je ne suis rien d'autre qu'un connard infréquentable et dont la vie ne se résume qu'à fuir les autres et à fuir le bonheur. Toi, tu es différent. Et c'est une excellente chose. Car ta sensibilité et le peu de confiance que tu sembles avoir en toi te rendent bien plus humain que je ne le serai jamais. Tu dis que personne ne pourrait s'intéresser à toi. Je ne suis pas d'accord. Je pense que tu as tout pour plaire, au contraire. Quant à ce que te disent les autres, tu t'en fout. Tu les emmerdes, et puis c'est tout. » je ne m'attendais pas à un tel discours, si bien que je sentais mon ongle se planter par faute d’inattention dans mon pouce dont l'ongle avait été rongé de toutes parts. Mince, ça saigné, mais peu importe. « Je ne t'en veux pas, Franckie. Absolument pas. Et j'ai plutôt l'impression que personne ici ne saurait te mériter. » je ne savais même plus comment réagir, comment il fallait que je réagisse, si je devais être content, si je devais un peu plus pleurer -de tout façon, quoi que je fasse, c'était déjà le cas- ou si je devais le remercier. Oui, je devais le remercier, très certainement. « Merci Jackson... » il semblait se décrire comme un connard, or moi, je ne trouvais pas, ce n'était qu'une façade, j’espérais même l'avoir percé à jour. Et le Jackson que je connaissais, même bien, me plaisait. Beaucoup. « Tu n'es pas aussi mauvais que tu le dis tu sais... sinon je ne t'aurais pas embrassé ce soir... » je ne l'aurais même jamais fréquenté, j'avais toujours eu horreur des gens qui se surestimaient « T'es quelqu'un de bien. » en conclus-je comme si le terme "bien" était gage de reconnaissance. « Et j'aurais vraiment aimé que je te plaise en retour mais... » un mi-sourire se dessina sur mon visage alors que mes yeux étaient perdus dans le bassin « Mais au final ça n'a pas d'importance. » et clairement, je ne voulais pas de pitié.

Jackson se surprenait lui même à ressentir une certaine émotion suite au discours de son camarade. Ça n'était pourtant pas son genre, mais alors vraiment pas du tout, de réagir de la sorte. Et pourtant, à cet instant précis, il était clairement touché. Il ne saurait précisément l'expliquer, c'était juste comme ça et pas autrement. Quoi qu'il en soit, et après s'être rapproché de son camarade, Jackson avait tenté de réconforter un minimum celui-ci. Bien sûr, il était très probable qu'il s'y prenne comme un pied, n'étant pas du tout habitué à ce genre de discours. Pour autant, il se devait de dire à Franckie ce qu'il pensait de tout cela, comme par exemple qu'il était attendrissant et que quelqu'un pourrait l'aimer pour ce que lui appréciait le moins chez lui. Car c'était véritablement l'avis de Jackson sur la question. Son camarade le remercia alors, et un fin sourire s'étendit sur les lèvres du grand blond. A ses yeux, aucun remerciement n'était nécessaire, toutefois, il l'acceptait bien volontiers. Il n'allait quand même pas contredire Franckie à cet instant précis, hein. Ce dernier reprit ensuite la parole, assurant à Jackson qu'il n'était pas aussi mauvais qu'il le disait, et prétextant notamment qu'il ne l'aurait pas embrassé si cela avait été le cas. Ouais, pas mal comme argument. Mais le mieux, ou le pire - selon le point de vue - fut que Franckie ajouta que Jackson était quelqu'un de bien. Celui-ci se montra quelques peu surpris pour le coup. C'était bien la première fois de sa vie qu'on le lui disait. Et pour cause : ça n'était pas vrai. Du moins, pas à ses yeux. « Je ne crois pas, non » fit-il alors. Franckie était mignon de penser une telle chose, mais Jackson se connaissait et savait pertinemment qu'il n'était en rien quelqu'un de bien. Soyons clairs, il ne voulait pas décevoir son camarade, mais autant dire ce qui était vrai, non ? Franckie reprit en exprimant qu'il aurait aimé plaire à Jackson en retour. Ce dernier tourna légèrement la tête, tentant de croiser le regard de son camarade, qui lui regardait en direction de l'eau du bassin. « Donc, je te plais ? » demanda-t-il doucement. Si tel était le cas, cela pouvait effectivement expliquer le baiser de tout à l'heure. Ouais, sans doute.

