Ainsi donc, Jackson plaisait à Franckie. Une révélation qui n'avait pas manqué de le surprendre, bien qu'il se soit comme toujours arrangé pour ne pas laisser son étonnement transparaitre de trop. Ca n'était pas la peine de mettre Franckie plus mal à l'aise qu'à cet instant précis, et de s'embarrasser lui même, d'ailleurs. Pour autant, il est vrai que Jackson réalisait encore difficilement ce que son camarade venait de lui dire. Ce dernier était même allé jusqu'à prétendre que son attirance pour Elvis était différente. Encore une chose que Jackson eut un peu de mal à comprendre, mais sur laquelle il n'insista pas, là encore pour tâcher de ne pas trop embarrasser son camarade. Par la suite, Jackson avoua alors indirectement qu'il ne pourrait probablement jamais ressentir cette même attirance, de manière réciproque. A ses yeux, cela semblait effectivement très peu probable, voire quasiment impossible. Le grand blond ne sut pas tellement si de telles paroles allaient blesser Franckie. Mais en tout cas, il osait espérer que ça ne serait pas le cas. Car blesser ce dernier était bien la dernière chose qu'il souhaitait à cet instant précis, croyez-le. Mais là encore, ni l'un ni l'autre ne s'étendit sur le sujet. A croire que tous deux souhaitaient en quelques sortes oublier certaines confessions, et tâcher de retrouver leur allure détendue. Oui, c'était probablement de cela dont il s'agissait. Puis, finalement, Franckie remercia Jackson. Ce dernier se montra à nouveau quelques peu surpris, se questionnant sérieusement au sujet des raisons de tels remerciements. A ses yeux, il n'avait rien fait de spécial, ou en tout cas rien qui puisse expliquer que Franckie ressente soudainement le besoin de le remercier. Mais alors qu'il chercha à en savoir plus, son camarade s'expliqua. Un fin sourire s'étendit alors sur les lèvres de Jackson, dont le regard ne quittait plus celui du beau brun. « Ce fut avec plaisir, tu sais » confessa alors Jackson. Non, vous ne rêvez pas, c'était bien Jackson qui venait de parler. Et non, il n'était absolument pas possédé. Il était juste différent. Oui, différent. Différent lorsqu'il était avec Franckie. « Je ne sais pas si ce que je vais te dire est très approprié mais ... » fit-il ensuite, hésitant un instant à poursuivre, pour finalement reprendre après un court silence. « ... tu me rappelles quelqu'un de mon passé. Mon frère, en fait. » Effectivement, c'était peut être légèrement inapproprié à cet instant précis. Pour autant, Jackson avait eu besoin de le lui dire. Quoi qu'il le regretta presque immédiatement. Et pour cause, ça n'était jamais vraiment plaisant pour lui de l'évoquer. Non, pas vraiment.

« Ce fut avec plaisir, tu sais » me dit-il alors q'un sourire étirait ses lèvres. C'était maintenant compliqué entre nous et tout était probablement de ma faute, si je m'en voulais au moment présent ? Absolument. « Je ne sais pas si ce que je vais te dire est très approprié mais ... » mon sourcil droit s'arqua, je me demandais bien ce qu'il pouvait avoir envie de dire « ... tu me rappelles quelqu'un de mon passé. Mon frère, en fait. » un léger blanc s'installa. Pour tout vous dire je ne savais pas trop comment prendre cela, alors naïvement je pris à mon tour la parole « Ton... ton frère a essayé de t'embrasser ? » ou alors ce n'était peut-être pas comme cela que je devais l’interpréter, puisque ça paraissait tout de même assez louche. Oui, un homme embrassant son frangin était quelque chose de plutôt déplacé, non ? Toujours est-il qu'il était la seconde personne à m'associer à un quelconque lien fraternel. Et si j'avais envie d'être plus que ça, après tout ? Être le petit frère que l'on bichonne me fatiguait, je voulais être traité normalement, comme chacun. « Il était comment ? » continuais-je en le scrutant droit dans les yeux. Assurément qu'il devait être sympa, à l'image de Jackson et de certainement la plupart de sa famille. Comme ma famille était à mon image, après tout, enfin plus ou moins puisque c'était tout de même eux qui définissaient dès la naissance celui qu'on aspirait à devenir. Ils nous aidaient dans nos choix, notre parcours, notre vie, tout simplement. Mais bon, le moment n'était pas venu pour méditer sur les besoins familial d'un nourrisson à sa naissance, non. Je voulais savoir en quoi il me comparait à son frère, en espérant que cela ne soit pas trop négatif. Après tout l’hypothèse qu'il ne puisse pas le voir n'était pas à écarter.