Je plongeais ma main dans l'eau pour que la vue du sang sur ma main ne me bouleverse pas trop, car oui, le sang pouvait me faire faire certains malaises et ce n'était clairement pas le moment de tomber... dans ses bras. Oui c'est clair que pour le coup, cela semblerait bien trop suspect. « Je ne crois pas, non » il ne semblait pas me croire, et je ne savais trop comment lui prouver à lui même. Je suppose qu'au final il devait me ressembler un peu, et douter de lui sur certains points, dont celui ci, clairement. « Dans ce cas... à mes yeux tu l'es. » en conclus-je et il ne pouvait pas dire grand chose pour contre attaquer pour le coup. Jackson tenta alors de capturer mon regard alors que je le fuyais, pourtant sa prochaine question ne pu que m'interloquer « Donc, je te plais ? » je n'avais jamais vu cette supposition de ce point de vu, non, mais maintenant cela me paraissait évident. « Je... je suppose oui. » dis-je finalement en osant relever quelques instants les yeux pour croiser les siens. Je ne savais à vrai dire plus trop quoi penser. Je ne savais plus trop où j'en étais, ce qui était étrange puisque jamais rien n'avait été aussi clair que mes précédentes paroles. Mon teint s’empourpra de nouveau alors que mes yeux revenaient à caresser la surface de l'eau. Pourquoi tout était-il bien trop compliqué, pourquoi devais-je forcement compliquer les choses ? Si je ne l'avais pas embrassé ce soir, peut-être que notre relation n'aurait pas changé, peut-être aurions nous continué à nous amuser, encore. Mais au final cela aurait été un pur mensonge, ou du moins certaines pensées auraient été dissimulés et je n'aimais pas trop cette idée... « Mais tu sais... je ne te demande pas que je te plaise en retour. » dis-je en haussant les épaules avant de finalement remonter mon regard vers le sien « C'est juste comme ça. » mes yeux bleus étaient encore luisants, et très certainement que les larmes avaient laissées des marques sur mes joues, à vrai dire je ne les avais même pas senti couler jusque là.

Alors comme ça, Franckie voyait en Jackson un type bien. Amusant. Ou surprenant, plutôt. Car il était bien rare, et cela était un euphémisme, que quiconque ait un tel avis sur sa personne. Franckie était alors le premier, ou l'un des premiers disons, à ne pas le voir tel qu'il se montrait pourtant, à savoir comme un petit con prétentieux et profondément insensible. Etait-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Le grand blond n'en était pas sûr. Pour le coup, il préféra donc ne pas répondre, ne pas chercher à insister. De toute manière, si tel était l'avis de Franckie, il n'irait pas le contester d'avantage. Ainsi donc, il en resta là à ce sujet. Par la suite, Jackson chercha à savoir si il plaisait à Franckie. Comprenez bien qu'il n'avait aucunement la prétention de prétendre plaire à qui que ce soit dans ce jeu - ce serait franchement idiot de sa part - mais il n'avait pu qu'en arriver à cette conclusion suite aux paroles de son camarade. Bien sûr, il était possible - et même probable - qu'il se trompe en lui posant une telle question. Ainsi, peut être que Franckie irait nier. Mais non, en fait, il ne le fit pas. Et même, il supposa à son tour que ça devait être le cas. Franckie croisa même son regard, auquel Jackson resta accroché quelques instants sans pouvoir ne serait-ce que cligner des yeux. Jackson nota également que les joues du jeune homme étaient devenues un tantinet plus foncées, preuve que tout cela le gênait probablement. Et bien, justement, tout cela gênait également Jackson. Sauf que comme à son habitude, il se débrouillait plutôt bien pour le cacher. Dans un premier temps, le grand blond ne répondit tout simplement pas. Que devait-il dire, au juste ? Il n'en avait pas la moindre idée. Et puis, Franckie ne tarda pas à reprendre la parole, affirmant qu'il n'attendait pas de lui qu'il lui plaise en retour. Leurs regards se croisèrent à nouveau. « Je ne sais pas tellement quoi te dire » avoua finalement Jackson, d'une petite voix. Oh oui, effectivement, il ne savait pas tellement quoi lui dire. Quoi que. « Elvis te plait aussi, il me semble » reprit-il, sans chercher à incommoder d'avantage son camarade. C'était juste histoire de comprendre un peu ce qui pouvait bien se passer dans la tête de Franckie. Mais alors que Jackson attendait une réponse de la part de celui-ci, il remarqua que l'eau prenait une couleur rougeâtre à un certain endroit. Hum, que se passait-il là dessous. Jackson saisit alors la main immergée de son camarade, se rendant bien vite compte que celui-ci était blessé, son pouce saignant abondamment. « C'est pas beau à voir » déclara-t-il doucement, examinant le doigt blessé. « Une amputation est requise, j'en suis navré » reprit-il, sur un ton faussement sérieux. Non, il ne cherchait absolument pas à détendre l'atmosphère. Bon d'accord, effectivement, c'est ce qu'il cherchait plus ou moins à faire.

« Je ne sais pas tellement quoi te dire » et je le comprenais, peut-être qu'au final il n'y avait pas grand chose à dire, peut-être devions nous juste nous taire. C'était un peu extrême comme pensée mais pour tout vous dire, j'étais tellement gêné à ce moment précis qu'un peu de silence ne m'aurait clairement pas fait de mal. Même si cela n'aurait clairement rien arrangé à notre situation actuelle. « Elvis te plait aussi, il me semble » je ne m'attendais pas réellement à cette question, non, pour tout vous dire je ne pensais même pas que lui y songerait. Mais oui, Elvis me plaisait également, mais pas de la même manière. Lui expliquer cela n'aurait pas avancé à grand chose et je n'étais pas sûr qu'il me comprenne « Oui... » commençais-je en toute honnêteté. Après tout il avait été mon premier coup de coeur ici. Deux en quelques mois était d'ailleurs assez étrange puisque je n'en avais jamais eu aucun auparavant. Et certainement pas pour des hommes. « Mais c'est différent... toi. » bégayais-je légèrement, ne sachant trop comme l'expliquer. « Mais bon... ça ne change rien... je ne pourrai pas t'attirer plus que je ne le fais actuellement comme tu ne pourras rien faire contre le fait que tu me plaises... je crois que c'est juste ainsi. » dis-je en haussant les épaules. Finalement, il saisit ma main et examina mon pouce qui était dans un sale état, bien que cela se guérirait rapidement. « C'est pas beau à voir. Une amputation est requise, j'en suis navré. » un sourire illumina mon visage, le genre de sourire qui vient après les larmes, les grands flots comme certains pourraient appeler ça « Laisse mon pouce tranquiiilleuh ! » boudais-je sur un ton plus qu'enfantin, serrant l'ensanglanté contre ma poitrine comme un gamin projetant son jouet le plus cher alors que je donnais un léger coup de coude dans les côtes du jeune homme. Mon regard se posa sur son visage, mes yeux étaient encore illuminés de cet éclat de tristesse mais j'étais certain que tout irait bien. « Merci. » lâchais-je alors, d'une simplicité exemplaire.