Quelques fois, Jackson était amené à penser qu'il aurait mieux fait de la fermer. Ça n'était pas extrêmement courant - car il estimait ne pas sortir un florilège de conneries à la minute, tout de même - mais cela arrivait pourtant bel et bien à certains moments. Comme maintenant. Car alors que la discussion était bien assez gênante pour ne pas avoir à en rajouter, le grand blond trouva le moyen de comparer Franckie à son frère. A son frère, bon sang. Son frère défunt, celui avec qui il avait grandi et dont le décès l'avait effondré. Ainsi, Jackson ne pouvait d'ors et déjà s'empêcher de regretter une telle déclaration. Car comparer Franckie à son frère était légèrement malvenu, d'autant plus qu'il était fort probable que celui-ci se méprenne sur le sens réel de ses paroles. Et ça, Jackson put très vite le constater. Car Franckie lui demanda si son frère avait également essayé de l'embrasser. Un petit sourire embarrassé prit alors place sur les lèvres de l'anglais qui, pour le coup, se sentait bien bête d'avoir mis un tel sujet sur la table. « Non, non » fit alors Jackson, qui peinait à cacher la petite gêne qui s'était alors emparée de lui. Par la suite, et alors qu'il s'apprêtait à définir le fond de sa pensée initiale, Franckie lui posa à nouveau une question. Là, il allait pouvoir développer, et ainsi lui éviter une nouvelle méprise à l'avenir, si toutefois c'était possible. « C'était quelqu'un d'absolument adorable, de très attachant. Mais également quelqu'un de très fragile, sensible et émotif » annonça-t-il alors, pour répondre à son camarade, tandis que sa gorge se serrait légèrement. Ça, c'était à prévoir. Après tout, c'était chaque fois la même chose lorsqu'il évoquait son frère. « Mon frère était plus âgé que moi, mais j'ai dû m'en occuper parce qu'il était extrêmement fragile psychologiquement. On n'a jamais vraiment su pourquoi il avait tant de problèmes, mais on a supposé qu'il n'avait jamais supporté le décès de notre mère, lorsqu'on étaient gosses. Du coup, j'ai veillé sur lui autant que j'ai pu, et l'ai protégé d'un père quasi démoniaque. C'était loin d'être une époque heureuse » reprit-il. Jackson baissa soudainement la tête. Parce qu'il avait comme l'impression qu'il se noyait dans des détails qui n'intéresseraient pas forcément Franckie. Mais lui, il avait semble-t-il besoin de se remémorer toutes choses, tout simplement parce qu'il avait précisément évité d'y penser durant des années. « Il était à peine plus vieux que toi quand ... quand il est parti. Et je retrouve en toi la même fragilité que je lui connaissais, la même émotivité. Mais détrompe-toi, c'était précisément ce que j'aimais chez mon frère. Le fait qu'il soit mon total opposé, qu'il soit si doux, si gentil, si naïf. Bien sûr, je n'insinue pas que tu es instable psychologiquement, parce que je crois savoir que ça n'est pas le cas. Comme je n'insinue pas qu'il te viendra un jour l'idée de mettre fin à tes jours. Il y a juste certains points qui vous rapprochent. » Bon, c'était laborieux mais il y était parvenu. Du moins le croyait-il. Voilà pourquoi il releva doucement la tête histoire de croiser le regard de son camarade. Sans doute attendait-il que celui-ci lui dise qu'il n'avait absolument rien compris à son histoire, ce qui ne serait pas tellement étonnant.

« Non, non » répondit-il à mon affirmation un semblant gêné ce qui était tout à fait normal mais au moins, cela avait eu le don de me rassurer, sinon j'aurais trouvé cela clairement étrange. « Mon frère était plus âgé que moi, mais j'ai dû m'en occuper parce qu'il était extrêmement fragile psychologiquement. On n'a jamais vraiment su pourquoi il avait tant de problèmes, mais on a supposé qu'il n'avait jamais supporté le décès de notre mère, lorsqu'on étaient gosses. Du coup, j'ai veillé sur lui autant que j'ai pu, et l'ai protégé d'un père quasi démoniaque. C'était loin d'être une époque heureuse » je ne comprenais pour le moment pas réellement où il voulait en venir mais cela ne m'importait que peu puisqu'au final, il faisait l'effort de se dévoiler à moi, de dévoiler une partie de son passé qu'il n'avait très probablement jamais évoqué ici. Oui, ça me touchait, réellement. « Il était à peine plus vieux que toi quand ... quand il est parti. Et je retrouve en toi la même fragilité que je lui connaissais, la même émotivité. Mais détrompe-toi, c'était précisément ce que j'aimais chez mon frère. Le fait qu'il soit mon total opposé, qu'il soit si doux, si gentil, si naïf. Bien sûr, je n'insinue pas que tu es instable psychologiquement, parce que je crois savoir que ça n'est pas le cas. Comme je n'insinue pas qu'il te viendra un jour l'idée de mettre fin à tes jours. Il y a juste certains points qui vous rapprochent. » ses yeux croisèrent à nouveau les miens. Son frère était donc décédé ? Parti ? Je ne savais pas trop ce que cela faisait puisque je n'avais jamais perdu personne que je connaissais dans ma vie, oui, j'étais plutôt mal placé pour pouvoir lui répondre. Pourtant, ce portrait qu'il avait fait de son frère, qu'il semblait aimer plus que tout m'avait d'autant plus touché. Alors, j'avais lentement passé mes bras autour du cou du jeune homme et y avais déposé mon menton, le serrant contre moi. Ainsi j’espérais qu'il comprendrait que je lui offrais tout mon soutien « Je suis désolé Jackson... » oui, je venais de lui rappeler la mort de son frère et tous les mauvais moments qu'il avait pu passer, pour le coup je m'en voulais réellement. « Ton frère semblait être quelqu'un de bien, et je suis content de te le rappeler ne serait-ce qu'un peu... » bien que je doutais clairement de lui arriver à la cheville. Après tout c'était son frère, personne ne serait jamais aussi important à ses yeux. Me retirant légèrement, un sourire radieux se dessina sur mon visage alors que mes yeux croisaient à nouveau les siens « Je suis heureux que tu ais pu partager ça avec moi. » et j’espérais clairement mériter ce titre à ses yeux.