A cet instant précis, Jackson ne savait plus tellement quoi penser de la situation. Il s'en était passées des choses en l'espace d'une dizaine de minutes, tout de même. Et là, il venait d'apprendre qu'il plaisait à Franckie. De quoi surprendre un minimum le grand blond. Car ce dernier était bien loin d'imaginer qu'il pourrait plaire à son camarade. Comment aurait-il pu s'en douter ? Ainsi donc, cette petite révélation l'avait mis légèrement mal à l'aise, bien qu'il faisait encore tout son possible pour le cacher. Et puis il y eut cette phrase de Franckie, dans laquelle il affirmait qu'il ne demandait pas à lui plaire en retour. Là, Jackson fut d'autant plus gêné, si bien qu'il crut qu'aucune parole ne parviendrait à sortir de sa bouche. Et pourtant, il s'exprima à son tour à son camarade, afin de lui faire savoir qu'il ne savait pas tellement quoi lui dire à cet instant précis, et c'était bien vrai. Comme il ne savait pas tellement quoi faire non plus, en fait. Mais alors qu'un court silence s'était emparé du lieu, il trouva utile - ou pas - d'évoquer Elvis, et le coup de cœur que Franckie semblait également avoir pour lui. Du moins, c'était ce qui se racontait au sein du nid et ce qu'il avait lui même pu constater à la soirée anges et démons. Franckie reconnut alors cette attraction, avant de poursuivre en affirmant que pour Jackson, c'était différent. Ce dernier l'observa alors avec un peu d'incompréhension. « Hum ... » Que dire après ça ? Non, il ne devait pas mettre Franckie d'autant plus mal à l'aise. Mais comment faire autrement qu'en s'arrêtant sur ce point ? « Différent ? J'avoue ne pas tellement comprendre. Mais ... si ça te gêne d'en parler, on peut faire comme si tu n'avais rien dit. » Ouais, ça c'était pas mal. Comme ça, si Franckie n'avait pas la moindre envie de s'étendre sur ce sujet, il pourrait de lui même décider de ne pas le faire. « Oui, c'est probablement ainsi » reprit Jackson, suite aux paroles de son camarade. Sur le coup, il ne sut pas tellement quoi dire d'autre. Après tout, Franckie avait sans doute raison. Il était très probable qu'il n'attire jamais Jackson d'avantage qu'à cet instant précis, comme ce dernier ne pouvait rien faire contre l'attirance de Franckie à son égard. Oui, probablement. Mais voilà que Franckie était blessé. Son pousse saignait et Jackson examina alors ce dernier, suggérant au passage une amputation, qui ne plut d'ailleurs pas tellement à son camarade. En effet, ce dernier s'empressa de récupérer son doigt, donnant un charmant coup de coude dans les côtes de Jackson au passage. « Quelle violence » fit alors ce dernier, sur un ton qui n'avait évidemment rien de sérieux. Une fois n'est pas coutume. Et puis, Franckie le remercia. Ah. Voilà qui était pour le moins étrange, si bien que Jackson arqua un sourcil. « Pourquoi ? » demanda-t-il alors, les yeux rivés vers son camarade. C'est vrai, pourquoi ce « merci », hein ?

« Différent ? J'avoue ne pas tellement comprendre. Mais ... si ça te gêne d'en parler, on peut faire comme si tu n'avais rien dit. » à vrai dire je ne comprenais pas réellement non plus en quoi c'était différent. Peut-être que tout simplement, ça l'étais car ce n'étaient pas les mêmes personnes, clairement. « Oui, c'est probablement ainsi » à mes yeux, il venait clairement d'avouer qu'il n'éprouvait rien pour moi, même si tout au long de nos dialogue, je l'avais plus que compris. Je ne me faisais maintenant plus d'histoire, je ne cherchais plus à rien imaginer, puisqu'il n'y avait plus rien à imaginer. Tout était très clair maintenant. Alors je ne dis rien, probablement parce qu'il n'y avait plus rien à dire, Jackson venait de clore ce sujet et je ne lui en voulais pas, puisque de toute façon, je n'allais pas l'obliger à s’intéresser à moi. Oui, je me voyais clairement mal l'attacher à une chaise en le fouettant jusqu'à ce qu'il avoue quelque chose qu'il ne pense pas, premièrement parce qu'être assis plus de deux heures sur une chaise ne fait de bien à personne -et je ne parle pas des coups de fouets- et deuxièmement parce que je serais capable de me fouetter par maladresse plutôt que de lui infliger un tel sort, ce dont je ne souhaitais bien évidemment pas non plus. « Quelle violence » continua t-il avant d’ajouter « Pourquoi ? » en réponse à mes précédentes paroles. Pourquoi l'avais-je remercié ? Pour moi, cela me paraissait évident. « Pour m'avoir écouté, pour ne pas t'être moqué... pour être juste là. » dis-je en une moue débordante de naïveté et de simplicité. Il est clair que certains n'auraient pas hésité à m'en mettre pleins la tête rien que pour voir à quel moment je réussirais à faire déborder le bassin de larmes.