Parler de son frère ? Mauvaise idée. Très mauvaise idée, même. Parce que, curieusement, évoquer son défunt frère ne faisait pas partie des sujets les plus plaisants aux yeux de Jackson. Et pourtant, il avait pris le risque de souffrir à nouveau, de faire ressurgir certains mauvais souvenirs, certaines blessures du passé, simplement parce qu'il s'était maladroitement permis de comparer le dit frère à Franckie. D'un certain coté, il estimait normal - ou en tout cas non blâmable - d'avoir fait une telle comparaison. Parce qu'à ses yeux, Franckie avait effectivement certains traits de caractère en commun avec son frère. Et bien que parler de celui-ci lui faisait bien évidemment de la peine, il se sentait paradoxalement soulagé de pouvoir dire ces choses aujourd'hui, de pouvoir retrouver une infime partie de la personnalité de son frère en Franckie. Pourtant, c'était principalement de la gêne qu'il ressentait à cet instant précis. De la douleur aussi, évidemment. Mais surtout de la gêne. Car parler de son frère l'émouvait et qu'il n'aimait pas paraitre ému. Pour lui, c'était toujours quelque chose d'un peu tabou, mine de rien. En fait, toute une panoplie d'émotions se bousculait en lui à cet instant précis, certaines plaisantes et d'autres beaucoup moins. Et ça, c'était bien la preuve qu'un tel sujet ne le laissait pas indifférent, bien au contraire. Quoi qu'il en soit, à la fin de son monologue, il se demanda sérieusement ce que Franckie en penserait. Peut être allait-il lui dire qu'il s'était fatigué pour rien puisque toute cette histoire ne l'intéressait tout simplement pas le moins du monde. Ou peut être serait-il encore plus gêné que précédemment, et qu'il pousserait Jackson à se mettre à pleurer comme une andouille, chose qu'il se retenait férocement de faire depuis plus de deux minutes maintenant. Comprenez bien qu'un Jackson qui pleure, ça n'est plus un Jackson. Point. Mais finalement, ce fut à une délicieuse étreinte qu'il eut droit de la part de son camarade. Un fin sourire naquit alors sur ses lèvres, tandis qu'il ne se priva pas de serrer Franckie un peu plus contre lui. En manque de tendresse le Jackson ? Probablement. Franckie s'excusa alors. Puis il exprima que le frère de Jackson avait dû être quelqu'un de bien, et qu'il se sentait content de le lui rappeler. Puis, il s'estima heureux que Jackson ait partagé cela avec lui. Leur étreinte prit alors fin, et Jackson se détacha lentement du jeune homme, pour venir trouver son regard. « Tu n'as pas à être désolé, Franckie. C'est moi qui ai choisi d'évoquer ce sujet, sachant pertinemment que ça ne me réussirait pas. Pourtant, j'estime que ça aurait pu être pire. Par exemple, tu aurais pu être obligé de jouer les mouchoirs humains pour l'occasion. Ça aurait été éprouvant, crois-moi. » Sur ces mots, Jackson adressa un clin d'œil complice à son camarade. Malgré la situation, il se permettait effectivement un brin d'humour. Sans doute cela lui permettrait-il de se détendre un peu. « Tu es quelqu'un de bien, toi aussi » reprit-il finalement, attrapant la main du jeune pour la serrer dans la sienne. Il venait de dire que le frère de Jackson avait sans doute été quelqu'un de bien, alors Jackson pouvait aisément dire de même de son camarade, et ce, en toute sincérité. « Dis, t'as pas froid ? » reprit-il subitement, comme si de rien n'était. Non, ça n'était aucunement une manière détournée de faire savoir à Franckie qu'il se caillait les miches dans ce jacuzzi. Bon d'accord, effectivement, c'en était une.